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Critique de jeranjou


Après Pearl Creek et Fatchakulla Springs, partons à la découverte des eaux troubles de Devers County…

Depuis quelques mois, je côtoie dangereusement les marais des Etats-Unis d'Amérique dans les années 1930-1960. Des « Marécages » mortels de Lansdale en passant par le loufoque « La bouffe est chouette à Fatchakulla », je m'enlise désormais dans les méandres de «La fille des marais».
Publié en 1964 sous le titre « Bye Bye bayou » dans une version tronquée, « La Fille des marais » bénéficie d'une nouvelle traduction intégrale récente datant de 2011. Ce roman fait partie d'une trilogie - Hill girl, River girl et et Big City Girl - écrite dans les années 50 dont la femme fatale fait figure a priori de point commun, au moins dans les deux premiers assurément.

Jack Marshall est adjoint au shérif Buford de Devers County, une petite ville du Sud des Etats-Unis dans les bayous de Louisiane. Ne roulant pas sur l'or et devant satisfaire les besoins pécuniaires croissants de sa femme, il est obligé de jouer aux ripoux avec Buford en taxant les bordels de la ville en échange de leur silence sur les activités illégales de prostitution. Pour couronner le tout, il n'aime plus sa femme Louise, n'apprécie guère son supérieur et retrouve uniquement la tranquillité en allant pécher dans les marais de Stowe Lake. A bord de son bateau, il croise un homme qu'il croit reconnaitre et découvre la cabane isolée dans laquelle il vit en plein marais.
Pendant sa partie de pêche, s'étant accidentellement piqué un hameçon dans le dos, il va chercher de l'aide près de cette même cabane et tomber sur une femme brune au doux nom de Doris, sortant de l'eau en maillot de bain après sa natation journalière. Succombant totalement aux charmes de Doris, Jack décide de tout plaquer pour libérer cette jeune femme de son tortionnaire de mari alcoolique et dangereux. Et malheureusement, tout dérape… dans les grandes largeurs.

Après avoir m'être délecté de «La fille des collines » la semaine dernière, j'ai craqué dans la foulée à cet autre grand cru de Charles Williams. le thème de la femme fatale qui rend fou et les choix cornéliens à prendre à chaud pour faire table rase du passé restent tout de même les moteurs de ces « girl novels », noirs par excellence.

Dans ce roman dont l'action est omniprésente cette fois-ci, je retrouve cette écriture magnifique, alternant les passages rythmés et poétiques toujours à bon escient. Très différent du roman précédent plutôt psychologique, celui-ci s'attache à dérouler une intrigue plus complexe combinant plusieurs histoires qui convergent, au suspense haletant et aux rebondissements multiples. Jusqu'au dernier moment du livre, je me suis demandé comment notre bon Jack allait se sortir de ce guêpier diabolique !

Pour conclure, je suis tombé littéralement sous le charme de cet auteur, de son écriture limpide, de ses personnages si attachants et des paysages décrits magnifiquement de jour comme de nuit. Je ne peux que recommander cette lecture beaucoup trop méconnue à mon gout, bénéficiant d'une nouvelle traduction qui sublime à coup sûr le récit. Comme quoi, en 2013, il est possible de découvrir des pépites datant de plus de soixante ans loin des histoires à l'eau de rose (l'expression « à l'eau de vie…de poire Williams » serait mieux appropriée). Eh oui ! Des histoires d'amour extraordinaires dont seul le roman permet d'assouvir les fantasmes les plus fous.

Après ces deux lectures somptueuses, je ne peux que saluer le talent immense de cet auteur de romans noirs, Charles Williams. Un grand parmi les grands… qu'il est impératif de découvrir.

Si par malheur, vous ne trouvez pas trace de Williams, priez pour que surviennent les « Orages Ô Déesse Poire » …


PS : Pour les lecteurs intéressés, les deux histoires de « Filles de » sont indépendantes et peuvent être lues dans un ordre quelconque. le premier reste mon préféré (5/5) par son caractère atypique tandis que le second relève plus d'un polar noir attendu (4,5/5).
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