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Critique de Yorick_CDI


Amoreena Winkler raconte ici sa propre histoire, de la naissance à ses douze ans. Elle racontera ensuite ses années d'adolescence dans "Fille de chair".
Elle est née en 1978, au sein d'une secte, "les Enfants de Dieu", aussi appelée la "Famille". Dans cette secte, les femmes et les hommes partagent des scènes de sexe avec les enfants ("sharing"). Ainsi Amoreena sera violée dès sa plus jeune enfance. Les enfants sont bien sûr écartés du système scolaire, écartés de toute relation d'amitié hors de la secte, mais aussi privés de tout objet d'affection ou de figure d'attachement car Dieu seul compte. Les enfants sont au service des adultes, assurent les corvées ménagères et en particulier Amoreena s'occupera de ses nombreux petits frères et soeurs, pendant que sa mère se prostituera pour apporter des revenus à la "Famille". Amoreena raconte aussi à quel point l'homme qu'elle devra appeler "papa", qui n'est pas son père biologique mais avec lequel sa mère forme un couple, lui fera subir des séances de maltraitance qui s'apparentent à de la torture, en plus des sévices sexuels.
L'auteur rend sensible la façon dont une petite fille peut grandir avec des valeurs totalement tordues, en particulier parce que les valeurs prônées (amour, pardon, partage...) se trouvent en totale contradiction avec la réalité vécue.
Ce témoignage m'a vraiment bouleversée.
Je n'ai je crois jamais rien lu d'aussi dur, d'aussi terrible en ce qui concerne la souffrance imposée à un enfant. le système d'enfermement total que représente le système de pensée dans la secte est particulièrement bien dépeint. On comprend aussi que cette petite fille ne pouvait pas se défendre, car ce système était la norme, la seule réalité : rien n'existait hors de ce qui était imposé.
Cette lecture, bien que vraiment éprouvante, fait beaucoup réfléchir sur la capacité de cette petite fille à se libérer des prisons qu'on a érigé pour elle. L'écriture est admirable, mais plus encore la personnalité de la petite Amoreena, qui a vécu une souffrance qui aurait dû la détruire totalement, et dont elle parvient à faire une force, une source de lucidité incroyable.
Je pense que cette voix me hantera longtemps, mais aussi accompagnera ma réflexion sur ce qu'est un être humain, ou ce qu'il peut être, à la fois auteur du mal absolu, mais aussi espoir de libération, d'insoumission, de refus de l'injustice.
Cette petite fille perdue m'éclaire. Merci à elle de m'avoir donné à lire ces années de blessure qui ont fait d'elle cet adulte.
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