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Critique de Aela


Michel Winock est un historien très connu qui a eu de nombreuses ativités: chercheur, historien, professeur à Sciences Po, journaliste, écrivain. Rares sont les historiens actuels qui se sont souciés d'écrire un journal de leur temps. C'est dire le caractère exceptionnel de cette publication au long cours, dont le premier volume (La République Gaullienne, 1958-1998) est déjà paru aux éditions Thierry Marchaisse, en 2015. Ce second volume couvre les deux septennats de François Mitterrand, c'est-à-dire les années 1981-1995.
L'opération Masse Critique de Babelio m'a permis de découvrir mieux cet écrivain-historien que je connaissais de réputation seulement.
Ce journal couvre des événements très divers, l'actualité internationale est évoquée aussi et c'est ce qui m'a plu plus particulièrement dans ce livre, permettant de nous éloigner des guéguerres politiques françaises.
Certains événements donnent lieu à des analyses politiques fournies: ainsi tout ce qui concerne la chute du communisme, la fin de l'URSS est développée de manière intéressante. de même la guerre du Golfe de 1990-1991, le démantèlement de la Yougoslavie et le déclenchement de la guerre civile qui s'en est suivie sont analysés de manière vivante sans tomber dans l'érudition.
J'ai apprécié aussi la manière dont Michel Winock évoquait le putsch raté des militaires en août 1991 et la démission de Gorbatchev qui s'en est suivie ainsi que l'arrivée au pouvoir de Boris Eltsine. La décomposition de l'URSS, les conditions de vie difficiles à ce moment pour les Russes sont bien rendues aussi.
Sur le plan intérieur, j'ai apprécié les analyses sociologiques qui sont données, comme le grand recul de l'emploi ouvrier, la laïcité mise à mal avec l'affaire du foulard islamique de Creil en 1989, les affrontements patronat/syndicats , paternalisme d'un côté, attachement au concept de lutte des classes de l'autre, que l'on retrouve au long de ces années.
Michel Winock a parfois (et même souvent!) la dent dure vis à vis de certains de ses contemporains: les plus fustigés: Georges Marchais l'inénarrable secrétaire général du autrefois puissant Parti Communiste, qui alors que de nombreux Allemands de l'Est quittent leur pays, déclare sans mollir que "le socialisme ne cesse de montrer sa supériorité", de même Edith Cresson, alors Premier Ministre, est épinglée avec ses nombreuses bourdes (voir ma citation)...
Côté droite, des personnalités comme Jacques Chirac, Philippe de Villiers, ne sont pas épargnées non plus...
Des jugements qui sont parfois très durs comme le pauvre évêque réformiste Gaillot en fait les frais, "le trublion évangélique à la cervelle politique de moineau", selon l'auteur...
Très bonne analyse des votes sur le traité de Maastricht, vote qui a eu lieu en 1992, et qui permettait d'aboutir ultérieurement à la création de la monnaie européenne; les classes aisées et de formation supérieure ayant voté majoritairement pour le oui... un vrai scrutin de "classe" selon les dires de l'auteur.
Le jugement est parfois très dur aussi quant au commun des mortels: à propos des croisiéristes qui l'accompagnaient lors d'une croisière culturelle dans laquelle M Winock faisait des interventions, l'auteur parle d'"esprit de vieux"...Bref il y en a pour tout le monde...
Peu de contemporains donc qui trouvent grâce à ses yeux, hormis quelques confrères peut-être..
Et c'est justement là que le lecteur peut être un peu déçu, devant l'avalanche d'anecdotes de brouilles et de rivalités diverses entre professeurs d'université, entre politiciens, entre journalistes ( que d'anecdotes sur la guéguerre entre l'auteur et Jean-Marie Domenach, autre journaliste très connu qui avait travaillé aussi pour le magazine "Evénement du Jeudi" lancé par Jean-François Kahn..)
Cela devient lassant parfois, on se sent un peu à l'écart de ces innombrables dîners en ville, conférences à l'étranger, rivalités entre intellectuels etc...Toutefois le rappel à l'ordre que M Winock fait aux intellectuels de l'époque en vue de les inciter à développer plus de compétences et de modestie paraît de bon escient.
Dommage que tant de "faits parallèles" soient évoqués car le fond est intéressant et Michel Winock avait matière et les capacités réelles pour mieux développer l'analyse des événements évoqués.
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