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Critique de Hulot


La culture de la haine

Depuis la révolution industrielle, depuis plus de deux cents ans, le monde est en crise.
A part pendant les trente glorieuses, qui ne le furent pas pour tout le monde d'ailleurs, la France va de crises en crises, qu'elles soient économiques ou politiques. Les plus graves finissent généralement par une guerre, les autres faisant, au fil des années, régulièrement le lit du nationalisme et du fascisme. C'est du moins ce que nous explique Michel Winock.

Il nous décrypte ce nationalisme en remontant le temps. Il oppose ainsi le nationalisme ouvert, plutôt de gauche, qui prend racine au moment de la Révolution française et qui consiste à proposer aux différents peuples européens d'adopter les principes sociaux et égalitaires nés de la Révolution. Son contraire est un nationalisme fermé, dit de droite, qui consiste à se replier sur la nation au détriment des autres peuples et en excluant tout ce qui n'est pas français ou digne de l'être.

Qui dit nationalisme dit souvent antisémitisme. En effet, pour le nationaliste, il faut toujours un coupable, un responsable de la situation. Pendant des siècles, il fut tout trouver, ce fut le juif. Si la France allait mal, seuls les juifs étaient responsables car ils sabotaient l'économie à leur profit et cherchaient à prendre politiquement le pouvoir. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, après la Shoah, les juifs ont cédé la place aux musulmans à leur tour responsables de tous les malheurs du pays.

A noter un passage très intéressant sur l'antisémitisme de gauche (voir les écrits de Jaurès) parfois aussi virulent que celui de droite et qui était basé sur le fait que les Juifs possédaient toutes les industries et étaient donc ennemis du peuple. Cet antisémitisme de gauche, en quelque sorte un antisémitisme de classe, disparut après l'affaire Dreyfus.

A travers les chapitres passionnants consacrés au fascisme français, nous croisons de nombreuses figures connues telles que Drumont, Maurras, Sorel, Boulanger, Drieu La Rochelle ainsi que la plupart de ceux qui ont participé au gouvernement de Vichy.
L'ouvrage se conclut sur une série de portraits de personnages tels que Jules Guérin, Huyasmans, Péguy, Céline, Bernanos.


Un livre très complet qui permet, sous l'angle du nationalisme, de revisiter notre histoire et de mieux appréhender ce que sont le chaos et l'instabilité qui caractérisent ces derniers deux cents ans.
Un livre qui apprendrait à beaucoup dans les parallèles qu'il établit avec notre société et qui, dans la période actuelle (encore une fois en crise ou en crise perpétuelle), permettrait peut-être de ne pas refaire toujours les mêmes erreurs.
Un livre, écrit en 1990, qui devrait nous ouvrir les yeux sur un modèle économique qui est en bout de course et qui, depuis qu'il est mis en place, en attisant toutes les tensions entre état et entre les peuples, est la cause de toutes les grandes crises majeures que le monde a connues.

Mais, malheureusement, je ne crois pas que le monde soit prêt à changer de modèle de société...
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