- J'imagine que M. Daniels est quelque peu nonchalant?
- S'il l'était davantage, il serait à l'horizontale, répond Jovial.
Quand un tsunami déboule, il frappe avec une inconcevable puissance destructrice et broie maisons et êtres humains. Mais c’est encore pire quand il se retire, en emportant des vies dans cette mer infinie qu’est irrémédiablement le passé.
Quand on voit, par la vitre de la voiture, le soleil peindre des chefs-d’œuvre sur la mer, quand les vagues viennent se briser en une seule ligne d’écume blanche s’étirant de Cardiff à Carlsbad, quand le ciel est d’un bleu incroyable, que les gens jouent au volley-ball, que vos frères et sœurs surfeurs se donnent tout bonnement du bon temps en essayant de prendre une vague et que vous vous rendez compte que vous vivez dans un rêve.
Ou encore au crépuscule, quand l’océan est doré et le soleil une boule de feu orange, tandis que les dauphins dansent dans le ressac. Puis le soleil flamboie rouge et glisse silencieusement au-dessus de l’horizon, l’océan vire doucement au gris puis au noir, on se sent un peu triste parce que la journée s’achève, mais on sait qu’elle recommencera demain.
Le diable vous laisse rarement des choix faciles.
S’il s’y risquait, il ne serait plus le diable mais un fainéant de manouche aspirant à le devenir et se faisant passer pour lui.
Le vrai diable ne vous demande pas de choisir entre le bien et le mal. Ce serait trop simple pour la plupart des gens. Confrontés à des tentations qui dépassent jusqu’aux fantasmes qu’ils ont nourris jusque-là, ils opteraient en majorité pour le bien.
De sorte que le vrai diable te demande plutôt de choisir entre le pire et le meilleur. Laisser crever un membre de ta famille d’une épouvantable dépendance ou bien trahir un ami. C’est bien pour cette raison qu’il est le diable, mec. Et, quand il se cramponne réellement à sa proie, il ne lui demande pas de choisir entre paradis et enfer ; il lui laisse le choix entre enfer et enfer.
L’amour est un puissant levier.Évasif, éphémère, énigmatique… L’amour peut vous pousser aux pires conneries. Jusque dans des retranchements que vous n’auriez jamais imaginés. Vous faire escalader des sommets impensables. Faire rejaillir le pire et le meilleur. L’amour peut vous mettre à poil, toute honte bue ; comme il peut révéler en vous la plus haute des noblesses.
Boone a donc toujours été un homme de la mer, sinon davantage.
L’océan est son arrière-cour, son havre, son terrain de jeu, son refuge, son église. Il y entre pour se sentir bien, se laver, se rappeler que vivre, c’est chevaucher une vague. Il croit que la vague est un message tangible de Dieu, chargé de lui apprendre que toutes les bonnes choses de la vie sont libres et gratuites.
Mais être comme, ce n’est pas être.Être, c’est être.
Le diable peut prendre de nombreuses formes.
Celle du serpent pour Ève.
Celle des cristaux de méthédrine pour un camé.
— Tu es une gazelle, lui a dit un jour Dave le Dieu de l’amour en la regardant sortir de l’eau.
— Pas une gazelle, a rectifié Boone. Une lionne.
Vous devriez renoncer aux « Et si… ». Ils pourraient vous tuer.