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« And the mercy seat is waiting… » (
Nick Cave)
Willie a dix-huit ans à peine et attend son exécution. Dans quelques heures seulement, il sera sanglé sur « Gruesome Gertie », surnom de la sinistre chaise électrique, et recevra une décharge mortelle. Willie est un jeune Noir et il est condamné pour le viol de Grace, une jeune fille blanche. Mais… « what white man would ever be put to death for rape? »
Car outre l'éternelle question de la peine de mort, c'est bien l'horreur du racisme qui confère au roman toute sa puissance. Nous sommes en Louisiane en 1943 et il est clair que Willie, en d'autres temps et en d'autres lieux, n'aurait jamais été condamné à mort pour ce crime. A-t-il d'ailleurs seulement eu lieu ?
La narration de ces dernières heures se focalise sur différents personnages : Willie, bien sûr, mais également son père, qui voudrait le revoir une dernière fois et lui offrir une sépulture, le procureur responsable de la condamnation, l'épouse et le fils de ce dernier, le révérend qui l'accompagne pour son dernier repas, un couple dont le fils est parti à la guerre… Tous ces récits s'emboîtent à la manière d'un puzzle et dressent le portrait sans concession d'un Sud malade de son racisme et d'une peine capitale aussi brutale qu'arbitraire.
Elizabeth Hartley Winthrop a une écriture à la fois violente et poétique qui fait ressentir à son lecteur les émotions et les sentiments de ses protagonistes et qui sert parfaitement la gravité des thèmes abordés. Un roman fort qui m'a beaucoup touchée, d'autant plus qu'il est basé sur des faits réels, et dont certains passages m'ont rappelé la bouleversante « Ligne verte » par son évocation brute et réaliste des derniers moments d'un condamné.