La philosophie est un combat contre l’ensorcellement de notre entendement par les ressources de notre langage.
Quand les philosophes emploient un mot […] et s’efforcent de saisir l’essence de la chose en question, il faut toujours se demander : Ce mot est-il effectivement employé ainsi dans le langage, où il a son lieu d’origine (Heimat) ? Nous reconduisons les mots de leur usage métaphysique à leur usage quotidien.
427. "Pendant que je lui parlais, je ne savais pas ce qui se passait dans sa tête." En disant cela, on ne pense pas aux processus cérébraux, mais aux processus de pensée. L'image est à prendre au sérieux. Nous aimerions vraiment voir ce qui se passe dans sa tête. Et pourtant ce que nous voulons dire là n'est rien d'autre que ce que nous voudrions dire par les mots : Nous aimerions savoir ce qu'il pense. Je veux dire : Nous avons cette image pleine de vie - et cet usage qui semble contredire l'image et qui exprime le psychique.
Je souhaiterais que ce que j'ai écrit ici ne dispense pas les autres de penser, mais au contraire incite, si possible, tel ou tel à développer des pensées personnelles. (p. 23)
241. « Dis-tu donc que l’accord entre les hommes décide du vrai et du faux ? » — C’est ce que les hommes disent qui est vrai et faux ; et c’est dans le langage que les hommes s’accordent. Cet accord n’est pas un consensus d’opinion, mais de forme de vie.
242. Pour qu’il y ait compréhension mutuelle au moyen du langage, il faut qu’il y ait non seulement accord sur les définitions, mais encore (si étrange que cela puisse paraître) accord sur les jugements. Cela semble abolir la logique, mais il n’en est rien. — C’est une chose de décrire une méthode de mesure, et c’en est une autre de trouver et de formuler les résultats d’une mesure. Mais ce que nous nommons « mesurer » est également déterminé par une certaine constance dans le résultat des mesures.
n°579. Le sentiment de la confiance. Comment s'exprime-t-il dans le comportement ?
Imagine que quelqu'un dise : Tout mot familier, par exemple dans un livre, se présente à notre esprit enveloppé d'une atmosphère, d'une sorte de "halo" d'emplois à peine suggérés. - Tout comme si, dans un tableau, chaque personnage était entouré de scènes délicatement et comme nébuleusement dessinées, qui se trouveraient pour ainsi dire dans une autre dimension, et comme si nous voyions ici les personnages dans différents contextes. - Si l'on prend cette supposition au sérieux, il apparaît qu'elle n'est pas à même d'expliquer l'intention.
Car si les choses se passent d'une façon telle que les emplois possibles d'un mot nous viennent à l'esprit en demi-teinte pendant que nous parlons ou écoutons -, s'il en est effectivement ainsi, ce n'est que pour nous. Or nous nous faisons comprendre des autres, sans savoir s'ils vivent, eux aussi, ces expériences. (p. 257)
43. Pour une large classe des cas où il est utilisé — mais non pour tous —, le mot “signification” peut être expliqué de la façon suivante: La signification d’un mot est son emploi dans le langage.
Et l’on explique parfois la signification d’un nom en montrant le porteur de ce nom.
343. Les mots par lesquels j'exprime mon souvenir sont ma réaction au souvenir.