Citations sur Et toujours en été (13)
Mais puisqu’il s’agit, même lorsqu’on explore un archipel, de résoudre des énigmes pour se déplacer d’un lieu à un autre, ou d’une époque à une autre, et que ces lieux sont, avant la résolution de ces énigmes, des lieux clos, je campe sur mes positions: ouvrir successivement les pièces de ma maison, franchir un à un ses seuils et libérer chaque fois un pan de sa mémoire, relier ces fragments d’histoire entre eux, pour moi, c’est un escape game. Sans doute parce que j’écris ce livre pour me sortir d’une autre sorte de cage, de prison où m’enfermait la crainte de ne plus aimer écrire, ni cette maison. p. 159
Les meubles et les objets, dans cette maison, ont souvent été ballottés, comme des enfants en garde alternée, au gré des recompositions familiales.
J'ai grandi, ni surélevée ni attachée, à l'arrière de voitures où les grandes personnes fumaient.
Le jardin attendra ; la plage, de l'autre côté de la maison, à l'ouest, attendra aussi : ils ont attendu pendant des années, de la fin de l'enfance à la fin de l'adolescence, quand j'aimais mieux lire dans ma chambre qu'aller « jouer dehors », comme le préconisaient avec insistance les grandes personnes pourtant favorables à la lecture : « va jouer dehors, il ne pleut pas », ou « pas beaucoup » ou, plus rarement, « il fait un temps sublime ». Comme le réclamaient avec encore plus d'insistance les copines invitées là à passer des vacances, et plus sensibles au charme de la pêche aux coques qu'aux romans, ces très longs romans parfaits à lire en vacances, justement, et qui me clouaient sur mon lit, réduisant les copines en question à la compagnie d'enfants plus petits ; tous, grandes personnes, copines et enfants plus petits finissaient l'été nettement plus bronzés que moi ces années-là.
Sans doute parce que j’écris ce livre pour me sortir d’une autre sorte de cage, de prison où m’enfermait la crainte de ne plus aimer écrire, ni cette maison.
Le long du mur de droite, avant la double porte, il y a un banc surmonté d'un portemanteau de deux mètres de long, d'où pendent des cirés de marins à différents stades de décomposition, plus ou moins gluants d'humidité, plus ou moins raidis par le sel. Mais rien n'atténue leur couleur, jaune canari ou orange mûre.
Si c'est la premiere fois que vous jouez à un escape game, vous méritez que je vous aide un peu. Chaque fois que vous activez une fonction, au fil de votre progression, vous pouvez avoir provoqué un événement ailleurs, dans l'espace ou dans le temps, et il faut vous en assurer systématiquement Recapitulons: depuis l'entrée, vous avez appris à voyager entre deux époques, les années 1980 et le present, où vous êtes revenus après avoir offert le Elle d'août 2017 à la jeune fille autrefois curieuse de son avenir. Vous avez constaté que ce cadeau vous avait ouvert la porte de la salle à manger, où vous êtes bloqués.Et si maintenant que vous avez ouvert cette salle à manger, vous retourniez dans les années 1980 pour voir à quoi elle ressemblait alors,et, surtout, si vos voyages temporels n'ont pas deverouille une autre porte?
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Un escape game, c'est comme la vie aussi. Surtout lorsque cette vie (la mienne) est d'abord un lieu, une maison aux multiples pièces, chacune encombrée de souvenirs et peuplée de fantômes. Les traces vous y racontent une histoire, les objets vous y soumettent des énigmes, les morts vous y confient des missions.
Ouvrir successivement les pièces de ma maison, franchir un à un ses seuils et libérer chaque fois un pan de sa mémoire, relier ces fragments d'histoire entre eux, pour moi, c'est un escape game. Sans doute parce que j'écris ce livre pour me sortir d'une autre sorte de cage, de prison où m'enfermait la crainte de ne plus aimer écrire, ni cette maison.
J’avais énormément aimé Adèle et moi ... et je me rends compte que tout ce que j’ai aimé dans cette suite de l’histoire familiale à st pair n’a pas besoin d’etre « romancé » par l’artifice de l’espace game ... la maison est le personnage principale du livre et tous les souvenirs et les objets qui valsent dans son enceinte se suffisent à eux même pour créer une atmosphère nostalgique... le frère, le père, l’escalier,le papier peint, la maquette de bateau et le bruit de la mer sont des souvenirs universels