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Citations sur La Fascination de l'étang (8)

Stuart Elton se penche pour retirer d'une pichenette un fil blanc sur son pantalon, et ce geste banal, accompagné qu'il est d'une coulée, d'une avalanche de sensations, lui paraît être la chute d'un pétale de rose : en se redressant pour reprendre sa conversation avec Mrs Sutton, Stuart Elton sent qu'il est tout entier fait de pétales compacts, serrés et touffus, teintés, rougis, embrasés tous de cette luisance inexplicable. Si bien que, quand il se penche, un pétale tombe. Dans sa jeunesse, il n'a pas connu cela, non. Maintenant, à quarante-cinq ans, il lui suffit d'envoyer promener un fil d'une pichenette, et voilà que l'envahissent tout entier cette magnifique harmonie de la vie, cette coulée, cette avalanche de sensations, ce sentiment d'unité lorsqu'il se relève, rééquilibré. Mais que disait-elle donc ?
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« Moi je fais partie des gens simples ; je suis peut-être vieux jeu, mais je crois aux valeurs durables – l’amour, l’honneur, la patrie. Je l’avoue sans fausse honte, l’amour conjugal, moi j’y crois. »

Oui, le nihil humanum vous vient souvent à la bouche, seulement vous prenez bien garde de ne pas parler latin trop souvent ; parce qu’il vous faut gagner de l’argent, pour en vivre d’abord, et puis pour y vivre aussi : mobilier Queen Ann ; des copies surtout.

« Je ne fais pas partie des gens brillants, mais j’ai au moins une qualité : j’ai du sang dans les veines, moi. Je suis à l’aise avec le pasteur ; avec le patron quand je vais au pub jouer aux fléchettes avec les gars du coin. »

Oui, vous êtes l’homme moyen ; l’intermédiaire ; tenue de soirée pour Londres, costume de tweed pour la campagne. Et Shakespeare et Wordsworth font partie du patrimoine familial pour vous.

« Ce que je ne supporte pas, je dois le dire, ce sont ces sang-de-navet qui … »

… Occupent le sommet ou le bas de l’échelle. Vous, vous êtes le champion de l’entre-deux.

« Et puis j’ai ma famille. »

Ça oui, vous êtes prolifique au dernier degré. Vous êtes partout : on se promène dans le jardin et qu’est-ce qu’on trouve, là, sur les choux ? Du justemilieu. Le justemilieu contamine les moutons. Jusqu’à la lune qui est sous votre coupe. Voilée. Vous affadi-ternissez, vous enrespectabilisez jusqu’au tranchant d’argent (excusez la formule) de la faucille céleste. Et moi je demande aux mouettes qui crient sur les grèves désolées, aux ouvriers de ferme qui rentrent chez leur femme, qu’adviendra-t-il de nous, hommes, femmes et oiseaux, si le règne du justemilieu arrive ? S’il n’y a plus qu’un sexe intermédiaire, plus d’amants ni d’amis ?

« Oui, moi je fais partie des gens simples. Je suis peut-être vieux jeu, mais, je l’avoue sans fausse honte, l’amour du prochain, j’y crois. »
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Elle ne veut pas que cette horreur s’empare d’elle. Les églises, les parlements, les appartements et même les fils du télégraphe sont tous œuvres des hommes, et ce garçon descend en droite ligne de Shakespeare. Il ne faut pas que cette terreur, ce soupçon qu’il y a autre chose s’empare d’elle, flétrisse ses ailes et la condamne à la solitude. Mais, tout en disant cela, elle le voit – comment mieux dire ? – tuer une mouche. Il arrache les ailes d’une mouche, debout là, pied contre le pare-feu, tête rejetée en arrière, il parle de lui avec assurance, avec arrogance, mais elle ne lui en tiendrait pas rigueur si seulement il ne faisait pas de mal aux mouches.
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"- Le langage est une vieille nasse trouée : on la lance mais les poissons passent au travers ; peut-être le silence vaut-il mieux."
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Grand Dieu, s'exclama Sylvia, quel abîme ! Moi, je mettrais le feu à la maison, je prendrais un fusil, je sauterais par la fenêtre. Je tenterais quelque chose.
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Lorsqu'elle se pencha vers la jeune fille pour lui répondre, elle eut l'étrange sentiment de fouiller sous un monceau de frivolités et d'artifices pour saisir l'atome d'être à l'état pur qui devait bien s'y cacher.
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Stuart Elton se penche pour retirer d’une pichenette un fil blanc sur son pantalon, et ce geste banal, accompagné qu’il est d’une coulée, d’une avalanche de sensations, lui paraît être la chute d’un pétale de rose : en se redressant pour reprendre sa conversation avec Mrs Sutton, Stuart Elton sent qu’il est tout entier fait de pétales compacts, serrés et touffus, teintés, rougis, embrasés tous de cette luisance inexplicable. Si bien que, quand il se penche, un pétale tombe. Dans sa jeunesse, il n’a pas connu cela, non. Maintenant, à quarante-cinq ans, il lui suffit d’envoyer promener un fil d’une pichenette, et voilà que l’envahissent tout entier cette magnifique harmonie de la vie, cette coulée, cette avalanche de sensations, ce sentiment d’unité lorsqu’il se relève, rééquilibré.
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Elle ne passait pas pour une jolie fille bien qu’elle ait eu, à l’époque dont je parle, le bras presque parfait.
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