Dehors, la lumière s'atténuait en vagues successives, les branches des arbres s'allongeaient en s'agrippant à leur ombre.
Le ferry traversait le bras de mer et ressemblait à une petite boîte à chaussures, blanche; le continent attendait au-delà comme un crocodile charriant tout ce monde sur son dos.
Réveillée et sortie avant la lumière du jour ce matin-là, je parlais tout haut, j'expliquais au chien ce que nous avions à faire; les merles s'annonçaient dans les aubépines.
Il n’est pas exclu que j’aie peur des moutons
Une autre brebis mutilée et saignée dont les entrailles encore visqueuses dégageaient des vapeurs de pudding bouilli
Je vis les yeux et vis que nous nous tenions la main
La vie sera toujours ainsi et je ne partirai jamais d’ici.
C’est l’âge ingrat. On ne sait pas quoi faire de son corps. Il me semble qu’il n’y avait pas de limite d’âge pour boire quand j’étais jeune.
J’imagine trouver un point d’eau qui ait échappé à la sécheresse ; je me répète que je vais simplement aller au bout du mirage, mais il n’y a rien au bout. J’ignore depuis combien de temps je suis partie, mais la chaleur se manifeste sous un jour différent. La soif vient puis s’en va. Le mirage cède la place à des étoiles rouges et noires. Tout ce que je veux, c’est continuer, même si je dois pédaler une semaine, même si le soleil doit me tuer, je veux arriver à la côte, je veux ouvrir les yeux dans l’eau pour voir un néant de fraîcheur sous la surface et laisser la marée me porter où bon lui semble. Au loin.
On dit qu’en Angleterre on n’est pas plus avancé avec un fusil qu’avec un lance-pierre… Je commençais à en douter.