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Critique de pasiondelalectura


Easter Parade est une lecture qui m'a plu énormément, presque autant que La fenêtre panoramique (1961) son premier roman; encore une radiographie sans pitié de la classe moyenne nord américaine vers les années 50, à travers la vie des deux soeurs Grimes, que nous allons suivre quelques 40 années, deux soeurs qui sont à la recherche du bonheur, un bonheur que leur destin va ignorer.

C'est une lecture excellente et très Vintage qui me rappelle d'autres lectures proches : les deux livres de S. Connell Evan : Mrs Bridge (1959) et Mr Bridges: A novel (1969), aussi Stoner de John Williams et Une saison de nuits de Joan Didion.

Le titre du livre évoque la période de Pâques, quand Sarah Grimes est prise en photo le jour de son mariage: le printemps, une période gaie où tout renaît. Sarah a 4 années de plus que sa cadette, elle est la préférée du père qui se dit journaliste, mais en fait c'est un correcteur d'épreuves dans un journal, c'est un homme dépressif et alcoolique.

Les deux soeurs Grimes sont Sarah l'aînée, et Emily la deuxième. Les parents Grimes vont divorcer vers 1930 et les deux filles seront élevées par leur mère, une femme assez fantasque qui va les obliger à déménager sans cesse. On peut imaginer le traumatisme que cela représente pour deux petites filles en permanente adaptation. La mère est instable, ambitieuse, mais elle ne se réalisera pas en tant que femme bourgeoise, et peu à peu glissera dans l'alcoolisme, la dépression et la maladie mentale.

Les deux soeurs sont foncièrement différentes et ont du mal à se supporter.

L'aînée, Sarah, ne suivra pas d'études universitaires, se mariera assez jeune et aura trois enfants assez vite, se consacrant à une vie de femme au foyer. Alors que jeune elle incarnait la créature de rêve, au fil des années on assistera à sa déchéance physique et morale. le bonheur qu'elle veut bien afficher cache bien des choses…

Quant à Emily; elle suivra des études universitaires à Barnard College grâce à une bourse et aura une situation économique un peu meilleure; elle se mariera, mais divorcera au bout de quelques mois. Elle incarne la femme libre, autosuffisante, mais cependant cela ne lui apportera pas, non plus, le bonheur. Changeant de jobs comme d'amants, elle ne sera jamais satisfaite.

Ces trois femmes, la mère et les deux filles, seront coincées dans leurs rêves et essayeront de s'évader dans l'alcoolisme et le tabagisme, pour constater 40 ans plus tard qu'elles ont souffert d'alcoolisme, de solitude, de souffrance et de folie.

Lecture sombre mais somptueuse d'un écrivain au sommet de son art. Ce livre fut publié en 1976, environ à la moitié de la carrière d'écrivain de Yates. Comment ne pas faire des rapprochements autobiographiques avec sa vie privée…Ici, Richard Yates appelle la mère des soeurs Grimes, Pookie, alors que sa mère s'appelait Dookie et présentait les mêmes problèmes relationnels ainsi que le problème de dépendance à l'alcool; la soeur de l'écrivain a connu aussi des violences intra-familiales comme Sarah Grimes.

Jean Didion, l'auteure nord américaine contemporaine de Yates avait beaucoup apprécié ce roman, le qualifiant comme son meilleur, un auteur qu'elle a trouvé perspicace et de langage austère.

Joyce Carol Oates dit que l'atmosphère fictionnelle de Richard Yates est triste et grise dans un monde qui se meurt.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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