Lemon

Ce court roman choral présente beaucoup d'intérêt par l'analyse psychologique de la principale héroïne, Da-eon, qui poursuit sur quasiment dix-sept années, sa quête pour identifier le meurtrier de sa soeur aînée, Hae-eon, assassinée à l'âge de dix-huit ans.

Peu à peu, elle s'identifie à elle et sa démarche va bien plus loin que sa recherche initiale puisqu'elle est amenée à se poser de nombreuses questions sur le sens de la vie, celui de la mort, la présence ou l'absence de Dieu et toute cette multitude de sentiments qui habitent les personnes endeuillées.

Elle n'est donc pas l'unique narratrice puisque d'autres interviennent, visualisant la scène de crime selon leur imagination, leurs désirs sous-jacents, leurs perceptions dénaturées par la personnalité et surtout la beauté de la défunte.

L'important n'est donc pas d'identifier à tout prix un meurtrier ou peut-être une meurtrière, mais de parvenir à assumer dans le temps cette séparation qui a créé une fracture familiale et amicale.

Ces jeunes filles poursuivent finalement toutes leurs propre quête identitaire et nous proposent un final quasiment onirique et poétique en imaginant les derniers instants heureux de la jeune victime.

C'est un roman assez particulier, pas du tout un policier au sens strict, même si le lecteur assiste à une partie de l'enquête avec l'interrogatoire d'un suspect, interrogatoire proche de l'absurde, comme sans doute l'intégralité de cette oeuvre originale qui mérite d'être découverte.

Je m'attendais à un récit classique basé sur le vécu d'une jeune femme ayant perdu sa soeur dans des circonstances tragiques sur fond de société coréenne mais il n'en est rien !
Il s'agit d'un roman chorale où plusieurs personnages féminins vont s'entremêler pour donner leurs visions de cet événement et se raconter au travers d'une société où la position de la femme reste très complexe et où les apparences prennent le pas sur la psyché.

La lecture est très déroutante parce qu'il faut du temps pour comprendre qui prend la parole sachant que l'auteure a joué volontairement sur les ellipses, les non-dits et c'est finalement nous, lectrices, qui devont déduire ce qui en est, ce qui a pu se passer et qui est entrain de s'exprimer…

J'ai aimé l'atmosphère déroutante où on ne cesse de se poser des questions tant on comprend au fur et à mesure de notre lecture que peu de réponses nous seront réellement proposées et que tout est une question de constat.
Constat d'une société coréenne où l'individu se doit de rentrer dans le moule coûte que coûte avec des standards aussi bien physiques que moraux au risque de devenir des parias.
Constat d'une société où il n'y a pas de place pour l'échec, tout est une question de réussite sociale, maritale ou financière.
Constant d'une société où les diktats physiques sont une norme et où les femmes sont les premières à devoir souffrir et accepter que leurs physiques doivent être parfaits et s'ils le sont trop à devoir apprendre à subir la haine des autres.

Ce qui est assez saisissant finalement c'est que le cinéma et la littérature coréenne sont aux antipodes de ce que la Corée nous offre en terme de K-pop voire de certains dramas et offre du coup une vision beaucoup plus complexe et terrifiante de cette culture.

Malgré tout les sujets abordés, j'ai trouvé la narration très abrupte et sommaire. A l'image de l'histoire et de ce parti pris « chorale » ça semble logique mais c'est une lecture qui ne m'a pas forcément subjugué ou fait réfléchir plus que cela. Et j'ai trouvé les personnages sans chaleur, ce qui ne m'a pas aidé à vraiment ressentir une quelconque compassion …

Vendu comme un « polar coréen », ce petit bijou n'en est pas vraiment un. Ici, on n'aborde pas la résolution du crime de Hae-on, la plus jolie fille du lycée, mais les retombées psychologiques du meurtre sur les personnes ayant côtoyé de près ou de loin la victime: en l'occurrence sa soeur et deux camarades de classe.

C'est extrêmement poétique et je pense que ça doit l'être encore plus en coréen, malheureusement ce n'est pas une langue que je maîtrise.

On navigue à travers les années post-meurtre du point de vue des 3 protagonistes féminines mentionnées ci-dessus: à travers leurs combats émotionnels, éthiques et sociétaux (la culture coréenne est très explicitement mise en avant), on assiste à la (dé)construction de leur vie d'adulte.

J'ai beaucoup aimé ce livre, au point d'être restée sur ma faim: l'écriture étant si précise et juste, j'aurais bien aimé creuser davantage cette approche originale du deuil. Ce n'est pas que le livre est superficiel, loin de là, mais j'ai l'impression qu'on touche simplement du bout des doigts un sujet extrêmement profond, multiple et sans fin.
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Sous ses aspects de petit polar de type whodunit, ce roman aborde des thèmes qui tourmentent la société sud-coréenne comme les inégalités sociales, l'obsession pour la beauté (qui ne se conçoit pas sans la minceur), la mise à l'écart des personnes handicapées, la solitude. L'autrice documente le deuil de Da-eon comme le reste, avec beaucoup de subtilité : de nombreux éléments sont suggérés, à la limite du non-dit, un peu comme une synesthésie. La magnifique couverture saisit parfaitement cet état d'esprit avec ce jaune obsédant qui tranche sur le bleu.

Mon seul bémol : j'aurais apprécié une note du traducteur sur la signification de certains prénoms parce que j'ai l'impression d'avoir loupé un éclairage important.

Malheureusement j'ai l'impression que la traduction française fait perdre beaucoup d'éléments importants, elle semble étrange à certains endroits, peut-être aurait-il mieux fallu lire la traduction anglaise. Même si "lemon" reste très captivant et permet de voir des aspects sombres de la société coréenne souvent idéalisé.

Je m'attendais à une quête de vérité, une enquête avec lieutenants ou inspecteurs...

Quête de vérité oui, de la part de la jeune soeur de la victime.

A travers les voix de plusieurs protagonistes, au fil des chapitres, nous ne retraçons pas les derniers pas de la défunte mais apprenons quel impact ce meurtre a eu sur les camarades de classe d'Hae-on et surtout sur sa soeur et sa mère.

Avec une plume Coréenne, nous traverserons quinze années sur un rythme et une narration plaisants malgré le sujet.

C'est sous l'oeil des différents protagonistes que l'histoire est racontée au lecteur. Dans le fond, l'histoire du crime n'est qu'un prétexte à ce roman. La partie centrale repose sur le parcours de vie de chacun ainsi que sur la description de la société coréenne. Certains détails sont omniprésents dans le récit comme celui de la robe jaune. L'histoire semble aller dans tous les sens, ce qui ne m'a pas empêché d'être prise dans les filets de ce récit bref et dynamique. Une lecture qui sort de l'ordinaire et qui m'a beaucoup plu.

« Lemon », c'est avant tout un roman très particulier, déstabilisant. On le lit sans trop savoir où l'on va, sans savoir sur quel pied danser et quelles vont être les nouvelles informations que l'on va avoir, voire ce qu'elles pourront apporter à une situation qui semble inextricable. de nombreux choix narratifs contribuent d'ailleurs à renforcer cette impression ; un roman court composé de 8 chapitres marquants, de nombreux mystères et sauts dans le temps, une ambiance pesante et confuse, où les personnages semblent lointains, insaisissables… L'impression immédiate qui m'a frappé une fois le livre refermée, c'est ce sentiment qu'au-delà du meurtre et de ses mystères (qui feraient presque office de prétexte), on cherche à interroger davantage de notions, plus profondes, telles que le sens de l'existence.
Pour autant, tous ces éléments déroutants ne m'ont pas empêché de vraiment profiter de cette lecture. À de multiples reprises, la tournure des phrases, l'ambiance ainsi que la construction du récit m'ont rappelé les films et dramas coréens ; j'avais presque l'impression de voir se jouer les différentes scènes de l'intrigue et c'était très plaisant. Enfin, ce qui m'a également beaucoup plu au cours de cette lecture, c'est la volonté de l'autrice de donner à entendre, à lire et à voir l'histoire de plusieurs femmes, souvent invisibilisées, ce qui donne d'autant plus de puissance à l'ensemble du récit.

J'ai eu du mal a trouver un mot décrivant ce livre. Il m'a clairement troublé. Il est dur dans son propos, fascinant dans ses descriptions , captivant par ses emotions.
La manière dont il est ecrit est marquante. Chaque vision, chaque destin , tous reliés autour d'une destinée. Un vrai coup de coeur.

Incisif et rythmé, ce court roman décortique les méandres du deuil. Se confronter au meurtre de sa grande soeur, Da-eon n'a jamais été en mesure de le faire. Descente aux enfers, questions sans réponse, les années passent et la blessure ne s'est jamais fermée, oubliée.


Cycle pernicieux, obsession, elle s'accroche à ce moment, ancre morbide. La conviction extrême que seuls deux hommes peuvent être responsable de cet acte odieux.


Roman polyphone, l'intrigue se croise et s'entrecroise. L'image de la Corée s'effrite quelque peu. Une société percluse attachée à un certain contrôle effrayant. Double jeu, cacophonie des sens et des émotions, le récit transporte. La vérité s'effiloche, insaisissable, mirage d'une réalité alternative. Douce folie acidulée d'une douleur insupportable.


Jusqu'à quel point le non-retour à l'existence est-il ?


J'ai adoré l'atmosphère, le style de l'auteure et surtout j'ai été conquise par ma première approche de la littérature coréenne. A renouveler sans hésitation.
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