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3,06

sur 99 notes
J'écris souvent cette phrase, et pourtant, ce livre sonne pour moi comme la défaite des femmes. L'on peut dire aussi qu'il sonne la défaite de la justice et dénonce la pesanteur de la société coréenne.
La défaite des femmes, tout d'abord. Elle commence avec la mort de Hae-eon, assassinée. Même si le temps passe, jamais l'on ne saura qui l'a tuée, même si le lecteur, en écoutant les différentes voix qui se succèdent, pourra se faire son idée. Hae-eon. J'aurai aimé en savoir plus sur elle, j'aurai aimé savoir ce qui lui passait par la tête, elle qui, de l'avis de tous, était extrêmement belle, mais pouvait sembler, parfois, extrêmement distraite, ou naïve, inconsciente en tout cas des réactions qu'elle pouvait provoquer chez les autres, y compris chez sa propre mère. Celle-ci sombrera, clairement, et sa fille cadette, qui elle aussi se retrouvera au fond du trou, fera tout pour l'en extraire. Vraiment tout. Dae-eon a plutôt été la soeur aînée de sa soeur aînée, elle qui devait prendre soin d'elle. Elle subira, elle souffrira, dans son corps d'adolescente, dans son esprit aussi. le lecteur la croisera aussi, dans le regard des autres, eux qui voient les traces, sur son corps, de ce qu'elle endure. ils verront ses transformations, qu'ils ne comprendront pas toujours – mais qui feront toutes sens pour le lecteur. Dae-on, quant à elle, voit, avec acuité, ce que la société peut affliger à ceux qui n'ont rien, à ceux qui ne sont rien.

Il n'y a pas de place, dans la société coréenne, pour ceux qui ne rentrent pas dans le rang, ceux qui sont différents, ceux qui sont en situation de handicap. Ils sont oubliés et priés de vivre du mieux qu'ils peuvent, parce que ce n'est pas la société qui les aidera en quoi que ce soit. Etre au sommet de la société n'est pas forcément mieux, les diktats sont différents, mais bien présents, et l'on ne peut être que stupéfaits face à certaines réactions. Les jeunes adultes, ceux qui pourraient faire évoluer la société, ne semblent pas (plus ?) avoir la force de le faire, suivant la voie qu'on leur a tracé. Leur seule manière de se révolter étant plutôt dans l'inertie – dire « non » à la dernière injonction parentale, quand la mort de leurs parents ne leur permet pas, tout simplement, de pouvoir enfin suivre la voie qu'ils désiraient.
J'ai été fascinée à la lecture de ce roman par toutes ces voix de femmes que l'on entend, ces voix de femmes qui demandent à s'exprimer, à être écoutées, qui peinent à mettre des mots sur ce qu'elles ressentent, sur ces émotions qui se bousculent, tant celles-ci se heurtent à ce que la société coréenne considère comme normale. Souvent, il nous faut écouter entre les lignes pour comprendre ce qui est survenu – je dis bien « écouter », tant j'ai eu l'impression d'entendre leurs voix.
Une oeuvre forte, dérangeante, à découvrir.
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Les Éditions La Croisée proposent ce 12 avril un titre venant d'un pays, la Corée du Sud, qui nous devient de plus en plus familier, en ce qui concerne la littérature, notamment par ses nombreux auteurs de polars. Ce roman a tout du roman policier, notamment avec ce chapitre liminaire qui est l'un interrogatoire d'un suspect par un policier local, mais ce n'est pourtant qu'un faux-semblant. Yeo-sun Kwon est une écrivaine aguerrie, puisqu'elle a débuté sa carrière, il y a près de vingt-ans avec un premier roman Niche of green qui lui a valu un prix dans son pays. Lemon est le premier de ses titres à avoir été traduit non seulement en français, ici par Kevin Jasmin Hamard, mais aussi en anglais. 

Huit sections, aux perspectives différentes, composent ce roman. Elles pourraient se lire, indépendamment, comme huit nouvelles selon le magazine américain Publishers weekly. Sauf que ces sections sont interconnectées par le meurtre irrésolu de la lycéenne Hae-eon. Pourtant tout l'art de l'auteure Yeo-sun Kwon, c'est de nous mener l'air de rien, cahin-caha, vers des soupçons qui ne seront jamais vraiment étayés par le biais de preuves indirectes. Toutes ces sections sont succinctement nommées : Short/Poème/Lemon/Corde/Genoux/Dieu/Sarcome/Crépuscule. Ils réunissent tous des gens qui ne se fréquentent pas forcément, mais qui sont en relation avec la jeune fille assassinée. Han Man-u, le garçon qui subit l'interrogatoire, le principal suspect, celui avec lequel on revit l'une des ultimes scènes de vie de Hae-eon. Shin Jeong-jun, l'ami qui accompagnait la lycéenne en voiture. Yun Tae-rim, la passagère du scooter qui suivait la voiture. Da-eon, la soeur cadette de Hae-eon, celle qui veille sur elle. Tous centrés autour de cette ultime scène, une Hae-eon pendant les dernières heures de sa vie, dans la voiture de son ami.

Nous passons d'une partie à l'autre sans la moindre indication méta-narrative, le changement donne lieu à un changement de focalisation et à chaque fois, il nous faut le temps de comprendre la perspective sous laquelle nous abordons l'histoire et, pas le moins important, à quel moment de la narration nous nous situons. Changement de perspective, changement de temporalité, il faut sans cesse s'adapter à un nouveau pan de l'histoire, et si au moment de notre lecture, le morcellement de cette histoire paraît très accentué, l'auteure referme sa boucle et finalement tout nous apparaît comme un tableau plutôt homogène et uniforme. Ou chaque section est nécessaire à la compréhension de l'histoire en sa globalité, et surtout à se faire une idée sur l'identité du coupable. Et très franchement, si on isole les huit sections concernées, on y perd beaucoup en épaisseur.

Ainsi, on se rend peu à peu compte à quel point l'auteure maîtrise à la perfection sa narration : elle disperse des indices ici et là, qui seront repris et utile dans une section ultérieure. Rien n'est laissé au hasard. Autant la faiblesse du personnage de Han Man-u, son existence est l'un des drames de ce roman très acide, qui en renferme plusieurs. Une addition de réactions en chaîne qui aboutit à un gâchis absolu, bien plus qu'une vie, qui rayonnage bien au-delà du cercle familial, par lui-même pas mal amoché. Avec en-deçà, l'histoire d'une vengeance terrible, l'histoire d'un prêté pour un rendu, comme l'écho d'une douleur primaire née avec le meurtre de la lycéenne. Ce sont des histoires de vie, terribles autant que personnelles, où seul le narrateur est conscient de ses ramifications, l'histoire d'un deuil qui n'en finira jamais, car les enfants doivent porter les fautes de leurs parents.

Nous avons une auteure qui réussit à mettre de la poésie là on l'attendait pas vraiment : cette poésie inhérente à certains personnages, inhérente au texte, inhérente à l'identité de cette composition de textes. Dans l'identité même de ce texte, ou tout en suggestion, jamais rien dans l'expression, suggestions dont le lecteur doit faire les interconnections, relier les fils qui mènent au dénouement de cette histoire. Et toujours cette couleur, ce jaune vif, cette lumière franche, comme un fil conducteur reliant chaque section entre elles, cette luminosité qui, habilement, sert d'alibi à la noirceur dérobée des événements évoqués, aux actes commis, aux lâchetés des uns et autres, à la dépravation morale dans laquelle certains ont échus. 

Ce roman est d'une qualité rare, cette auteure coréenne a transcendé les limites du roman noir, pour en faire une oeuvre à la portée plus universelle, dans cette étude particulière d'un drame et de ses conséquences, dans cette peinture minutieuse de psychologies, parfois bien abîmées, des protagonistes. Et remettre un peu de lumière là où la poésie a disparu, là où ne reste guère ressentiment, douleur, haine, le tout habilement dissimulé par un jaune lumineux et citronné. Mais sans jamais oublier l'acidité de l'agrume, qui ronge âmes et vies. 


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En 2002, Hae-eon est retrouvée morte. La lycéenne, d'une grande beauté faisait tourner les têtes. Les années passant, sa jeune soeur, Da-eon cherche à faire la lumière sur ce qui lui est arrivée.
Lemon est vraiment un roman atypique, presque pas un roman, d'ailleurs, tant il est court. Composée de huit chapitres, l'histoire passe d'une narratrice à une autre, chacune dévoilant un pan de ce qui s'est passé en 2002. Les années passent et le passé pèse sur ses trois femmes. Si l'intrigue dévoile par touche des indices sur la mort de Hae-eon, on n'aura jamais vraiment la vérité entière de ce meurtre.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, avec sa narration originale, son rythme particulier et ses sauts dans le temps. On est vite subjugué par ce que dévoile chacun des chapitres, la personnalité détachée d'Hae-eon, les motivations troubles de Da-eon et l'on comprend petit à petit le déroulement inexorable de la mort de la lycéenne et surtout qui l'a tué.
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Un féminicide commis sur une très jeune et très jolie femme vêtue, au moment de sa mort, d'une robe jaune est le point de départ de ce roman à la structure en apparence éclatée.
Il faut accepter, dans un premier temps, de se laisser flotter un peu avant d'identifier les narratrices principales, toutes trois liées à la victime, sa soeur et deux amies , obsédées par ce crime demeuré impuni en apparence...
Roman d'atmosphère, Lemon est aussi un roman qui dépeint une société brutale (voir la scène d'interrogatoire initiale) où ceux qui sortent de la norme sont rejetés. C'est enfin un roman à la structure assurée qui sème des indices et permet au lecteur de se faire sa propre opinion sur les personnages.
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Je n'étais clairement pas prête pour cette lecture. Je me suis retrouvée plongée dans ce roman rempli de noirceur et de poésie en seulement quelques pages. L'ambiance se pose rapidement. Il y a eu un meurtre et le mystère plane toujours. La soeur de la victime cherche encore à comprendre. Certains témoins s'interrogent encore. Un des suspects reste traumatisé par cet épisode de sa vie. Tous ces personnages alternent leurs point de vue et il est parfois difficile de suivre le fil car c'est au lecteur de prendre les indices durant sa lecture. Au fil des pages, l'atmosphère devient lourde, étouffante. On perçoit la tristesse, la douleur...Et à travers tout cela une société définitivement en souffrance.
Il est difficile de parler de ce roman. J'avoue que les mots me manquent (moi qui suis pourtant si bavarde, c'est un comble!). Je crois que ce qui m'a le plus frappé dans cette lecture, c'est la douceur des mots. Il se dégage une certaine poésie, une délicatesse qui vient tranquillement envelopper le lecteur. Et pourtant, cette poésie contraste terriblement avec le récit de ce roman.
Désarçonnée et quelque peu hagarde, j'ai dévoré ce roman d'une traite, entraînée malgré moi dans ce récit psychologique.
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Voici une novella, traduite du coréen. 150 pages à peine. Il m'a fallu une semaine pour en venir à bout et ... je parviens à la dernière ligne en réalisant que je n'ai absolument rien compris. La narration est chorale, les divers protagonistes prennent tour à tour la parole pour exposer leur vécu de l'affaire. Mais il me fallait à chaque fois un moment avant de saisir l'identité du narrateur de chaque chapitre. le bilan : je ne sais pas qui était vraiment la victime, ni qui est l'assassin (même si j'ai un soupçon), ni le pourquoi et le comment de l'évolution des personnages. Bref, je suis passée totalement à côté de ce récit. Dommage...

Je remercie Net Galley et les Éditions La Croisée de m'avoir donné l'occasion de m'essayer à la lecture de ce récit, en espérant qu'il trouve son public.

#NetGalleyFrance #Lemon
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Kim Hae-on, une lycéenne d'une grande beauté, est assassinée en 2002. le coupable n'a pas été retrouvé, même s'il subsiste des suspects, dont Han Man-u, un jeune homme pauvre. ● C'est un roman choral et on passe d'un narrateur à l'autre dans chaque chapitre, procédé qui n'a rien d'original mais qui est utilisé ici avec la plus grande confusion. ● Il est très difficile de s'y retrouver et de savoir qui parle ; rien n'est fait pour aider le lecteur. ● Apparemment, le livre joue avec le genre du roman policier pour détourner les codes du whodunnit et ambitionne, dans une forme moderniste prétentieuse, une ampleur métaphysique avec de nombreuses interrogations sur le sens de la vie et de la mort… ● Mais il ne suffit pas d'écrire un récit intentionnellement embrouillé et de le parsemer de quelques clichés en forme de maximes pour atteindre à cette dimension. ● C'est là une toute petite chose qu'il ne valait vraiment pas la peine de traduire du coréen. Heureusement que ça ne fait que 150 pages, on a moins l'impression d'avoir perdu son temps. ● Je remercie NetGalley et les éditions La Croisée de m'avoir permis de lire cet ouvrage.
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Un meurtre, une enquête mais zéro coupable.
Un quatrième de couverture qui m'a tenté, mais finalement l'histoire n'était pas au rendez-vous.

En effet, ça n'a pas fonctionné avec moi. J'ai été vite perdu. le narrateur n'est pas toujours le même personnage mais je ne l'ai pas compris tout de suite. Beaucoup de détails, de lieux, d'informations que je n'ai pas toujours trouvé utile.

Attention je ne dis pas que vous ne devez pas le lire, peut-être n'ai je pas compris le véritable sens qu'à voulu donner l'auteur.
Car finalement les non-dits forment un tout que j'ai associé.
Je vais d'ailleurs en discuter avec ma fille, amoureuse de culture coréenne, car les origines, traditions ont peut-être un impact sur ce récit. Chaque pays ayant une vision différente, comme chaque être humain, je n'ai sûrement pas tout assimilé comme il faut.
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Lemon, lemon, lemon “, comme une incantation vengeresse, raconte en huit chapitres scandée , staccato, les suites et effets chroniques du meurtre d'une très belle jeune fille sur trois femmes qui tournaient dans son orbite : Da-on sa soeur cadette et deux de ses anciennes camarades de classe, Taerim and Sanghui. Avec des bonds dans le temps ce faux policier est un récit choral, où les trois protagonistes sont désespérément à la recherche de réponses aux questions sur un meurtre non élucidé qui les a définitivement marquées.

La victime portait une robe sans manches, jaune et flottante,sans sous-vêtements, elle était très belle et très étrange. « On avait retrouvé son corps reposant sur un lit de fleurs, dans un parc non loin du lycée, au cours de l'après-midi du 1er  juillet. Elle était morte des suites d'un traumatisme crânien….. ». Elle est présentée presque comme un mythe, car sur elle on n'apprendra pas grand chose à part que les trois protagonistes étaient sous le charme de sa beauté, une beauté qui semble sans humanité, d'où étrange.
Quand au titre Lemon, à part le jaune citron de la robe de la victime, et un poème écrit par Sanghui, « «Betty Byrne, Maker of Lemon Platt», il reste flou. Peut-être ce réfère-t-il au goût acidulé de cet étrange récit qui laisse une sensation bizarre une fois terminée.

Une novella qui interroge sur le sens et le non sens de la vie et la mort, et si la vie n'était qu'un leurre où on se trompe sur l'essentiel de son sens , «  Cette vie n'est-elle qu'un long chemin de misère ? Et si le fait de vivre, de ressentir la joie, la peur, le calme et le danger, n'était pas déjà un sens en soi ? » Je vous laisse la découvrir, elle en vaut la peine.

« La vie n'a aucun sens particulier. Ni la sienne, ni celle de ma soeur, ni même la mienne. On a beau essayer désespérément de lui en trouver un, chercher un moyen pour lui en donner, ce qui n'existe pas n'existe pas. La vie commence sans raison et finit de la même façon ».

Un grand merci aux éditions Delcourt et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre.
#Lemon#NetGalleyFrance
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Le titre est bien trouvé : il annonce la couleur et le ton - bien acide - de cette novella sud-coréenne, composée de 8 chapitres qui effectuent des sauts dans le temps et passent d'une perspective à l'autre afin de traiter des conséquences d'un meurtre non élucidé sur la vie d'une poignée de jeunes gens, tous liés de près ou de loin à la victime - une lycéenne à la beauté subjuguante.

C'est bref mais intense, et ça fait forte impression grâce à l'économie de moyens dont use l'auteure. Elle parvient à exprimer beaucoup en utilisant peu, en maîtrisant l'art de l'ellipse, de la suggestion et du non-dit.

Le récit reprend la dynamique d'un célèbre film sud-coréen (*) sur le fond, avec des personnages qui savent marquer les esprits, en étant éternellement hantés par des crimes perpétrés sur des femmes .

Pour en revenir au livre, il s'agit ici moins de résoudre un whodunit que de s'interroger sur le sens de l'existence, tout en laissant aux femmes la possibilité d'occuper le devant de la scène. Ce qui importe avant tout dans ce roman : c'est de dresser le portrait psychologique de plusieurs d'entre-elles, très différentes mais qui sont pourtant toutes le produit d'une société de faux-semblants - qui d'un côté exporte sa pop culture de façon triomphale à l'international, et qui de l'autre n'hésite pas à sacrifier des franges entières de population sur l'autel du conservatisme, du masculinisme et des diktats esthétiques.

(*) : « Memories of murder » sorti en 2003 et réalisé par Bong Joon-ho.

#Lemon #NetGalleyFrance
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