AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Marie987654321


Surprenante lecture ! La quatrième de couv. nous informe que "Raymond Queneau regardait "Rue des maléfices" comme le plus grand livre jamais écrit sur Paris". Forcément, cela allèche....

L'auteur traine, et nous entraine, dans le paris des années 40 et 50 , celui des quartiers Mouffetard, Maubert, Cité, Saint louis, la Bièvre dans les bistrots qu'il fréquente assidûment et où il rencontre des personnages troubles, aux noms évocateurs : Danse-toujours, Pierrot la bricole, Dolly-longue-à-jouir; Pepe la lope, Fanfan sans charre...; un monde de poètes, de prostituées, de truands, de mendiants, de bistrotiers, d'êtres perdus arrivant parfois du bout de monde tout autant que du coin de la rue, sans compter le roi des gitans... et le vieux d'après minuit ; un monde où l'on conduit ses activités de résistant (qui passent au second plan dans le récit) ; un monde dont la généalogie remonte à François Villon...

Dans ce Paris là, Jacques Yonnet retrouve les traces d'une histoire qui remonte très loin au Moyen Age ; dans les récits et les légendes racontés par ses compagnons, dans les vieux livres des bibliothèques : des légendes qui surgissent dans les événements de son temps. Ces histoires d'autrefois imprègnent les murs et ne sont jamais parties, mais seuls les initiés les savent voir : la malédiction qui pèse sur tel ou tel lieu s'expliquant par une injustice qui a été commise; la trace sur un mur ou une porte d'une tragédie ancienne... et les nouvelles traces qui se créent sous ses yeux.
"la maison qui n'existait plus" , "les tatouages ennemis" , "le dormeur du pont au double" , "sainte patère" etc : jeteurs de sort, porteurs de poisse, exorciste, guérisseur ou autre sorcellerie : voila le Paris que nous dévoile Yonnet ( à moins qu'il ne débloque quelque peu par moment), le Paris d'une histoire longue où la magie et le merveilleux continuent d'être présents et de se déployer dans le quotidien ; où les hommes les vivent intimement chaque jour comme une chose naturelle . Mais plus pour longtemps...

Ce n'est pas un roman, ce n'est pas de l'histoire, de la sociologie ou du journalisme... mais le témoignage poétique d'un homme convaincu que l'imaginaire a plus de véracité et de force que le réel.
Le style et le vocabulaire sont tout à fait remarquables car alliant l'argot de cette époque, souvent traité de manière élaboré, au français le plus riche et le plus poétique, et même parfois un peu précieux.
En plus on apprend des mots ...
"Le soiffard dépourvu de vaisselle de fouilles jusqu'au prochain samedi midi consignait scrupuleusement, sur le carnet portant son blaze, les dettes contractées, qu'il réglait recta, dès que pourvu d'artiche"

"la pratique, après avoir rincé son hanap, l'emplissait soi-même à l'une des quatre cannelles virilisant autant de futs placés sur des tréteaux."

"il décarrait fissa, crouni de honte et le teint pivoine"

Un écrivain météore, qui n'a guère écrit par la suite ...
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}