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Critique de GeraldineB


Août 1945, le Japon est en train de perdre la guerre. Les Américains bombardent sans relâche les villes et les villages en larguant des bombes incendiaires depuis leurs B29. Takuya reçoit l'ordre de tuer un pilote. Il obéit froidement. Cet aviateur américain a causé la mort de milliers de civils. Takuya ne fait qu'accomplir son devoir.
Mais la guerre terminée et perdue, ceux qui ont exécuté des Américains se retrouvent accusés de crimes de guerre.
Takuya doit fuir et se cacher. Et c'est un Japon ravagé par les incendies et la famine que nous allons traverser avec lui.

Livre de guerre, roman à suspense, livre de philosophie et même de poésie, ”La guerre des jours lointains” réussit la prouesse d'être tout cela à la fois.
Yoshimura s'est documenté. Il pose des faits. Il y a eu des exécutions sommaires et des tortures de la part des Japonais. Il y a eu, aussi, Hiroshima et Nagasaki.
Takuya est du côté des perdants et pour cela il risque la pendaison. Mais si le Japon avait gagné la guerre il aurait probablement reçu une médaille. N'est-ce pas absurde? Ce qui était le Bien s'est soudain transformé en Mal. le héros est devenu un monstre.Tout est affaire de circonstances finalement et l'arrogance des vainqueurs devient humiliation de vaincus.
Takuya doit maintenant vivre avec le fantôme de ce soldat qu'il a tué, un américain qui, comme lui, a accompli son devoir avec courage. Yoshimura le fait réapparaître régulièrement dans les souvenirs de notre héros, lui rendant hommage en quelque sorte. Car, quelque part en Amérique, des parents pleurent leur fils. Ils étaient deux soldats, l'un japonais, l'autre américain. Deux minuscules rouages de la barbarie. L'un est mort et l'autre pas. Absurdité encore, de la guerre et du destin.

J'ai lu ”La guerre des jours lointains” comme un plaidoyer contre la guerre mais aussi comme un hommage rendu aux hommes qui défendent leur nation. le roman n'est jamais manichéen et nous amène à de profondes réflexions. Qu'aurions-nous fait à la place de Takuya? Au nom de quels intérêts patriotiques a-t-on pu détruire tant d'êtres humains?
Takuya fait un chemin intérieur, celui de l'humilité et du repentir. ” Il éprouvait de la pitié pour la silhouette de cet homme mort, face contre terre.”

Ecrit dans un style d'une sobriété et d'une pureté sans pareil (je souligne au passage l'excellente traduction de Rose-Marie Makino-Fayolle), ce livre m'a bouleversée. C'est cela la magie de Yoshimura, une tension dramatique qui va croissante servie par une écriture toute en retenue. C'est beau et parfaitement maîtrisé, comme un combat de kendo.


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