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Citations sur Chinatown, intérieur (39)

Des fois que tu sois pas au courant leg vioques de la campaqne taiwanaise assurent grave au karaoké, et lorsqu'ils font du karaoké pour une bonne raison, celui qu'ils kiffent à mort, c'est John Denver.
Est-ce le rêve des grands espaces? Le mythe romantique de l'Ouest? Est-ce que tu prends conscience que ces petits Orientaux rigolos sont en fait américains depuis plus longtemps que toi? Qu'ils ont découvert sur ce pays des choses que tu n'as pas même encore comprises ? Si vous ne me croyez pas, allez faire un tour au karaoké du coin, un soir où il y a du monde. Attendez la troisième heure, quand les étudiantts et les serveuses de resto en ont fini avec les Backstreet Boys et Alicia Keys, et trouvez l'homme d'affaires asiatique d'âge mûr, qui attend patiemment son tour, un peu rougeaud à cause de la Crown ou de la bière japonaise, et quand il s'avance et entonne "Country Road", essayez de ne pas rire, ou d'échanger des clins d'oeil complices, ou de taper dans vos mains exprès trop fort, parce que d'ici à ce qu'il prononce les mots "West Viriginia, mountain mama", vous serez en train de l'accompagner, et d'ici à ce qu'il ait fini, vous aurez compris pourquoi un septuagénaire venu d'une île minuscule du détroit de Taiwan qui a passé les deux tiers de sa vie dans ce pays est capable de chanter cette chanson aussi bien, à la perfection : parce qu'elle parle de rentrer à la maison.
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(…) tout mène à cela : une famille. Ils te ramènent à la maison en sortant de l’hôpital, et là tout s’accélère. C’est un montage des premiers moments, les étapes majeures et mineures : premiers pas, premiers mots, première nuit complète. Il y a quelques années dans la vie d’une famille où, si tout va bien, les parents ne sont plus seuls, ils sont en train d’élever leur propre compagnon. Le gamin qui les sortira de la solitude, et pendant ces quelques années, ils sortent effectivement de la solitude.
C’est un brouillard – dense, rauque, épuisant – des sentiments, des pensées sens dessus dessous qui forment des jours, puis des semestres. Le train-train, les premières fois, ça roule, plus ou moins, les nuits d’été la fenêtre ouverte, allongé sur les couvertures ; et les sombres matins d’automne quand personne n’a envie de sortir du lit ; on se prépare, on s’améliore ; on gagne, on perd, les jours où rien ne va, et puis, juste quand le chaos commence à prendre forme, n’a plus l’air d’une suite désordonnée d’urgences et de choses qu’on aurait pu mieux faire, le calendrier, les mois et les années, le fil des ans, tout s’empile jusqu’à ce que le tas se mette à faire sens, la douceur de tout ça, juste à ce moment-là, les premières fois se muent en dernières fois : dernière rentrée, dernière fois qu’il vient dans notre lit, dernière fois qu’on dort tous ensemble, tous les trois. Les souvenirs les plus importants se construisent juste sur l’espace de quelques années. Puis on passe les décennies suivantes à les revivre.
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Pauvre, c’est relatif, bien sûr. Aucun d’entre vous n’a jamais été riche, ni rêvé de l’être, ni jamais connu quelqu’un de riche. Mais le plus grand gouffre au monde, c’est celui qui sépare le fait de s’en sortir et celui de ne pas vraiment s’en sortir. Il y a mille et une façons de le franchir, ce gouffre, presque toutes accidentelles. Mauvaise journée au boulot et/ou mon gamin est malade et/ou j’ai raté le bus et donc dix minutes de retard à l’audition, et donc le rôle de l’Asiat’ à l’Arrière-Plan Avec un Air Abattu te passe sous le nez. Et donc les finances sont au plus bas cette semaine, tu fais bouillir deux fois les mêmes os de poulet pour un petit bouillon et tu décides que la fin du paquet de riz fera encore un repas, ou encore trois.
Le gouffre franchi, tout change. De l’autre côté, le temps est ton ennemi. Ce n’est pas toi qui passes la journée, c’est la journée qui te passe dessus. Chaque mois qui passe, ton embarras progresse, s’accumule, implacable comme l’arithmétique. X vaut moins que Y, et il n’y a rien à y faire. Le courrier quotidien apporte chaque fois son lot d’inquiétude ou de soulagement, seulement temporaire dans le dernier cas, il remet à zéro le minuteur jusqu’à la prochaine facture, au prochain avis d’échéance, au prochain coup de fil des huissiers.
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Au début, il n'aime pas les hamburgers, mais il apprend à les demander sans mayonnaise et sans ketchup, et il mange la viande séparément du pain, de la laitue et de la tomate. (155-156)
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Le bar est bien pourvu en spiritueux de marque sur les étagères du haut, d’un peu moins bonne qualité sur celles du milieu, et en bas vous attendent les alcools du happy hour que vous regretterez à coup sûr. La nouveauté du moment qui fait parler d’elle, c’est le margarita-tini au lychee, ce qui fait vraiment beaucoup de parfums, quand on y pense. Mais c’est pas comme si tu t’en étais déjà commandé un. Quatorze dollars. Parfois, les clients laissent une dernière gorgée au fond du verre, et si tu fais vite, en traversant les portes battantes qui mènent aux cuisines, tu peux goûter. Tu as vu d’autres Asiat’ de Service le faire. Mais c’est risqué. Le directeur est toujours à l’affût, prêt à virer quelqu’un à la moindre incartade.
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Depuis tout petit, tu rêves d’être Mister Kung-Fu.
Tu n’es pas Mister Kung-Fu.
Pour l’instant, tu es Oriental (Homme) à l’Arrière-Plan, mais tu t’entraînes.
Demain, tout peut arriver.
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Mais pour être honnête, c’est toujours difficile à dire, avec Sifu, que chacun sait impénétrable. Si seulement tu pouvais lui montrer ce que tu es devenu. Tout ce que tu veux, c’est qu’il prenne cette expression, qui pourrait être prise pour de la Détresse Intérieure, possiblement due à une gastro-entérite, mais qui indique en réalité quelque chose de plus proche de la Fierté Secrète et Bien Cachée que Père Honorable Éprouve pour son Fils Jeune mais Prometteur ; et qui signifie Douleur Délicieusement Douce-Amère du Professeur qui Sait qu’On n’a plus Besoin de Lui. Tu le vois déjà dans ta tête : il ferait cette tête, tu sourirais, et il sourirait en retour. Générique, et vous marchez tous les deux, bras dessus, bras dessous, vers l’horizon.
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Elle dit que raconter une histoire d’amour, c’est un truc qu’on fait tout seul. Mais pour être amoureux, il faut être deux. Mettre l’autre sur un piédestal, c’est juste une autre façon d’être tout seul. (p. 180)
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Et puis un matin tu t’es réveillé et c’est terminé. Le rêve avait pris fin. Grand Frère n’était plus Mister Kung-Fu. Les détails sont restés secrets, la version officielle est simplement que ça n’a pas marché. Le résultat pour vous tous : plus de Mister Kung-Fu. Tout à coup, l’âge d’or de Grand Frère avait pris fin, sans tambour ni trompette, sans raison en fait. Officieusement, on comprenait. Il y avait un plafond de verre. Il y en a toujours eu un, et il y en aurait toujours un. Même pour lui. Même pour notre héros, il y avait des limites au rêve d’assimilation, des limites au-delà desquelles aucun d’entre nous ne pouvait prétendre aller dans le monde de Noir et Blanc.
C’était peut-être mieux ainsi. En tout cas pour lui, d’un point de vue personnel. Malgré tous ses succès, Grand Frère n’avait jamais semblé totalement à l’aise à sa place attitrée dans la hiérarchie, il n’avait jamais été vraiment à fond à la poursuite d’une carrière. Il ne se percevait pas comme Mister Kung-Fu. Et il n’avait pas tort. Son Kung-Fu était trop pur, trop parfait pour être exploité comme chacun savait qu’il le serait : des trucs clinquants, débiles, les mêmes mouvements vus des millions de fois mais qu’on lui redemandait encore et encore à chaque mariage et à chaque nouvel an lunaire. Mieux valait qu’il ne connaisse pas la gloire pour connaître la postérité. Mieux vaut être une légende qu’une star.
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Vieil Asiat (homme) ne répond pas : la physionomie exotique de ses traits orientaux, exarcerbés par un conditionnement idéologique confucéen prônant le refoulement des émotions, transforme son visage en masque impassible.
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