Citations sur Chinatown, intérieur (39)
Ils avaient perdu le script en cours de route, leur grande histoire d'amour était devenue un film historique, l'histoire d'une famille d'immigrés, puis celle de deux personnes qui essaient de s'en sortir. À la fin, c'était tout ce qu'il restait : s'en sortir.
Les souvenirs les plus importants se construisent juste sur l’espace de quelques années. Puis on passe les décennies suivantes à les revivre.
Tu essaies de ne pas tout gâcher. Elle ne te laisse pas tout gâcher. Tout va bien. Tout va bien jusqu' au moment où no rmalement ca arrête d'aller bien, mais vous allez jusque-là et ça continue à aller bien. p.208
Tes parents, ils travaillent pour le plaisir d'étrangers, et se perdent dans leurs personnages. Il faut dire les mots, marcher jusqu'à la marque et se mettre sous le bon projo.
Depuis l'arrière-plan, tu regardes.
Le soir, ta mère enfile son costume.
Le soir, ton père étudie le kung-fu.
Ils pleurent. Ils meurent. Ils s'en sortent.
Tu portes un uniforme chemise blanche, pantallon noir, chaussures noires qui ont l'air d'être des chaussons et n'ont aucun maintien. Coupe de cheveux bien pourrie.
Tout est beau dans Noir et Blanc. C'est surtout une question d'éclairage. Les héros ont droit à un éclairage de héros, qui caresse leurs visages juste comme ill faut. Surtout le visage de Blanc d'ailleurs. Tu voudrais qu'un jour la lumière caresse ton visage de cette façon. Pour avoir l'air du héros. Voire pour être le héros, juste un instant.
Et même s'il était toujours capable de briser un parpaing avec trois doigts, ce n'était plus du tout comme avant, quand il était plus jeune et pouvait le faire avec un seul : l'unique coup surpuissant d'un seul doigt. N'importe lequel. Tu choisis. (26)
Et voilà, le mot : l'Asiat'. Même aujourd'hui que tu es l'incroyable guest-star, et ici dans ton propre quartier. Ce mot te définit, t'aplatit, te piege et t'enferme. Qui tu es. Tout ce que tu es. Ta caractéristique la plus saillante, qui efface toutes les autres, à côté de laquelle les autres n'existent pas. À la fois nécessaire et suffisant pour une définition complète de qui tu es : l'Asiat'.
Il te dit quelque chose que tu ne captes pas. Tu l'entends, tu comprends la plupart des mots, et pourtant - tu ne comprends pas. Le fossé est toujours là. Comme infranchissable, c'est comme si vous étiez séparés par un océan Pacifoque de langue et de culture, ou juste une simple phrase, d'un père à son fils, la distance est la même.
Le problème des Asiat', c'est qu'ils rendent les choses un peu trop réelles, ils compliquent la limpidité, la dualité, l'élégance classieuse de NOIR ET BLALC, le canevas qui a fait ses preuves, et c'est ainsi que le choix est fait, non pas dans une grande conspiration pour exclure les Asiatiques, mais parce que c'est vraiment plus simple de laisser les choses comme elles sont.