Camille muse de Claude Monet

Malgré son angoisse, l'artiste profite du beau temps pour peindre des jardins dans lesquels il introduit des personnages, dont sa jeune et jolie cousine Jeanne-Marguerite Lecadre.
Le jardin du « Coteau » présente une végétation exubérante et très fleurie qui inspire l'artiste. Pressent-il que la représentation de la nature pourrait devenir l'essentiel de ses futurs motifs ?

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La gourmandise de sa jeune épouse le surprenait et le ravissait. En plein repas, il s’arrêtait de manger pour la contempler : elle avalait par petites bouchées en remuant gracieusement ses lèvres ourlées de rouge dont il connaissait les contours par cœur. Plus tard, en rentrant, grisée par le vin, elle lui offrirait cette bouche qu’il attendait avec impatience.

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Bourgeoise parisienne, la jeune femme porte une élégante veste bordée de fourrure. Le noir de la veste se fond dans le fond sombre d’où émerge, lumineux, le beau visage pâle. La pose est théâtrale : les yeux baissés, elle se retourne à demi, une expression coquette se dessinant sur son profil. Sa main tient la bride de son petit chapeau orné de plumes. La lumière semble s’arrêter d’elle-même sur le fin visage naissant de l’obscurité.

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Est-ce sa déprime ? Est-ce l’amour charnel que lui inspire sa compagne ? Parfois, il est en train de peindre, des pensées lascives montent en lui et le perturbent : chaque coup de pinceau, chaque touche de peinture posée sur la toile lui évoquent une caresse qu’il déposera sur le corps frémissant de cette femme qui enflamme ses sens. Il rentre au plus vite, des bouffées de tendresse plein la tête.

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Nombre des toiles de Claude Monet dans lesquels sa femme est représentée sont des chefs-d'œuvre. après sa mort, il ne peindra jamais plus de personnage avec le même intérêt, le même plaisir, le même amour. Plus tard, les personnages insérés dans ses toiles ne sembleront servir que de contrepoint à son travail entièrement tourné vers le paysage. Le sourire de Camille surgira parfois, inattendu, dans une touche de lumière.

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Le 13 novembre 1872, vers 7 heures du matin, installé sur le quai du Havre à une fenêtre de l’hôtel de l’Amirauté, Monet tourne la tête en direction du sud-est. Il est face à l’avant-port, en surplomb du quai et du bassin, et peint le lever du soleil qui s’offre à lui. Il observe le port industrialisé et la brume dissolvant les formes. Des grues indiquent des travaux d’agrandissement du quai sur la droite, une cheminée fume vers la gauche. L’eau et le ciel, noyés dans un gris perle, se distinguent à peine l’un de l’autre.
L’artiste est particulièrement satisfait de ce petit tableau qu’il a saisi rapidement. « Il ne paye pas de mine », pense-t-il, mais il renferme tout ce qu’il recherche depuis ses débuts de paysagiste. Il y voit un condensé de sa vision de la nouvelle peinture : lumière changeante modifiant les couleurs, aspect vaporeux, sensation fugitive et éphémère des choses.

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Depuis son arrivée à Argenteuil, la jeune femme éprouve une sensation de bien-être dans son corps et son esprit. Elle a intégré la peinture dans sa vie de femme et muse d’un artiste dont elle pressent qu’il deviendra le plus grand. Elle est touchée par sa rage de travail, ce don total de tout son être. Elle remarque ses joies et peines qui le bouleversent lorsque sa séance de travail est bonne ou mauvaise et désirerait lui donner une partie d’elle-même dans son effort artistique.

Camille lit, assise dans l’herbe sous les lilas, confondue dans la végétation. Le décor, contrasté de vert ocre dans le feuillage et de rose tendre sur la robe, fait ressortir la beauté et l’élégance de la jeune femme. Les grains de lumière filtrent à travers les feuilles et tombent sur la robe. Il y a tellement d’amour dans cette Liseuse ! Monet a immortalisé son épouse.

Claude Monet « La Liseuse », 1875

L'artiste est particulièrement satisfait de ce petit tableau qu'il a saisi rapidement*. « Il ne paye pas de mine », pense-t-il, mais renferme tout ce qu'il recherche depuis ses débuts de paysagiste. Il y voit un condensé de sa vision de la nouvelle peinture : lumière changeante modifiant les couleurs, aspect vaporeux, touche nerveuse et légère, sensation fugitive et éphémère des choses.
* Impression, Soleil levant. 1872

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Il lui fait part de son observation d’artiste sur cette lumière qu’il passe son temps à tenter de résoudre : « Surtout ne plus voir les couleurs de sa palette à l’éclairage artificiel de l’atelier, mais modifiée par l’atmosphère, élément naturel de vie. » Il ajoute : « La lumière est la composante principale du tableau, elle nous dicte ses volontés. Suivant l’état du ciel, la journée, l’heure, la saison, le motif, personnage, objet, pierre que tu peins se modifient constamment. Deux solutions se présentent à toi : changer de toiles au fur et à mesure de l’avancement du jour ou bien revenir le lendemain pour terminer ta toile. » N’oublie jamais, disait-il : « rien n’est livré au hasard de l’inspiration, à la fantaisie heureuse du coup de pinceau. Les lois de l’atmosphère nous guident vers cette impression menant à l’harmonie. »