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Citations sur N'appelle pas à la maison (29)

l réussit à s’enfuir loin de tout ce bordel. Il revoit comment il a grimpé une à une les marches qui mènent au bar Los Encuentros, en haut de la rue Cartagena, derrière l’hôpital Sant Pau. Avec le soleil dans le dos, et ses yeux tentant de s’habituer à l’obscurité du lieu. Jeudi. Partie de cartes. Fric dans la poche, de mauvais poil. Il s’était disputé avec Raquel. Dès qu’elle voit de la thune, elle prend des airs de princesse. Ce n’était pas le bon moment. Pas encore. C’était le moment de profiter du présent, et demain, du présent encore. Pourquoi n’arrivait-elle pas à comprendre ça ? Lui, il avait eu une maison, qui lui avait glissé entre les doigts à cause de ses mauvaises fréquentations. En plus, dès qu’ils auraient un truc fixe, Raquel entamerait une guerre d’usure pour que, de temps à autre, ses gosses débiles et coincés du cul viennent chez eux. Et ça se transformerait en une longue suite de prises de tête, de frustrations, de fric foutu par les fenêtres. Si jamais il y arrivait, qu’est-ce qu’il en tirerait ? Il avait toujours la sensation que Raquel restait parce qu’elle avait besoin de lui, qu’il était sa béquille, son passeport pour l’argent et l’avenir. Il lui suffisait de se rappeler combien il se sentait à l’écart chaque fois qu’un de ses enfants passait du temps avec eux. En un claquement de doigts, comme par magie, Bruno devenait invisible.
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BOIRE avec des Cubains, ça tourne toujours mal. Ça pourrait être une bonne leçon. Quelque chose dont Bruno devrait se rappeler, la prochaine fois qu’ils l’invitent.
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Il ne veut pas abuser. Il a assez de fric pour passer deux ou trois mois tranquilles et monter une affaire dans le Sud.
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Cristian porte un sac contenant toutes ses affaires. L’idée, c’est de piquer le blé de Max et se barrer. Il ne lui fera pas d’autres saloperies. Il le laissera tranquille.
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Il ouvre le journal et le hasard se joue de lui. Supers pouvoirs de divination. Avoir été à deux doigts de frapper Mireia et tomber sur la nouvelle campagne de lutte contre les violences conjugales. Un mec important, qu’il ne connaît pas. Un acteur, un présentateur, quelqu’un en somme, fait des gros yeux en signe de réprobation et montre un carton rouge à l’agresseur.
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L’égratignure sur sa joue est encore douloureuse.
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Cristian – brun, mince, les yeux qui louchent un peu – parcourt Plateria, via Laietana, Ferran, les mains dans les poches de son blouson, l’anse de son sac de voyage passée à son bras, bien décidé à prendre son petit-déjeuner avant d’aller voir Max. Il tombe sur un bar. Ancien ou nouveau, difficile à dire. Peu de temps après, il est en train de terminer son café au lait et un délicieux croissant. Ses doigts sont poisseux de sucre. Cristian se dit qu’il y a encore des gens qui font bien leur travail. C’est vrai, si on fait payer la même chose pour un croissant comme celui-ci et pour un des ces étouffe-chrétiens qu’on te refile dans certains bars, à quoi bon s’appliquer ? Eh bien, c’est comme tout, lui disait son père, si tu peux bien faire les choses, pourquoi mal les faire ? C’est curieux, se dit Cristian, toujours plongé dans ses pensées, tout ce que les vieilles nous disent, on l’oublie, mais ce que les vieux nous racontent et nous répètent, ça reste ancré à tout jamais. Peut-être que rien ne peut vraiment diluer la liqueur amère qui subsiste après la perte, le départ ou l’abandon d’un parent.
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Non, Cristian ne se souviendra de rien de tout ça, mais en revanche il se souviendra de la ville déserte au petit matin, quand il rentrait chez lui. Celle des rues mouillées. De l’éternelle défaite. Pas de celle au poing levé, pas de celle des petits trafics, ni de celle du parlem{2}. L’autre ville lui manquera, celle des ombres aux coins des rues, la métropole anonyme aux héros fusillés contre les murs, celle des rumbas et autres chansons électriques, celle de la Noche de Reyes{3}, la Barcelone qui fait tourner les cafetières dès le lever du soleil. Celle des places sans eau dans les fontaines. Celle des marchés aux étals couverts de glace, sang et poissons gris. Celle des églises vides, celle des fleurs non écloses, sans oxygène, dans leurs sarcophages de plastique.
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Comme il oublie difficilement, il ne se souviendra que de ces moments à Barcelone où ils s’entendaient bien. Il se souviendra de ces petits pièges et de ces toboggans qui, tout à coup, s’ouvraient sous ses pieds, la nuit, dans cette ville liquide. Il se souviendra des moments où la drogue coulait à flot et où tout le monde riait, se shootait, et on remettait ça, on riait et on se shootait de nouveau. Il se souviendra des motos bruyantes dans les ruelles du Gótico. Il se souviendra des moments où la lune se retrouvait coincée dans son verre de gin. Et, pourtant, il ne se souviendra pas du froid de février. De l’indifférence. De l’arrogance des autres, supérieurs. Il ne se souviendra pas des mecs aux grosses lunettes à monture en plastique, veste en cuir, ou des employés d’ONG qui se promenaient avec leurs filles chinoises. Ni des bourges aux cheveux bien propres, aux forfaits*{1} multiples et au grand cœur qui avaient vite fait de choisir la tenue qu’elles allaient porter pour ne pas faire trop riches.
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LES gens qui oublient difficilement se font souvent du mal. Car ils se racontent leur vérité à l’aide de mensonges, ils se trompent dans les noms, omettent des lieux et des personnes et ne finissent par se rappeler que des bons moments.

Cristian fait partie de ceux-là. C’est pour ça que lorsqu’il se souviendra d’elle, elle lui manquera, même s’il se dit qu’elle n’est qu’une mauvaise blague, une vieille célibataire aigrie, une ville inventée dans un pays qui n’existe pas.
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