Citations sur La cité du vice, tome 1 : Confession (20)
Je n’aurais pas dû le croire. Cet homme était un menteur professionnel, un manipulateur. Un escroc, comme moi. J’ignore pourquoi je ne m’éloignai pas de lui, en cet instant. Toujours est-il que ma respiration s’apaisa et que je finis par m’endormir dans ses bras.
J’avais l’habitude de me comporter comme si je pouvais affronter le monde entier, mais pour être honnête, l’intimité me terrifiait plus que tout. La confiance que j’avais autrefois accordée librement avait été brisée à jamais et c’était trop dangereux de laisser quelqu’un s’approcher à nouveau de moi.
Les hommes que j’avais arnaqués essayaient, bien sûr, mais j’avais toujours des moyens de contourner le problème. Je prétextais avoir mes règles ou me contentais d’évoquer des « problèmes féminins », ce qui suffisait généralement à les dissuader de poser d’autres questions. Je connaissais mon jeu sur le bout des doigts.
Tout chez Gypsy respirait une sensualité que je n’avais jamais connue auparavant. Elle était la créature mystérieuse et exotique que toutes les autres femmes aspiraient à être, celle que les hommes ne rencontraient que dans leurs fantasmes les plus fous. Pour moi, cependant, elle ne devait être qu’une responsabilité passagère.
Ton travail consiste à être ma femme. Ça signifie que tu passeras tes nuits et tes week-ends avec moi. En dehors de ça, tu auras des activités programmées. Il y aura des temps morts où tu seras libre de faire ce que tu veux dans le cadre de mon règlement. Mais je te suggère de te trouver un nouveau passe-temps pour t’occuper si tu ne veux pas voir à quoi tu ressembles en combinaison de prison orange, parce que tes arnaques sont terminées.
C’étaient les types qui me faisaient le plus peur, les psychopathes. J’étais capable de deviner beaucoup de choses sur un homme en me basant sur l’agencement et l’entretien de son environnement. La vie de Lucian était ordonnée et il exigerait certainement que sa femme le soit tout autant.
Cette femme était splendide et j’étais persuadée qu’elle se tapait Lucian. Elle devait lui obéir au doigt et à l’œil. Mais alors, pourquoi avait-il besoin de moi ?
Elle avança pour se camper devant moi, franchissant cette distance de sécurité que peu de gens avaient osé outrepasser. Elle revenait à ses éternelles habitudes de séduction par la proximité, sans même s’en rendre compte. C’était instinctif chez elle. Elle se laissait emporter par ce qu’elle voulait, et autrefois, cette stratégie au rait pu fonctionner.
Son parfum de monoï et de soleil me donna la vision saisissante de son beau corps étendu sur la plage. Je pourrais parier que si je touchais sa peau, elle serait chaude. Si chaude qu’il serait facile de m’y perdre. Elle comptait sûrement là-dessus, d’ailleurs, mais je tenais à faire savoir à Gypsy dès le début comment ce jeu allait se jouer. Il n’y avait qu’un seul règlement et c’était moi qui l’édictais.
C’est facile de se laisser embobiner par ce que disent les médias. Ce qu’ils ne montrent pas à la télévision, c’est que la famille pâtit des accusations, elle aussi.
Soyez poli, mais pas trop amical. Si quelqu’un vous cherche des emmerdes, ne réagissez pas, mais ne montrez pas non plus de faiblesse. Vous montrez que vous avez compris et vous passez à autre chose. C’est ce que je vous demande de faire, et moi, de mon côté, je ferai mon travail.
L’opinion publique ne voyait que le joli visage de la jeune femme de dix-neuf ans qui avait été assassinée avec le nom de l’accusé, en caractères gras, à côté des photos. Jusqu’à présent, les récits des témoins étaient au mieux contradictoires, et les preuves circonstancielles. Mais cela n’avait aucune importance, car une voisine avait juré avoir vu un homme hispanique rôder autour de la maison de la victime, et cet homme avait rapidement pris la forme d’Emmanuel Morales.