- Vous avez titillé la curiosité de cette vieille carne d'Eugene Hunnicutt III, poupée, c'est trop tard ! On referme pas les cuisses une fois qu'on a présenté son minou, pas vrai ?
— Tu sais quoi ? a fait Lorie Jo. Quand j'ai pas le moral, je me dis que quand j'étais un spermatozoïde, j'ai été la meilleure, et ça va tout de suite mieux ! Et tu sais que j'en connais un rayon en spermatozoïdes, avec tout ceux que je vois passer.
— Très classe, je croirais entendre mon détective privé...
Car pour être tout à fait honnête, je crois qu'en m'entourant de personnages d'encre et de papier, je cherche surtout à fuir les êtres de chair et de sang.
A en croire mon nouveau voisin, un double démoniaque sommeille en chacun de nous. La grande majorité des humains excelle à faire cohabiter ces deux esprits si semblables et pourtant radicalement opposés, mais si par malheur la bête parvient à s'échapper, mieux vaut être armé pour tenter de la contrôler. Sans quoi les dégâts peuvent être irréversibles.
Il y a des rencontres qui bouleversent votre vie. Des personnes qui arrivent au moment le plus improbable et dont on se demande comment on a pu se passer pendant toutes ces années. Michael est de celles-là. Il a déboulé un beau jour et m’a mis un coup de pied bien placé qui m’a aidé à me sortir la tête de l’eau.
Ce n'était pas les violons qu'il m'avait sortis, c'était clairement tout l'orchestre
Un mec bien, c'est un oxymore ma poule
- Me sors pas cette excuse, Jérôme. Pas à moi, a répliqué Michael sur un ton un peu trop défensif. Tu es un ours, voilà la vérité. Et tu vas finir tout seul dans ta tanière si tu te fous pas un bon coup de pied au cul de temps en temps.
— Est-ce que j’ai un cancer, nom de Dieu ?
Le toubib s’est laissé tomber sur son tabouret. Pour la première fois depuis le début de notre entretien, il a osé affronter mon regard. Ses mots sont tombés comme une sentence :
— C’est une éventualité, monsieur Dubois. Je suis désolé.
Quand on passe trop de temps devant des séries télé, on en vient à oublier que ce n’est que pure fiction, et que le monde réel affiche un visage beaucoup plus terne. Les urgences du St Francis Memorial ne faisaient pas exception à la règle. L’accueil de l’hôpital n’avait rien d’un hall de gare survolté, ni d’un défilé de mode où infirmières sexy et médecins charismatiques échangeaient des regards brûlants au détour de couloirs surpeuplés.