"J'irai avec toi et je serai ton guide, car tu as besoin que je marche à ton côté." Une phrase qui convenait bien à la Peur, bien qu'elle eût été prononcée par la Sagesse. L'une et l'autre ont des choses en commun, si l'on y pense.
Mais la véritable source de mes peurs est ailleurs ; c'est tout simplement la crainte de la mort et du néant que tout homme ressent, décuplée chez moi malgré la révélation fugitive que j'ai eue d'une lumière que je ne peux définir.
Et c'est pourquoi, ma Terre maternelle, j'ai pleuré sur toi intérieurement à cet instant de l'immense parade qu'on nomme le Temps : les clowns défilent, et chacun sait qu'au fond d'eux ils ont le coeur brisé.
J'ai regardé les étoiles tourbillonnantes avec gratitude, orgueil et tristesse, comme seul peut le faire un homme qui a survécu à sa destinée pour s'apercevoir qu'il peut encore s'en forger une autre.
Max Weber a parlé de tout cela. Il a vu la nécessité de la bureaucratie dans l'évolution de toutes les institutions, et il a vu que c'était un bien. Oui, il a vu que la bureaucratie était bonne et nécessaire. Nécessaire, peut-être, à condition d'ajouter à ce mot une virgule, puis la mention "grand Dieu" suivie d'un point d'exclamation. Car dans l'histoire de toute bureaucratie il arrive une époque où elle se met à parodier ses propres fonctions. Il n'y a qu'à voir ce que la désagrégation de la grande machinerie austro-hongroise a fait à ce pauvre Kafka, et celle de la russe à Gogol.
Combien de souvenirs peut-on évoquer en un seul instant?
- Tu es un homme étrange, Frank. Avoir tout ce chemin pour changer d’avis tout simplement à cause d’une femme qui n’est qu’un ancien souvenir.
- J’ai une très bonne mémoire.
Une fois qu’on atteint son premier milliard, toutes les sommes supérieures n’ont plus qu’une dimension métaphysique.
La peste soient des symboles qui, de par leur nature même, dissimulent autant de choses qu’ils en révèlent !
La vie — si l'on veut bien me permettre une brève digression philosophique avant que j'en vienne au vif du sujet — est une chose qui me rappelle de près les plages de la baie de Tokyo