Milena ou le plus beau fémur du monde

Je ne veux pas d’un amour civilisé, avec accusés de réception et scènes sur le canapé ; et je ne veux pas que tu remontes dans le passé et reviennes du marché au bord des larmes.

Un jeune reporter, à mille dollars par mois, peut publier trois notes par jour ; un bon reporter d’investigation coûte deux ou trois fois plus cher et ne publie qu’un ou deux papiers par semaine. Le bon journalisme est beaucoup plus cher. Ton pari est sans doute sensé, mais il est très risqué, car il exige beaucoup plus d’argent et à la fin de la journée le résultat revient au même : fermeture du journal, encore plus endetté.

El Mundo doit devenir une garantie de crédibilité et de respect, ses reportages doivent être d’une telle qualité, d’une telle profondeur, qu’on n’en trouve de semblables nulle part ailleurs sur le Web.

Les journaux périclitent peut-être, mais El Mundo peut encore espérer une belle audience. Dans un pays où les tribunaux s’inclinent devant les puissants, la bonne presse est le seul juge qui nous reste.

Dans son enfance, ses camarades de jeux avaient utilisé des fémurs et des tibias pour improviser des épées bien lisses : d’abord pour armer d’Artagnan, et plus tard Dark Vador. À l’adolescence, quand ses jambes élancées et galbées devinrent l’objet d’une admiration soudaine de la part des adultes du lieu, Alka se promit que son fémur ne finirait jamais sous la forme d’un long fleuret entre les mains d’un apprenti escrimeur.

Il savait que je t’aimais, mais il se moquait bien de me détruire, du moment qu’il avait le plaisir de satisfaire un caprice.

Prendre le journal en charge était un formidable défi, même si en un sens elle devait s’y attendre un jour ou l’autre. Mais préserver l’intégrité de la famille face à une menace mystérieuse et insaisissable dépassait ses capacités ; un défi inattendu qui l’angoissait et la paralysait.

Tant de temps à rêver d’elle ; des années à se dire que leur aventure avait été pour elle un caprice éphémère dans sa vie de fille riche.

Elle détestait les condoléances ; toutes les formules étaient des clichés : ni pour elle ni pour la veuve ce n’était agréable d’échanger des phrases répétées des douzaines de fois au cours de cette veillée. Il y avait un côté figé dans les veillées mortuaires, qui indisposait Amelia ; elle considérait que les vivants devaient enterrer leurs morts dans l’intimité, et vivre le deuil dans l’espace privé où ils avaient vécu avec le défunt.

Le pouvoir te fait paraître dix ans de moins, l’argent dix ans de plus, et le verbe encore dix.