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Citations sur Le Roi des Halles (17)

Pignerol, 22 août 1669

Hier, l’arrivée du mystérieux prisonnier n’est pas passée inaperçue. Dans une prison, que ce soit à la Bastille, à Vincennes, à la Conciergerie ou ici, à Pignerol, tout finit par se savoir… ou presque. Monsieur de Piennes est le gouverneur de la forteresse. Il dispose de six cents hommes pour en assurer la défense. Monsieur Saint-Mars, qui est sous ses ordres, ne gouverne que le donjon. En ce qui concerne l’affaire de ce nouvel arrivant, Louvois a indiqué à de Piennes qu’il devrait se ranger aux avis de Saint-Mars qui lui a demandé de tenir sa troupe en alerte car une intervention de la Savoie était à craindre. De Piennes, marquis de vieille souche, lieutenant général, gouverneur en titre depuis 1651, a dû ravaler sa bile. Être contraint d’obéir à un roturier, simple capitaine, ne passe pas.

Fouquet n’a pas manqué un seul instant de cette arrivée. Le mystérieux inconnu est arrivé de nuit dans une litière fermée, escorté par six mousquetaires. Cette arrivée qui se voulait la plus discrète possible ne l’a pas été car la lune dispensait une généreuse clarté.
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Pour quelles raisons ai-je pu tant déplaire ? Déplaire au point d’être enterré vivant.
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« Je vous offre d’entrer au service d’un gentilhomme détenu dans notre forteresse. Vous logerez avec lui et ne pourrez plus sortir, m’a dit monsieur de Saint-Mars. Je lui ai répondu que j’avais cinq enfants à nourrir. Il m’a coupé la parole. Je sais votre condition, me dit-il, vous êtes brave et désirez leur bonheur. Vous serez nourri, logé et bien gagé. Vous pourrez ainsi, par mon truchement, rétribuer une famille qui s’occupera d’eux. Lorsque vous m’aurez donné votre accord, vous ne pourrez plus revenir en arrière.

J’ai réfléchi et me suis dit qu’après tout, cette proposition était honnête et avait le mérite de régler une fois pour toutes le sort de mes enfants ».
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Madame de Montbazon, ma Vénus superbe et colossale, dont je fus l’amant si longtemps, jalouse de me voir être le favori de la reine, prétendait que j’étais « sans danger pour les dames ! ». Mais on ne s’arrêtait pas là. « Brave, mais étourdi, il ne sait cacher sa nullité en demeurant discret ». Le peuple m’aimait, et, pour rendre explicable cet attachement, on prétendait que mon ineptie concourait à me rendre aimable à ses yeux. Loin de prendre ombrage de ces ragots, j’en riais. Pas un seul d’entre ces médisants n’était capable de s’adresser à ce peuple, s’en faire comprendre et s’en faire aimer.
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Donc, à supposer que ma grand-mère eût vécu quelques mois de plus, mon père eût pu être roi de France et moi-même lui succéder. Il n’appartient pas à l’homme de réécrire l’Histoire, Dieu lui-même ne s’y hasarde pas, ou du moins ne porte pas ses manipulations à notre connaissance, mais je ne puis brider ma pensée et entraver le libre cours de mes supputations.
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Le silence et l’obscurité de ma réclusion rendent possibles les hypothèses les plus folles. Reconstructions inutiles, mais baume salvateur pour supporter cet état imposé. Si ma grand-mère, Gabrielle d’Estrées, la maîtresse de mon grand-père, n’était morte si jeune, leur fils aîné, mon propre père, eût été roi car mon grand-père était fermement déterminé à épouser l’amour de sa vie. Il en était profondément épris et prêt à braver tous les médisants pour que César, mon père, portât la couronne après lui. N’avait-il pas confié au graveur Guillaume Dupré le soin de frapper une médaille où figuraient déjà leurs deux profils ? Il lui fallait tout d’abord se démarier de Marguerite de Valois. Le souverain pontife n’était pas opposé au divorce, mais il n’aurait jamais consenti au remariage du roi avec sa maîtresse. Mon grand-père était prêt à se passer de son autorisation.
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Pignerol, août 1669.

Une fiévreuse activité règne dans la forteresse autour du donjon. D’importants travaux d’aménagement d’un nouveau cachot, jusqu’alors inoccupé, sont entrepris. Il sera plus vaste et plus spacieux que l’ancien. « On n’en a pas autant fait pour moi ! », se plaint Nicolas Fouquet, détenu ici depuis quatre ans déjà. Saint-Mars, le gouverneur du donjon, ne manque pas de lui rappeler qu’il dispose de deux chambres et est servi par deux valets, dont La Rivière, qui s’est porté volontaire pour être enfermé à vie comme son maître !

Les travaux ont été confiés au sieur Poupart, commissaire des guerres, officier supérieur du Génie et proche collaborateur de Vauban.

— Peste ! s’est exclamé l’ex-surintendant. Qui attendez-vous donc, monsieur Saint-Mars ?

— Il m’est impossible de vous répondre.

— Serait-ce un maréchal, un président ? À moins qu’il ne s’agisse de monsieur d’Ormesson qui m’a sauvé la vie en faisant commuer ma peine de mort en emprisonnement ?

— Cette personne n’a rien de remarquable. Il ne s’agit que d’un valet.

Fouquet éclate de rire.

— Voyons, capitaine, vous mentez mal. Depuis que vous avez eu la bonté de dégarnir mes fenêtres de leurs hottes qui ne me laissaient entrevoir qu’un carré de ciel, je puis observer certains mouvements dans la forteresse. J’ai vu qu’on livrait des meubles neufs. Que d’attentions pour une personne de si modeste condition ! Quel crime a-t-elle bien pu commettre pour être séquestrée ici ? Ou quel danger représente-t-elle pour notre monarque ?

— Monsieur Fouquet, votre insatiable curiosité vous perdra. Brisons là, je vous prie.

Saint-Mars lui tourne brutalement le dos, sort et fait signe au porte-clefs de refermer la porte.
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