Pendant plus d’un siècle, les États-Unis avaient mené une guerre contre les indiens et avaient réussi à les chasser de leurs territoires. Ils avaient provoqué une guerre contre le Mexique à l’issue de laquelle ils s’étaient emparés de presque la moitié du pays ; ils étaient intervenus militairement une vingtaine de fois dans les Caraïbes par simple volonté de puissance et soif de profits ; ils s’étaient saisis d’Hawaï et emparés par la force des Philippines. En outre, ils avaient dépêché 50 000 hommes au Nicaragua en 1926. Ce pays pouvait donc difficilement prétendre se soucier du droit des peuples à l’autodétermination, ou alors de manière très sélective.
C’est l’obéissance aux autorités gouvernementales et leur recours au patriotisme et à la guerre qui sont responsables des atrocités qui ont marqués le XXe siècle. La désobéissance civile de citoyens agissant en conscience et la plupart du temps sans violence a pour unique but de mettre fin à la violence guerrière.
La possibilité d’exercer notre liberté de parole n’est pas déterminée par la Constitution ou les décisions prises par la Cour suprême mais par l’identité de celui qui a le pouvoir dans les endroits précis où nous désirons exercer nos droits.
Protester en dehors des limites prescrites par la loi, ce n’est pas combattre la démocratie. Cela lui est, au contraire, absolument essentiel. Une sorte de correctif à la lenteur des « canaux habituels », une manière de forcer le barrage de la tradition et des préjugés. C’est troublant. C’est dérangeant. Mais c’est un trouble nécessaire, un dérangement sain.
Toute description est, en même temps, une prescription.
C’est ainsi que la Déclaration d’indépendance, chef d’oeuvre de prose idéaliste, fut suivie de la Constitution, chef d’oeuvre de réalisme ambigu.
« Laissez-moi vous dire ce que je pense de la philosophie réformiste. Toute l’histoire des progrès de la liberté humaine démontre que toutes les concessions qui ont été faites jusqu’ici en son auguste nom ont été arrachées par la lutte. (…) S’il n’y a pas lutte, il n’y a pas progrès. Ceux qui prétendent aimer la liberté mais méprisent l’agitation sont comme ceux qui veulent la récolte sans avoir à labourer la terre. Ils veulent la pluie sans tonnerre ni éclairs. Ils veulent l’océan sans le rugissement des eaux agitées. La lutte peut être morale mais elle peut également être physique. Ou bien elle peut être à la fois morale et physique. Mais il faut que ce soit la lutte. Le pouvoir ne cède rien qu’on ne lui ait arraché. Il ne l’a jamais fait et ne le fera jamais. » (Frederick Douglass)
Si l’aptitude de l’homme à la violence est infinie, son aptitude à la bienveillance l’est tout autant.
La nature bienveillante d’un gouvernement est censée conférer un caractère moral aux guerres qu’il mène.
Les religions monothéistes approuvent la guerre et la violence dans certaines circonstances.