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Citations sur Les Rougon-Macquart, tome 17 : La Bête humaine (189)

Et, derrière le train, dans le lourd silence, il rencontra les yeux grands ouverts de la morte, dont les prunelles fixes semblaient suivre chacun de ses mouvements, pendant que le coin retroussé des lèvres riait.

Chapitre X
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Tante Phasie était morte, le jeudi soir, à neuf heures, dans une dernière convulsion ; et, vainement, Misard, qui attendait près de son lit, avait essayé de lui fermer les paupières : les yeux obstinés restaient ouverts, la tête s’était raidie, penchée un peu sur l’épaule, comme pour regarder dans la chambre, tandis qu’un retrait des lèvres semblait les retrousser d’un rire goguenard. Une seule chandelle brûlait, plantée au coin d’une table, près d’elle. Et les trains qui, depuis neuf heures, passaient là, à toute vitesse, dans l’ignorance de cette morte tiède encore, l’ébranlaient une seconde, sous la flamme vacillante de la chandelle.

Chapitre X
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Est-ce que dans les bois, si deux loups se rencontrent, lorsqu’une louve est là, le plus solide ne se débarrasse pas de l’autre, d’un coup de gueule ? Et, anciennement, quand les hommes s’abritaient, comme les loups, au fond des cavernes, est-ce que la femme désirée n’était pas à celui de la bande qui la pouvait conquérir, dans le sang des rivaux ?

Chapitre IX
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Elle le regardait de ses grands yeux fixes : pourquoi donc ne mourait-il pas, puisqu’elle ne l’aimait plus, et qu’il gênait tout le monde, maintenant ?

Chapitre IX
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C’était, en elle, un besoin grandissant d’avoir Jacques à elle, tout à elle, de vivre ensemble, les jours, les nuits, sans jamais plus se quitter. Son exécration pour son mari s’aggravait, la simple présence de cet homme la jetait dans une excitation maladive, intolérable. Si docile, d’une complaisance de femme tendre, elle s’irritait dès qu’il s’agissait de lui, s’emportait au moindre obstacle qu’il mettait à ses volontés. Alors, il semblait que l’ombre de ses cheveux noirs assombrissait le bleu limpide de ses yeux. Elle devenait farouche, elle l’accusait d’avoir gâté son existence, à ce point que la vie était désormais impossible, côte à côte. N’était-ce pas lui qui avait tout fait ? si plus rien n’existait de leur ménage, si elle avait un amant, n’était-ce pas sa faute ? La tranquillité pesante où elle le voyait, le coup d’œil indifférent dont il accueillait ses colères, son dos rond, son ventre élargi, toute cette graisse morne qui ressemblait à du bonheur, achevaient de l’exaspérer, elle qui souffrait. Rompre, s’éloigner, aller recommencer de vivre ailleurs, elle ne songeait plus qu’à cela. Oh ! recommencer, faire surtout que le passé ne fût pas, recommencer la vie avant toutes ces abominations, se retrouver telle qu’elle était à quinze ans, et aimer, et être aimée, et vivre comme elle rêvait de vivre alors !

Chapitre IX
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C’était une passion insatiable, la femme enfin éveillée, une créature faite uniquement pour la caresse, tout entière amante, et qui n’était point mère. Elle ne vivait plus que par Jacques, elle ne mentait pas, lorsqu’elle disait son effort pour se fondre en lui, car elle n’avait qu’un rêve, qu’il l’emportât, qu’il la gardât dans sa chair. Très douce toujours, très passive, ne tenant son plaisir que de lui, elle aurait voulu des sommeils de chatte sur ses genoux, du matin au soir. De l’affreux drame, elle avait simplement gardé l’étonnement d’y avoir été mêlée ; de même qu’elle semblait être restée vierge et candide, au sortir des souillures de sa jeunesse.

Chapitre IX
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Mais la vue de cette gorge blanche le prenait tout entier, d’une fascination soudaine, inexorable ; et, en lui, avec une horreur consciente encore, il sentait grandir l’impérieux besoin d’aller chercher le couteau, sur la table, de revenir l’enfoncer jusqu’au manche, dans cette chair de femme. Il entendait le choc sourd de la lame qui entrait, il voyait le corps sursauter par trois fois, puis la mort le raidir, sous un flot rouge.

Chapitre VIII
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Mais, malgré son effort, les invisibles doigts rouvrirent ses paupières ; et, dans le noir, le meurtre reparut en traits sanglants, le couteau entra, le corps s’agita. Une pluie rouge rayait les ténèbres, la plaie de la gorge, démesurée, bâillait comme une entaille faite à la hache. Alors, il ne lutta plus, resta sur le dos, en proie à cette vision obstinée. Il entendait en lui le labeur décuplé du cerveau, un grondement de toute la machine. Cela venait de très loin, de sa jeunesse. Pourtant, il s’était cru guéri, car ce désir était mort depuis des mois, avec la possession de cette femme ; et voilà que jamais il ne l’avait ressenti si intense, sous l’évocation de ce meurtre, que, tout à l’heure, serrée contre sa chair, liée à ses membres, elle lui chuchotait.

Chapitre VIII
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Et ce qui se déroulait ainsi, avec une régularité mécanique, pendant que ses yeux fixes et grands ouverts s’emplissaient d’ombre, c’était le meurtre, détail à détail. Toujours il renaissait, identique, envahissant, affolant. Le couteau entrait dans la gorge d’un choc sourd, le corps avait trois longues secousses, la vie s’en allait en un flot de sang tiède, un flot rouge qu’il croyait sentir lui couler sur les mains. Vingt fois, trente fois, le couteau entra, le corps s’agita. Cela devenait énorme, l’étouffait, débordait, faisait éclater la nuit. Oh ! donner un coup de couteau pareil, contenter ce lointain désir, savoir ce qu’on éprouve, goûter cette minute où l’on vit davantage que dans toute une existence !

Chapitre VIII
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Jusque-là, l’existence avait abusé d’elle, dans la boue, dans le sang, avec une violence telle, que ses beaux yeux bleus, restés naïfs, en gardaient un élargissement de terreur, sous son casque tragique de cheveux noirs.

Chapitre VI
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