p.267.
« Lapin stupide, songea Harry. Tu ne peux pas empêcher ça. Personne ne peut. On n’arrête pas une rivière en crue grâce à une digue de paille. La cupidité et l’égoïsme guident ces créatures. Le torrent t’emportera. »
p.256-8.
- Je ne croyais pas que le monde pouvait être aussi horrible, reprit Quentin d’une voix monocorde et accablée. Je ne suis pas tout à fait innocent. Je sais que la vie est parfois dure et qu’on ne peut pas toujours compter sur les dieux : chance pour ceux qui ne le méritent pas, malchance pour ceux qui ne la méritent pas davantage, rumeurs d’esclavages au-delà des montagnes. Je sais tout ça.
Il passa une patte brune sur son visage.
- Mais ça bouleverse tout ce en quoi je croyais. Des lapins tuent leurs congénères pour se procurer de l’or ! Moi qui pensais que tout le monde partageait mes convictions.
Il se tourna vers Harry, l’air égaré.
- Par les dieux ! Nous avons tous quelque chose en commun... Ils ne s’en rendent donc pas compte ? Cela ne compte-t-il pas ?
Il cacha une nouvelle fois son visage derrière ses pattes.
« Je comprends ce qu’il ressent », pensa Harry avec étonnement.
- Quand j’étais jeune, dit-il, je trouvais le monde merveilleux. Et puis... Il a changé.
- Comment ça ?
Harry dut chercher ses mots.
- J’ai vu les menteurs et les hypocrites réussir sans que personne s’en offusque. Les créatures égoïstes et cupides devenir riches et puissantes.
- Qu’est-ce que tu as fait ?
- Je n’ai rien fait. Pourquoi m’en serais-je mêlé ? Je ne suis pas chargé de changer les choses ! Le seul moyen de survivre, dans un tel monde, consiste à s’arranger pour en tirer profit.
- En quoi cela te rend-il meilleur que les menteurs et les hypocrites ?
« J’aurais mieux fait de me taire », se repentit Harry.
- J’en ai assez de me faire réprimander par un lapin, répliqua-t-il avec colère. Je n’ai pas l’impression que tu essaies d’arrêter Dan et Wally ? Tu te contentes de fuir, de te cacher, de pleurnicher parce que tu es perdu et que tes amis t’ont abandonné !
- Mais, au moins, je ne tire pas personnellement profit de la situation.
- Dire au revoir à un ami est une des choses les plus difficiles.
p.120.
- Reviens un peu en arrière, dit Zack, pensif. D’après toi, le gouvernement se débarrasse de ceux qui s’opposent aux mesures répressives... qu’il a prises pour nous protéger de disparitions inexpliquées... dont il est en fait responsable.
p.80.
- Je n’ai pas raconté la moitié de ce qui est arrivé, Frank. Il me tabassait tous les jours. Après l’école, il m’attendait, caché derrière les haies du terrain de sport, et m’attaquait par-derrière. Il disait des mensonges horribles à ses amis sur la façon dont mon père était mort. Il me traitait de tous les noms. Il m’a fait vivre un véritable enfer, et tu veux savoir pourquoi ?...
Quentin se pencha vers lui.
- Parce qu’il était plus fort que moi et pouvait se le permettre, voilà pourquoi.