Ceci est pour toi. Un bâton d’encre, une pierre pour l’écraser, un pinceau fin, et un conseil : veille à ne pas tracer les limites de ta liberté.
Sache, Thong-Li, que toutes les beautés m’appartiennent. Je les garde enfermées en ma demeure. Toi, tu peindras un dragon sur les toiles d’araignée de chacune des mille et une pièces du palais. Si ton travail me donne satisfaction, tu vivras, vêtu de soie brodée, nourri de mets exquis, abreuvé de liqueurs rares. Mais si tu me déçois… je te ferai couper la tête !
Dès qu'il a une seconde de liberté, Il attrape une baguette et s'accroupit par terre. Là, dans la poussière, Thong-Li dessine. [...] Il aimerait tant emporter ses dessins avec lui !
Et là, sur une toile d’araignée tendue entre deux vieux arbres, il peint. Son dessin s’offre aux caresses des éléments, aux regards des vivants. Le vent et les hommes retiennent leur souffle devant tant de beauté. Sur la toile, Thong-Li a dessiné la liberté.