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Critique de Tachan


Depuis que j'ai redécouvert la plume de Stefan Zweig avec le joueur d'échecs, je n'en finis plus de lire et relire ses nouvelles, ces textes où il fait encore plus exploser son talent de conteur à la plume acérée.

Ce mois-ci, c'est avec le très court recueil Les Deux Soeurs que je reviens. Celui-ci contient deux textes écrits dans les années 1930 qui mettent en scène à chaque fois des soeurs dans des situations très différentes. Les textes, comme toujours avec Zweig, sont écrits avec virtuosité. Il a une plume que je trouve magique, très évocatrice, avec le chic pour mettre en mots de manière poétique des ambiances banales pour nous mais qui se révèlent magiques sous sa plume.

Ainsi, le premier texte : Une histoire au crépuscule, débute dans une ambiance fantastique à la Théophile Gautier avec un jeune garçon qui découvre les affres de l'amour et de la passion dans une lumière crépusculaire, lui empêchant de savoir qui est son amante. le récit qui suit est fascinant, porté par ce jeune garçon à la recherche de l'identité son aimée. Dans un univers ressemblant un peu aux parties de campagne des romances victoriennes, on le voit chercher parmi les invitées des indices pour savoir laquelle se cache derrière cette robe blanche qui l'assaille dès que le soleil est couché. C'est charmant tout plein, avec une belle dose de romantisme à la sauce XIXe. L'auteur croque encore comme personne les sentiments perplexes qui ravagent le jeune coeur de ce garçon. La chute est comme toujours sans concession, ce que j'apprécie aussi chez lui.

Le second texte, qui a donné son nom au recueil, est lui aussi sans concession. Plus court, il met en scène deux soeurs jumelles qui n'ont pas eu de chance à leur naissance, leur mère ayant connu une ascension sociale fulgurante que pour mieux chuter tout aussi subitement. Un peu à la façon des contes de Perrault, nous suivons l'enfance et l'adolescence de ces deux soeurs toujours en compétition qui se ressemblent énormément et font tout pour être les meilleures, ce qu'elles peuvent se permettre malgré leur déchéance sociale. Cependant, l'une d'elle ne va pas s'en contenter et c'est un terrible conte cruel qui nous est alors conté avec un réalisme saisissant sur le rôle qu'on attribue alors aux belles femmes rêvant d'ascension mais n'en n'ayant pas les moyens. Ce récit se déroule, chose surprenante, en Aquitaine. J'y ai plutôt vu un décor italien pour ma part, avec ces palais vénitiens et ses courtisanes. J'ai beaucoup aimé le terrible jeu qui se noue entre les deux soeurs, la réalité cruelle qui s'en mêle et les rattrape. C'était comme d'assister au déraillement d'un train, on en connait la final inéluctable mais on ne peut s'empêcher de regarder, fasciné. Un très beau texte, fin et puissant.

Même si ce ne fut pas un coup de coeur, j'ai encore adoré découvrir la plume de Zweig dans deux textes différents des précédents que j'avais lus (Le joueur d'échecs, La Confusion des sentiments, Lettre d'une inconnue...). Il y a toujours un charme puissant dans ses mots et surtout il ose capturer des émotions pas toujours jolies jolies pour nous en offrir le portrait le plus juste. J'aime vraiment énormément son univers.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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