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Charles Simond (Directeur de publication)
Plon (01/01/1898)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
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Le poste d'Attopeu est un modèle de construction pratique pour les pays chauds; on le doit à l'initiative intelligente de M. Ruhle. Monté sur des pieux de 12 mètres de haut, pris à la forêt voisine, le bâtiment de l'inspection (ainsi nomme-t-on là-bas les postes d'administrateur) a assez grand air. Le plancher de la case est à 3 mètres du sol; sur ce plancher repose une bâtisse en torchis hautes de 5 mètres, et à 4 mètres au-dessus de cette bâtisse on a placé un toit de paille de riz absolument impénétrable au soleil et aux pluies. L'avantage d'une telle habitation est que l'air y circule de tous les côtés en donnant à l'intérieur une délicieuse fraîcheur.
Aux environs d'Attopeu et sur presque tout le plateau des Bahnars on a signalé des mines d'or. Cette industrie est appelée à donner une grande importance au poste d'Attopeu, qui est situé en face de Tourane et sur la Sékong. L'administrateur nous a montré, recueillies dans une bouteille, un certain nombre de pépites d'or ramassées dans les rivières des environs. La présence de ce métal précieux dans ces régions est donc incontestable. La grosse question actuellement est de savoir s'il y a des mines d'or de réelle importance. Les expériences fait à Korat et dans bien d'autres parties du Siam nous ont mis en présence de mine à poches, dont le revenu irrégulier rend l'exploitation difficile, à cause du jeu énorme qui se fait sur les filons. Il est inutile d'insister sur la façon dont on se sert des mines à poches lointaines pour mener un jeu de Bourse dont le résultat est presque toujours l'abandon de l'affaire au bout de quelques mois.
Pendant que nous regardions ces brillantes pépites, espoir de la colonie future, j'aperçus dans un coin de la maison quelque chose qui se mouvait lentement. Il me sembla que c’était une petite feuille; je voyais ses nervures, sa queue, et cependant cette feuille marchait et semblait douée d'une vie animale. M'en emparant pour la regarder attentivement, je constatai un mouvement nerveux et une agitation extraordinaire; j'étais donc en présence d'un animal! Si j'avais été naturalise plus instruit, j'aurais su que cette animal se nommait "Phillia" et est assez commun dans les pays extrême-orientaux. J'ai eu d'ailleurs depuis l'occasion de constater que M. de Beauvoir en fait mention dans son récit de voyage à Java.
Tandis que j'observais avec attention la curieuse nature de la "Phillia", j'aperçu un grand nombre de mandarins s'avançant vers le poste en grand costume (Sampot de soie et veste blanche). J'interrogeai l'administrateur; il me répondit que nous allions assister à la prise de possession définitive de la province d'Attopeu par l'administration française. Tous les mandarins que nous avions rencontrés et qui nous avaient si bien reçus à Muong-May étaient réunis dans la grande salle de l'Inspection. M. Ruhle sortit alors du coffre-fort des écharpes tricolores et les décorations de l'Annam dont les brillants ne manquèrent pas d'attirer les yeux des mandarins, puis il leur dit:
"Le Gouvernement français, dans sa bonté pour vous, me charge de vous remettre ces insignes ainsi que ces décorations, car désormais vous êtes appelés à le servir toujours. Jamais nous n'abandonnerons le Laos, vous n'avez donc rien à craindre des siamois. D'ailleurs, outre les soldats qui sont là, nous aurons à l'Administration des agents de police (la milice) au nombre de 24, qui serviront à vous faire obéir. J'ai trouvé cela nécessaire, car j'ai remarqué, dans la période de mon administration, que plusieurs ordres données par moi et, je n'en doute pas, transmis par vous, n'ont pas étés accomplis. Ainsi, vous aurez à votre disposition une police; en outre, la France ayant remarqué les difficultés que vous aviez à percevoir les impôts, vous offre des appointements fixes. (Sourire des mandarins).

Le chau aura 100 piastres (par mois)
L'opaahat 50 - -
Le latsavong 35 - -
Le latsabout 25 - -

Mais, par contre, l'administrateur, à partir d'aujourd'hui, percevra l'impôt par village et d'une façon plus régulière." (Mouvements dans l'assistance, les uns approbatifs, mais, chez les vieux, désapprobatifs; toutefois, à la question: "Acceptez-vous les conditions posées par le gouvernement?" les mandarins ont répondu affirmativement.
Alors l'administrateur procède à la remise des décorations et des insignes: une écharpe tricolore à glands d'or au chau et aux deux opaahat, et à glands d'argent au latsavong et au latsabout, ainsi que des parchemins leur conférant le titre de mandarins de première et de seconde classe. La chau et les deux opaahats reçoivent également la croix d'officier de l'Ordre impérial du Dragon d'Annam; le latsavong et le latsbout celle de chevalier. C'est par cette simple cérémonie qu'Attopeu est devenu tout à fait province française, et des mandarins siamois fonctionnaires français.
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Durant ce court séjour, nous allâmes rendre visite au roi de Bassac dans la ville. Celle-ci est construite, comme les villages des bords du Mékong, tout en longueur sur le fleuve. Ce sont des séries de paillottes (sic) habitées presque toutes par des pêcheurs. Le palais du roi de Bassac ne diffère guère des habitations de ses sujets, sauf que la paillotte (sic) du prince et plus grande et plus élevée que les autres. Grâce à l'appui de M. Dombret, notre agent consulaire et le directeur de la factorerie de Bassac, dépendant du Syndicat du Haut-Laos, nous fûmes reçus par le roi lui-même. Vêtu du traditionnel sampot et d'une veste blanche à l'européenne, il avait l'air intelligent et faux de l'Asiatique et portait la moustache et la mouche. Autour de lui, ses objets usuels, mi-argent et mi-or, s'étalaient avec un certain désordre. Le fond de la paillotte (sic) était encombré d'objets divers; pendules empire en faux bronze doré, curiosités chinoises de grande valeur, lampes à pétrole de toutes les formes, etc., etc. Un fauteuil en velours rouge, tel que nos concierges en possèdent pour meubler leur loge, lui servait de trône, et sur une grande table, au centre, se trouvaient déposés deux grands verres d'eau et des soucoupes plaines de cigarettes de tabac cambodgien. Nous prîmes place autour de la table, et le roi nous offrit avec un aimable sourire quelques cigarettes d'un tabac très épicé et roulé dans des feuilles de palmier. Nous lui demandâmes, par l'intermédiaire de notre interprète, s'il comptait venir à la prochaine Exposition universelle à Paris; il répondit qu'il s'y rendrait volontiers, si ce n'était la difficulté d'obtenir la permission du roi de Siam, son suzerain. L'un de nous risqua qu'il lui serait bien facile de la faire, puisqu'il n'avait qu'à traverser le fleuve pour se trouver en pays français. A ces mots, le roi sourit, de ce sourire indéfinissable spécial aux Asiatiques, mais se garda bien de répondre.
J'ai entendu dire plus tard qu'au début de l'occupation française du Laos, les habitants de Bassac, très contents, et amusés de verroteries et autres babioles apportées chez eux par les commerçants, désiraient ardemment nous voir maîtres de leur ville. Depuis, les partis sont divisés, et la raison est que les gens de Bassac ont vu "leurs parents" de l'autre rive travailler à la construction des postes. Or, le laotien a horreur du travail, et le roi de Bassac ne désire l'occupation que si ses sujets y consentent.
Quittant le terrain scabreux où nous avions engagé la conversation, nous lui rappelâmes l'expédition Francis Garnier et Doudard de Lagrée, qu'il avait si bien reçue, et ce n'est pas sans une certaine émotion qu'il nous parla des courageux explorateurs, pour lesquels il professe la plus vive admiration.
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A côté d'eux l'inévitable Chinois s'enrichit, tenant toujours la factorerie du village et ne craignant pas de demander des prix exorbitants d'une pacotille très variée, mais aussi bien souvent en piteux état. On s'est beaucoup plaint de la présence de ces bazars chinois dans les villages de l'intérieur; cependant, je ne vois guère comment on pourrait les remplacer. Seule, une concession générale de toutes les factoreries du Cambodge, comparable à celle du Syndicat du Haut-Laos, pourrait tuer l'initiative privée de ces commerçants de race jaune, mais on aurait affaire à forte partie. En effet, le Chinois sait approprier sa marchandise au goût de l'indigène; rien de son stock ne se perd, tout se vend, et il renouvelle ses approvisionnements au passage des chaloupes en saison des pluies. C'est à cette qualité essentielle que le Chinois doit sa prépondérance sur le commerçant français; nous avons le tort de vouloir imposer à ces populations nos produits tels que nous les employons en Europe. Aussi devons-nous les garder en magasin pendant que l'indigène court au marchant chinois.
On a vu, il y a quelque temps, un exemple frappant: les Laotiens quittant un village où il y avait une factorerie française pour aller acheter à côté, chez les Chinois, des couvertures à leur goût, et ces couvertures avaient été, sur les modèles du vendeur et à sa demande, fabriquées à Manchester!
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SUR L'ESCLAVAGE:

On s'étonnera de m'entendre prononcer ce mot en parlant d'un pays placé sous l'administration française; cependant, il faut l'avouer, nous n'avons pas encore assez d'influence pour réprimer cet abus. L'esclavage existe, mais d'une façon particulière qui permet à nos fonctionnaires de fermer les yeux, sauf dans des cas trop flagrants. Le commerces des esclaves ne se fait pas au Laos, mais il y a l'esclavage pour dettes, c'est-à-dire que le créancier a le droit, si son débiteur et insolvable, de réclamer de lui ou de sa famille un payement intégral en travaux à exécuter sur place. A partir de ce moment, le débiteur vit chez les créanciers, qui lui doit la nourriture et le logement; lui ou ses enfants peuvent regagner leur liberté au bout d'une certain temps, suivant l'importance de la dette. Dans la pratique, on se trouve en face du véritable esclavage, car les bras étant rares dans ce pays, le créancier a toujours soin de pousser son esclave à contracter de nouvelles dettes pour avoir définitivement la main sur lui. Aussi trouve-t-on au Siam et au Laos des générations d'esclaves. Ces derniers forment, en réalité, une classe spéciale de la société laotienne.
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Notre dernier campement avait été à Tarkentoc, nouveau village d'une assez grande importance et situé à l'extrémité sud de l'île précédant Stung-Teng. Le principal commerce est celui du poisson. De nombreuses femmes, entièrement nues, y préparent le gnoc-man, cette sauce au poisson pourri si goûtée des Annamites. L'immonde mixture est délayée dans une vieille pirogue, en agitant les ingrédients au moyen d'un gros bambou muni d'un tampon à son extrémité et en avançant d'un bout à l'autre de la pirogue les pieds dans se liquide répugnant. Toutefois, il faut avouer que le gnoc-man, quand on ne l'a point vu faire et qu'il est servi dans de jolies tasses chinoises, semble à l'Européen une sauce épicée qui n'a rien de désagréable au palais.
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