Le magicien d'Auschwitz

Son métier consistant à manipuler les perceptions, il était conscient qu’une part importante du réel n’était qu’une construction de l’esprit. Si ce principe lui était important dans l’art de la magie, il lui servirait en tant que prisonnier à Birkenau.

Pas de loi ici, ou s’il y en avait une, c’était celle dictée par des hommes qui pouvaient tout se permettre. Les chiens aboyaient, les vieillards s’effondraient sous les coups, les enfants hurlaient d’effroi; le chaos s’était installé, sorti de nulle part.

Il ne pouvait se permettre de laisser transparaître sa peur. L’être importait peu, seul comptait le paraître; c’était comme ça dans l’illusionnisme et c’était comme ça aussi dans la vie.

Ses discours sont de la sorcellerie de masse, un poème gothique transformé en acte politique.

𝑳𝒆 𝒑𝒊𝒓𝒆 𝒅𝒖 𝒑𝒊𝒓𝒆 𝒏’𝒂 𝒑𝒂𝒔 𝒍𝒂𝒊𝒔𝒔é 𝒅𝒆 𝒕é𝒎𝒐𝒊𝒏𝒔. 𝑱𝒆 𝒑𝒂𝒓𝒍𝒆 𝒃𝒊𝒆𝒏 é𝒗𝒊𝒅𝒆𝒎𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒅𝒆𝒔 𝒑𝒆𝒓𝒔𝒐𝒏𝒏𝒆𝒔 𝒒𝒖𝒊 𝒐𝒏𝒕 é𝒕é 𝒆𝒏𝒇𝒆𝒓𝒎é𝒆𝒔 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍𝒆𝒔 𝒄𝒉𝒂𝒎𝒃𝒓𝒆𝒔 à 𝒈𝒂𝒛 𝒐𝒖 𝒂𝒃𝒂𝒕𝒕𝒖𝒆𝒔 𝒅’𝒖𝒏𝒆 𝒃𝒂𝒍𝒍𝒆 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍𝒂 𝒕ê𝒕𝒆. 𝑨𝒖𝒄𝒖𝒏𝒆 𝒏’𝒂 𝒑𝒖 𝒓𝒂𝒄𝒐𝒏𝒕𝒆𝒓 𝒄𝒆 𝒒𝒖𝒊 𝒍𝒖𝒊 𝒆𝒔𝒕 𝒂𝒓𝒓𝒊𝒗é, 𝒄𝒆 𝒒𝒖’𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒂 𝒑𝒆𝒏𝒔é, 𝒄𝒆 𝒒𝒖’𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒂 𝒓𝒆𝒔𝒔𝒆𝒏𝒕𝒊 𝒆𝒏 𝒂𝒕𝒕𝒆𝒏𝒅𝒂𝒏𝒕 𝒔𝒐𝒏 𝒕𝒐𝒖𝒓 𝒑𝒐𝒖𝒓 ê𝒕𝒓𝒆 𝒆𝒙é𝒄𝒖𝒕é𝒆...

Le Grand Nivelli réalisa que c'était un test. Non seulement l'importance accordée par les Allemands à cette supercherie ne cessait de l'étonner, mais il était aussi étrange de voir ces gens si jaloux de leur supériorité raciale, insister sur les liens qui les unissaient à des peuples comme les Tibétains, les Indiens, les Japonais, les Perses et même les Indiens des Andes. Le magicien savait qu'il y avait une tension en Allemagne entre les Germanentum, les mystiques qui défendaient le caractère exclusif de la supériorité Allemande, et les Ariertum, des occultistes qui étendaient ce statut à d'autres peuples considérés comme Aryens. Certes, ces deux courants n'étaient qu'une variation de la même croyance en la supériorité de la race proto-germanique, mais les Ariertum transcendaient la germanité restreinte et étaient plus inclusifs. Chose surprenante, c'est dans cette mouvance que s'inscrivait la pensée ésotérique et raciale dominante des nazis, y compris celle de Hitler et Himmler.