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Citations sur Les Batteuses d'hommes (5)

Qui l’intéresse, lui plaît, à devenir l’amie qui le dominera, qui lui donnera le délice de souffrir, le rêve du ciel, qui le rendra pareil à ces saints dont la chair se purifiait en d’incessantes macérations, qui le flagellera avec la frénésie d’un bourreau qui s’acharne sur sa victime.
Ensuite, si cette façon de mariage se conclut, l’un et l’autre se retrouvent dans quelque appartement couvert d’épais tapis, tendu d’étoffes où se heurteront sans échos les clameurs et les plaintes. Se déshabiller à demi, s’étendre, le torse nu, sur quelque tapis, tendre ses poignets et ses chevilles à la femme pour qu’elle y rive des anneaux et des chaînes, qu’elle le réduise a l’impuissance absolue. Et les doigts crispés au pommeau d’une cravache, la batteuse use ses forces sur l’être qui est maintenant en sa possession, frappe à tour de bras, frappe encore, frappe toujours, s’affole, se grise de ces cris d’éperdue tendresse, de ces sanglots d’adoration, de ces raies de souffrance qui montent vers sa beauté, de ce sang qui jaillit, qui emplit la chambre comme d’une odeur d’holocauste, a comme un délire sacré, plonge des yeux de flamme dans ces yeux de victime qui la contemplent, qui la dévorent, qui la caressent à travers une buée de larmes, dans cette chair qu’elle sent à sa merci, et dont l’âme tout entière, les pensées lui appartiennent. Et elle voudrait que son faible corps de femme, que ses bras, que ses muscles aient une vigueur formidable, que ses forces s’éternisent, se décuplent, frapper jusqu’à ce qu’il en meure, et retombe près d’elle, le coeur brisé, les prunelles éteintes.
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Je haïssais et aimais en même temps cette créature qui, par sa force et sa beauté brutale, paraissait créée pour mettre insolemment son pied sur la nuque de l'humanité.
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Avec l’enveloppement de ses bouclettes de soie blonde qui mettaient autour de sa figure de gamine comme une auréole de lumière, son nez malicieux, ses joues veloutées qui se coloraient de brusques rougeurs, ses lèvres qu’entrouvraient des rires de joie et de moquerie, elle semblait à peine féminisée, une enfant plus grande qu’on ne l’est à son âge et qui n’a pas meurtri son coeur ingénu au contact de la vie, effeuillé au vent ses suprêmes illusions.
Seuls, les yeux aux luisances changeantes de pierre précieuse — d’un bleu attirant d’abîme et aussi d’un bleu implacable de ciel d’été — les prunelles qui s’illuminaient, qui se métallisaient, s’imprégnaient de cruautés, de ténébreuses chimères, de perverses souvenances, décelaient quelque détraquement, quelque complication anormale dans les rouages de cette âme simple, charmante de puérile pensionnaire dont la chair virginale sommeille encore impolluée.
Et voici que chacun s’accoudait sur la nappe où courait une débandade de petits verres poisseux, de bouteilles, l’écoutait en un trouble instinctif, s’intéressait à ces dépravations ignorées dont elle se faisait l’apôtre, des mirages d’Eden, de terre promise dans son regard fixe, des séductions dans ses longues mains blanches, souples, impérieuses de sacrificatrice…
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Mais vous savez ce que c'est que d'être mon esclave. Qui se met en danger y succombe.
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Pendant des semaines, des mois, des années même vous la recherchez plus qu’une autre, vous l’adulez, vous la suppliez en de sentimentales et ferventes lettres où l’on voudrait que les mots épandent des sortilèges, des griseries de parfums et de musiques, soient à l’unisson du désir qui vous aiguillonne sans trêve, de la passion qui vous ronge jusqu’aux moelles comme cette tunique de trahison trempée dans le sang des monstres où se débattait le divin Héraclès, parce que vous l’emportez en de torpides extases, parce que vous lui obéissez, vous acceptez une sorte de servage, vous abdiquez toute volonté, vous vous agenouillez sous le joug qu’elle vous tend de ses doigts prometteurs, vous payez parfois en souffrances, en nostalgiques regrets, en larmes, ce que la trop Aimée vous accorda de béatitudes et d’ivresses !
Mais qu’est ce jeu de corruption où le coeur n’apparaît qu’avili, que souillé, qu’étouffé en de bestiales pratiques, où pour atteindre le but l’on prend la même route que le commun des hommes, que ceux qui sont seulement des forces, qui n’ont aucune étincelle dans le cerveau, que si peu de chose différencie de l’animal, dressé au labeur, où l’on aboutit à l’anéantissement du stupre, que sont ces éphémères voluptés, ces comédies dérisoires à côté de ce que nos âmes inquiètes, inassouvissables, chercheuses ont trouvé, de ces jouissances que nous offrent là-bas les raffinés pour qui la Femme — la vierge — est l’idole souveraine, de ces véritables supplices auxquels ceux-là se condamnent, s’abandonnent pour affirmer leur soumission, pour témoigner leur ferveur !
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