Amour respectueux du maître Jacobs et de ses illustres aînés, Alex Raymond en tête. Clin d'oeil au cinéma des années 1930 et 40, après tout le 7ème art est un aîné très proche de la bd. Souci de rassurer le lecteur en ramenant la paix dans le monde après un conflit volcanique. Plaisir de se laisser aller à une tendre régression comme à d'osées et douces transgressions... Cet album cumule tous ces charmes et bien d'autres encore à découvrir et savourer par tous les amateurs du père de Blake et Mortimer.

Le chaînon manquant pourrait être l'autre titre de cette Flèche Ardente. Avec la suite - et la fin ! - du Rayon U paru en 1943 - il était temps ! - ce récit fait aussi le pont entre les sources inspiratrices du maître - de la littérature fantastique au space-opéra en passant par le cinéma d'aventure - et la suite des aventures et des créations de Jacobs avec la naissance de Blake et Mortimer en 1947. Ainsi, sur la forme, les dialogues prennent-ils beaucoup plus d'importance que dans l'opus fondateur. Les héroïnes féminines se multiplient dans la galerie de personnages et y restent encore plutôt secondaires et, même venant des Îles Noires, bien bourgeoises : la fille de, la femme de, la fiancée de. Côté gaufrier, les scènes les plus spectaculaires prennent plus de place et des cases de plus en plus grandes : le hors-texte n'est pas loin ! La liste pourrait continuer. Maintenant, tout cela ne fait pourtant ni trop recette, ni trop plaqué. On y prend en tant que lecteur un vrai plaisir, comme si on re-découvrait un classique perdu... ou réinventé ! De la belle et fine ouvrage qui peut quand même faire hésiter entre le "So what ?" et le "By Jove !"

La Flèche ardente est la suite du rayon U de 1948 que j'avais pu lire et critiquer en octobre dernier.



La grande particularité de ce second opus est qu'il arrive dans nos bacs 75 ans plus tard et après toutes ces décennies, le pari semblait assez osé pour Jean van Hamme le scénariste et Bruno Tatti son dessinateur.



Si ce tome 2 s'inscrit dans la suite logique du premier avec la fameuse ligne claire chère à Edgar P. Jacobs, le scénario pour sa part n'ajoute malheureusement pas grand-chose à l'histoire originale. Seuls les nostalgiques seront heureux de retrouver les personnages de la première aventure et les monstres qui avaient fait le succès de la première bande dessinée du Maître Jacobs. Les autres lecteurs risques de s'ennuyer ferme tant l'histoire reste simple mais surtout légèrement surannée. Même si on peut aimer cette science-fiction du siècle dernier (les auteurs n'ayant pas voulu moderniser ce deuxième opus) il faut vraiment être un afficionado de Flash Gordon ou adepte des comics strips des années 40 pour s'accrocher à la lecture de cette BD.



Si les méchants sont biens méchants et les gentils… gentils, je resterai sur le plaisir que m'avait procuré l'original de 1943 et je refermerai ce succédané aussi vite que je l'ai ouvert.

Bel hommage de Jean Van Hamme à Edgar P Jacobs et à son rayon U. Le scénariste est d'ailleurs bien servi par les dessins de Christian Cailleaux et Etienne Schreder.

Cet album n'ajoute pas grand chose au Rayon U, ce Blake et Mortimer sans Blake ni Mortimer. Mais il lui est parfaitement fidèle, reprenant les mêmes codes et cette espèce de naïveté manichéenne dans la violence et ce mélange de mondes primitifs avec un monde ultra contemporain.

La flèche ardente a été publiée au printemps 2023 alors que depuis longtemps, plus personne n’espérait, ou plutôt n’attendait, le retour des aventures de ces héros d’un autre temps préfigurateurs d’autres au destin bien plus éclatant.



Jean Van Hamme, nous régale avec un nouveau chef d’œuvre, comme il a su redonner vie à Blake et Mortimer, il y a déjà… quelques années (ou plutôt décennies). Et ne serait-ce que revivre cela, cette lecture s’impose.



Le scénario est ici habile à bien des égards. Il offre une histoire plus complexe que le volume initial, développe les liens entre les personnages, donne corps au conflit qui oppose les deux nations, s’inscrit dans une certaine modernité (par le rôle des femmes notamment).



Comme si tout cela ne suffisait pas, l’auteur tente de respecter l’impératif de l’époque de la parution : opter pour une intrigue basée sur l’action de manière à accrocher le lecteur de semaines en semaines. Il faut encore compter avec des références habiles au premier volume et des retournements de situation pour avoir une idée de ce qui attend le lecteur… qui n’en espérait pas autant.



Tout cela est réussi et comme d’habitude, Jean Van Hamme parvient une nouvelle fois à composer quelque chose qu’il est bien le seul à pouvoir créer. Pour cela il s’est éloigner de ses sentiers habituels pour notre plus grand plaisir.



Les dessins sont composés à quatre mains et pas n’importe lesquelles : Christian Cailleaux et Etienne Schréder. Le résultat est impressionnant et nous fait remonter le temps et voyager à autre époque : celle des périodiques. Cette impression d’hommage est ici omniprésente. Manquent peut-être quelques références visuelles à l’œuvre ultérieure de Jacobs… bien que certains passages fassent directement référence au rayon U.



Cette suite est un bel hommage, une réussite. L’intrigue peut s’arrêter ici mais à n’en pas douter, elle laisse également des portes à moitié fermées…