Entre les lignes est vraiment une oeuvre singulière dans le panel de ce que sort Kana. Oeuvre à la fois sociale et philosophique, elle pousse sans cesse à la réflexion tout en restant très humaine.
Ce nouveau tome ne déroge pas à la règle. Nous continuons avec bonheur à suivre les échanges entre Makio et une Asa de plus en plus à l’aise dans cette nouvelle vie singulière de part le caractère de sa tante. Ça donne lieu à une ambiance un peu particulière, presque intellectuelle, mais passionnante. Il faut juste accepter cette lenteur et ce côté un peu morose avec un humour pince sans rire qui ne plaira pas à certain mais fait appel à beaucoup de nostalgie et mélancolie.
Au coeur de leurs nouveaux échanges les questions du talent, du courage et de la création, mais aussi des désirs et envies. Tout se mélange et s’imbrique dans les échanges de ces deux femmes, décidément, de plus en plus à l’aise ensemble, ce qui leur permet d’oser des discussions qu’elles évitaient un peu avant. C’est beau de les voir si bien ensemble, en confiance. Ensuite, avec une Makio si cérébrale et déconnecté de ce qu’on attend habituellement des codes sociaux, cela offre des échanges profonds, qui viennent parfois nous heurter et assurément nous poussent à réfléchir. Ainsi je ne suis pas forcément d’accord avec elle en tout point mais j’ai aimé qu’elle m’ait donné matière à. En plus, j’ai senti qu’elle aussi s’ouvrait et qu’elle donnait accès, peut-être, à un certain passé trouble qui l’a marqué. J’espère que ce sera exploité.
La question de la création m’a aussi passionné ici. L’autrice ose montrer une consoeur en panne d’inspiration, qui se cherche, essaie, échoue, se relève, essaie encore, échange avec des collègues… C’est très intéressant de plonger dans un tel processus de création, loin des sentiers battus, qui montre une certaine réalité pas simple où on comprend bien que ça n’a rien de facile d’écrire un roman et que parfois, malgré toutes nos envies, ça ne vient pas. La mise en scène de la mangaka est en cela éclairante, pleine de métaphore, avec à nouveau une économie du trait et de la mise en page qui vient me percuter à chaque fois. J’adore cette fausse simplicité, ce faux vide.
Alors oui, parfois ce tome fut un peu confus, un peu longuet, un peu alambiqué, mais qu’est-ce que j’aime ce duo. Il me touche, m’émeut et s’embarque toujours dans des voies inattendues et des conversations philosophiques que je ne pensais pas aimer mais qui me font réfléchir. J’aime la façon dont Tomoko Yamashita parle de création littéraire, de recherche de soi et de relation. C’est juste beau.
Lien :
https://lesblablasdetachan.w..