J'ai l'impression que le titre de cette série est à prendre dans plusieurs sens.

Pour ma part, j'ai choisi ce premier tome pour découvrir l'action de l'aviatrice britannique Amy Johnson dans la Résistance, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Peut-être l'intérêt est-il en fait ailleurs, d'autant plus quand je constate que le correcteur orthographique de la tablette sur laquelle j'écris ne reconnait pas le terme "aviatrice"...



J'ai été surprise de constater que la période de sa vie engagée dans une activité de résistance (amener les avions neufs du lieu de fabrication au lieu d'utilisation) ne soit traitée que dans le dernier quart de l'ouvrage, et selon moi, ce n'est pas le meilleur ni le plus porteur.

Le scénario débute le récit de la vie de cette femme hors du commun en 1930, quand elle décolle de Londres pour gagner l'Australie en solitaire...

Toute la suite, jusqu'à son enrôlement, découle de cet exploit - son mariage, ses projets professionnels ayant pour centre l'accès des femmes aux mêmes fonctions que les hommes dans l'aviation, sa méfiance envers les journalistes. Enfin, c'est ce qui nous est raconté. Je trouve difficile de faire la part des choses dans cette bd entre l'histoire et la fiction car un des personnages principaux du scénario et du destin présenté d'Amy Johnson est fictif ! C'est donc une version romancée qui nous est présentée, et j'aurais apprécié que cela soit mentionné explicitement - le récit cadre qui est présent pour faire le lien entre les quatre tomes de la série ne m'a pas laissé présager particulièrement ce tournant romanesque ; la notice documentaire de fin évoque uniquement les faits liés à l'aviation. C'est sur le site internet de l'historienne, Emmanuelle Polack, initiatrice du projet, que j'ai découvert cette information.

Cette série a déjà dix ans, il est vrai, cependant, je continue de soutenir la transparence totale pour ce genre de récit : ajouter un "vrai/faux" à la fin ou une note des auteur-ices ou autre afin d'éviter de réécrire l'Histoire et de faire gober n'importe quoi à n'importe qui, fondamental me semble-t-il à l'heure des infox et du complotisme.



Tout ça pour dire que, pensant trouver un documentaire historique scénarisé sur une femme ayant participé à la Résistance, il s'agit en fait d'une biographie assez romancée dont la vie entière semble avoir été un acte de résistance parce que femme dans un monde d'hommes.

J'aimerais savoir comment tout cela s'est décidé dans le processus de création, entre Emmanuelle Polack l'historienne, et les scénaristes Régis Hautière (de la Guerre des Lulus, notamment, que je ne connais que de réputation pour le moment) et Francis Laboutique - équipe qui se maintient sur toute la série.



J'ai tout de même pris plaisir à cette lecture, même si elle est assez éloignée de ce que j'attendais. Et je suis curieuse de lire le portrait suivant, celui de Sophie Scholl, tout en étant consciente des libertés prises avec la "réalité".



J'ai trouvé le dessin de Pierre Wachs classique mais plaisant, avec quelques belles pages retraçant la traversée jusqu'en Australie, et le personnage d'Amy Johnson en particulier, très expressif dans son corps et dans son visage du début à la fin. Colorisation et ombrages parfaits de Domnok, que je découvre être Dominique Osuch, que j'ai découverte il y a peu avec son Nijinski, l'ange brûlé 100% personnel.

Quatrième et dernier tome de cette série qui revient sur le destin tragique de 4 femmes pendant la Seconde Guerre mondiale. Une conclusion à cette série qui nous permet de découvrir le lien entre les 4 femmes et surtout le lien avec Claire et Frédéric Guissart qui enquêtent sur le carnet de Anna Müller, l’espionne allemande.

J’ai trouvé ce tome le plus riche émotionnellement et dans sa construction. Les passages dans le présent n’ont pas déranger le déroulé du récit notamment parce que les pièces du puzzle commençaient à se rassembler.

Nous découvrons encore dans cet album une figure de la résistance, Mila Racine, qui a œuvré pour sauver le plus d’enfants juifs des rafles Nazis.

Le petit dossier final apporte toujours un ajout essentiel, notamment dans le cas de Mila Racine qui n’a pas eu tout l’honneur du souvenir d’une femme engagée, courageuse et active qui est morte pour sauver de nombreux enfants juifs.

Je félicite ce genre d’ouvrage qui permet d’honorer un devoir de mémoire pour ces personnalités exceptionnelles.

L’enquête continue pour faire le lien entre les 4 femmes et le carnet et donc cette espionne allemande. Cette enquête n’est pas vraiment la partie la plus intéressante - tout au plus nous découvrirons que cette femme est la petite fille de l’espionne allemande ? Simple supposition.

Pour revenir à l’album, nous découvrons le portrait d’une nouvelle femme d’exception. Berty Albrecht est une résistante française de la première heure et très active. Elle aura l’honneur d’être une des 6 femmes Compagnon de la Libération (pour 1055 hommes !!).

La construction du récit de cet album est assez déficient ; par exemple la longue discussion entre Bercy Albrecht et l’espionne allemande sonne faux. On n’imagine pas la résistance se confier ainsi à cette allemande après avoir subit un interrogatoire musclé.

Également, il y a toujours ces apartés dans le récit avec ces retours incessants dans le présent (est-ce utile ?) qui ralentissent l’histoire. Bref, toujours les mêmes critiques négatives pour cette série.

Heureusement, il est intéressant de découvrir ces femmes qui ont marqué l’histoire de leur force et leur abnégation : des portraits finalement pas trop tronqués notamment grâce au petit dossier en conclusion de l’album.

J’avais commencé à lire cette série par le tome 2 (Sophie Scholl) et je comprends maintenant un peu mieux le lien entre les albums et la présence de ce couple qui fait des recherches sur 4 femmes exceptionnelles.

Pour en revenir à cet album, nous découvrons une aviatrice, Amy Johnson, qui s’est battue pour prouver qu’une femme est aussi capable qu’un homme de devenir pilote. Elle enchaîne les records puis participent à la bataille d’Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale en tant que pilote de convoiement.

Le récit est intéressant même s’il souvent entrecoupé ; on saute ainsi à travers les différentes périodes de la vie de l’aviatrice. Le récit est aussi romancé dans le sens où l’auteur prends le parti d’une hypothèse sur la mort de Amy Johnson.

Bref, un premier tome intéressant mais qui manque tout de même d’émotion et d’énergie notamment à cause de ces nombreux intermèdes dans le présent.

Peut-être n’y avait-il pas plus matière pour conter la vie de cette femme courageuse ? Un album tout de même intéressant et, ayant lu déjà le second tome, une série prometteuse.