Avec cet opus, d'une incroyable densité (596 p), se clôture l'histoire de Sylvie de Valaine, petite orpheline devenue Sylvie de L'Isle, petite protégée de François de Beaufort (futur duc de Vendôme), puis duchesse de Fontsomme avant que de devenir veuve.



L'action de ce tome 3 débute quelques jours avant le mariage de Louis XIV avec l'Infante d'Espagne Marie-Thérèse, prévu à Saint-Jean-de-Luz, auquel Sylvie duchesse de Fontsomme est conviée et invitée à reprendre sa place parmi les dames de compagnie de la future reine. Cela fait dix ans qu'elle s'est volontairement exilée sur ses terres de Fontsomme pour y vivre son veuvage et y élever ses enfants : Marie et Philippe.



Avec le retour de Sylvie à la cour, le lecteur reprend le fil de l'Histoire de France : la montée en puissance de Mazarin, et du roi Louis XIV avant qu'il ne devienne le Roi soleil, prenant à pleines mains les rênes du pouvoir (il règnera sans l'intermédiaire d'un premier ministre), ses ambivalences caractérielles, ses frasques libertines et ses multiples relations adultères au vu et au vu de toute la cour et de son épouse légitime ; les guerres de pouvoir entre les uns et les autres, notamment entre Fouquet et Colbert ; les rivalités entre les unes et les autres (Marie-Thérèse/ Louise de la Vallière puis Madame Elisabeth-Charlotte de Bavière, épouse de Philippe d'Orléans, frère du roi), ainsi que le vécu de certains personnages historiques évoluant au sein de ces différentes cours (la Grande Mademoiselle, Madame de Montespan, D Artagnan, etc.). Parfois, on s'y perd un peu dans tout ces noms qui changent au fur et à mesure de leur évolution sociale, mais avec un peu de rigueur, on y arrive).



Il y sera enfin question de ce fameux secret d'Etat dont Louis XIV semble avoir été informé à la mort de sa mère, Anne d'Autriche et dont il a bien du mal à se remettre.

Un secret qui, de facto, signera la perte de François, devenu Duc de Vendôme et Amiral de la flotte de sa majesté. Et qui, une nouvelle fois, mènera sur le chemin de l'exil les trois protagonistes qui en ont été les seuls témoins, dont Sylvie. A ce stade, on se pose la question : mythe ou réalité ?



Un troisième et dernier tome particulièrement complet qui a le mérite d'éclairer d'un oeil nouveau certains aspects de la personnalité de Louis XIV ; d'avoir un regard réaliste et critique sur les manigances de cour et sur la façon dont les nouvelles et/ou rumeurs pouvaient se propager avec notamment la complaisance de ces fameuses Précieuses qui, à Paris, tenaient salons ou étaient connues pour leurs talents épistolaires ; d'informer sur les conditions de la chute de Fouquet ; de se déplacer au sein des différences résidences royales et de vivre la naissance du fameux château de Versailles ; de faire connaître certains actes héroïques du duc de Vendôme lors de ses campagnes maritimes ; et de s'intéresser à ce fameux homme masqué (dont la légende du Masque de fer est parvenue jusqu'à nous).



Et toujours, parmi ces personnages et faits historiques, se poursuit en parallèle la destinée romanesque de Sylvie qui, bien qu'entourée de ses fidèles, devra faire face aux appétits cruels de gens malfaisants cherchant à la déposséder de son titre et de ses biens, au rejet de sa fille (celle-ci se targue d'épouser le duc de Vendôme alors qu'il a le triple de son âge), à l'absence de son fils (parti guerroyer aux côtés du même duc de Vendôme), puis à l'annonce de la mort de François et de Philippe dans des circonstances plus qu'obscures.



Dans cette saga aux trois tomes, il y a tout : des personnages historiques et des faits ayant réellement existé ; des personnages de roman attachants ou au contraire maléfiques ; des intrigues ; de sombres secrets ; de l'aventure par-delà les mers ; des décors et des costumes ; une écriture particulièrement descriptive et riche de détails et de vocabulaire... et de l'amour.

Que faut-il de plus pour passer un bon moment de lecture ?

Un second opus plus calme dès lors que Sylvie de Valaine, mariée de force et violée par son tourmenteur Laffemas se doit de passer pour morte et se retrouve exilée à Belle-Isle. Car, ayant eu vent du drame vécu par sa protégée, le bras vengeur de François de Beaufort a frappé, même si sa vengeance totale se trouve empêchée par la sommation de Richelieu : il ne doit, en aucun cas, toucher à Laffemas (dont il a trop besoin) tant que celui-ci sera vivant.



Isolée des siens et se sentant délaissée et ignorée par Beaufort parti vers d'autres horizons, Sylvie pense à en finir avec la vie. Ce sera sans compter sur un de ces fameux rebondissements romanesques dont a le secret J. Benzoni, qui mettra, une nouvelle fois, Sylvie face à un destin pas toujours choisi, mais néanmoins assumé.



Ce tome 2 évoquera la mort de Louis XIII, la régence de la Reine mère Anne d'Autriche sous la férule de Richelieu, puis le début du règne du roi Louis XIV et celui du Cardinal de Mazarin (successeur de Richelieu) et cet épisode de l'Histoire de France qu'on appellera La Fronde (1648-1653). En effet, plusieurs facteurs internes et externes mèneront sur le chemin de la révolte différentes segments de la population (les bourgeois, les artisans, les membres du parlement, les pauvres et même certains membres de la noblesse et autres ecclésiastiques) au risque, à un moment donné, de faire basculer le pouvoir.



De même que la France va vers son destin, Sylvie va vers le sien. A la faveur d'un amour au départ non partagé mais néanmoins respecté, elle reviendra du monde des morts pour se marier et devenir la Duchesse de Fontsomme, ce qui lui garantit un retour à la cour et à ses multiples intrigues.

Beaufort, quant à lui, se retrouve emprisonné au Château de Vincennes, s'en évadera avant que de devenir l'un des meneurs de la Fronde, appelé le roi des Halles (il fera en sorte de ravitailler le peuple de Paris que Mazarin cherche à affamer pour mieux le soumettre).



Jusqu'à ce que, à nouveau, un drame touche de plein fouet Sylvie.



Un deuxième tome un peu moins palpitant mais toujours écrit avec une réelle virtuosité.

Je suis une fan inconditionnelle de J. Benzoni et je tente aujourd'hui de récupérer les livres moins connus d'elle pour compléter ma déjà très large collection.



Le tome 1 de SECRET D'ETAT : La Chambre de la reine faisait partie de mon stock. Je crois l'avoir déjà lu il y a longtemps, mais je l'ai remis en stand by car je n'avais pas encore récupéré les tomes 2 et 3. Après les avoir acquis, j'ai voulu relire l'histoire dans son intégralité, et cela a été - pendant plusieurs jours - un véritable bonheur de se plonger complètement dans les fastes du XVIIe siècle (successivement à la cour de Louis XIII, d'Anne d'Autriche, alors régente, puis à celle de Louis XIV et de sa femme Marie-Thérèse, infante d'Espagne) et de suivre la destinée de la petite Sylvie de Valaine qui, suite à un drame familial, s'est retrouvée orpheline et élevée auprès de la famille du Duc de Vendôme.



Un bonheur de quitter son espace-temps du XXIe siècle pour retrouver un espace-temps différent où est aboli un temps qui défile à toute vitesse au profit du temps long.



Un bonheur de replonger dans les méandres (positifs et négatifs) de notre Histoire de France confrontée aux luttes de pouvoir, aux guerres intestines internes et aux guerres réelles externes, aux moeurs courtoises ou dissolues des gens de cour, au poids des faux-semblants et des trahisons de toutes natures. Et de me dire, pas étonnant que le monde de la politique actuel soit si pourri lorsqu'on voit cette propension qu'avaient alors les officiels et les courtisans à manoeuvrer, à lécher les bottes, à se soumettre ou à trahir. On verra, cependant, et c'est éclairant, que ce n'était pas l'apanage des seuls hommes.



Un bonheur de découvrir à la fois le mode de vie des courtisans et autres dames de compagnie de la reine Anne d'Autriche et autres princesses, de la noblesse argentée ou désargentée, évoluant ici ou là dans des décors somptueux, dans des costumes luxueux et chatoyants, ne pensant qu'à l'amour et aux fêtes galantes... et à se faire une place au soleil.



Un bonheur de retrouver, fidèle à elle-même, la verve et le style littéraire de Juliette Benzoni qui, plus que tout autre, manie magistralement son sujet avec une connaissance aiguisée du vécu des personnages historiques évoqués, l'art de la description, l'art de la rhétorique, le vocabulaire du siècle, ainsi que l'approche d'un romanesque qui fait, à tous les coups, mouche.



Comme toujours dans les romans de Juliette Benzoni, la fiction est étroitement mêlée à la réalité historique, au point de chercher à vérifier, après lecture, si tel ou tel personnage a réellement existé et quelle a été sa "vraie" destinée (de ce point de vue, j'aurais apprécié avoir une note en fin d'ouvrage précisant un peu les choses). Ici, nombreux sont ceux qui ont existé et les informations distillées sont largement et précisément documentées (parfois au risque de sembler quelque peu fastidieux).



Pour ma part, j'ai été très sensible à la façon dont l'histoire de Sylvie de Valaine (devenue par la suite Sylvie de L'Isle) est mise en lumière. J'aime ce type d'héroïne qui parvient à s'élever de sa condition première tout en restant conforme à son éducation, à ses valeurs et à sa morale. Et qui, malgré l'adversité, a le courage d'agir. Cela permet, en contrepoint, de mesurer combien ce n'est, hélas, pas le cas de tout le monde, qu'il s'agisse de grands ou de moins grands, d'hommes ou de femmes, de riches ou de pauvres.



J'ai été aussi sensible à la façon dont sont explorées également les figures masculines (réelles ou inventées) entre autres : le désagréable mais non moins efficace Richelieu et son bras armé Laffemas, Louis XIII, le fameux Duc de Vendôme, bâtard de Henri IV et son fils François, duc de Beaufort.



Le tome 1 débute et se termine sur une scène de drame. Il est donc impératif de lire les deux autres tomes pour connaître la suite (T2 : le roi des halles / T3 : le prisonnier masqué).

J'adore cette auteure. A mes yeux, c'est une référence dans son domaine. Je ne connaissais pas cette série et j'adore le style, la période de l'histoire et le suspense car oui il y en a. Je vais essayer de lire la suite rapidement pour ne pas perdre le fil.