Je suis une fan inconditionnelle de J. Benzoni et je tente aujourd'hui de récupérer les livres moins connus d'elle pour compléter ma déjà très large collection.
Le tome 1 de SECRET D'ETAT : La Chambre de la reine faisait partie de mon stock. Je crois l'avoir déjà lu il y a longtemps, mais je l'ai remis en stand by car je n'avais pas encore récupéré les tomes 2 et 3. Après les avoir acquis, j'ai voulu relire l'histoire dans son intégralité, et cela a été - pendant plusieurs jours - un véritable bonheur de se plonger complètement dans les fastes du XVIIe siècle (successivement à la cour de
Louis XIII, d'Anne d'Autriche, alors régente, puis à celle de Louis XIV et de sa femme
Marie-Thérèse, infante d'Espagne) et de suivre la destinée de la petite Sylvie de Valaine qui, suite à un drame familial, s'est retrouvée orpheline et élevée auprès de la famille du Duc de Vendôme.
Un bonheur de quitter son espace-temps du XXIe siècle pour retrouver un espace-temps différent où est aboli un temps qui défile à toute vitesse au profit du temps long.
Un bonheur de replonger dans les méandres (positifs et négatifs) de notre Histoire de France confrontée aux luttes de pouvoir, aux guerres intestines internes et aux guerres réelles externes, aux moeurs courtoises ou dissolues des gens de cour, au poids des faux-semblants et des trahisons de toutes natures. Et de me dire, pas étonnant que le monde de la politique actuel soit si pourri lorsqu'on voit cette propension qu'avaient alors les officiels et les courtisans à manoeuvrer, à lécher les bottes, à se soumettre ou à trahir. On verra, cependant, et c'est éclairant, que ce n'était pas l'apanage des seuls hommes.
Un bonheur de découvrir à la fois le mode de vie des courtisans et autres dames de compagnie de la reine Anne d'Autriche et autres princesses, de la noblesse argentée ou désargentée, évoluant ici ou là dans des décors somptueux, dans des costumes luxueux et chatoyants, ne pensant qu'à l'amour et aux fêtes galantes... et à se faire une place au soleil.
Un bonheur de retrouver, fidèle à elle-même, la verve et le style littéraire de
Juliette Benzoni qui, plus que tout autre, manie magistralement son sujet avec une connaissance aiguisée du vécu des personnages historiques évoqués, l'art de la description, l'art de la rhétorique, le vocabulaire du siècle, ainsi que l'approche d'un romanesque qui fait, à tous les coups, mouche.
Comme toujours dans les romans de
Juliette Benzoni, la fiction est étroitement mêlée à la réalité historique, au point de chercher à vérifier, après lecture, si tel ou tel personnage a réellement existé et quelle a été sa "vraie" destinée (de ce point de vue, j'aurais apprécié avoir une note en fin d'ouvrage précisant un peu les choses). Ici, nombreux sont ceux qui ont existé et les informations distillées sont largement et précisément documentées (parfois au risque de sembler quelque peu fastidieux).
Pour ma part, j'ai été très sensible à la façon dont l'histoire de Sylvie de Valaine (devenue par la suite Sylvie de L'Isle) est mise en lumière. J'aime ce type d'héroïne qui parvient à s'élever de sa condition première tout en restant conforme à son éducation, à ses valeurs et à sa morale. Et qui, malgré l'adversité, a le courage d'agir. Cela permet, en contrepoint, de mesurer combien ce n'est, hélas, pas le cas de tout le monde, qu'il s'agisse de grands ou de moins grands, d'hommes ou de femmes, de riches ou de pauvres.
J'ai été aussi sensible à la façon dont sont explorées également les figures masculines (réelles ou inventées) entre autres : le désagréable mais non moins efficace Richelieu et son bras armé Laffemas,
Louis XIII, le fameux Duc de Vendôme, bâtard de Henri IV et son fils François, duc de Beaufort.
Le tome 1 débute et se termine sur une scène de drame. Il est donc impératif de lire les deux autres tomes pour connaître la suite (T2 : le roi des halles / T3 : le prisonnier masqué).