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Critiques de Bartabas (56)
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Un geste vers le bas

Bartabas. Le maître du silence.

Dans son troisième livre, "Un geste vers le bas", Bartabas continue d'explorer les profondeurs de la relation entre l'homme et l'animal, mettant en lumière un langage unique, silencieux mais éminemment expressif. Bartabas affirme : "Chez l'homme comme chez l'animal, chaque geste dévoile un sentiment." Cette idée sous-tend toute son œuvre, où la communication transcende les mots pour se manifester par le corps et les émotions.



Bartabas et son cheval développent une complicité où chaque mouvement, chaque posture devient une forme de dialogue. Ce langage sans parole trouve un écho particulier dans la danseuse Pina Bausch, qui découvre un spectacle de Bartabas à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. Le spectacle est un choc et une fascination pour elle, Micha Figa, et Bartabas lui-même, qui plongent ensemble dans un "cercle de silence" formant le langage vertueux des chevaux.



Ce silence, loin d'être une absence de son, est ressenti physiquement, comme une présence magnétique de plus en plus épurée, rappelant la simplicité et la profondeur d'un haïku. Bartabas, Bausch, et Micha Figa atteignent ainsi "ce geste vers le bas" où la flexion du corps libère la grâce du mouvement, née au plus profond du sentiment. C'est une danse silencieuse où la technique cède à l'inspiration pure, une harmonie parfaite où chaque geste est une expression de l'âme.



Dans "Un geste vers le bas", Bartabas révèle une maîtrise de l'épure, où la danse et l'équitation fusionnent en une seule forme artistique. La parole des chevaux devient un langage capable de faire taire la langue parlée, laissant place à une communication silencieuse, mais profondément émotive et expressive. Bartabas, Pina Bausch et leurs compagnons équins illustrent ainsi que le véritable art réside dans l'absence de bruit, où le silence devient grand et où chaque geste, chaque mouvement, est empreint de signification.



Bartabas, véritable maître du silence, nous montre que c'est dans l'écoute attentive de ce qui n'est pas dit, dans l'observation des gestes les plus subtils, que se trouve la véritable communication. "Un geste vers le bas" n'est pas seulement un livre sur l'art équestre et la danse, mais une méditation sur la profondeur des relations silencieuses et sur la beauté qui émerge du plus profond des sentiments partagés sans un mot.

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Les cantiques du corbeau

Cet étrange recueil arrive entre mes mains par une rencontre impromptue avec Bartabas, l’homme de spectacle, au salon du livre de Gordes. Admirateurs de ses spectacles et de son lien unique avec les chevaux, nous allons le saluer et repartons avec ce petit recueil qui lui tient à cœur, présenté à nous comme une réécriture des débuts de l’histoire humaine et de la création. Bartabas signe son livre et nous invite à nous « immiscer dans la bête pour retrouver l’élan à la source ».

Point de dieu ou de déesse à l’œuvre, orchestrant la mise au monde d’une nature et de ses princes et princesses vivant en ce royaume. Si ce n’est un dieu, c’est un conteur – le grand-père - qui dans un souvenir d’enfant, met en scène la voix d’animaux tour à tour « enjouée ou terrifiante ». Si ce n’est un dieu, c’est un homme ou une femme qui vient raconter son enfantement, sa mise au monde, brutale, fatale, qui, même dans la mort, est un éveil autrement, en 22 chants se clôturant à chaque fois sur une chimère de morale.

L’homme/femme centaure rencontre dans ces contes oniriques le mythe de l’homme/femme phénix qui tel l’oiseau de légende n’a de cesse de renaître de ses cendres. Il/elle y meurt plusieurs fois – englouti(e), dévoré(e), dépecé(e), décapité(e) – comme si la mort n’était pas une fin en soi mais le passage vers un autre avènement. La frontière entre humain et animal est flottante, la bête s’émeut quand l’humain retourne à l’état sauvage. Cruels, violents, poétiques, métaphoriques, ces contes nous intriguent et questionnent, malmènent et dégoûtent, nous hissent haut que pour nous précipiter plus bas, c’est fascinant et dérangeant, troublant sans nul doute. La notion de bien et de mal est ici proscrite car ce temps de la mise au monde n’est pas le lieu de la morale mais de l’instinct qui cherche et trouve sa voie vers la vie. De la copulation animale au cadavre nourrissant les vivants, les chants de Bartabas noient les contours de l’humain dans sa dimension animale. On adhère ou pas. C’est une expérience poétique à tenter ... ou pas.

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Un geste vers le bas

Magnifique récit, élégant, intime, grâcieux, poétique où la perte d’être chers sont mis en exergue par la pudeur et l’écriture de Bartabas.



Un cheval, une danseuse, un lien indéfectible se créera entre eux. Bartabas sera le seul et unique témoin de cette rencontre et de ce spectacle féerique qu’il verra naître, grandir et aboutir sous ses yeux.



Il a senti que ce spectacle était réservé à lui seul. Peut-être est-ce ainsi que les choses doivent se passer.



« À l’aube, sans peur, nous avons rejoint la lumière. Son carrosse noir a des airs de corbillard. Je sais déjà que rien ne sera su que par nous.



Je remonte aux écuries. À Micha Figa qui attend son repas du matin, je demande en silence :



— Comment oseras-tu danser maintenant ? »





« Voilà ce qu’aurait pu être le spectacle de ces deux solitudes qui se protègent et s’inclinent, l’une devant l’ombre de l’autre. Un spectacle qui ne fut jamais donné à voir ; cette année-là, à Avignon, le festival fut annulé faute de combattant.



Le regret peut être une douloureuse possession. Avec le souvenir, il est là pour toujours et telle une bûche alimente le feu qui me consume.



« Tant de choses, entr’aperçues, ne pourront jamais être vues », écrit Victor Segalen. »



Sublime.

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Un geste vers le bas

D’une rencontre avec Pina Bausch, l’homme qui murmure à l’oreille des chevaux tire un récit tout en pudeur.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Un geste vers le bas

ON esy en 1990 , bartabas , fondateur du cirque equestre zingaro, rencotnre une légende de la danse pina bausch. UN cheval sera le trait d union : micha figa. Ici le rapport entre l animalo et le cavalier est tenu, on ne sait pas qui conduit qui, . Le cheval est attendu au tournant pour une aventure équestre orchestrée par bartabbas et pin, Mais il en s era autrement . Bartabbas est touchant quand il evoque ces moments de grace , souvent nocturnes , née sous le signe du cheval " jamais elle n avait approché un cheval, je sais maintenant qu elle ne sortira pas indemn de c ette aventure ". UN roman passionnant
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Un geste vers le bas

"Un geste vers le bas" c'est la magie d'une rencontre entre 2 artistes qui chorégraphient. L'un avec les humains. L'autre avec les chevaux.



"Un geste vers le bas" est un hommage à Pina Bausch et au projet inachevé entre elle et Bartabas.



"Un geste vers le bas" est un concentré de poésie où une femme et un cheval s'apprivoisent.



"Un geste vers le bas" est un récit difficile à définir, un coup de poker qui plaira ou pas. L'entre-deux semble impossible.
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Un geste vers le bas

Bartabas raconte la magie de la rencontre entre Pina Bausch et l'un de ses chevaux dans «Un geste vers le bas», publié chez Gallimard. Avec ce troisième opus, le fondateur et directeur du théâtre équestre Zingaro confirme sa passion pour l'écriture, à laquelle il souhaite se consacrer davantage.
Lien : https://www.lesechos.fr/week..
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Un geste vers le bas

Bartabas nous offre un récit poétique où la chorégraphe allemande Pina Bausch et le cheval Micha Figa s'apprivoisent.

L'auteur, instigateur de la rencontre, est témoin de la création et du développement du lien artistique puissant qui unie la danseuse et le cheval.

Un plaisir à lire!
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Un geste vers le bas

Une amitié sincère semble avoir uni Bartabas et la danseuse Pina Bausch. Une sensibilité artistique de la danse, avec ou sans cheval les as rapprochés. Leurs rencontres épisodiques, entre deux verres de vins, quelques clopes et à bord de voitures prestigieuses sont racontées avec une grande sensibilité par l’auteur. Une évocation, centrée sur la fascination de la danseuse pour un cheval « Micha Figa ».
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Un geste vers le bas

Bartabas se souvient de ces nuits secrètes où il joua les entremetteurs pour une danseuse qui fume et un cheval couleur de lune.

Il est question de cigarettes, de vin, de vieilles voitures, et même de la morsure d'un dentier.

Comme dans ses premiers spectacles, le circassien entremêle ici le burlesque et la grâce, la maladresse et la poésie.

Il signe un très beau texte sur les rencontres et le temps qui passe.
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Un geste vers le bas

En 1990, Bartabas rencontre Pina Bausch la danseuse et chorégraphe et lui présente Micha Figa, à la robe de soleil et de lune et entre ces deux-là va se nouer un lien très fort, une intimité va se créer par la médiation des corps, celui de la danseuse, celui de l'animal ; de ces deux solitudes, de ces deux sensibilités devait naître un spectacle à Avignon, qui n'aura pas lieu.



Avec Un geste vers le bas, Bartabas nous offre le récit de cette rencontre émouvante, de ce lien puissant,sans concession, de cette compréhension immédiate entre deux êtres, humain et animal, une connexion magique, qu'il nous restitue avec délicatesse et poésie.



Appréciant Pina Bausch et fascinée par les chevaux, une lecture qui m'a emportée et remuée.



"La nuit s'enfonce entre leurs deux solitudes, et je me dis qu'une fois de plus l'aube emportera leur confidence.

C'est alors que surgit un éclair de danse ; l'espace d'un regard, je l'ai vue s'envoler comme un enfant s'envole, par la grâce de l'innocence.

Elle se déplie et s'étire avec l'aisance d'un courant d'air. Micha Figa, tendu jusqu'au bout des oreilles, ne la quitte pas des yeux. Un très léger tremblement de peau parcourt son corps en apnée. La danse doit naître sans vanité, elle n'a pour fin que de créer un état. Tout son être semble se mouvoir par lui-même avec une acuité, une vivacité, une violence qui évoquent la transe. On ne peut plus dire si elle est encore là ou bien ailleurs. Elle suit le trajet de ses membres d'une articulation à l'autre comme si ses bras, ses coudes, ses épaules et ses hanches ne lui appartenaient pas. Ses yeux mi-clos observent son propre corps dansant, des gestes sans rature qui me mettent un frisson.

Et d'un coup elle s'effondre plus qu'elle s'accroupit, assise sur ses talons, le visage incliné, les bras repliés et ses deux mains sur la nuque. La nuit s'est figée.

Micha Figa s'est approché. Il attend, car il a la patience des bêtes. Il veut veiller sur elle.

Son regard la traverse comme s'il pouvait voir son coeur en transparence. Il se passe tellement de choses en elle. Un récit se révèle ici sans qu'un mot soit prononcé."



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Un geste vers le bas

Alors qu'il triomphe en ce moment avec "Femmes persanes", troisième volet de son "Cabaret de l'Exil", le fondateur du théâtre équestre Zingaro reprend le fil de ses mémoires dans son dernier récit, "Un geste vers le bas", puissante élégie dédiée à son amie disparue, la chorégraphe allemande Pina Bausch et à leur projet inachevé.
Lien : https://www.francetvinfo.fr/..
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D'un cheval l'autre

Un texte magnifique et surprenant, ayant réussi à m'inviter, moi le profane, dans l'univers équestre... ou plutôt, dans l'irrationnel merveilleux de la relation homme-cheval. Je fus aspiré par toute l'humanité, l'incongruité, l'empathie qui transpirent de chaque mot.
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D'un cheval l'autre

Livre poignant sur un parcours de vie singulier. Il n'est pas nécessaire d'aimer les chevaux pour trouver ce récit passionnant, même s'il est toutefois conseillé de ne pas être tout à fait indifférent à la chose équestre. Faute de quoi, l'énumération de ces rencontres homme - cheval risque de lasser, même si elles sont toutes passionnantes et théâtrales. Le rythme de l'écriture de Bartabas sert d'ailleurs très bien son propos, alternant pas, trot et galop avec une belle maîtrise, quelques piques et de savoureux aphorismes.
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D'un cheval l'autre

Il n’est pas forcément nécessaire d’être un grand connaisseur des chevaux, pour sentir toute la poésie qui émane de ce livre.

Alors, même si cheval vous est étranger, égarez-vous dans ces pages.

Bien sûr, pour moi ce livre pourrait devenir de chevet. Une félicité peu commune à chacun des feuillets.



Ce livre m’amène au diapason avec cet animal, si mystérieux, qui effleure ma vie d’humaine de-ci de-là, sans grande logique de cavalière, mais davantage dans une connexion limite mystique, à la fois puissante et fragile. Impossible face aux chevaux d’être autre que celui qu’on est dans son corps et dans son âme, dirait Clément Marty. Oui, seule l’authenticité mène à la grâce de la communion qu’ils nous offrent un instant.



Bartabas ne nous parle ici de rien d’autre que d’Amour. Relation sensorielle, passionnée ou passionnante, incomprise ou à comprendre, silencieuse ou effervescente, évanescente parfois mais toujours dans l’émancipation réciproque, et dans tous les cas, qui ne peut se vivre intensément que dans la liberté de l’autre. Oui, « d’un cheval, l’autre »…c’est bien la raison du titre à mes yeux.
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Les cantiques du corbeau

Dans ces vingt-deux courts textes Bartabas le Centaure récapitule l’histoire humaine à travers notre rapport à l’animalité :celle dont nous sommes issus ,de l’amibe au primate , notre évolution de proie à prédateur ,la place des animaux dans nos rêves nos désirs, et nos cultes .Ces textes poétiques violents et sensuels m’ont ,par moments , rappelé le drame des bergers dans le « Serpent d’étoiles » de Giono avec qui Bartabas partage la perception « panique » du monde. Une autre facette du talent de ce fantastique créateur d’images.
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Les cantiques du corbeau

Après son hommage à ses chevaux, Bartabas change de registre et se lance dans des chants à l'animalité crue, où la violence, la mort et la sexualité entremêlent homme bestial et animaux.



Une lecture étonnante donc, mais qui rend hommage à la nature telle qu'elle est : sauvage et sans pitié, mue par des lois immortelles où les sentiments humains n'ont pas leur place.
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D'un cheval l'autre

il est question de portrait de chevaux de leur rencontre ( leur achat) jusqu’à leur mort. Bartabas égrène ainsi différentes histoires où on découvre le lien unique qu’il tisse avec chaque cheval. Il nous di comment il les aapproché les apprivoise les dresse. On voit aussi dans ce livre l’évolution de la carrière de Bartabas il commence par faire des spectacles itinérants pour finir à Versailles perpétuant la tradition équestre royale. Il faut savoir aussi que rrien ne le prédestinait à être avec des chevaux puisque ses parents étaient instituteurs . Un très bon livre donc pour les amateurs de chevaux et les autres.



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D'un cheval l'autre

Petite, j'aimais aller chez mon oncle qui possédait des chevaux de course. J'aimais les voir courir dans le pré, et curieux, venir à ma rencontre. J'aimais leur souffle chaud sur ma main posée sur leurs naseaux. J'aimais la douceur et la profondeur de leur regard.

Qu'ils étaient beaux, eux immenses et moi si petite.



Après la magnifique critique d'Onee que je vous invite à découvrir, j'ai eu envie de retrouver ces souvenirs d'enfance que je pensais perdus. Ils sont revenus avec une force émouvante. Et à ces images qui ne peuvent s'effacer, se sont mélangées celles de Bartabas.

Instants d'intimité et de bonheur.

Tristesse d'une vie qui n'est plus.

Les chevaux de mon oncle ont quitté le pré depuis bien longtemps maintenant.



Les mots de Bartabas ont résonné en moi, par leur douceur, leur peine, et par cette douce nostalgie qui se glisse entre les pages.



*

Je n'ai jamais vu de spectacles de Bartabas, j'aimerais beaucoup. En prenant ce livre dans mes mains, je me posais des questions quant au bien-être et au respect animal.



« Il est présomptueux de croire que les chevaux sont nés pour les hommes, et vain de chercher celui que l'on voudrait parfait. Il me faudra toujours les accepter tels qu'ils sont, les adopter, m'appliquer à faire éclore les trésors qu'ils recèlent et parfois même célébrer leurs défauts. Cette philosophie guidera désormais mon approche des chevaux… et des hommes. »



Les mots de Bartabas me rassurent.

Les mots de l'auteur m'ont touchée, m'ont bouleversée. Plusieurs fois, mes larmes ont coulé sans que je puisse les retenir.

L'amour que j'ai ressenti entre Bartabas et ses chevaux ne peut être feint.

C'est beau, c'est douloureux.



« À cheval je n'ai pas besoin de mots.

C'est une étreinte charnelle qui alimente mes rêves. »



*

Ils sont tous là, prêts à entrer sur la piste

Encore dans l'ombre

Ils attendent que j'ouvre le livre à la première page.

Chevaux artistes,

Chevaux danseurs.



« Ici, pas de rôles ni de romances,

personne ne se déguise

en autre chose que lui-même.

Ce sont de vraies gens et de vraies bêtes

qui se jouent de la vie. »



Lorsque le rideau se lève enfin,

un à un, ils viennent à moi,



« Pour éteindre l'insomnie, je les épelle un à un. Longue caravane, sans tambours ni musique, ils défilent lentement dans ma nuit et m'emmènent vers le sommeil, enfin. »

Chaparro, Pantruche, Horizonte, Micha Figa, Lautrec, Quixote, Vinaigre, le Caravage, Zingaro

et tant d'autres.



Dans leur robe d'apparat, d'ébène ou de lune,

chacun porte dans son regard et ses mouvements

le poids de son histoire personnelle.

Certains avancent confiants, majestueux, princiers,

Alors que d'autres, inquiets, s'approchent

avec timidité.

D'autres encore, la peur ancrée

dans leurs yeux immenses,

me fixent sans se dérober.



Sous la lumière des projecteurs

Un à un, ils entrent dans la danse.

Accord parfait entre l'homme et le cheval



« Jouer à se faire peur, jouer avec la peur des autres, jouer à se défier violemment puis me lover dans son corps assis en signe de soumission pour qu'enfin le public entrevoie tout l'amour qu'il avait fallu partager pour en arriver là. »



Force et fluidité

Patience et douceur

Grâce et sensualité

Complicité et amour

Respect et confiance

Se livrer et se libérer

Se comprendre et les comprendre



« Tu te nommes Dolaci et tu m'as appris à faire mes gammes.

Avec toi, j'ai compris que dresser un cheval ne peut se résumer à la compréhension de sa locomotion et à la résolution de ses résistances physiques. Je dois aussi sonder son âme. »



Le cheval et son cavalier se rejoignent,

s'enlacent dans une valse sensuelle

Un contact d'une infinie douceur

Deux êtres en parfaite communion

Bartabas murmure à l'oreille de ses chevaux.



« Zingaro, mon sang, ma chair, ensemble nous nous sommes appris, nous éduquant l'un l'autre, jusqu'à inventer un langage seulement connu de nous. »



Caresser, regarder, écouter, se chercher, se trouver, rassurer, soigner, partager, apprendre,

un lien se crée.

Instant magique.



*

J'aimerais m'approcher doucement, sans gestes brusques,

Une main tendue, je les laisserais m'effleurer,

Je les laisserais m'apprivoiser.



« J'approche mes lèvres du bout de ton nez, il est doux comme la chair d'un coquelicot. Tu sens l'âtre et l'automne, la feuille brûlée et la réglisse aussi. de tes naseaux s'échappe un soupir qui m'invite au voyage. »



Et puis, le spectacle s'achève,

Les lumières des projecteurs s'éteignent, le rideau tombe.

La nuit s'avance ne laissant qu'un vide endeuillé,

une douleur profonde, un sentiment d'inachevé.

Mes yeux s'emplissent de larmes.



« J'avance au hasard.

J'ai du mal à me suivre.

Je suis attelé à un cheval mort. »



*

« D'un cheval l'autre » n'est pas un roman, mais plutôt des tranches de vie, des instants privilégiés, des moments d'intimité entre l'homme et ses chevaux. Après avoir fait la connaissance avec chacun d'eux, le lecteur découvre leur passé, souvent triste, leur personnalité. On les voit devenir des artistes accomplis, guidés sans brusquerie, chacun à leur rythme, avec respect.



Ce lien invisible qui lie Bartabas à ses compagnons de route est magnifique. Son écriture est belle, poétique, sensible, sensuelle. J'aime beaucoup sa façon de s'effacer pour laisser l'animal maître des lieux.



« Toujours à l'écoute, il assoit son galop, en cadence je l'accueille au creux de mes reins, j'instruis mes vertèbres. Nous sommes faits l'un pour l'autre. »



Que dire de plus ?

J'ai aimé ce livre.

Un coup de coeur ?

Oui.
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D'un cheval l'autre

Je ne connais pas suffisamment les chevaux pour savoir bien en parler, mais ils me fascinent. Ma pratique équestre est relativement limitée, mais j'en garde des souvenirs enthousiastes et parfois cocasses. Ainsi, il y a très longtemps, avec quelques amis tout aussi aguerris que moi à l'exercice, nous étions partis galoper dans le Bois du Névet tout près de Locronan, accompagnés d'un guide. Un moment donné, ma jument s'emballa ayant pris peur, je crois me rappeler que la personne devant moi avait perdu son foulard qui ondula au sol tel un serpent. La jument affolée m'emporta à l'intérieur de la forêt aux arbres serrés, nous éloignant du chemin sur lequel nous étions.

Le guide me cria : « Bernard, accroche-toi au plus vite à une branche sinon tu vas avoir les genoux broyés ! » C'est vrai, les chevaux savent bien évaluer la distance entre deux arbres où ils peuvent se frayer un chemin, mais j'ai découvert ainsi qu'ils ne savent pas forcément apprécier le passage nécessaire pour tenir compte de la présence du cavalier... J'ai donc obtempéré jusqu'à ce qu'une âme charitable vienne me décrocher de ma branche. J'ai peut-être raté une carrière d'écuyer acrobatique qui aurait pu commencer dès ce jour-là...

D'un cheval l'autre, j'ai aimé entendre ici des chevaux cavaler, ruer, péter, s'ébrouer, hennir... J'ai aimé leurs odeurs, leurs écumes, leurs regards aussi, j'ai caressé leurs crinières, leurs flancs, leurs croupes. J'ai vu la brume du matin sortir de leurs naseaux... Bartabas m'a simplement appris à les contempler avec humanité, c'est bête, non ?

Bartabas, poète des compagnons sabotés, nous invite à découvrir ici tour à tour un bestiaire, une fresque épique, un carrousel, un opéra équestre, à entrer dans la danse, à venir dans le cercle de sable, sous la grande cathédrale de toile, la piste aux étoiles balayée par les lumières des projecteurs à moins que ce ne soient déjà nos yeux émerveillés qui courent sur les pages comme des lucioles.

D'un cheval l'autre, j'ai ressenti la beauté et les tourments que peut susciter un tel amour pour les chevaux. D'un cheval l'autre, Bartabas nous invite à découvrir l'histoire des Zingaros, ses chevaux splendides, mais c'est son histoire aussi que Bartabas nous délivre ici, sa passion, ses chagrins, ses rêves.

« J'ai vu parfois, dans le regard du cheval, la beauté inhumaine du monde avant le passage des hommes. »

Bartabas est un taiseux qui se confie à nous. Il se fait intime pour nous, tandis qu'il veut mesurer le monde avec ses chevaux. Et il le fera, avec grâce, simplicité et générosité.

« Cette nuit-là, nous avons fait un pacte, un pacte pour la vie : j'allais contaminer son animalité et il allait me permettre d'exister parmi les hommes. Aux humains de mon espèce, nous allions nous révéler. Pour la vie. »

D'un cheval l'autre, Bartabas nous fait entrer dans son humanité. Son coeur est immense, c'est un cirque à lui tout seul.

Il nous parle de Zingaro comme d'un frère, cet ange saboté qui inspira ce magnifique théâtre équestre et lui donna son nom.

Souvent, les chevaux de Bartabas s'appelleront Zingaro.

Il nous fait rencontrer ses autres frères : Hidalgo, Chapparo, Vinaigre, Quixote, Lautrec, Felix, Dolaci, Micha Figa, Horizonte...

C'est un livre d'une beauté solaire.

« Comme Don Quichotte,

je veux que l'imaginaire soit vrai. »

Vivre avec les chevaux, ce sont des heures inlassables de dressage, d'éducation... C'est inventer des mots que l'animal sera seul à comprendre, c'est tâtonner dans cet apprentissage à la fois grandiose et parfois décourageant, espérer, trébucher, se relever, il faut s'apprivoiser, grandir ensemble avant d'entrer dans la lumière des autres...

Aimer les chevaux, c'est se donner à chaque instant comme dans un premier amour.

« Il est présomptueux de croire que les chevaux sont nés pour les hommes, et vain de chercher celui que l'on voudrait parfait. Il me faudra toujours les accepter tels qu'ils sont, les adopter, m'appliquer à faire éclore les trésors qu'ils recèlent et parfois même célébrer leurs défauts. Cette philosophie guidera désormais mon approche des chevaux… et des hommes. »

J'ai aimé ainsi la philosophie de Bartabas.

Bartabas a parcouru le monde, mais ses voyages les plus fabuleux sont les histoires qu'il a écrites avec ses chevaux, des histoires intimes faites de longs apprentissages, de tendresse, de douleurs aussi lorsque le cheval fourbu par les âges tremble dans le cercle de sable, puis tire sa révérence un soir dans la pénombre du jour. Qui de l'homme ou de la bête apprend le plus de l'autre ?

« Je me suis immergé jusqu'au plus profond de toi-même, j'ai récupéré ton animalité et l'ai faite mienne. de cela nous avons fait sens, nous étions prêts à affronter le monde. »

J'ai aimé ce chant d'amour, fraternel, sensuel, charnel, animal, touchant d'émotions.

« Et parce que nous fûmes deux amants se devinant du regard, les yeux dans les yeux à hauteur d'homme, je me suis toujours interdit de l'enfourcher comme un cheval. »

J'ai découvert un écrivain, un vrai, qui nous entraîne à folle allure dans un imaginaire débridé.

Ce livre m'a fait prendre conscience de la finitude de la vie, mais aussi de ses magnifiques vertiges.

Je referme le livre et j'entends encore quelques hennissements, ceux de Zingaro, ceux de ses frères entrés dans la lumière, qui l'ont quittée parfois aussi tandis que le chagrin de Bartabas nous étreignait.

J'ai juste envie de me retourner, revenir là-bas encore un peu, perdre mes pas dans ce cercle de sable désormais vide et me pincer les lèvres pour ne pas pleurer.

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