Une lecture coup de poing. 10 pages, c'est tout ce qu'il faut à l'auteur pour nous plonger dans le totalitarisme et l'absurdité, la passivité et la peur. Interdiction des chats non brun, des chiens non brun, de toute chose non brune, puis arrestation de ceux qui ne respectent pas la règle, puis celle de ceux qui par le passé ont contrevenu sans le savoir à une règle qui n'existait pas encore... De manière simple, l'auteur nous décrit un monde où les libertés sont réduites peu à peu, l'air de rien, sans révolte de la population, jusqu'à ce que cela soit trop tard.
Un engrenage fictionnel mais tellement proche de la réalité.
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Liberté ou sécurité ? Qu'est-ce qui pèse le plus lourd sur les plateaux de la balance ? A partir de quand accepte-t-on de perdre l'une, même en partie, pour préserver l'autre ? Acceptation ou abdication ? Renoncement ou lâcheté ? Face à ce dilemme, je me garderai bien de juger de manière catégorique et péremptoire, moi qui n'ai connu qu'un pays en paix, démocratique de surcroît et qui suis fascinée par les formes de résistance à l'oppression, n'ayant pas de certitude, autre que théorique, sur les choix que j'aurais été capable de faire.
En seulement 11 pages, Franck Pavloff pointe du doigt, d'une manière faussement naïve, à quel aboutissement logique mènent les compromissions quotidiennes. Elles paraissent relativement insignifiantes au départ, disons que l'on s'en accommode avec tout de même un sentiment de malaise qui devrait agir comme un signal d'alerte mais on préfère ne pas l'entendre pour préserver son confort. Pire, on va jusqu'à trouver des justifications, sans doute pour s'excuser soi-même de cette lâcheté initiale qui en annonce d'autres. Ce "on", c'est Charlie et son copain, le narrateur, mais l'auteur les a rendus volontairement ordinaires pour permettre l'identification.
Pourtant, à bien y regarder, sous l'allure d'une fable ou plus précisément d'un apologue (Merci Eleusis), Franck Pavloff démarre sa démonstration avec une forme évidente de cruauté, celle de l'euthanasie forcée des chiens et chats qui ne sont pas de la couleur du régime, le brun. Euthanasie qui rappelle des pratiques abjectes d'eugénisme qui n'ont d'ailleurs malheureusement pas concerné que les régimes totalitaires les plus tristement connus du XXème siècle.
Puis, très vite, ce sont les moyens de communication et d'édition qui vont être "brunisés" car il est évident que l'accès à l'information ou à la culture reste un rempart solide contre la privation de libertés et la pierre aiguë du jugement critique.
En tout cas, moi je connais une soixantaine de têtes brunes, blondes, châtains, rousses (j'ai même quasi rouge...) qui vont bientôt le lire et je l'espère, affûter leur sens critique et nourrir leur réflexion...
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Ce conte philosophique est, semble-t-il, un classique du genre mais je ne l’avais jamais lu. N’en avais même jamais entendu parler. Non, si ce petit livre est, aujourd’hui, le sujet de cette critique, c’est surtout et avant tout grâce aux œuvres de Christian Guémy dit C215. Derrière ce pseudonyme, se cache un artiste du Street Art, né en France, en 1973. Le public le connaît surtout pour ses figures de chats, laissées sur des murs de Paris à Tunis. Aujourd’hui, cet artiste expose également dans des galeries en France et dans le monde entier. Je ne peux que vous conseiller de visiter son site officiel : www.c215.fr. ici, pour illustrer ce texte très fort de l’auteur d’origine bulgare, Franck Pavloff, ce sont surtout, et pour cause, des figures humaines, beaucoup d’enfants, qui ont été choisies. Au pochoir et à la bombe (non détonante mais très percutante), ce sont autant de portraits, de la vieille au soldat, en passant par le prisonnier et le policier.
En effet, ce texte court, à l’écriture resserrée, avec de brefs dialogues, décrit comment un pouvoir met en place les mécanismes d’un pouvoir totalitaire. D’abord, cela commence doucement, sans bruit. Cela arrive presqu’inopinément. Une bête interdiction. Elargie un peu plus, quelques temps plus tard. Puis cette interdiction englobe la presse. Puis les livres. Puis la liberté personnelle. Jusqu’au jour de l’implication irrévocable. Pour cela, il suffit de choisir un critère (en l’occurrence la couleur brune) et d’éradiquer systématiquement, dans un vaste programme final, tout ce qui ne correspond pas à ce critère. Et quand cette disparition totale est effectuée, il suffit de remonter dans le passé pour continuer l’épuration, pour effacer jusqu’au souvenir de critère.
Je me souviens d’une phrase d’une chanson de Marc Almond : « Tell me if you can what makes a man a man » (Dites-moi, si vous le pouvez, ce qui fait d’un homme un homme). Ces quelques mots pourraient servir d’exergue à ce texte, écrit en 1997. Il y aura toujours un prétexte pour dénaturer, dégrader, humilier, violenter et tuer un homme. Pour de « bonnes raisons ». Pour des « effets utiles » sur la communauté. Pour cela, je fais confiance à l’homme. Il a toujours eu le chic pour mettre son intelligence au service de la haine, de la xénophobie, du racisme, de l’homophobie et j’en passe. En lisant ce texte, j’ai pensé immanquablement à la montée du nazisme et de cet antisémitisme ambiant, mais, plus proche de nous, cruellement plus intimes, des événements qui nous ont frappés de plein fouet, un jour de septembre. Mourir parce qu’on est ceci ou cela, et non pas parce qu’on a fait ceci ou cela. Mourir parce qu’on est arabe, journaliste, gay ou Français est une absurdité sans nom. Et, en cela, ce texte est salutaire : il faut garder espoir et confiance en certains hommes, ceux qui résisteront, ceux qui ne seront pas lâches, ceux qui ne démissionneront pas, ceux qui resteront des hommes. Quoiqu’il advienne.
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C’est une allégorie, une courte fable d’une dizaine de pages. Le titre fait référence aux « Chemises brunes », surnom donné aux sections d’assaut, les SA, en raison de la couleur de leur uniforme, qui jouèrent un rôle important dans l'accès d’Hitler au pouvoir.
Pour autant le texte ne fournit aucune indication de lieu ni de temps, ce qui donnent à l’histoire un lustre d’universalité. Le narrateur et son ami Charlie vont se trouver confrontés, petit à petit, par petites touches, à des contraintes légales de plus en plus contraignantes, mises en place par le nouvel état brun. Chaque nouvelle règle, pousse le bouchon un peu plus loin et les laisse avec une drôle d’impression de malaise, mais : « Ça va vite, il y a le boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être un peu tranquilles, non ? ». Et puis un jour, il est trop tard, il aurait fallu résister davantage, mais comment ?
Que faisons-nous chacun d’entre nous, dans la vie quotidienne, pour que ces matins bruns ne se lèvent pas ? C’est la question que pose ce texte.
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Matin Brun
de
Franck Pavloff
Ce livre est assez court et particulier. Il raconte une histoire ou les chiens et les chats non bruns sont interdits et exterminés. C'est-à-dire que les gens possédant (ou ayant possédé même si c'est de la famille) des chiens ou chats non bruns sont arrêtés. Nous ne savons pas beaucoup la vie des personnages, nous ne savons pas le prénom du narrateur , mais nous savons qu'il a un ami qui a dû faire piquer son chien car il n'était pas brun. Cela reflète un peu le régime totalitaire d’Hitler ( des libertés sont supprimées , propagande ...) et surtout le fait que les brun sont meilleurs et plus propres .Cela me fait penser à Hitler avec les juifs ( la race aryenne est meilleure que la race juive). Pour finir j'ai assez aimé ce livre qui nous montre ce que c'est , un état totalitaire.
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Cher camarade je trouve que le livre matin brun et très bien illustré l'auteur présente bien l'histoire.Il est très passionnant car on n'a vraiment l'impression d'être dans cette histoire.Il n'y a aucun défaut pour moi mais peut être que vous n'allez pas partager le même avis que moi je vous conseille fortement de lire ce livre car il explique ce qu'il se passe sur les chiens et chats d'autres couleurs que bruns.
@powamoney
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Charlie et le narrateur dialogue autour d’un verre, d’une partie de belote ou devant un match.
Il devise sur le changement de société, l’obligation de se conformer à une demande, à savoir avoir un animal (chat ou chien) de couleur brune et surtout se débarrasser des autres animaux de couleurs différentes…
Ce petit livre de Franck Pavloff a été édité aux éditions Cheyne en 1998 pour la 1ère fois. Cette édition est agrémentée d’œuvres de C215 (artiste urbain)
Une nouvelle qui souhaite faire comprendre, à travers une histoire anecdotique, au lecteur les dangers de l'uniformisation, de la pensée unique, du fascisme et du totalitarisme.
Cela devient une société privée de liberté qui se met en place, une société contrôlée et répressive qui ne laisse aucun espace à l'individu et à ses propres choix.
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Je suis très contente d'avoir été retenue pour le Manuel du pochoir, lors de la masse critique. Je remercie Babélio et les Editions Eyrolles.
En effet, j'avais eu l'occasion de voir des réalisations de C215 sur Internet et je les trouvais très belles.
Pour moi, utiliser le pochoir était quelque chose d'assez simple et limité, je ne savais pas que le mot pochoiriste existait, C215 a changé mon point de vue.
Ce livre est une révélation. C215 y explique généreusement sa technique: le matériel et les outils, les notions de base, la création du pochoir sous photoshop avec toutes les étapes expliquées, comment peindre avec le pochoir, le matériel, le support, les effets de peinture. Ça change complètement la vision du pochoir. Il y a même trois pochoirs détachables à la fin du livre pour s'y mettre.
C215 y interviewe aussi 16 artistes qui s'expriment sur leur choix du pochoir, expliquent leur technique et décrivent leur atelier. Et ça donne vraiment envie d'aller découvrir leurs murales.
C215 alias Christian Guémy réalise ses pochoirs à échelle humaine, ses sujets sont variés: sa fille Nina, des athlètes, acteurs, chanteurs, écrivains, enfants d'Istanbul ou d'ailleurs, anonymes, ceux qui marquent notre quotidien,... Chacun est mis en valeur.
C215 est extraordinaire et son livre est une ouverture sur le street art et ses artistes qui embellissent les villes du monde. A découvrir.
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Un grand merci aux éditions Eyrolles et à Masse critique de Babelio pour ce beau livre d'art.
Un cadeau qui me fait plaisir.
En effet, que voilà un livre intéressant ! Un livre à faire partager à des amis, à voir et à revoir.
Il présente différents sujets et différentes techniques.
Chacune est illustrée par quelques applications et questionnement sur le travail des artistes.
Une grande découverte pour moi qui en étais restée au pochoir basique que je découpais avec plus ou moins de succès !
Un bon stimulant pour tenter de m'améliorer.
Et un coup de cœur pour l'un des artistes.
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En ces moments où la peur semble en voie de s'installer durablement dans nos vie, la découverte de ce livre nous rappelle que reculer sur une seule chose, même si elle peut paraître anodine, c'est déjà reconnaître sa défaite et mettre un genou à terre,c'est prendre le risque de ne plus pouvoir dire non lorsque les attaques seront perpétrées contres les parts essentielles de nos vies. Il ne sera alors plus question de chiens bruns ou non, mais de nos existences.
Un livre à faire circuler ....
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Un album magnifique, né d'une rencontre surprenante entre deux moyens d'expression : l'écriture et le street art.
Sublimé par les œuvres puissantes de Christian Guémy (alias C215), le texte de Franck Pavloff prend tout son sens : cultivons l'anti-conformisme, luttons contre l'oppression, revendiquons notre droit à la différence... En bref, défendons la liberté !
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Voici un livre que je n'avais pas apprécié au collège et qui prend tout son sens maintenant.
Le narrateur relate avec perfection l'absurdité des règles d'un régime totalitaire et la passivité du peuple qui accepte tout sans rien dire.
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Quelle efficacité ! En quelque page la démonstration de ce qu'est un régime totalitaire est faite. Ça commence par des choses anodines, on n'est pas tout à fait d'accord mais bon... on ne se pose pas trop de questions parce qu'au final c'est plus simple comme ça...
Jusqu'au jour où l'on prend conscience qu'il est trop tard pour faire machine arrière
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J'ai adoré!! L'arrestation, la non-prise de conscience, ect.. La gradation ascendante nous fait réfléchir sur le monde contemporain. Je conseille vivement cette nouvelle
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Quel magnifique ouvrage !
Merci aux éditions Gründ et à Babelio pour ce véritable cadeau reçu dans le cadre de Masse Critique.
J'y ai découvert l'univers de l'artiste C215, pochoiriste français reconnu dans le monde entier, moi qui ne connaissais de lui que quelques œuvres.
Conçu comme un abécédaire, chaque titre est accompagné d'un petit texte de l'artiste qui explique son message et de superbes photos de ces pochoirs.
C215 s'attache à mettre en lumière ses valeurs humanistes à travers des portraits de personnes célèbres qui ont joué un rôle dans l'Histoire et à qui il rend hommage mais aussi d'anonymes, héros du quotidien, d'enfants et d'animaux.
Ses œuvres sont visibles dans le rues de nombreuses villes du monde mais aussi dans des institutions publiques, culturelles ou sociales, ce qui traduit bien son engagement citoyen.
Un vrai petit bijou à s'offrir ou à offrir !
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