L’essentiel est de savoir pratiquer l’attente méthodique…
L’essentiel est de savoir pratiquer l’attente méthodique,
de ne rien peindre avant que de raison.
Je n’aurai garde de combler mon vide
(je le consulte).
TREIZIÈME POÈME
Extrait 1
J’épie, en faveur de la Nuit, un oiseau noir et blanc,
une pie.
J’épie, ô univers, un oiseau noir et blanc qui m’épie.
L’ombre est divine… elle devine mes rivaux :
Les derniers sangliers, la sanglante forêt, et les
derniers chevaux !
Semblable aux meutes des feuillages qu’un dieu tourmente,
J’écoute, et les oiseaux écoutent, l’unique voix véhémente.
Partout une promesse approfondit l’hymne de l’air.
Solitaire, je me confonds à la disparition de l’éclair.
Tous les secours de l'érudition et de la critique, toute l'écriture amassée autour des textes, celle des autres comme la mienne, ont pour fin dernière la lecture personnelle des textes.
1571 - Gustave Lanson (1857-1934)
Un arbre dans le ciel. Et la force se lave.
Un arbre dans le ciel, que protège un oiseau.
Ah! qui protègera l'arbre assiégé d'épaves
De regarder au ciel trop haut ?
TREIZIÈME POÈME
Extrait 2
Mon âme est accordée à l’ordre des choses. Qu’importe
Si la pluie en novembre abîme un peu le toit, arrache un
peu la porte !
Mon âme seule… Ainsi les arbres absolus,
En s’insurgeant contre la mer, ne s’insurgent qu’en vain
contre ce qui n’est plus.
Un Nom toujours nouveau a consacré ma bouche indigne.
D’autres signes que le Soleil gravitent autour du Signe.
Je dispute l’Espace à la ténuité des torrents…
Des feux très solennels font les feuillages transparents.
L’univers est une prairie incomparable…
Ainsi le jour paisible à mes pieds se prépare et se nuance.
Une même ferveur enfantine, un même amour, un même nom
M'incline à découvrir entre les lourdes racines d'un saule
Toute une étroite grotte à l'abri du soleil et des eaux !
Le nid que je préfère est comblé par les feuilles qui tombent…
[...] Appliquer un regard aux premiers mots du Poème pour que de suivants, disposés comme ils sont, l'amènent aux derniers, le tout sans nouveauté qu'un espacement de la lecture.
1572 - Stéphane Mallarmé, Un Coup de dés jamais n'abolira le hasard.
Dix-neuvième poème
(fragment initial)
Extrait 4
La rivière déjà si haute affleurera ses bords à l'heure
du serein.
Un cheval noir, que j'ai loué, hennit et galope sans
frein.
Contre la terre encore humide, longtemps je colle
mon oreille.
Quand je me dresse, la lune est là : qui me pose
une énigme pareille
Au bourdonnement des beaux jours, au reflux de
la saison,
À la caducité, dans la bouche des dieux, des mots
que nous taisons !
Les gens qui prient perdent du temps.
2496 – [p. 998] Gustave Courbet
Présages
Présages arbres gonflés de pluie / Inassouvi
désir de lumière / Espace du recueil
Ruissellement / le jour ses fruits
Répandus dans l’ombre / Ensanglantée de l’été
Océan royaume docile des / Secrets de l’âme
sur la crête / Triomphe qui s’impose à toi
Embellie du vieil édifice céleste / Rendu présent à ta vue