22 novembre 1963
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Un fait : en moins de deux heures, 90 % des Americains avaient appris la mort de Kennedy. Elle a été le véritable avènement de la télévision, qui a permis une propagation instantanée de l'information mais, surtout, à une communauté de témoins de vivre le deuil en commun.
Il était possible de suivre le déroulement des événements depuis son salon à New York, éprouvant ainsi exactement la même chose que des parents établis à Sacramento. Elle a fait mieux que le télégraphe lors de l'enterrement de Lincoln.
Et, en créant une conscience collective, la couverture télévisee a indirectement créé une nostalgie en temps réel, une mémoire sans avenir ni passé.
Elle comprend la tristesse qu'il y a à vivre un grand moment, à savoir qu'il s'enfuit déjà alors même qu'il n'est pas achevé.
La trace qu'elle laissera aura de l'importance. Les souvenirs ne seront pas effacés et recouverts d'une nouvelle couche de peinture. Du moins pas encore.
Pas ici, dans un avion, avec le corps de son mari fraîchement assassiné à l'arrière, sur une piste de l'aéroport de Dallas, un aéroport nommé Love Field, le Champ d'amour, ce qui prouve bien que le monde n'a pas besoin de poètes, qu'il est lui-même tout à fait capable d'ironie.
Lorsqu'elle emménagea à la Maison-Blanche, Jackie faisait une taille 42. En la quittant, elle faisait du 38.
Coco Chanel utilisait de la laine jersey pour ses tailleurs, étoffe jusqu'alors réservée aux sous-vêtements masculins. Elle affirmait que c'était le tissu parfait, offrant à la fois confort et sobriété.
Jackie exigeait que ses tenues aient des lignes nettes et simples. L'étoffe devait avoir une texture ferme et toujours conserver sa forme.
Un fait: en moins de deux heures, 90% des Américains avaient appris la mort de Kennedy. Elle a été le véritable avènement de la télévision, qui a permis une propagation instantanée de l'information mais, surtout, à une communauté de témoins de vivre le deuil en commun.
On peut modifier l'ordre des mots à l'infini, mais ça ne change rien à ce qu'ils décrivent.
C'est la même chose qu'avec les oiseaux. Ils dissimulent leurs blessures et leurs maladies. Ils savent instinctivement qu'ils sont des proies et que le moindre signe de faiblesse leur fait courir un risque mortel. Aussi, dès qu'il fait jour, l'oiseau malade se dresse-t-il et se met-il à chanter. Et c'est une chanson nostalgique, une chanson pleine de beauté et de grâce. Le genre de chanson que tout le monde remarque. Mais la nuit, lorsqu'il ferme les yeux, ce même oiseau craint de ne pas se réveiller le lendemain. Il craint que sa chanson ne soit déjà oubliée.
Mme Kennedy veut un cheval sans cavalier. C'est l'un des détails de l'enterrement de Lincoln dont elle se souvient. C'est un impératif. Et bien que Nelson sache que c'est une tradition militaire, une manière de rendre honneur, il y a bien des choses qu'il ignore sur la question. Alors il retourne à la bibliothèque, feuillette de nouveau les livres...
Il apprend que, bien que l'on parle de cheval sans cavalier, le terme approprié est en fait "cheval caparaçonné". Et celui-ci suit le caisson lors des enterrements militaires réservés aux officiers de haut rang, avec une selle vide et les bottes de son cavalier placées à l'envers dans les étriers, pour signifier que le héros défunt ne montera plus.
Le cheval caparaçonné a été utilisé pour la première fois au cours de la procession en l'honneur de Lincoln.
Tout est fini en moins d'une minutre. Moins de vingt-quatre secondes pour tirer les balles. Vingt-huit secondes pour la prestation de serment. Maintenant elle est assise là pendant que Jack repose à l'autre bout de l'avion.
Alors qu'elle est pour la dernière fois seule avec le cerceuil, elle devrait dire quelque chose, pour marquer l'importance de l'instant. Mais il n'y a rien à dire, et même s'il y avait quelque chose elle serait incapable de le dire.A cet instant, cet unique instant, elle est heureuse de vivre dans un monde sans mots. Heureuse d'être libérée des symboles et du sens. Sans eux, tout est possible. Malgré la pesanteur qui la cloue au sol, il lui suffit de toucher le cerceuil de la main pour continuer de voler, loin au-dessus de l'obscurité et de la gravité qui la retiennent ici. Elle est en vol. Elle se voit affronter cette misérable épreuve dont chaque minute est aussi longue qu'une journée. Elle plane dans le ciel et regarde vers le bas avec compassion et empathie. Imaginez ça. Flotter au-dessus de tout. Plus lourd que l'air.