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Critiques de Adam-Troy Castro (107)
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Andrea Cort, tome 3 : La guerre des marionn..

Andrea Cort, tome 3. Je l’espérais, celui-là, sans trop y croire, tant Gilles Dumay, le directeur de la collection Albin Michel Imaginaire disait que les ventes des deux premiers tomes semblaient insuffisantes pour espérer sa parution. Et puis voilà quelques mois, miracle, La Guerre des Marionnettes est apparue dans la liste « À paraître » du catalogue. Tout cela pour dire que je l’attendais de pied ferme et que je m’y suis mis dès que je l’ai reçu. Alors, mon attente a-t-elle été récompensée ?

Une fois encore, ce livre est un assemblage de plusieurs textes : deux nouvelles et un roman éponyme. Une fois encore, la parution originale de ces textes révèle des surprises. Le roman n’existe pas autrement que sous forme audio en langue anglaise et il est paru pour la première fois en Allemagne. Surprenant, non ? À présent, prenons les histoires les unes après les autres.



Les Lames qui sculptent les marionnettes (The Knifes that Carve the Marionettes, 2019)

Ce récit, qui a été écrit près de dix ans après le roman qui donne son nom à ce livre, réussit le tour de force de nous préparer à suivre les aventures d’Andrea Cort. Mais sans elle ! Nous sommes sur Vlhan, la planète que l’on découvrira dans le roman et nous sommes confrontés à ses habitants étranges qui, chaque année, se prêtent à une danse mystique. Un massacre rituel en fait : des centaines, des milliers d’entre eux se suicident lors d’une cérémonie dont personne ne comprend le but ni la signification. Qui sont-elles, ces créatures ? Elles ressemblent à de gigantesques sphères sombres et très dures (en chitine) juchées sur des bras-jambes, fouets immenses qui servent aussi bien à marcher qu’à attraper, à toucher qu’à tuer. L’illustration de Manchu (très belle au demeurant) correspond bien à ce que je pouvais m’imaginer. Et donnent une idée possible de leur aspect physique, fascinant et effrayant à la fois.

Si elle ne nous offre pas la joie de revoir Andrea Cort, la nouvelle met en scène un personnage croisé dans La Troisième Griffe de Dieu, Jason Bettelhine. On y avait eu un aperçu de son passé : il est ici détaillé davantage. Surtout son passage sur Deriflys, là où le jeune homme issu d’une famille terriblement riche et puissante avait failli mourir et là où il avait vécu des moments traumatisants. Il vient sur Vlhan pour rechercher Harille, une jeune femme avec qui il avait survécu dans cet enfer. Or, elle fait partie de ces quelques pèlerins, de plus en plus nombreux chaque année, qui se sentent appelés par la danse mortelle de Vlhan. Ces « élus » sont persuadés qu’ils peuvent apporter quelque chose à la chorégraphie. Tellement persuadés qu’ils sont prêts à subir des modifications physiques extrêmes nécessitant de très longues et douloureuses opérations. Un vrai acte de foi. Tout cela, pour finir massacrés lors de la danse. Étrange et déroutant, surtout quand on tient à une de ces personnes. D’où les nombreuses tentatives de Jason de faire renoncer Harille. Et c’est là le côté attachant et terrible de cette histoire. Comment une relation peut être faussée dès le départ par des désirs, des buts différents. Même si j’ai été un peu déçu de ne pas trouvé dès le début Andrea Cort, ce texte m’a plu car il offrait un bon aperçu de la planète Vlhan, toile de fond de La Guerre des Marionnettes. Mais il m’a surtout touché par la force des sentiments évoqués, même si la tonalité est plutôt sombre.



La Guerre des marionnettes (War of the Marionettes, 2010)

Retour d’Andrea, donc. La voilà sur Vlhan peu de temps avant la danse rituelle. Elle est venue là pour continuer à jouer son rôle dans la guerre qui oppose les deux groupes d’IA : celui qui l’a engagée et souhaite qu’elle l’aide à mourir ; celui qui veut continuer à exister, résiste, et est à l’origine de nombreux massacres, dont celui qui a fait d’Andrea Cort ce qu’elle est aujourd’hui : une femme à l’intellect brillant et craint dans le monde entier, mais une femme détruite, qui ne tient que grâce à des bouts de scotch glanés de-ci de-là. Et à l’amour des Porrinyard, ces inseps au calme légendaire et aux prouesses physiques remarquables (dans tous les domaines). Une piste l’a conduite sur Vlhan dans un climat tendu : chaque année, les pèlerins sont plus nombreux à venir mourir pour la danse et les gouvernements des différents peuples (surtout les Homsaps, dont les représentants sont parmi les plus nombreux à venir rejoindre le spectacle : pourquoi ?) s’inquiètent. D’autant plus que des accidents ont déjà eu lieu. Voilà plusieurs années, un groupe de Vlhanis a attaqué des humains en dehors du rituel de la danse et les ont tués. Les causes ont été comprises, mais la confiance n’est plus là. À juste titre. Car, on s’en doutait un peu, tout va partir de travers et Andrea va se retrouver au centre d’un gigantesque maelström de violence.

Pas de véritable enquête dans ce roman. On quitte les sentiers balisés au profit d’une fuite à travers Vlhan. Andrea est rapidement prise pour cible et doit sauver sa peau par tous les moyens. Or, elle ignore les tenants et aboutissants de cette situation. Pas facile, dans ces conditions, de savoir quoi faire. Là est le mystère : comprendre ce que tout cela signifie. Ce n’est donc pas réellement une enquête, mais la tentative de résolution d’un mystère vieux de plusieurs centaines d’années qui aura des conséquences bien réelles sur le présent. Et sur Andrea. Car une fois de plus, tout repose sur ses épaules. Adam-Troy Castro se montre bien cruel avec son personnage qu’il secoue, blesse, maltraite aussi bien physiquement que moralement. Andrea Cort reçoit des coups de partout et ne doit sa survie qu’à une force mentale exceptionnelle. Dont on approche les limites. Je disais plus haut que le premier texte, Les Lames qui sculptent les marionnettes, était sombre. Que dire alors de celui-là ? Pourtant, sa lecture n’est pas une chute sans fond vers un abîme de désespoir. Mais il ne faut pas s’attendre à un feu d’artifice final, avec départ des héros sur un coucher de soleil et une musique joyeuse en arrière-plan. Andrea Cort est un personnage martyr et ne peut échapper à son destin. Qu’il soit décidé par une divinité ou des IA sans cœur. La Guerre des marionnettes est un roman d’aventures de haute tenue qui promène son lecteur à travers des mondes et des idées fascinants et place régulièrement le personnage d’Andrea devant des choix dignes de Corneille. Glaçant.



La Cachette (Hiding Place, 2011)

Pour finir, une intrigue plus classique. Enfin, classique dans son déroulement : c’est une enquête où Andrea Cort va faire preuve de ses qualités de déduction exceptionnelles. Mais pas classique dans son enjeu car il traite d’inseps. Un homicide a été commis : le coupable a tout avoué. Il a été arrêté. Point barre ? Non. En effet, après avoir tué celui que tout le monde considérait comme un monstre, il s’est associé à un couple d’inseps, formant ainsi un trio. Vous voyez le dilemme ? Si seul une personne du trio est coupable, comment enfermer les trois ? Et si l’on n’en enferme qu’un seul, grâce aux deux autres qui sont libres, le coupable, même en prison, se sentira comme en liberté. Cornélien, tout cela. Encore. Sauf que, Andrea est là. Et qu’elle est capable de résoudre ce véritable salmigondis. Mais quel prix va-t-elle payer ? Car, on le sait bien maintenant qu’on la suit depuis tant de pages, les aventures dans lesquelles elle est plongée servent de révélateurs à ses besoins ou orientent sa vie. De façon souvent terrible. Andrea Cort est l’héroïne d’une tragédie. Un point c’est tout.



La Guerre des Marionnettes met le point final aux aventures d’Andrea Cort puisque, avec les deux autres volumes, il propose l’ensemble des textes qui tournent autour de ce personnage. Mais il semblerait que l’auteur, Adam-Troy Castro, ait signalé récemment son envie de se pencher à nouveau sur ce personnage. Ce n’est pas moi qui m’en plaindrais. Car, même si ce troisième tome n’est pas mon préféré, il m’a permis de voyager à nouveau avec Andrea et de plonger davantage encore dans ses pensées. Leur richesse et leur complexité (il faut bien être les Porrinyard pour la supporter au quotidien – et même eux ont parfois du mal) font le sel de ces histoires. Car, bien que l’intrigue soit essentielle pour le plaisir de lecture, on est tout de même surtout attentif à l’évolution du personnage d’Andrea Cort, à ses sentiments et à sa capacité à s’en sortir malgré l’accumulation dantesque de problèmes qu’Adam-Troy Castro fait pleuvoir sur elle. Et avec La Guerre des Marionnettes, il offre un final grandiose à son héroïne, digne de son énergie et de son courage.
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Andrea Cort, tome 1 : Emissaires des morts

L’exemplaire Albin Michel propose en premier lieu la lecture de quatre nouvelles concernant Andréa Cort. Ces nouvelles me semblent essentielles avant d’entamer la lecture du roman. Celles-ci nous permettent d’intégrer l’univers proposé et d’apprendre à connaître le personnage principal d’André Cort. Que ce soit les missions qui lui sont confiées, et nous éclairent aussi sur son passé et comment elle a intégré le Corps diplomatique en tant qu’avocate et enquêtrice pour le bureau du Procureur Général.



Le roman proposé nous emmène dans une enquête confiée à André Cort, dans un univers bien particulier. Une petite compagnie d’humains y est installée comme observateurs d’un habitat artificiel et de sa « population ». Deux femmes sont décédées dans Hamac-ville, et Andréa s’efforce de comprendre ce qui s’est passé.



Le personnage d’André Cort est complexe, avec un passé douloureux qui la hante et qui la pousse à agir en toute conscience pour faire aboutir ses enquêtes. Elle ne se laisse influencer par personne, femme solitaire et avec de fortes convictions. Malgré son passé, qui lui vaut d’être qualifiée de monstre par toutes les espèces, elle est droite dans ses bottes et son seul objectif est de déterminer les faits et trouver le ou les coupables des meurtres commis.



La trame du livre nous conduit également à mieux cerner son histoire, ce qui se cache derrière les atrocités qu’elle a commise enfant et un début de réponse à son histoire.



Un space opéra à la fois complexe et très abordable et un thriller très abouti. Je découvre la collection imaginaire des éditions Albin Michel, et je dois dire que je ne suis pas déçue. J’espère lire la suite des aventures d’André Cort très prochainement, « La troisième griffe de Dieu » lorsque la médiathèque de ma commune l’aura entré dans son catalogue.
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Andrea Cort, tome 1 : Emissaires des morts

Les éditions Albin Michel imaginaire ont eu la bonne idée d’éditer les aventures d’Andrea Cort dans l’ordre chronologique et non de parution, et alors qu’en général, je préfère suivre le cheminent de l’auteur, c’était cette fois-ci presque indispensable. En effet le recueil Émissaire des morts comprend le roman du même titre et qui fait plus de 380 pages et quatre nouvelles avec le même personnage. Le roman a été écrit avant et constitue le premier volume d’une trilogie. Les 4 nouvelles ont été rédigées après coup mais reviennent sur le passé de l’héroïne. Mais ces nouvelles sont une excellent introduction au personnage et à son univers !

Andréa Cort est, en effet, un personnage très complexe, magistrate douée pour les enquêtes mais antisociale, violente et avec des tendances sociopathes. Sorte de Sherlock Holmes féminin du futur. Elle vit dans un avenir éloigné. L’humanité a pris son essor vers les étoiles et a essaimé dans la galaxie rencontrant, au passage, d’autres espèces intelligentes et parmi ces espèces des Intelligences artificielles (IA-sources). Les relations entres les espèces sont tendues mais pas forcément guerrières. Toutes ces espèces intelligentes (sentientes) sont protégées par une sorte de convention galactique. L’humanité vit dans un système mercantile dirigé par le corps diplomatique auquel appartient Andrea Cort. Elle est expédiée pour des enquêtes sur des planètes lointaines et se retrouve souvent devant des cas de conscience comme par exemple qu’est-ce réellement que l’intelligence. Le meurtre n’étant puni que contre les espèces sentientes.

Les nouvelles sont une véritable révélation. Elles sont dynamiques, rythmées, inventives et nous permettent de connaître le personnage principal de façon progressive tout en étant mêlés à des intrigues excellentes. La forme de la nouvelle est vraiment idéale pour cela, comme pour découvrir Sherlock Holmes ou Arsène Lupin. On apprend au fur et à mesure par touches successives, le fonctionnement du régime mercantile, les contrats qui régissent les vies du corps diplomatique, les hiérarchies et les interactions entre les hommes et les femmes. On apprend qu’Andréa Cort appartient au corps diplomatique car coupable de massacre de masse dans son enfance lors d’une sorte de guerre incompréhensible entre les humains et une autre espèce sentiente. Les informations sur l’enfance d’Andréa irriguent les différentes intrigues et semblent prendre de plus en plus d’importance dans le roman. Que s’est-il réellement passé ? Pourquoi ? Comment ? A cause de qui ?

Le roman est, à mon avis, un ton en-dessous des nouvelles mais reste de très bonne facture. On est dans une enquête sous haut risque dans un monde dominé par les IA-sources. Les consignes d’Andréa sont de trouvé un coupable qui ne soit pas les IA pour éviter un incident diplomatique. Elle découvre le mode de vie sur une station spatiale (Un, un, un), cylindre crée par les IA qui ont aussi créée une espèce pour y vivre, les Brachiens. Ce cylindre n’est pas du tout adapté aux humains et plusieurs d’entre eux sont mort dans des conditions suspectes. L’enquête nous permet de découvrir de façon détaillée et passionnante le fonctionnement de cette station, l’organisation humaine, le notion de vie et de mort, différente selon les espèces et le rôle plus ou moins trouble des IA-source. Que veulent-ils à la fin ? D’où viennent-ils ?

Tout amateur de SF un peu exigeante trouvera son compte dans livre d’Adam-Troy Castro et je vais me procurer le deuxième tome rapidement. Car, même si les enquêtes sont à chaque fois résolues avec brio par l’héroïne, trop de questions sur son passé restent sans réponses !
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Andrea Cort, tome 3 : La guerre des marionn..

En janvier 2021, Albin Michel Imaginaire se lance dans la publication du cycle de l’américain Adam-Troy Castro consacré à une enquêtrice galactique aussi coriace que charismatique : Andrea Cort.

Après Émissaires des morts et La Troisième griffe de Dieu, la série trouve sa conclusion (temporaire ?) avec ce troisième volume intitulé La Guerre des Marionnettes et toujours traduit par l’excellent Benoît Domis.

À l’instar de ses ainés, l’ouvrage agrémente son histoire principale de deux textes plus court : la novella « Les Lames qui sculptent les Marionnettes » et la nouvelle-épilogue « La Cachette ».

L’occasion parfaite pour Adam-Troy Castro de développer un univers déjà riche et passionnant !



Sacrifier une part de soi

Ce troisième volume s’ouvre donc sur une novella : « Les Lames qui sculptent les Marionnettes ». Celle-ci a une double-fonction au sein du récit global de La Guerre des Marionnettes.

D’une part, explorer le passé de Jason Bettelhine, l’un des personnages périphériques de La Troisième griffe de Dieu notamment entrevu dans la dernière partie de l’intrigue et dont l’histoire avait été rapidement survolée par Adam-Troy Castro.

De l’autre, plonger dans l’étrange phénomène appelé Ballet de la planète Vlhan, élément également évoqué à la fin de La Troisième griffe de Dieu qui deviendra central dans le présent opus.

Au lieu cependant d’emmener directement Andrea Cort sur Vlhan, Adam-Troy Castro choisit de l’exclure temporairement pour se concentrer sur Jason. De cette façon, l’américain parvient à la fois à approfondir les éléments très congrus dont nous disposions à propos de celui-ci mais aussi à mettre tous les éléments en place pour que le lecteur comprenne d’emblée ce qu’il se joue sur la planète Vlhan par la suite.

Jason, avant de s’unir à sœur Jelaine pour devenir un inseps, survivait sur une terrible planète : Deriflys. Jusqu’au jour où les IAs-sources on fini par le tirer de là… grâce à Harille, sa compagne de souffrance. Mais le but de cette extraction n’était pas désintéressé puisqu’il s’agissait de transformer Harille pour qu’elle puisse participer au fameux Ballet des Vlhanis.

Ces extra-terrestres constitué d’un corps/tête sphérique et de tentacules fouets ont pris l’habitude de se livrer à une étrange représentation au but tout à fait mystérieux appelé Ballet, un évènement particulièrement meurtrier puisque tous les « Danseurs » qui y prennent part meurent d’épuisement à la fin. Évidemment, du fait des différences morphologiques flagrantes entre Humains et Vlhanis, d’importantes chirurgies augmentatrices sont nécessaires pour permettre aux premiers de danser avec les seconds.

Harille, intimement convaincue qu’elle a un rôle à jouer dans cet évènement planétaire, s’est donc laissé persuadée assez facilement par les IAs-sources de la reconstruire intégralement. Jason, impuissant, va donc assister à la chirurgie brutale et extrême endurée par la femme qu’il aime en secret.

Si « Les Lames qui sculptent les Marionnettes » s’ouvre et se ferme sur la quête de Jason et Jelaine revenu sur Vlhan pour découvrir le destin d’Harille, c’est bel et bien l’histoire d’Harille et de Jason qui occupe l’essentiel de la novella. Adam-Troy Castro s’enfonce dans la noirceur de son univers, une noirceur que l’on avait déjà exploré à plusieurs reprises dans le volet précédent notamment en s’apercevant du cruel destin d’une majorité de monde humain et de l’emprise pernicieuse des Bettelhine sur la Confédération (et les multiples atrocités qui en découlent). Mais cette fois, il le fait de façon encore plus frontale et graphique (proche du body-horror) avec cette transformation autant physique que psychique qui en coûte autant à celle qui la subit, Harille, qu’à celui qui en est le témoin impuissant, Jason.

Dans ce texte remarquable, l’américain construit une histoire d’amour qui n’a jamais eu lieu et montre le difficile respect de la croyance de l’autre, même au prix de ce que l’on a de plus cher et, surtout, quand celle-ci n’a aucun sens pour soi. C’est d’autant plus bouleversant qu’Adam-Troy Castro n’hésite pas à revenir sur le supplice de Deriflys et ce qu’il en a coûté à Harille et Jason pour mettre en relief le lien unique qui les unit. Au centre, reste pourtant une idée qui sera l’un des moteurs du reste de La Guerre des Marionnettes : celle du sacrifice et de ce que l’on est prêt à perdre pour celui-ci.

« Les Lames qui sculptent les Marionnettes » met donc la barre très haut pour commencer.



Pluralité narratives

Pour la suite, Adam-Troy Castro revient à la forme longue avec le roman central : La Guerre des Marionnettes.

Cette fois, pas (ou peu) de préambule puisque l’on retrouve Andrea Cort dans les griffes, ou plutôt les fouets, d’un Vlhani en pleine tentative de communication inter-espèces. Une communication qui tourne court tant les équipements de traduction à disposition de notre Procureure sont rudimentaires. À sa décharge, il faut dire qu’aucune des races sentientes de la galaxie n’a encore réussi à percer le langage ultra-complexe des Vlhanis.

Après quelques émotions fortes, Andrea et seschéris, les Porrinyards (un couple d’inseps, comprendre deux individus qui ont psychiquement fusionné et se comportent comme une seule personne disposant de deux corps), se dirigent vers le gigantesque amphithéâtre où doit avoir lieu le fameux Ballet des Vlhanis.

Mais comme toujours lorsqu’Andrea Cort se trouve dans les parages, les choses se compliquent et certains Vlhanis se mettent à attaquer sauvagement les délégations sentientes pourtant pacifiques des différentes ambassades venues assister à l’évènement…avant de se retourner contre leurs propres congénères ! C’est le début d’une course contre la montre planétaire où Andrea Cort doit découvrir comment empêcher les Vlhanis et les Humains de s’annihiler mutuellement !

Désormais solidement installé dans l’esprit du lecteur, l’univers d’Adam-Troy Castro se concentre ici sur ce qu’il sait faire de mieux : créer le suspense en mêlant intrigue policière et aventures tonitruantes tout en tirant le portrait d’une étrange race extra-terrestre. Pour mener à bien cette quête, qui d’autre qu’Andrea Cort, personnage torturé à souhait, à la fois d’une grande fragilité et d’une immense force mentale ? Andrea se retrouve au milieu d’un jeu de dupes qu’elle met longtemps à percer et va devoir affronter ses propres démons, et pas forcément invisibles pour le coup. Toujours aussi charismatique et aussi nuancée, l’enquêtrice touche à la fois par sa force de caractère et par ses blessures, qu’elles soient anciennes ou beaucoup plus récentes. Adam-Troy Castro confirme encore une fois son talent incroyable pour saisir toutes les contradictions de cette héroïne haute en couleurs qui, pourtant, ne serait pas grand-chose sans ses compagnons, les Porrinyards, de loin la meilleure invention de l’américain pour ce cycle science-fictif qui n’en manque pourtant pas. Cette fois, Adam-Troy Castro va jouer avec les caractéristiques uniques du couple d’inseps pour permettre de tordre la narration en la scindant puis en la réunissant, à la fois pour donner au lecteur l’impression de participer au conglomérat humain que sont les Porrinyards (et ainsi de mieux comprendre ce qu’ils perçoivent eux-mêmes) mais aussi pour déployer des lignes narratives plus amples et plus souples qui lui permettent de suivre des évènements distants de plusieurs centaines de kilomètres avec une efficacité remarquable. Les deux autres personnages principaux de La Guerre des Marionnettes auront également un grand rôle à jouer dans cette histoire d’apocalypse planétaire. D’un côté Tara Fox, une mystérieuse assistante et épouse d’un homme non moins mystérieux à la recherche de leur fille disparue, Merin. De l’autre, Ch’tpok, fille adoptive d’un extraterrestre de la race Riirgaannienne sous le coup d’une punition unique dans l’histoire de cette race sentiente. Toutes les deux seront des éléments-clés à la fois pour l’intrigue mais aussi pour le développement d’Andrea Cort elle-même…



La Vérité en face

L’une des principales qualités du cycle imaginé par Adam-Troy Castro, c’est de parvenir à faire évoluer son personnage principal au gré des confrontations/épreuves/énigmes qu’elle doit surmonter… et La Guerre des Marionnettes ne fait pas exception. Ce qui étonne par contre, et on n’avait déjà commencé à l’entrevoir avec le premier texte de ce volume, c’est à quel point l’américain peut assumer une noirceur totale sans portant s’y étouffer. Car si La Guerre des Marionnettes est un récit sombre et terrible par moment, il sait aussi doser une certaine forme d’humour et rythmer une aventure qui ressemble moins à une enquête qu’à une partie d’échecs entre les deux grandes factions rivales qui se disputent le destin de la Galaxie à son insu. Au milieu, la race des Vlhanis s’avère une formidable trouvaille, à la fois étrange et inquiétante, qui permet à Adam-Troy Castro d’explorer les problèmes de communications inter-espèces comme il l’avait déjà fait dans Émissaires des Morts.

Cette fois, le but n’est pas tant de résoudre une enquête que de stopper une Apocalypse annoncée. Revient alors la notion de sacrifice qui irrigue à la fois la race des IAs-sources et Andrea Cort, sans parler, dans un certain sens, des Vlhanis. Que sont prêts à sacrifier les différents partis en présence pour sauver les leurs ? La notion du choix et de la compréhension de ce que ce choix implique reste donc au centre des questionnements de ce roman bourré de surprises. La vérité finale, celle qui fait mal, sera d’autant plus difficile pour Andrea et les autres, questionnant à la fois le manichéisme apparent de la situation initiale et les possibilités qui s’offrent pour les uns et les autres.

Mine de rien, Adam-Troy Castro, pour qui l’enfer est définitivement pavé de bonnes intentions, parvient à construire une fin qui n’est ni joyeuse ni mauvaise. Une chose que viendra confirmer la nouvelle « La Cachette » qui clôt l’ouvrage.



Ce qu’il en coûte

Occupant une part non négligeable des trois histoires de La Guerre des Marionnettes, la notion d’amour et d’union trouve sa pleine expression dans « La Cachette ». Andrea Cort, peu après les évènements sur Vlhan, est appelée par une ancienne collègue et amie pour démêler une histoire de meurtre dans laquelle un trio d’inseps a tué un quatrième homme. Peut-on considérer les trois « individus » coupables ou pas ? Si cette question semble être le point de mire de la nouvelle, c’est rapidement vers ce qu’implique l’union entre les différentes parties d’un inseps que se tourne la réflexion d’Adam-Troy Castro. De nouveau, on retrouve ici une vraie interrogation sur ce que l’on laisse si l’on choisit de s’unir à l’autre de façon aussi radicale que le permet la technologie des inseps. Ce que l’on laisse…et ce que l’on apporte aussi. Car un couple va toujours dans les deux sens. L’américain se sert de son enquête comme d’un prétexte pour explorer les doutes qui rongent notre Procureure favorite et termine son récit par une scène de fin aussi humaine que poignante où tout semble encore à (re)faire. Parvenu à la fin de ce nouveau pavé, force est de constater que la force narrative et l’imagination débordante d’Adam-Troy Castro sont intactes.

L’équilibre trouvé entre science-fiction old-school et polar noir, exploration de l’intime et aventure à l’échelle galactique, foisonnement de races étranges et humanité profonde des personnages, tout cela semble faire du cycle d’Andrea Cort une franche et grande réussite pour le genre. Tellement qu’on se prend, un jour, à espérer une suite…



Dense, parfaitement narré et rythmé, intelligent et porté par une noirceur inattendue, La Guerre des Marionnettes marque le point d’orgue d’un cycle foisonnant et passionnant. Grâce à son personnage principal tout en nuances et à ses races extra-terrestres brillamment imaginées, le cycle d’Andrea Cort risque bien de devenir un incontournable de la science-fiction pour ceux qui aiment mêler aventure et réflexion.




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Andrea Cort, tome 1 : Emissaires des morts

Albin Michel Imaginaire débute l’année 2021 (pandémie Covid-19 oblige, puisqu’il me semble que cet ouvrage était censé paraître fin 2020) en grande pompe avec un imposant ouvrage (plus de 700 pages) d’un auteur non connu pour le moment, Adam-Troy Castro, avec ses Émissaires des morts.



Construction éditoriale

Dès la préface, Gilles Dumay (l’éditeur) prévient : l’univers peut être un peu pesant, peut-être vaut-il mieux picorer pour entrer dedans. Et pourtant, c’est un très bon choix de publier le cycle d’Andrea Cort de cette façon ; en effet, le roman Émissaires des morts est le premier d’une trilogie (La Troisième griffe de Dieu en juin 2021, toujours chez Albin Michel Imaginaire, et La Guerre des Marionnettes sûrement ensuite), mais il a surtout été complété (après coup) par des nouvelles ou novellas dont l’action se situe avant. D’où l’importance, à mon sens, de lire dans l’ordre proposé par l’éditeur français, afin de tout se faire selon la vie d’Andrea Cort, et c’est qu’elle en a une complexe ! Dans tous les cas, ces différentes publications prennent place dans notre futur éloigné, à un moment où l’humanité « homo sapiens », les Homsap, s’est constitué en un Système mercantile guidé par le très bureaucratique Corps diplomatique, dont Andrea Cort est une magistrate, puisqu’elle a le titre d’enquêtrice judiciaire et de représentante du Procureur général.



Novellas introductives

Dans « Avec du sang sur les mains », les Zinns, un peuple au crépuscule de son existence mais bien plus avancé que les Homo Sapiens, proposent un important échange commercial contre la possibilité d’héberger Simon Farr, un criminel multirécidiviste. Cet accord donne lieu à des rencontres d’ambassadeurs auxquelles Andrea Cort participe. Dès le départ, la condition de l’enquêtrice pose problème : enfant, elle a échappé (et participé !) à un génocide sur la planète où elle vivait, depuis elle est la propriété du Corps diplomatique et travaille donc à son service exclusif. Or, dans cette affaire, elle est débutante, son avis est peu pris en compte alors même que les indices sont criants de mystère dans cet accord si original.

Avec « Une défense infaillible », une ancienne collègue d’Andrea Cort, Tasha Coombs est en fâcheuse posture qui travaillait sur des fuites d’informations sensibles à résorber. Texte peut-être moins marquant que les autres, il permet de mettre en place les techniques d’investigation d’Andrea Cort afin de confondre l’espion dissimulé dans les rangs du Corps diplomatique : enchaînement des entretiens de plus en plus fouillés et psychologiques, confrontation avec l’environnement et notamment des représentants de d’autres espèces si besoin, mise en lumière d’un outil technologique, ici l’auto-conditionnement afin de préserver son propre esprit face à une corruption extérieure.

La novella la plus percutante est sûrement « Les lâches n’ont pas de secret », où Andrea Cort se voit assigner la mission de régler, sur la planète Caithiriin, l’application de la peine de Griff Varrick, attaché local du Corps diplomatique ; elle est son dernier recours avant d’être confié à l’espèce des Caiths, avec une horrible mise à mort en perspective. Or, si son crime semble avéré, il conteste la peine et cherche à obtenir un droit local, l’annihilation par un implant de toute velléité criminelle. Andrea Cort est confrontée aux autres strates du Corps diplomatique, à commencer par l’ambassadrice qui voit d’un mauvais œil l’enquête trop poussée de la représentante du Procureur général. La vie sur cette planète n’est pas aussi développé que dans d’autres récits de cet ouvrage, mais Andrea Cort s’attache à nouveau à comprendre au maximum, dans les moindres détails, tous les acteurs de ce huis-clos : des envies du criminel aux manigances des dirigeants, en passant par la politique judiciaire des autochtones et les changements géopolitiques qu’entraîne chacune de ses décisions. Là, en l’occurrence, et en faisant toujours plein de parallèles très intéressants avec notre société (sa gestion des prisons, des peines pour viol, meurtre, etc.), elle va devoir comprendre au plus vite pourquoi ce contrôle des pulsions criminelles semble si compliqué à obtenir pour cet homsap.

Enfin, les « Démons invisibles » d’Andrea Cort s’affirment davantage dans cette quatrième novella, quand elle doit se rendre sur Catarkhus (le nom n’est pas choisi au hasard…) pour démêler une affaire fondée sur les atrocités d’Emil Sandburg, homsap de la délégation du Corps diplomatique qui a assassiné plusieurs autochtones de cette planète où se trouvent stationnées plusieurs espèces différentes. Mais voilà, est-ce que les autochtones, ces Catarkhiens, représentent une espèce sentiente ? car s’ils réagissent à divers stimuli et qu’ils s’organisent en immenses ruches, ils ne semblent ni voir, ni entendre, ni ressentir quoi que ce soit vis-à-vis de leurs voisins. À vouloir comprendre la monstruosité de l’accusé, Andrea Cort analyse surtout la sienne jusque dans la plaidoirie qui doit conclure sa visite judiciaire.



Enquête au fin fond de la galaxie

Dans le roman Émissaires des morts, Andrea Cort est dépêchée en catastrophe sur un monde-artefact, Un Un Un, cylindre créé par des intelligences artificielles qui sont à la fois créatrices de ses habitants et hôtes de la colonie homsap qui a été autorisée à venir les observer. Andrea Cort a été expressément dépêchée pour régler deux meurtres survenus sur ce monde de poche, mais avec un objectif de ses supérieurs : trouver un coupable qui ne soit pas les intelligences artificielles elles-mêmes afin d’éviter tout incident diplomatique. Cet habitat est particulièrement inapproprié pour les homsap, mais les Brachiens ont donc eux été créés pour y être parfaitement acclimatés. Toutefois, ils semblent avoir une conception de la Vie et de la Mort différentes de celle des homsap, ce qui fragilise leurs échanges. Dans Émissaires des morts, chaque aspect de l’enquête est particulièrement développé ; chaque entretien donne à comprendre tant et tant de l’organisation très hiérarchique du Système mercantile, chaque entrevue avec les intelligences artificielles nous éclaire sur la prétendue unicité de ce groupe, chaque moment de repos fait réfléchir Andrea Cort sur sa propre condition de « monstre » et d’« esclave au service du Corps diplomatique ». Bref, le roman en lui-même est touffu, mais lire les novellas précédemment aide grandement à s’habituer à l’esprit très tortueux de l’héroïne…



Émissaires des morts, le roman accompagné de nouvelles sur le même personnage, recèle donc d’éléments diablement intéressants. C’est une vision du space opera à la fois complexe prise dans son ensemble et simplement concrète dans chaque aspect travaillé de la vie quotidienne. L'ensemble peut paraître pesant dès qu'on parle de génocide, mais cela donne surtout lieu à de belles réflexions sur les sociétés humaines. Vivement que les romans suivants arrivent en version française, car Andrea Cort vaut le détour !



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Andrea Cort, tome 2 : La troisième griffe de ..

Ce second tome de la série propose un roman et une nouvelle.



1. le roman



Nous retrouvons Andrea Cort, l’ancienne avocate du Corps diplomatique, accompagnée des Inseps Oscin et Skye (deux corps qui partagent le même esprit). Officiant maintenant pour les IA, Andrea a été invitée par le chef de l’influente famille Bettelhine à venir sur sa planète Xana, sans qu’elle en connaisse la raison. Or les Bettelhine sont plus puissants que la Confédération homsap — les États d’êtres humains — et surtout ils ont fait fortune grâce aux armes qu’ils inventent et qu’ils vendent à tous ceux qui les réclament.



Dès son arrivée sur la station spatiale Indolente, point d’accès en orbite autour de Xana, Andrea est la cible d’une tentative d’attentat. L’assassin s’est servi d’une « griffe de dieu », arme mortelle utilisée seize mille ans plus tôt par la race des K’centowtens. Attendue sur la planète, Andrea est conviée par un binôme de frère et sœur Bettelhine à ne pas prendre l’ascenseur spatial destiné au tout-venant, mais plutôt le carrosse royal, engin luxueux que la famille réserve à ses invités. Peu de temps après le départ, le carrosse qui transporte une quinzaine de personnes arrête inexplicablement sa descente et un des voyageurs est assassiné avec une autre griffe de dieu…



Andrea, rompue aux enquêtes délicates et bénéficiant d’un statut à part, mène les investigations dans ce huis clos alors que les communications sont coupées avec l’extérieur. Le roman a été comparé à certains livres d’Agatha Christie, et effectivement on y retrouve des éléments typiques : presque tout le monde est un potentiel suspect, de nombreux personnages cachent un passé honteux, et l’enquêtrice avance au fil de déductions parsemées dans le récit… Mais à cela s’ajoute la personnalité si particulière d’Andrea Cort, marquée par une enfance où, à huit ans, elle a participé à une folie collective dégénérant en génocide, puis elle fut enfermée et éduquée par le Corps diplomatique qui l’a asservie pendant des années (rappelons que dans l’univers créé par Adam-Troy Castro, des humains doivent des décennies de services à des compagnies ou au Corps diplomatique, quand ils ne sont pas tout simplement la propriété de ces organisations). Devenue une femme revêche, Andrea a évolué au fil des nouvelles et des romans, jusqu’à sa rencontre avec les Inseps Oscin et Skye qui semblent l’adoucir un peu. Un tout petit peu, n’exagérons rien.



Même si l’essentiel du roman se déroule dans le carrosse royal arrêté au-dessus de Xana, l’auteur continue à nous faire découvrir un univers sombre, où sont inventées des armes si effroyables que les Bettelhine eux-mêmes se refusent à les vendre, où des gourous lancent la destruction de planètes entières, et où l’esprit humain peut être manipulé grâce à des technologies qui permettent un esclavage mental.



Même si l’enquête est gérée de manière relativement classique, nous découvrons d’autres facettes de cette galaxie où les relations entre les États et les compagnies comme celle des Bettelhine sont complexes, et où les IA — présents bien avant la civilisation humaine — mènent leurs propres luttes (cf. conclusion d’Émissaires des Morts). Le récit s’aventure vers des liens complexes au sein de la famille Bettelhine, non seulement maîtres de la planète Xana, mais aussi acteurs de poids dans cet univers.



L’ensemble est un roman qui mêle avec brio une « enquête à la Agatha Christie » et un cadre de space opera sombre, fascinant par l’équilibre des pouvoirs en jeu, et inquiétant par les technologies développées.



Pour chipoter (parce qu’il m’arrive de chipoter), j’ai trouvé dommage que l’auteur cache au lecteur des informations connues du narrateur (le personnage qui nous parle) : c’est une ficelle maladroite parfois utilisée dans les romans policiers où l’inspecteur nous dit qu’il a deviné quelque chose, sans nous dire ce que c’est parce-qu’il-faut-ménager-le-suspens. Il n’en reste pas moins qu’on est impatient de découvrir la solution, comme tout bon polar qui se respecte, solution qui aura un impact sur Andrea.



2. la nouvelle :



Un an après les événements décrits dans le roman, Draïken, personnage évoluant sous couverture, surveille Andrea. Mais il se fait repérer par celle-ci et les Inseps Oscin et Skye. Cette nouvelle d’environ 60 pages est mouvementée, et introduit un nouvel acteur dans la série, dont le passé le pousse à pourchasser ceux qui manipulent mentalement. L’éditeur nous indique que l’auteur a depuis écrit d’autres nouvelles où il apparaît, et j’ai très envie de connaître la suite des histoires de Draïken, et de savoir dans quelle mesure il influencera la quête d’Andrea !


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Andrea Cort, tome 1 : Emissaires des morts

Andrea Cort est une avocate du futur, propriété du Corps Diplomatique qui l'envoie de planète en planète s'assurer que les humains meurtriers d'un membre d'une autre espèce bénéficient d'un juste respect des lois, même si celles-ci impliquent la peine de mort. Dans une autre mission d'importance que nous découvrirons, son employeur lui demande de démasquer l'assassin. Revêche aux relations humaines, elle ressasse le génocide qui a marqué son enfance et auquel elle a participé, ainsi que sa jeunesse en prison. Un personnage a priori antipathique et froid, mais qui dévoile peu à peu au lecteur une grande intelligence et une sensibilité.



Ce premier tome en VF, publié début 2021, regroupe quatre nouvelles et un roman retraçant les enquêtes de l'héroïne. Ma critique suit l'ordre choisi par l'éditeur, et le plus gros morceau est pour la fin !



1. Les nouvelles :



Avec du sang sur les mains (With Unclean Hands, 2011) : ma première rencontre avec Andrea Cort, et coup de coeur ! L'avocate est chargée d'accompagner un criminel humain « offert » en échange de connaissances à une espèce pacifique en voie d'extinction, mais très avancée technologiquement. Andrea enquête pour comprendre le surprenant intérêt des Zinn pour cet assassin. Au-delà de la variation sur le thème des différences culturelles, ou plutôt ici des différences psychologiques entre espèces intelligentes, j'ai été impressionnée par la capacité de l'auteur à nous émouvoir pour une enfant si différente de nous. Les « sacs » qui gonflent, se dégonflent ou perdent du sang sont une magnifique allégorie des sentiments.



Une défense infaillible (Tasha's Fail-Safe, 2015) : Andrea est appelée à la rescousse suite à la tentative de meurtre contre une collègue qu'elle n'apprécie guère (mais qui apprécie-t-elle ?), Tasha Coombs. C'est l'occasion de découvrir Nouvelle Londres, le monde-cylindre où elle vit et travaille, ses rapports avec son supérieur qu'elle déteste, des détails sur les technologies de ce futur et leur utilisation. Andrea est une personnalité complexe de plus en plus intéressante, qui maîtrise l'art des enquêtes fouillées et des interrogatoires.



Les lâches n'ont pas de secret, (The Coward's Option, 2016) : Andrea est envoyée sur une planète glacée et inhospitalière pour s'assurer qu'un meurtrier humain, l'image même du « pauvre type », a été correctement jugé selon les lois, alors qu'il est condamné à mort par l'espèce indigène intelligente mais méprisante envers les humains. le sadisme des Caiths atteint une échelle très élevée ! le court récit est dense et offre beaucoup de surprises. Une plongée dans les arcanes juridiques de cet univers, accompagnée d'une réflexion sur les dérives possibles des moyens de contrôle des esprits déviants.



Démons invisibles (Unseen Demons, 2002) : Andrea se rend sur une planète où un humain a torturé et massacré des représentants de l'espèce locale. Problème ? Les Catarkhans sont incapables de communication avec les autres, au point de ne pas se rendre compte de la présence d'étrangers sur leur planète. Dans ce cadre, comment leur demander de constituer un jury et de désigner un juge pour traiter l'affaire ? Découverte d'une espèce étrange qu'on a envie de protéger en dépit de son indifférence, cette nouvelle explore aussi les limites de lois qui ne peuvent s'appliquer à tous les êtres intelligents si ces derniers vivent dans un univers qui leur est propre et auquel nous n'avons pas accès. La justification finale du titre suggère des perspectives vertigineuses.



2. le roman :



Émissaires des morts, (Emissaries from the Dead, 2008) : suite des nouvelles précédentes, Andrea rejoint une mission sur – ou plutôt dans — un monde créé par les IA (Intelligences Artificielles), qui y ont même façonné une espèce intelligente : les Brachiens, proches de grands singes mais plus évolués, et se déplaçant dans des branches au-dessus d'une mer acide qui condamne à mort quiconque tombe. Au milieu d'une nature étrange où les repères habituels sont remis en cause, une femme humaine a été tuée. À son arrivée, Andrea apprend qu'un deuxième meurtre a été commis, mais pour des raisons politiques elle reçoit l'ordre de ne pas désigner les suspects les plus évidents, à savoir les IA. Car dans le Corps Diplomatique auquel appartient Andrea, la politique écrase parfois la justice, et les IA sont une « espèce » à part entière qu'il convient de ménager dans l'univers créé par l'auteur.



En parallèle de l'enquête sur les crimes, Andrea s'interroge sur le comportement des IA : pourquoi ont-ils révélé aux autres espèces intelligentes l'existence de ce monde — en réalité une immense construction qui protège des vies artificiellement créées — alors qu'elles auraient pu le cacher indéfiniment, tout en refusant la présence d'une vraie ambassade ?



Ce roman met encore plus en lumière ce qu'on ressentait à la lecture des nouvelles précédentes : un mélange de Space-Opera très inventif mêlé à des enquêtes poussées, une imagination débordante de l'auteur pour nous offrir des mondes et des espèces fascinants, un sens du dialogue qui confine parfois à la boxe entre deux protagonistes, des personnages divers et hauts en couleur, sans compter un scénario qui n'est pas cousu de fil blanc mais reste cohérent. Et c'est un grand plaisir d'avoir une héroïne qui possède une grande part d'ombre, à cause de son enfance, et qui peu à peu évolue. Andrea bénéficie d'une grande intelligence, une capacité de déduction hors norme, et, malgré sa misanthropie, elle apparaît plus humaine que maints de ses congénères.



Ce huis clos de l'espace est très addictif grâce à l'enquête dont le lecteur veut connaître le fin mot, tout en proposant des réflexions sur un futur avec des systèmes politiques qui offrent peu voire pas de libertés et qui sont pilotés par des entreprises, à tel point que les années se comptent en « système mercantile ». Dans ce contexte, les comportements humains sont poussés par des besoins basiques : survivre et durer. Une certaine vision de l'évolution de la civilisation qui déshumaniserait.



Andrea poursuit sa quête personnelle entamée lors de la dernière nouvelle : retrouver les Démons Invisibles. C'est la seule petite critique que je ferais à l'auteur : tenter d'expliquer l'inexplicable, parce que nous refusons d'admettre que la folie peut s'emparer des hommes… sans qu'ils aient besoin d'être poussés par des forces extérieures. Mais je chipote !



Des nouvelles et un roman hautement recommandables, et je suis ravie d'avoir découvert cet auteur.


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Andrea Cort, tome 2 : La troisième griffe de ..

L’année dernière, Albin Michel Imaginaire s’est lancé dans la traduction d’un auteur américain quasi-inconnu dans l’Hexagone : Adam-Troy Castro.

Avec Émissaires des morts, un énorme volume de 720 pages comprenant un roman et quatre nouvelles, le public français a pu faire la connaissance d’une enquêtrice de la Confédération homsap (comprendre Homo Sapiens) du nom d’Andrea Cort. C’es ce personnage qui constitue le fil rouge de l’univers créé par l’américain et qui revient pour une nouvelle salve d’aventures avec La Troisième Griffe de Dieu qui regroupe le second roman du cycle et une longue nouvelle intitulée Un Coup de Poignard.

L’occasion de se replonger dans cette galaxie impitoyable et pleine de surprises guidée par la « Procureure extraordinaire pour le Corps Diplomatique de la Confédération homsap »…en personne !



Xana-Express

On ne change pas une équipe qui marche.

C’est un peu le mot d’ordre de ce second roman puisque La Troisième Griffe de Dieu reprend tous les mécanismes de son prédécesseur, à commencer par une enquête policière qui n’a pas grand chose d’originale dans sa structure narrative.

Cette fois, Andrea Cort se retrouve sur Xana, une planète contrôlée par la famille Bettelhine, des marchands d’armes intergalactiques dont l’Empire rivalise de puissance avec la Confédération homsap elle-même.

Évidemment, les Bettelhine sont loin d’être des saints et festoient sur les restes calcinés des planètes qu’ils contribuent à détruire, vendant des armes toutes plus terribles que les autres aux quatre coins de la galaxie.

Invitée par le patriarche de la famille en personne, un certain Hans Bettelhine, Andrea Cort n’a pas grande idée de ce qu’elle fait là. Mais voilà qu’à peine arrivée au port orbital, deux assassins se jettent sur elle armés d’une arme que l’on avait pas vu depuis des milliers d’années : une Griffe de Dieu.

Embarquée à bord du « Carrosse Royal », un ascenseur spatial de luxe de la famille Bettelhine, un nouveau meurtre survient et les quinze survivants sont bloqués dans le vide spatial tandis qu’Andrea se met au travail : qui est l’assassin parmi eux ?

Comme on le constate à la lecture de ce postulat de départ, La Troisième Griffe de Dieu a bien du mal à cacher au lecteur son classicisme absolue qui lorgne de façon évidente vers du Agatha Christie — on pense immédiatement au Crime de l’Orient Express — et qui va d’ailleurs suivre un parcours identique sur la façon de résoudre l’énigme. L’issue, elle, ne sera heureusement pas du tout la même.

Andrea Cort va donc trier les hypothèses, passer les suspects en revue pour raccrocher les wagons, interroger un par un les passagers (ou presque) et terminer, dans la grande tradition des récits d’Hercule Poirot, par une exposition méticuleuse et suffisante de la solution au problème.

L’amateur de polar traditionnel sera ravi, d’autant plus qu’il faut bien l’avouer, Adam-Troy Castro possède un don évident pour ce genre d’exercice de style qu’il avait déjà exploité dans le précédent roman.

Mais cela peut-il suffire à transformer La Troisième Griffe de Dieu en un ouvrage de science-fiction recommandable ?



Tout l’Univers

Comme toujours, la réponse est à chercher autour de cette enquête principale à la trajectoire rigide et cliché. Adam-Troy Castro se sert de l’enquête d’Andrea Cort pour étoffer de manière impressionnante son univers et lui donner une épaisseur toujours plus importante. On pénètre ainsi les rouages de la famille Bettelhine et leur sale petit business construit sur le massacre de masse intergalactique. L’américain explore toujours plus avant les recoins sombres de la galaxie humaine, laissant à l’écart cette fois les nombreuses races extra-terrestres pour en faire un objet de décorum et se concentrer sur des problématiques éminemment humaines, à savoir la responsabilité, la morale, le libre-arbitre et le poids des origines.

Petit à petit, Andrea Cort va recoller les morceaux que lui offrent chacun des témoins. Ce sera l’occasion pour le lecteur d’en savoir davantage sur certains évènements tragiques de l’histoire galactique, de l’œuvre génocidaire de Magrison et de sa Fugue en passant par le destin tragique de Deriflys dévasté par les Bettelhine (de façon indirecte) sans oublier le drôle de jeu des IA-Sources dont les objectifs mystérieux continuent de briser moult existences.

L’enrichissement de l’univers devient l’un des moteurs fondamentaux de l’intrigue et l’on avance dans le roman autant pour découvrir l’identité de l’assassin que pour en apprendre davantage sur cette galaxie décidément impitoyable et ronger par un capitalisme débridé cette fois au service des armes et de la destruction de masse.



Le bruit des armes

Profitant de son unité de lieu et de temps, remplaçant le train par l’ascenseur spatial et les coups de couteaux par des coups de griffes, Adam-Troy Castro s’intéresse au fond aux implications morale des personnes impliquées de près ou de loin dans le sinistre commerce des Bettelhine. Réflexion sur le Diable lui-même, lui donnant une certaine morale (comme l’auto-limitation pour éviter de scier la branche sur laquelle ils sont assis) et des règles compréhensibles (mais diaboliques, forcément), Adam-Troy Castro donne à réfléchir sur la notion de « mal nécessaire ». De même, peut-on laisser un libre-arbitre total à des personnes qui seraient capables de mettre en danger un tel numéro d’équilibriste mortel ? Et surtout, où doit-on positionner le curseur moral sur les mesures de rétorsions à prendre ? Peut-on se dire justicier quand on utilise des méthodes qui ne différent en rien de celles utilisées par ceux que l’on considère comme le Mal ?

On le voit bien ici, ce sont les considérations morales qui l’emportent finalement sur le simple exercice de style policier, profitant de l’occasion pour creuser toujours et encore plus le personnage d’Andrea Cort.

Narratrice de l’aventure, elle représente certainement l’un des maîtres atouts d’Adam-Troy Castro qui déploie un formidable talent pour la nuancer et l’incarner, entre sa façade de « garce froide » et ses nombreux doutes liés à ses origines et son traumatisme originel désormais archi-connu. Sa relation avec les Porrinyard continue d’ailleurs de passionner, confirmant que le concept d’« inseps » (deux individus fondus en une seule entité) reste l’une des meilleures trouvailles de l’auteur.

Pour finir, Adam-Troy Castro réserve quelques surprises de taille à son lecteur et parachève une nouvelle plongée passionnante dans son univers qui recycle les poncifs du roman policier pour offrir au lecteur un univers toujours plus fouillé et dense.



D’une efficacité redoutable malgré le classicisme de son intrigue à la Agatha Christie, La Troisième Griffe de Dieu se paye le luxe d’étoffer un univers déjà particulièrement dense pour en discuter les implications morales et humaines.

Andrea Cort s’affirme comme l’un des personnages de science-fiction les plus intéressants de ces dernières années et l’on espère sincèrement la retrouver pour de nouvelles enquêtes dans un troisième volume aussi réussi que celui-ci.
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Andrea Cort, tome 3 : La guerre des marionn..

Et c’est parti pour le dernier tome des aventures d’Andrea Cort, composé de deux nouvelles et d’un roman, dans un univers Space-Opera où plusieurs espèces sapientes cohabitent.



Les lames qui sculptent les marionnettes : pour commencer, l’éditeur nous propose une nouvelle qui se déroule juste avant le roman. On n’y croise pas Andrea, mais deux personnages rencontrés lors du roman précédent, Jason et Jelaine. C’est l’occasion de découvrir ce qui est arrivé au jeune homme pendant sa longue disparition, et surtout on entrevoit les Vlhanis — les « marionnettes » – peuple qu’on connaîtra mieux lors du roman. Récit sombre et prenant — le soin apporté au protagoniste-narrateur est à souligner — avec une conclusion qui incite à se jeter sur le roman qui suit ! Précisons toutefois que ce n’est pas seulement une nouvelle d’introduction au roman : elle offre une histoire complète et marquante, dans la veine d’une série sombre.



La cachette : une dernière nouvelle pour clore le tome. Je vous en parle maintenant, pour ensuite prendre le temps de commenter le roman. Dans une tonalité encore une fois sombre (on est dans la série Andrea Cort, hein !), notre héroïne se retrouve face à une impasse juridique : un meurtre a été commis par un membre d’un inseps, avant la fusion de son esprit avec deux autres humains. Si on l’emprisonne, son esprit ne le sera pas tout à fait, puisqu’il sera présent dans sa plénitude dans les deux autres corps. Mais on ne peut pas emprisonner les deux autres non plus, qui ne sont pas coupables. L’auteur en profite pour décortiquer les mécanismes et les limites d’une des créations de son univers, à savoir ici les inseps, un seul esprit dans deux ou trois corps. Pertinent, avec toujours cette personnalité propre à Andrea Cort : un pessimisme mêlé à des remarques tranchantes.



La Guerre des marionnettes : Revoici Andrea Cort, procureure du Corps Diplomatique et agente secrète des IA-source (lisez les premiers tomes pour comprendre !). Ces IA-source l’envoient sur Vlhan sans lui en donner la raison. Accompagnée des inseps Skye et Oscin (deux êtres humains qui ont fusionné leur esprit), elle débarque juste avant le Ballet annuel, étrange rite où des Vlhanis se font massacrer après une danse. Depuis quelques années, des jeunes homsaps (humains) sont irrésistiblement attirés par ce Ballet et entament une longue transformation physique et psychique pour y participer, convaincus d’aider à la quête supposée des Vlhanis. Ces illuminés finissent tous découpés en rondelle.



Car les Vlhanis sont une espèce à part : ils sont formés de sphères d’où sortent des immenses lames, surnommées fouets, qui leur permettent de se déplacer et de communiquer. En effet, les « danses » des fouets dessinent des schémas encore mystérieux pour les autres espèces, qui, fascinées, cherchent à décrypter la promesse d’un nouveau savoir : les Vlhanis sont réputés très intelligents et suscitent une forte curiosité. Mais ces mêmes lames peuvent aussi trancher un corps.



Quand Andrea et ses amis débarqueront sur Vlhan, tout va partir en vrille.



Ce tome est captivant, la tension monte et on craint pour chacun des personnages, y compris les plus secondaires. L’auteur a un talent narratif indéniable, et ce récit ne manque pas d’actions, de rebondissements et de scènes dramatiques. Le destin de certains personnages secondaires est terrible tandis que d’autres s’enfoncent dans la médiocrité. Le lecteur assiste à une tragédie grecque, tant les acteurs ont eux-mêmes scellé leur funeste destin.



La narration interne — ici avec Andrea mais aussi Skye — nous permet d’entrer dans les méandres de l’esprit complexe d’Andrea, peu sociable mais qui a fortement évolué et qui n’est pas dénué de morale, au contraire. Et c’est bien son problème. On suit son cheminement, comme lors des tomes précédents, et on aimerait un peu d’espoir pour elle.



La conclusion critique en creux l’humanité. Ça m’a toujours amusée de constater que tant d’écrivains de SF pensent que les autres espèces sapientes seraient forcément plus sages ou plus rationnelles que nous, parti-pris lié au dégoût des massacres et guerres de notre Histoire. Jusqu’à preuve du contraire, les autres ont peut-être plus de carnages à leur passif (c’est facile pour moi d’écrire cette remarque : je doute d’être démentie dans un futur proche, à défaut d’un « premier contact » imminent).



Revenons aux Vlhanis et à leurs mystères. Toute la galaxie s’est mêlée du destin de cette espèce, à un moment ou à un autre. Ces marionnettes sont réellement le jouet des autres, et la planète devient le théâtre d’une lutte entre puissances alors que cette espèce ne se doute de rien. Quant à la conclusion de la saga, elle est très sombre (on est dans la série Andrea Cort, encore une fois), voire un brin défaitiste, mais logique et réussie.



Un très bon dernier tome de saga : sombre, palpitant, et une galerie de personnages marquants. Il semblerait toutefois que l’auteur puisse écrire encore d’autres textes dans cet univers, et ce serait une excellente nouvelle !


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Andrea Cort, tome 1 : Emissaires des morts

Ce roman figure au sommaire du volume L’Émissaire des morts publié par les éditions Albin Michel Imaginaire. Nous traiterons de façon séparé les 4 novella/nouvelles et le roman lui-même pour donner une vision la plus précise possible de l’œuvre publiée ici.

Pour débuter l’année 2021, les éditions Albin Michel Imaginaire ont décidé d’ouvrir le bal par la publication d’un pavé de 700 pages de l’auteur américain Adam-Troy Castro.

Si ce nom vous est inconnu, c’est que vous n’avez pas suivi les premières traductions en langue française de cet écrivain de science-fiction au sein de l’excellente revue Angle Mort. On se souvient notamment de la géniale Une brève histoire des formes à venir où l’auteur cause déjà d’un sujet qu’il affectionne particulièrement : comment communiquer avec des espèces qui ne nous ressemblent pas ?

Après avoir prolongé cette réflexion dans Démons Invisibles, le premier texte rattaché au cycle de la détective-diplomate Andrea Cort, l’américain se lance dans la forme longue avec Émissaires des Morts en reprenant la quasi-totalité des éléments mis en place dans le précédent texte. Voyons à présent comment Adam-Troy Castro compte se renouveler… ou pas !



Monde-cylindre

Tout débute par une réminiscence. Celle d’Andrea Cort, l’une des envoyées du Corps Diplomatique de la Confédération Humaine, qui se rappelle le jour où sa vie a basculé lorsque les deux communautés vivant sur la planète Bocai se sont entretuées…et qu’elle est devenue un monstre en y prenant part elle-même.

Rappel rapide du passé qui hante l’héroïne, le prologue enchaîne sur l’arrivée d’Andrea Cort au sein d’un monde artificiel construit par les IAs-Sources, cette forme de vie sentiente née de la rencontre d’une multitude de programmes intelligents émancipés/abandonnés par leurs civilisations progénitrices respectives. Un Un Un n’est pas vraiment fait pour accueillir la vie humaine, c’est le moins que l’on puisse dire.

Dans ce monde-cylindre aux dimensions colossales, les Frondaisons (sorte de réseaux d’arbres noueux et ultra-résistant) font office de plafond alors qu’un immense océan toxique recouvert d’une dense couche de nuages parcourue par des dragons (oui, des dragons, comme dans Game of Thrones) représente le plancher…pour autant qu’on puisse parler de plancher dans une telle situation. Des Frondaisons partent à intervalles réguliers d’immenses pylônes où s’attachent des soleils capables de simuler le cycle jour-nuit de l’habitat.

Outre le sense-of-wonder offert par l’auteur, le décor ainsi constitué possède quelque chose d’à la fois hautement fascinant… et terrifiant (surtout si l’on a le vertige). Pendu aux Frondaisons, deux éléments remarquables : une ville de corde en forme de hamac qui accueille la délégation humaine venue étudiée… les Brachiens, une espèce sentiente créée par les IAs-Sources au mépris de pas mal de règles éthiques intergalactiques. Du moins, de prime abord…

Car le cœur du problème ici n’est pas de savoir si les Brachiens sont doués d’intelligence ou pas (comme c’était le cas pour les Catarkhiens dans Démons Invisibles) mais d’élucider deux meurtres commis au sein de la délégation humaine. Comme précédemment, et devant le caractère sensible sur le plan diplomatique de l’affaire, c’est Andrea Cort que l’on envoie sur Un Un Un.

Une Andrea Cort toujours rongée par son passé et par ses crimes mais qui, cette fois, s’est trouvée un nouveau but : démasquer les Démons Invisibles qui ont conduit à la tuerie de Bocai, sa planète natale. Adam-Troy Castro troque donc la multiplicité des espèces de son précédent opus pour se recentrer sur deux races en particulier : les humains et les IA-Sources (qui n’occupaient auparavant qu’un rôle très secondaire). Un choix risqué d’autant plus que le roman nous rejoue un peu le même couplet narratif que précédemment.



Policier-Opera

En effet, Adam-Troy Castro choisit une nouvelle fois de camoufler son intrigue purement policière et les poncifs qui vont avec sous le dense feuillage des Frondaisons et du monde-cylindre des IAs-Sources. On retrouve donc les mécanismes du polar avec une enquêtrice torturée au passé trouble, des suspects plus moins suspects, des crimes à la mise en scène savamment étudiée (avec au moins une crucifixion dans le tas), des révélations tonitruantes et un compte-rendu exhaustif du pourquoi du comment en fin de récit. C’est là d’ailleurs l’autre gros défaut d’Émissaires des Morts qui prend souvent bien (trop) son temps pour décortiquer les évènements afin de ne pas perdre son lecteur. Ce côté sur-explicatif atteint son paroxysme dans un dernier chapitre où l’on sent qu’Adam-Troy Castro veut bien que le lecteur ait compris l’entièreté des rouages de son enquête. Agaçant même si l’on comprend le désir sous-jacent de rendre le roman accessible au plus grand nombre.

Passé ces deux réserves, le roman montre une efficacité redoutable pour enchaîner les péripéties et les révélations au cours de l’enquête d’Andrea Cort tout en profitant toujours au maximum des possibilités offertes par son décor science-fictif saisissant.

Émissaires des Morts ne serait-il donc qu’un divertissement destiné à rassembler lecteur de polar et de science-fiction sous une même bannière ?

Pas seulement. En réalité, et comme toujours, même si le roman reprend une trame classique et des poncifs que l’on connaît par cœur dans le genre du policier, c’est à nouveau par la roublardise de la réflexion philosophique et anthropologique menée qu’Adam-Troy Castro arrive à se hisser au-dessus de la masse, un peu à la façon des aventures de l’inquisiteur Nicolas Eymerich de Valerio Evangelisti.



Le choix d’être ensemble

Alors que Démons Invisibles mettait l’accent sur la question de la conscience de soi et la définition d’un être intelligent, Émissaires des Morts s’intéresse à la fois à la caractérisation du réel par l’intermédiaire des Brachiens — cette espèce arboricole à la lenteur exaspérante qui pense que les humains sont des morts et que seuls les Brachiens eux-mêmes sont en vie — mais aussi à l’altérité et à ce qui fait de nous des êtres capables d’agir selon notre libre-arbitre. Tout commence d’ailleurs par l’exploration de l’espace Confédéré humain lorsque la détective se penche sur le passé des victimes et des gens engagés par le Corps Diplomatique. On découvre que la Confédération n’a rien d’une entité homogène et que l’ultra-capitalisme fait des ravages sur nombre de planètes transformant les habitants en esclave-à-vie d’une façon ou d’une autre… et que le Corps Diplomatique ne promet pas grand chose de mieux que de changer de maître. Ce questionnement infuse par la suite dans la totalité du récit puisque l’on retrouve cette interrogation vis-à-vis de la responsabilité des IAs-Sources envers les Brachiens qu’ils ont créé (et Adam-Troy Castro va donc encore plus loin en mêlant le concept de Dieu-créateur dans sa problématique de propriété/esclavagisme). De même, les êtres conscients ne sont-ils pas tous esclave de la Vie, cette jalouse maîtresse qui ne cède sa place qu’à un maître plus tyrannique encore…la Mort !

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’un des meurtres prend l’apparence d’une crucifixion…

Reste alors que le récit passionne dès lors qu’il s’intéresse à notre perception du monde. Les Brachiens le perçoivent d’une façon radicalement différente du fait de leur mode d’existence ET de leur nature, les IAs-Sources d’une autre façon à cause de leur toute-puissance apparente, les humains enfin l’appréhendent avec toute la diversité que l’on connait à cette espèce turbulente.

La véritable force du récit se niche dans la capacité de l’écrivain américain à imbriquer ces éléments divers pour en faire un vaste puzzle sur la réflexion politique et philosophique de la possession de soi et de l’autre. Même les relations amoureuses entre Andrea et l’excellent personnage des Porrinyards prennent en compte cette facette pour retranscrire la difficulté d’être un ou plusieurs, de s’unir totalement ou de s’entredéchirer individuellement. Tout le problème posé par l’alliance entre deux individus ou deux milliards se retrouve dans la capacité à rassembler sur les opinions et les perspectives du réel que l’on affronte. Émissaires des Morts parle donc d’une certaine forme de communisme étouffant face à un capitalisme esclavagiste…à moins qu’une majorité impose ses vue à certaines minorités. En arrivant à rejoindre cette préoccupation politico-anthropologique avec celle du libre-arbitre puis à en extirper des conséquences philosophiques quant à la vie et à la mort, Adam-Troy Castro parvient à nouveau à faire la différence.



Outre son monde-cylindre fascinant, Émissaires des morts fait à nouveau le pari d’une enquête policière relativement banale pour se pencher sur des thématiques science-fictives, politiques et philosophiques passionnantes. Malgré sa tendance à sur-expliquer tout ce qu’il montre, Adam-Troy Castro offre à nouveau au lecteur une aventure passionnante et intelligente… à condition de ne pas avoir trop peur du vide !



(Retrouvez les critiques des 4 autres textes contenu dans ce recueil directement sur le site Justaword.fr)
Lien : https://justaword.fr/andrea-..
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Andrea Cort, tome 2 : La troisième griffe de ..

Andrea Cort, tome 2. Un roman et une nouvelle pour continuer à découvrir ce fascinant personnage. Et quoi de mieux qu’un huis clos spatial pour comprendre vraiment la personnalité des personnages ? C’est en tout cas ce qu’offre La troisième griffe de Dieu, un roman passionnant et bien ficelé, où les protagonistes sont coincés dans un ascenseur entre le port orbital Indolente et la surface de la planète Xana suite à un « incident technique ». Et la mort rôde, comme l’on dit souvent. Il faudra à Andrea Cort tout son célèbre esprit de déduction pour démêler l’écheveau complexe de cette intrigue aux multiples ramifications. Et tenter, ainsi, de sauver sa vie et celle de ceux qui, avec elle, restent suspendus à un fil.



Agatha Christie dans l’espace

Ce roman (paru en V.O. en 2009) a une facture extrêmement classique. À part pour l’introduction et la conclusion, nous sommes en plein huis clos. Un meurtre, plusieurs protagonistes et des inimitiés à n’en plus finir. Les ingrédients habituels des enquêtes policières auxquelles la célèbre autrice britannique et bien d’autres nous ont habitués. Andrea Cort et son/ses amant(s), Oscin et Skye Porrinyard, sont bloqués dans la cabine d’un ascenseur spatial reliant, donc, le port orbital Indolente à la surface de la planète Xana. Planète appartenant à la richissime famille Bettelhine, qui a bâti sa fortune et son influence sur le commerce d’armes de destruction en tous genres. Suite à un arrêt brutal et inexpliqué, tout ce petit monde se trouve enfermé dans l’espace, les volets clos, sans moyen de contact avec l’extérieur. Même la liaison privilégiée d’Andrea avec les IA semble interrompue. Ce qui est pour le moins surprenant : problème technique important ou volonté de ses nouvelles maîtresses de la laisser, comme souvent, parvenir à la solution par ses propres moyens ? En tout cas, Andrea se trouve donc de facto propulsée comme enquêtrice en chef dans ce lieu clos, alors qu’un premier décès survient peu après l’arrêt. Le compte à rebours est enclenché. Andrea parviendra-t-elle a éviter la poursuite des meurtres ? Et à découvrir le fin mot de l’histoire ?



Andrea Cort, toujours la même ?

Elle revient et elle n’est pas contente ! Euh… en fait, si. Plutôt. Pas totalement, mais, on part de loin avec elle. Grâce à la présence des Porrinyard, Andrea s’ouvre (un peu) aux autres. Elle en vient à laisser de côté ses habituelles rebuffades, ses réactions sèches et violentes qui lui ont valu son surnom de « garde ». Je ne dirai pas que l’on ne la reconnaît pas au début du récit, mais elle s’écarte du personnage abrupt auquel elle nous avait habitué. Heureusement, elle en est consciente, comme le signalent ses nombreuses remarques aux lecteurs, signalant ses différences de comportement. Et c’est tant mieux, car l’intérêt central de ce roman n’est pas l’intrigue, sympathique, mais prévisible, efficace, mais convenue. La pièce centrale de cet ouvrage, c’est encore le personnage d’Andrea Cort, qui doit gérer les nombreux changements intervenus voilà une année dans sa vie. Et ceux qui vont la frapper de plein fouet dans La troisième griffe de Dieu. Car Adam-Troy Castro, au fil de ses histoires mettant en scène son héroïne fait radicalement évoluer le personnage. Les changements qui la frappent ne sont pas juste cosmétiques, ils l’obligent à faire des choix réels qui ont une influence marquante sur son existence et la direction qu’elle prend.



Une critique du capitalisme

Même si ce n’est pas le propos principal de l’auteur, on ne peut s’empêcher de noter l’impressionnante salve contre les puissants qui profitent de leurs richesses pour asservir non seulement des personnes, mais aussi des pays, voire des mondes entiers. Tous les défauts de l’humanité sont multipliés avec l’agrandissement de la sphère d’influence humaine. La famille Bettelhine, à la fortune monstrueuse, et malgré quelques membres légèrement attachants, offre le parfait exemple du bloc de personnages que l’on aime détester. Adam-Troy Castro nous offre sur un plateau, de façon parfois un peu caricaturale, des querelles de pouvoir aux conséquences tellement gigantesques qu’elles en sont presque inimaginables. C’est peut-être un peu beaucoup, mais cela marque les esprits. Et augmente la force nécessaire à Andrea Cort pour résister à une telle puissance. Capital dans une affaire qui traite, entre autres, du libre arbitre et de nos possibilités ou non de réaliser des choix, de mener une vie « libre ».



Un coup de poignard (A Stab of the Knife, 2018)

Suite au roman La Troisième griffe de Dieu, qui date de 2009, l’éditeur a ajouté cette nouvelle mettant en scène à nouveau Andrea Cort et les Porrinyard, mais, surtout, un nouveau personnage, développé dans de nombreux autres récits, Draiken. D’ailleurs, cette fois-ci, l’histoire nous est narrée de son point de vue à lui. On découvre donc nos personnages habituels à travers les yeux d’un tiers. Amusant changement d’optique, qui ne suffit pas à rendre ce texte vraiment intéressant. Il vaut surtout pour la rencontre de deux mondes différents, procédé habituel dans les séries. Par contre, l’histoire est assez basique et manque souvent de rythme. Sa lecture n’est pas déplaisante, mais décevante par rapport au reste du cycle.



La troisième griffe de Dieu est un nouveau récit prenant et qu’il est difficile de lâcher une fois ouvert. Même si je l’ai trouvé moins puissant que le premier tome des aventures d’Andrea Cort, il reste néanmoins d’une grande efficacité et vaut largement le détour. Et donne vraiment envie de lire la suite de ce parcours original. Et là survient un problème : comme les ventes du premier tome, Émissaires des morts, sont à ce jour décevantes, l’éditeur risque de ne pas faire traduire La Guerre des Marionnettes, ultime volume de cette trilogie. Comme je ne lis pas en anglais, vous imaginez ma détresse. J’espère donc de tout cœur qu’un miracle va se produire et, qu’à l’occasion de la sortie de ce deuxième opus, les ventes du premier décolleront et nous permettront de suivre la fin des aventures d’Andrea Cort dans la langue de Molière dans des délais raisonnables. Elle le mérite… et nous aussi.
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Andrea Cort, tome 1 : Emissaires des morts

Dans le système pénal de la Confédération, le Corps diplomatique est représenté par deux groupes distincts, mais d'égale importance : les diplomates, des fainéants plein de vices, et le procureur, qui poursuit les criminels. Voici leur histoire.



Voici la nouveauté-vieillerie (les textes étant parus entre 2002 et 2016 en VO) de chez Albin Michel Imaginaire, un pavé de 720 pages par un auteur quasi inconnu sous nos latitudes. L'éditeur nous offre ici un joli cadeau car le livre se compose de 4 novellas et d'un roman pour quasi le même prix d'un bouquin grand format.

Le pitch est somme tout assez simple : un crime, une enquête et un coupable débusqué. Vu, re-vu et re-re-vu. Mais lorsque l'auteur a du talent, ça fonctionne et on en redemande et c'est exactement le cas ici.



Première chose qui m'a plu : l'univers. Ici l'espace est notre maison, nous avons fait la connaissance de pleins d'aliens plus ou moins sympathiques et lorsqu'un crime est commis entre les humains et un ET, on envoie un enquêteur pour éviter une guerre inter-espèces. Les aliens sont profondément autre, ce ne sont pas des humanoïdes déguisés comme bien souvent. Leur forme est étrange, leur comportement aussi, quand à comprendre leur fonctionnement... C'est une réussite totale de ce côté.

En outre, il n'est pas nécessaire d'être un amateur de SF pour apprécier, car l'univers est assez simple, sauf peut être pour le roman. Cerise sur le gâteau, chaque enquête est indépendante.



Deuxième chose qui m'a plu : Andrea Cort, l'enquêtrice. C'est franchement pas la personne qu'il faut invité dans une soirée, c'est une chambre froide. Elle n'hésite pas à dire ce qu'elle pense, surtout si c'est pour te rabrouer. Par contre, elle est très intelligente et arrive à se mettre à la place de l'autre, ce qui est un formidable atout avec des formes de vie incompréhensible de prime abord. Et elle a aussi un humour pince sans rire et une vision de l'humanité assez noire.

Bémol, elle est un peu trop tiraillée par le traumatisme de ses "démons invisibles", mais d'un autre côté, ce trouble passé - servant de fil rouge entre les textes - donne très envie de le découvrir.



Troisième chose qui m'a plu : l'intelligence du fond. Un excellent Whodunit, une anti héroïne charismatique et l'auteur se paye le luxe de traiter des sujets sans avoir l'air d'y toucher : racisme, libre arbitre, prédominance du Mal, esclavagisme... Cela m'a un peu fait penser à Scalzi - l'humour en moins - qui sous le divertissement, pose de réelles questions.

J'ai trouvé excellent le nom de la langue utilisé pour favoriser la communication : le mercantile, "La langue dominante du commerce et de la diplomatie des humains était un idiome aussi fruste que peu poétique, conçu pour ménager les susceptibilités de milliers de subcultures chicaneuses."

L'auteur a tout de même une dent contre les fonctionnaires et la bureaucratie, ce qui est parfois assez lassant...



Résultat : un excellent divertissement, intelligent et se lisant tout seul.

Bonne nouvelle, le tome 2 arrive bientôt suivi peut-être par un troisième.

Et si tu ne me crois pas, va lire la première enquête mis à disposition gratuitement par l'éditeur : Avec du sans sur les mains : https://www.albin-michel-imaginaire.fr/livre/avec-du-sang-sur-les-mains/
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Andrea Cort, tome 1 : Emissaires des morts

J’avais fait la connaissance d’Andrea Cort, enquêtrice pour le bureau du Procureur, dans « Avec du sang sur les mains« .



L’univers de cette novella, assez riche, m’avait donné envie de continuer l’aventure avec ce pavé de 700 pages.



Attention, ceci n’est pas une histoire entière !



Dans ce recueil, l’éditeur Albin Michel a eu la bonne idée de regrouper les différentes novellas qui avaient été publiées après "Émissaire des morts" (premier tome d’une trilogie).



Postérieurement, l’auteur avait écrit des novellas mettant en scène Andrea Cort, celles-ci se déroulant avant cette grande enquête.



Ainsi, le lecteur peut se familiariser avec l’univers, ainsi qu’avec le personnage assez froid et complexe d’Andrea, avant de plonger dans une plus grande histoire "Émissaire des morts".



De plus, dans ce recueil, l’éditeur a mis les novellas dans l’ordre chronologique de lecture. Une bonne idée qui empêchera les lecteurs de les lire dans le désordre (après, le lecteur fait ce qu’il veut et la lectrice aussi).



Nous sommes dans un futur où les voyages dans l’espace sont permis, où les Homsap (Homo sapiens) vivent sur d’autres planètes et où nous ne sommes pas seuls (Fox Mulder avait raison avant tout le monde).



Andrea Cort appartient au Corps diplomatique (et à vie, suite à son crime), c’est une magistrate, une enquêtrice judiciaire qui représente le Procureur général sur les planètes où elle est appelée.



Que les allergiques à la SF se tranquillisent, l’univers décrit par l’auteur reste facilement accessible, il suffit juste de faire marcher son imagination pour voir les autres peuples que nous allons croiser.



Comme toujours, nous avons beau être dans l’espace, l’Humain reste le même (une saloperie) et certains autres peuples n’ont rien à nous envier, bien que nous restions sur les plus hautes marches du podium, médaillés d’or en meurtres ou autres crasses que l’on peut faire.



Dans ces différentes enquêtes, ce n’est pas toujours sur un crime commis qu'Andrea doit faire la lumière. Nous sommes loin du colonel Moutarde, avec le pistolet laser dans le croiseur. La diplomatie doit être respectée, la politique est très présente et lorsqu’elle enquête, Andrea met souvent les pieds dans le plat.



Le côté psychologique des personnages est important, il joue un rôle prépondérant dans ses investigations (où elle "investigue" à fond). Ses entretiens avec différentes personnes sont toujours intéressants et empreint de profondeur. Bien des détails primordiaux se retrouvent dans ces conversations.



L’auteur nous a créé un personnage féminin qui n’a pas froid aux yeux, qui est misanthrope, asociale et précédée de sa réputation d’être un monstre. Bizarrement, on s’attache à elle facilement.



Ses blessures, elle arrive à les surmonter, à ne plus faire attention aux regards qu’on lui lance et au fil des histoires, on en apprendra plus sur elle, notamment sur le génocide qui entache son passé (deux peuples pacifiques se sont entretués, comme pris d’une folie subite).



Si l’écriture est assez simple (facile à aborder), le contenu des scénarios n’est en rien simpliste, que du contraire. Comme je l’ai dit, il y a de la profondeur dans les différentes novellas et on ne sait jamais comment cela va tourner, se terminer.



Bien souvent, alors que l’on pensait avoir affaire à une histoire sans importance, le diable, qui se cachait dans un détail, fait tout exploser et j’ai été surprise plusieurs fois, pour mon plus grand plaisir.



La plus grande histoire est une véritable enquête puisqu’il y a une disparition (vu la hauteur de la chute, la personne est morte et c’était un sabotage) et un meurtre par crucifixion. Là, c’est un véritable sac de nœud, surtout avec les IAs-sources (intelligences artificielles) qui ont créés le monde-artefact de Un Un Un et une partie de ses habitants (les Brachiens).



Très complexe, cette histoire va explorer plusieurs pistes avant de nous emmener vers la solution, qui ne sera pas des plus simples, comme nous le constaterons et qui en fera voir de toutes les couleurs à Andrea Cort. J’ai eu beau chercher, impossible de trouver la solution, même si, j’avais eu un soupçon et qu’il s’est révélé être bon.



Finalement, même dans l’espace, on rencontre les mêmes sujets de société que sur la Terre ferme… Les fonctionnaires qui ne foutent rien, la lenteur de l’administration, le sexisme, le racisme, le harcèlement sexuel sont, hélas, universels.



Les descriptions des mondes, des décors, des populations, sont riches, denses, importantes. Elles permettent de poser les bases de ce qui entoure Andrea Cort et d’emporter le lecteur dans l’espace.



Attention, tout cela est très épais, il est déconseillé de lire tout le pavé d’un coup. Vu la richesse de ce qui se trouve dans ses pages, j’ai pris mon temps, lisant une novellas tous les jours ou, entrecoupant ma lecture avec un autre roman, afin de profiter au maximum, sans rencontrer de lassitude.



Une chose est sûre, c’est que ce recueil est prenant, addictif et qu’il permet de se promener dans l’espace sans risque, en suivant Andrea Cort, sorte de Sherlock Holmes au féminin, le Watson en moins (et le lourd poids de son passé en plus) qui va devoir résoudre des mystères, des enquêtes, le tout sans se prendre les pieds dans le tapis, sans faire de faute diplomatique (oups) et sans suivre les ordres.



Un très bon roman qui mélange la SF, le roman policier, le thriller psychologique, les sujets de sociétés, le tout servi par des scénarios possédant de la profondeur.


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Avec du sang sur les mains

Voilà encore la preuve que la taille n’entre pas en ligne de compte avec la qualité du récit. Non, non, pas d’allusions sexuelles, ce n’est pas du tout mon genre (menteuse que je suis).



Andrea Cort a tout d’un Sherlock Holmes féminin, sauf qu’elle a du sang sur les mains, qu’elle se balade dans l’espace et qu’elle n’a pas un Watson à ses côtés.



Cette première enquête d’Andréa Cort nous fait découvrir son univers, sa personnalité hors du commun et sa manière de mener les enquêtes, même si dans la mission qu’on lui avait confiée, il n’y avait a priori, pas grand-chose à faire.



Andréa n’est pas une enquêtrice comme on en voit dans les autres romans policiers. Toute jeune, elle a assisté à un génocide où deux peuples se sont exterminés dans une rage folle et Andréa a été reconnue coupable de crime de guerre, puisqu’elle y a participé activement.



Ici, la science-fiction est reine et le polar est le prince consort, même s’il a un rôle important à jouer. Les deux se marient bien et ils virevoltent sans que l’une empêche l’autre de se déployer.



Bon, j’avais vu venir la couille dans le potage… Non pas qu’elle était flagrante, mais tout de même, je me doutais bien que ce qui me semblait anodin devait être important puisque le format court de cette novella interdit d’aller batifoler dans des choses futiles.



Ce qui a de bien avec ce format court, c’est qu’il permet à quelqu’un qui n’est pas familier avec les récits de SF de rentrer dans le genre sans s’investir dans une saga ou un pavé énorme.



Il permet de découvrir un autre univers, une nouvelle héroïne (anti-héroïne plutôt) et de se décider ensuite si ce sera "Stop" ou "Encore".



Pour moi, c’est décidé, ce sera encore !


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Andrea Cort, tome 2 : La troisième griffe de ..

Le crime du Carrosse Royal



Un meurtre, un huis clos, une enquêtrice. Pas de quoi se relever la nuit. Alors, qu'est-ce qui fait que je me suis relevé, moi ?



Rassure-toi, je n'ai pas la gastro et je préfère, car au vu des effets d'une griffe de Dieu, je n'aurai pas fait le fier. Une griffe des dieux, c'est une arme redoutable, ancestrale dont je vous laisse la surprise de découvrir ses effets et qui prend tout son sel avec un soupçon de torture sadique.



Une autre torture, c'est Andrea Cort, l'enquêtrice, une "garce insupportable" toujours désagréable même si la rencontre de l'amour a adouci ses angles. Mais les chiens ne font pas des chats, et replacer la dans un cadre idéal, un meurtre, et voilà que le caractère ressort... Toujours flanquée de sa paire d'inseps, un couple de fusionnés 3.0 qui est en fait une seule personne avec deux corps, dont on se demande comment ils font il fait pour ne pas prendre ses jambes à son cou.

Ce tome est l'occasion de comprendre un peu mieux la personnalité de tout ce petit monde et surtout leur évolution.



Agatha Christie est morte, vive Adam-Troy Castro !



N'étant plus de première fraîcheur, j'ai lu avec délectation de nombreux épisodes des aventures d'Hercule Poirot et Miss Marple. Las, depuis quelques années, l'autrice ne sort plus rien. Alors voici un Christie-like tout à fait recommandable et sûrement plus au goût du jour que les enquêtes de l'Anglaise. Voici donc un polar kicékilafait (copyright Apophis) qui se passe dans un univers SF qui n'est pas là que pour le décorum, comme avec le concept de servitude volontaire revue et corrigé 3.0 assez effrayant.

Les traditionnels interrogatoires dessinent cet univers futur, un monde injuste, la loi de l'offre et de la demande où seul le profit a le droit d'existence même s’il est synonyme de massacre ou de génocide.



Les marchands d'armes sont-ils de grands méchants ?



Non Monsieur, ce sont juste des entrepreneurs qui vendent leur produit comme les autres. Accuse-t-on les vendeurs de marmites de participer au génocide des homards ? Non. Alors pourquoi serait ce différent pour eux ? Ils ont une famille comme toi et moi, des enfants et pensent à leur avenir. Quant à embaucher des génocideurs talentueux : pourquoi les laisser aux mains des génies du Mal ? Pensez à ces pauvres scientifiques allemands orphelins qui ont pu être sauvés des griffes du Mal pour aider les grandes puissances ?

Toutes ces interrogations traversent le roman, sans étalement théorique, bien intégré dans l'intrigue.

Ici, les Bettelhines ne sont pas des hors-la-loi, ce sont eux la Loi. Une sorte d'entreprise multinationale multiplanétaire régnant sur ses sujets et façonnant le monde depuis sa maison mère, une planète entière.



Stop ou encore ?



Tout cela te donne envie, mais tu n'as pas envie de te lancer dans une nouvelle série. Mais comme chez la reine du polar, tu peux picorer selon tes envies et choisir de commencer par le tome dont le pitch te sied le plus.Ce second livre est tout aussi distrayant que le premier, et je pense plaidera autant aux amateurs de SF comme aux autres.

Comme un Wilson ou un Scalzi, Castro semble me faire le même effet à chaque nouveau livre : un véritable plaisir de lecture intelligent. Vivement le tome 3 !



Une nouvelle clôt le livre, ou apparaît un nouveau protagoniste et c'est avec ses yeux que nous voyons Andrea Cort et ses insepts. L'occasion d'introduire un élément qui fera d'autres apparitions par la suite...
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Andrea Cort, tome 3 : La guerre des marionn..

Andrea Cort, dernier tome! Je l'avais attendu car j'avais plutôt bien accroché les premiers, et je n'ai pas été déçue.

On retrouvera tous les ingrédients qui ont fait la qualité des deux tomes précédents, avec quelques trouvailles narratives très intéressantes : la présence de nouvelles, en début et fin de roman, très utile pour se mettre dedans ou mettre en perspective. Une alternance des narrateurs ensuite, bienvenue.

Vlhan est une planète merveilleusement décrite, avec un worlbuilding où l'on sent que l'auteur s'est fait plaisir. On ne s'ennuie pas, c'est plutôt bien rythmé. C'est épique et grandiose par moments, plus intimiste et inquiétant à d'autres. Bref c'est un très bon roman de SF, dans la lignée (voire meilleur) que les précédents.

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Andrea Cort, tome 1 : Emissaires des morts

Andrea Cort a du mal avec les autres humains. Pas seulement les humains, d’ailleurs. Avec les autres êtres vivants, terrestres ou extra-terrestres, humanoïdes ou no. Mais elle a des excuses. Suite à un dérèglement incontrôlé, une pulsion incomprise, elle a participé à un massacre alors qu’elle était encore enfant. Tous les habitants d’une colonie se sont massacrés. Elle a survécu. Passe encore. Mais elle retient de cette expérience traumatisante une donnée tout aussi traumatisante : elle a pris du plaisir au meurtre. Même si elle a a agi sans être réellement consciente de ce qu’elle faisait, elle a aimé ça. Difficile de vivre avec cette idée, ensuite !



Andrea Cort, une garce ?

Pourtant, c’est ce qu’elle fait. Mais en pensant sans cesse au suicide. Et son intégration (ou plutôt, son asservissement, car elle a été « achetée », en quelque sorte) au Corps Diplomatique, où on la cantonne, du moins au début, à des taches subalternes, sans réel pouvoir (de nuisance diraient certains), car on n’a aucune confiance en elle, n’est pas nécessairement gratifiante ou enrichissante. De plus, son attitude envers les autres n’aide pas. Elle ne se contente pas de fuir les relations, elle se montre souvent franchement hostile. Entre l’ignorance du comportement adéquat et le « rien à fiche », elle est particulièrement désagréable. Mais cela ne l’empêche pas d’être un atout précieux, tant sa capacité de raisonnement est remarquable. Elle sait mettre en place les différents indices là où d’autres ne voient que des éléments disparates. Elle est brillante. Mais invivable. Et très attachante.



Des races extra-terrestres hautes en couleurs

Andrea Cort n’est pas seule, loin de là. Adam-Troy Castro a choisi d’emplir son univers de plusieurs peuples, tous très différents les uns des autres. Outre les homsaps (homo sapiens, en toute modestie), on trouve les Riirgaan, les Tchi, les Busteeni et les IA-source. Pour les principaux, car d’autres, plus modestes, parsèment les galaxies. Cela rappelle les bonnes heures des séries (livresques, cinématographiques ou télévisuelles), avec des galeries baroques, mais pas ridicules, dont on imagine qu’elles feraient le bonheur de responsables des costumes et des effets spéciaux. Et ce qui est valable pour le physique des E.T. l’est tout autant pour le caractère et la structure de leurs sociétés. Mais l’auteur évite le manichéisme bas de gamme : le vilain peuple qui n’aime pas les humains versus l’humanité bercée par ses idéaux. On en est loin. Tout d’abord, les différents textes mettent en scène des humains criminels. Et, en plus, les extra-terrestres eux-mêmes ne présentent pas nécessairement un front uni face à l’adversité. Des fractures se forment dans leurs opinions, des factions prennent de l’importance et poussent à certaines actions. Adam-Troy Castro s’est donc offert un univers bien peuplé et de bien belle façon, ce qui lui permet de mettre en scène des situations multiples et variées. Une chance pour le lecteur.



De la nouvelle au roman

Ce gros pavé est composé de cinq textes : quatre nouvelles et un roman éponyme. Les textes ont été placés dans l’ordre chronologique de l’histoire d’Andrea Cort, pas dans l’ordre d’écriture. Et c’est totalement justifié. On trouve donc : « Avec du sang sur les mains » (« With Unclean Hands » – 2011), « Une défense infaillible » (« Tasha’s Fail-Safe » – 2015), « Les lâches n’ont pas de secret » (« The Coward’s Option » – 2016), « Démons invisibles » (« Unseen Demons » – 2002) et le roman Émissaires des morts (« Emissaries from the dead » – 2008). L’éditeur aurait pu faire deux volumes (qui auraient donc été moins chers, pour chacun d’entre eux à l’achat, mais plus cher au total). Il a préféré tout réunir en un gros livre. Et, à la lecture, c’est totalement justifié.

Même si, après avoir lu (et dévoré) les quatre nouvelles de cet ouvrage, j’étais un peu inquiet pour le roman, assez long, tant j’avais trouvé Adam-Troy Castro à l’aise dans le format court. Celui-ci lui permettait de présenter le monde où allait se situer l’action, de nous donner les éléments principaux de la situation, de l’enquête, et d’embrayer rapidement sur la résolution victorieuse, mais souvent douloureuse, d’Andrea. Mais mon appréhension était sans fondement. L’auteur manie aussi bien les formes courtes que les formes longues. Le roman lui permet de nous entrainer dans une histoire haletante et diablement bien ficelée, tout en faisant avancer considérablement le récit d’Andrea Cort. Et, à la différence de certains auteurs hélas prolixes, Adam-Troy Castro ne nous fait pas perdre notre temps. Les pages sont bien remplies et les intrigues, mêlées, suffisamment bien foutues pour que l’attente de leur résolution occupe. Pas d’ennui, pas d’impression de lassitude, ni de sentiment de redite vaine.



Des enquêtes précises et haletantes

Car comme dans tout bon récit judiciaire à l’américaine, l’enquêtrice (Andrea Cort) se doit de faire toute la lumière sur la situation qui lui est confiée. Afin d’arranger au mieux les tensions diplomatiques créées pas un individu accusé d’actions violentes et, souvent, immorales. Et c’est là qu’intervient le « plus » de ces récits. Il faut tenir compte des différentes coutumes et autres mœurs des espèces incriminées. Tous les extra-terrestres ne réagissent pas de la même façon aux mêmes évènements. Andrea doit les comprendre et les intégrer à ses déductions. Pour cela, elle utilise son esprit de déduction qui fait sa réputation. À juste titre. Car elle finit toujours par comprendre le fin mot de l’histoire, pour notre plus grand bonheur. Et parfois, ce n’est pas simple. D’ailleurs, pour ménager le suspens, l’auteur use de ce truc qui finit parfois par agacer (comme dans les romans d’Asimov ou le héros avait la solution à portée de son esprit mais n’arrivait pas à l’atteindre, et ce, jusqu’à la fin du récit) : Andrea sent que la réponse est proche, mais il lui manque un petit quelque chose. Et nous voilà, lecteur désolé, obligé d’attendre encore. Mais cela ne fait qu’attiser notre plaisir et notre désir de découvrir le dénouement. Il y aurait encore beaucoup à dire tant le travail d'Adam-Troy Castro de développe dans de multiples directions. Mais il est temps de laisser là le clavier.



Ouaouh ! C’est un peu court jeune homme, mais cela résume bien mon sentiment après la lecture de cet épais volume. Je ne connaissais pas du tout l’auteur ni son héroïne et je suis donc entré dans ce livre sans a priori. Mais j’en ressors totalement accroc. Andrea Cort est un personnage d’une présence, d’une force phénoménales. Et les aventures dans lesquelles elle se débat sont passionnantes de bout en bout. Pour finir, merveilleuse nouvelle pour moi, le deuxième tome, La troisième griffe de Dieu, vient de paraître. Vu la fin du précédent, je ne vais pas tarder à me jeter dessus pour découvrir ce qu’Adam-Troy Castro a bien pu réserver à cette femme au parcours si original.
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Avec du sang sur les mains

Cette novella place les humains en relations diplomatiques avec des extra-terrestres. Petit traité d'exobiologie, il nous ouvre la voie à une science beaucoup plus importante que j'appellerais simplement l'exopsychologie. En effet, pourquoi les E.T. penseraient-ils toujours comme nous, bêtes, méchants et, paradoxalement, clamant l'amour de chez soi (retour maison), l'amour d'autrui (le sexe) et j'en passe (je m'égare, ce n'est plus de la psychologie) ?



Le point d'orgue se situe à la fin, qui est magistrale. L'humain est confronté à son éternel paradoxe de tueur d'enfants capable de rentrer dans sa chaumière à la fin de la journée de massacres pour cajoler sa progéniture. Je ne révèlerai bien évidemment pas l'aboutissement de l'histoire mêlant habilement la psychologie, le mystère et l'inattendu.



Avec des extra-terrestres, on peut s'attendre à tout, mais il faut néanmoins se demander comment ceux-là ils en sont arrivés à cet état : une civilisation en déclin avec une technologie de pointe (mille ans d'avance sur les humains).

Cette longue nouvelle offre ainsi une intéressante réflexion sur la relation entre la combativité et l'avancée technologique. Par exemple, bon nombre de technologies "modernes" sont issues de la course à l'armement. Où en serions-nous sans guerres, sans le mal ? Quelle sera notre réaction quand la planète périra : guerres supplémentaires pour nous sauver ou mobilisation pacifiste de notre intelligence pour créer des technologies sauvant la planète et l'humanité ? J'ai ma petite idée.
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Andrea Cort, tome 2 : La troisième griffe de ..

Ayant passé un excellent moment avec le premier tome des aventures d'Andrea entre nouvelles et romans, j'avais hâte de replonger dans cet univers si singulier revisitant les polars d'Agatha Christie à la sauce SF.



Dans ce deuxième tome composé cette fois tout d'abord d'un long roman éponyme et suivi d'une courte nouvelle achevant le tome, nous retrouvant Andrea et les Porrinyard pour une nouvelle enquête de haut vol. Après les hauteurs d'habitats suspendus la dernière fois, place à un ascenseur orbital cette fois comme le met en scène la très belle couverture signée Manchu dont je suis définitivement fan avec ces belles teintes bleutées et son souci du détail que je vous laisse découvrir.



Nous retrouvons donc avec plaisir la plume entraînante et vive d'Adan-Troy Castro, qui pense à son lectorat et facile à celui-ci les retrouvailles avec Andrea et ses missions grâce à de nombreux passages bienvenus nous rafraichissant la mémoire. J'en fus ravie ! J'ai adoré retrouver le ton cinglant d'Andrea, sa vive intelligence, sa relation complexe avec les Porrinyard et le chic qu'elle a pour se mettre dans les pires situations.



Ce fut à nouveau un plaisir de retrouver une ambiance à la Agatha Christie avec ce huis clos où l'héroïne se retrouve vite à devoir déduire qui est un meurtrier parmi ceux qui l'entourent. L'auteur maîtrise à merveille les romans de l'autrice, on le sent, et il sait réutiliser les mêmes ingrédients que la reine du crime et du mystère pour les insuffler dans sa série pourtant de SF.



Cette fois, Andrea devenue Procureure extraordinaire pour le Corps diplomatique de la Confédération homsap est enfin libérée de la plupart des liens hiérarchiques qu'elle avait autrefois. Elle n’a plus à rendre compte de ses déplacements. Invitée par la famille Bettelhine – des marchands d’armes qui sont moralement complices de nombreux massacres et génocides –, elle se rend sur Xana. Andrea méprise les Bettelhines, mais la curiosité est plus forte : elle aimerait savoir ce qu’ils lui veulent. A peine arrivée au port orbital, des assassins tentent de l’éliminer avec une arme extraterrestre vieille de 15 000 ans : la troisième griffe de Dieu. Une arme aux effets effroyables. Tout s'enchaine alors et ce n'est que le début d'une suite de tentative de meurtres dans des lieux tous plus exotiques les uns que les autres pour s'achever dans un ascenseur spatial.



En dehors de l'enquête rondement menée par Andrea, qui avec l'aide de ses gardes du corps, va interroger l'ensemble des personnes présente dans l'ascenseur, nous allons être confrontée dans ce tome à une vaste histoire de famille. En effet, les Bettelhines sont au coeur de toute cette histoire. Ce sont eux qui ont fait venir Andrea, ce sont eux qui dirigent sur Xana et c'est eux qu'on semble également menacer. J'ai beaucoup aimé l'ensemble des secrets qu'ils cachent et qui se dévoilent au fil des pages, de ceux très personnels à ceux plus vastes qui traitent des dérives dans l'utilisation de découvertes scientifiques pour transformer des gens en esclaves. C'est une intrigues vraiment passionnante et fascinante à suivre.



Andrea, elle, fait du Andrea. Elle gratte, agace, blesse mais enquête et déduit les bonnes réponses. Son trio avec les Porrinyard me séduit toujours autant. C'est vraiment l'un des éléments de la saga qui me plait le plus car on y parle à la fois du besoin de deux individus de se fondre en un sans qu'il y ait forcément une connotation sexuelle ou sentimentale, mais aussi de la liberté d'aimer au-delà des petites cases qu'on connait. Ils forment un très beau couple plein d'ouvertures et de possibilités et les Porrinyard font vraiment du bien à Andrea. Ils sont vraiment sa planche de salut, son phare dans la tempête. Dans chacune des histoires, on sent leurs liens se resserrer et leurs sentiments s'imposer un peu plus.



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Le roman fut donc à nouveau un excellent moment de lecture où l'auteur manie à merveille les codes classiques du roman policier et du drame familial en les insérant dans un univers de SF très bien pensé, où il y a peu de traits saillants mais où ceux-ci sont parfaitement maîtrisés.



La nouvelle qui lui fait suite est plus anecdotique. Elle semble être conçue pour créer un lien, une respiration, une pause entre les tomes 2 et 3. On y voit, à travers le regard d'un mercenaire (?), les conséquences de l'aventure qui vient d'avoir lieu sur la vie tranquille que voudrait avoir mais n'a pas Andrea. Mais surtout, on y retrouve sa belle relation trouble et forte avec les Porrinyard et on nous embarque peut-être vers un futur nouveau voyage.



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Deuxième plongée dans l'univers d'Andrea et deuxième aventure qui me conquiert. J'adore l'ambiance mise en scène par l'auteur, sa plume, les personnages qu'il a écrit mais également l'univers sobre mais complexe avec de beaux traits saillants appartenant à la SF. Il fait preuve d'une très belle maîtrise dans l'écriture d'un récit qui se veut divertissant et profond à la fois.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Andrea Cort, tome 3 : La guerre des marionn..

3ème opus des aventures d’Andrea Cort, La guerre des marionnettes est aussi à mon goût le meilleur épisode de la série !





On commence la lecture avec une nouvelle nous présentant le monde dans lequel va se dérouler l’intrigue du roman en lui même, Andrea Cort n’est pas dedans mais c’est tout de même très intéressant pour la jonction entre les tome 2 et 3. Une autre nouvelle est présente en fin d’ouvrage.





Le roman en lui-même est je trouve plus rythmé que ces prédécesseurs, avec de grande scènes d’action épiques, des autochtones très intelligents mais qui ont du mal à se faire comprendre, de la géopolitique toujours, comme à chaque histoire, les « Porrinyard » (les amants/tes d’Andrea) qui on deux corps distincts mais deux esprits fusionnés (pour ceux qui ne connaissent pas les precedents livres) qui sont toujours présent et ce de bien belle manière, il m’ont captivés cette fois et prennent de plus en plus d’ampleur.





Le worldbuilding sur la planète « Vlhan » est juste magnifique, arènes géantes, désert, forêts, monde souterrain, ruines etc..





Les personnages secondaires sont aussi bien étudiés et originaux, que ce soit les « Vlhanis » (habitants d’origine de la planètes) ou encore des humains modifiés en entités mi-humaine mi-Vlhanis complètement flippants), et une femme à qui il est impossible d’exprimer ses émotions alors qu’elle ressent tout à l’intérieur, entre autres.





J’ai trouvé Andrea Cort plus « tendre » qu’à sont habitude (un peu seulement) !





Le final est juste faramineux et nous en met plein la vue avec une conclusion portée sur l’estime de soi, les remises en question.





Ce livre est un coup de cœur que je vous conseille vivement.





PS : on remarquera la superbe illustration de couverture de Manchu !
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