Agathe Cagé

Nous avons totalement perdu le sens de l'humanité, trop fiers des prouesses technologiques qui permettent d'effacer partout le contact humain, assommés par les artifices de communication politique sensés masquer les engagements non tenus. Nous sommes gouvernés sans respect ; les promesses abandonnées et le petit jeu des paroles blessantes érodent à chaque mandat la confiance démocratique.

Nous sommes dignes de respect. Pourquoi alors ne sommes-nous pas respectés, ni par les politiques, ni par les médias, ni par le reste de la société ? pourquoi vivons-nous enfermés dans le manque de considération systématique des uns envers les autres ?

et puis est survenue la pandémie de la Covid-19, qui a fragilisé notre système de santé, notre économie, et a créé le terreau de nouvelles injustices sociales. Plusieurs des prises de parole politiques pendant cette crise ont définitivement brisé la confiance des citoyens envers le pouvoir. Je ne parle pas du débat autour de l'hydroxy-chloroquine. Ni des arbitrages sur le périmètre et la nature des confinements, des couvre-feux, des reconfinements. Je ne parle pas du choix de fermer les librairies. Ni de celui de désigner certaines activités comme " non essentielles". Je parle du revirement de la doctrine gouvernementale sur l'utilité du port du masque: la seule justification de la première position du pouvoir était qu'il valait mieux affirmer l'inutilité des masques que d'assumer une défaillance dans la gestion des stocks. Même à un enfant que l'on ne pense pas encore susceptible de tout comprendre on montre davantage de respect.

Depuis des années, nous avons totalement laissé la pensée médiatique se dissoudre dans la facilité du mépris des autres. On vante la liberté de ton des néoréactionnaires, ces propagandistes de l'aversion, ces pyromanes du ressentiment et de la méchanceté. On s'extasie devant les ventes des néosouverainistes. On peut mettre ces discours de haine à toutes les sauces "néo" pour tenter de les justifier par une pseudo-théorisation. C'est juste une pensée liquide comme de la merde.