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Citations de Alain Mascaro (118)


« Tout s’use, tout s’étiole, tout meurt, disait Jag, sauf la mort ! »
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" Dis-moi, mon garçon, demandait Jag qui aimait les fables, qu'est-ce qui est mieux pour un mouton, le berger ou le loup ?
- Le berger.
- Et qui tond le mouton ?
- Le berger.
- Et qui le tue pour le manger ?
- Le loup !
- Non, Anton. C'est encore le berger. Il est bien rare qu'un loup parvienne à tuer un mouton, parce que le berger veille, et il a de gros chiens. Mais qui donc protège le mouton quand le berger vient l'immoler ?
- Personne.
- Et pourtant de qui a peur le mouton : du berger ou du loup ?
- Du loup !
- Oui, mon garçon, voilà bien tout le drame des hommes : ils sont exactement comme les moutons. On leur fait croire à l'existence de loups et ceux qui sont censés les protéger sont en fait ceux qui les tondent et les tuent. "
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Je suis toujours terrifié par quiconque prône la pureté ou s'en prétend détenteur! Vois où cela a mené le monde! Il y a eu des milliers de morts ici et je prédits que ce n'est qu'un début. C'est parfaitement affreux quand on y réfléchit: la planète a été à feu et à sang si longtemps, il y a eu tant et tant de morts, et pourtant la soif de sang n'est pas étanchée.
p 159
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Tout commence dans la steppe, dans le cercle des regards qui crépitaient avec le feu de camp. La voix du violon de Jag planait par dessus l’hiver immobile qui parfois arrêtait le cœur des hommes . Ainsi le vieux Johann était il mort trois jours plus tôt. Jamais il ne connaîtrait l’enfant à venir.
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Dans la kumpania, on se méfiait beaucoup de ceux qui savaient lire. Les livres étaient des prisons pour les mots, des prisons pour les hommes.
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Les hommes sans cesse rêvent du zénith, disait encore Jag, et oublient le nadir. Pour être à l’équilibre, il faut avoir les deux, la tête dans la lumière, et les pieds ancrés dans le sol, parfois dans la boue ! Le vent dans les cheveux et les pieds sur terre, voilà ce qu’il faut pour être heureux !
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Ci et là encore, il avait croisé quelques survivants, de Łódź ou des Lager, la plupart marqués dans leur âme et leur chair, tourmentés par le simple fait d’avoir survécu là où tant d’autres étaient morts. Il les reconnaissait presque du premier coup d’œil. (…)
Seuls les bourreaux dormaient du sommeil du juste, c’était une constante ; les victimes, elles, continuaient à souffrir leur vie durant, jamais leurs plaies ne cicatrisaient entièrement.
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Ce monde là tourne comme un manège qui s'en va vers le pire...
p 45
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Oui, là était la route, toujours. Et quand en plus un arc-en-ciel apparaissait au loin, Smirna disait:
"Regardez! Devel nous fait un pont pour passer de l'autre côté du monde!"
p 16
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C'était une nomade elle aussi, et en tant que telle elle connaissait la valeur des choses : en fait, les choses n'en avaient pas, de valeur; c'étaient les êtres qui comptaient, et eux seuls.
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Quand on se promenait dans les venelles du haut fort, au hasard des petites places, on croisait des scènes que nul peintre encore n’avait songé à coucher sur la toile, et qui pourtant étaient des tableaux flamboyants dont le magique hasard avait été le maître : deux vaches blanches, une debout, la corne gauche étrangement tordue vers le bas, l’autre couchée les pattes repliées ; une vache brune, le bas du corps dans l’ombre mais la tête en plein soleil, une vache grise, naine et tachetée ; deux chèvres noires sur une haute margelle de grès, le tout savamment composé sur un fond de façade ocre aux ouvertures soulignées de blanc. Plus loin, cinq femmes en sari jaune ou rose, marchant et devisant, dessinaient une toile solaire et impressionniste ; plus bas encore, près des dentelles de grès du Patwah-ki-haveli, les badauds en passant esquissaient des estampes mouvantes et colorées ; ou c’était un râjasthâni avec d’immenses moustaches, une femme qui portait un seau brillant, un enfant qui coursait un chat, un oiseau qui soudain se posait sur un turban. Jaisalmer n’en finissait pas de se peindre elle-même, attentive à la lumière, à la couleur, à la moindre ligne. Qui passait là les yeux ouverts voyait combien le monde des hommes peut être beau, parfois, quand la paix le caresse de son souffle doux.
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Alain Mascaro
"Elle a mille fois raison, tu sais, il faut profaner le malheur. Le malheur ne mérite pas qu'on le respecte, souviens-t'en..."
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Si les fils du vent parcourent la peau du monde, ce n’est pas pour le simple plaisir d’aller d’un endroit à un autre ou pour simplement connaître l’errance ; c’est une façon de dire que leur pays n’est pas ici ou là, pour la simple raison qu’il n’est nulle part, en tout cas pas enclos entre des frontières ! Nous ne sommes que de passage, comprends-tu ?
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p. 137

Katia était un irrésistible tourbillon. Elle avait happé Anton comme le vent l’aurait fait d’une feuille morte, elle le faisait danses en riant. Katia avait peut-être dix-sept ans, peut-être plus, peut-être moins : qui pouvait savoir puisqu’elle-même ne le savait pas ? Elle était pétrie de certitudes lumineuses qui sont comme hauts phares dans la nuit des autres. Elle jetait des ponts imaginaires par-dessus les abimes, traçait des routes dans les montagnes, effaçait tout d’un revers de main, recommençait… Anton n’offrit pas la moindre résistance. Pour que naisse l’amour, peut-être fallait-il simplement lui dire oui.
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Soudain la citadelle apparut, posée sur le désert comme un mirage de cannelle et de miel clair. Elle étendait ses dentelles de hautes murailles et de tours ventrues du nord au sud , barrant l’horizon de tout voyage, comme si c’était là , depuis toujours , que s’arrêtaient toutes les errances. Ainsi prenaient fin les longues marches dans les montagnes acérées du ponant et du nord, dans les hautes vallées de l’Indus, dans les sables et les épines du Thar ; là , s’éteignaient les longues processions de chameaux venues d’Orient , les flancs chargés d’épices , de rubis et de soie : là s’abîmaient les voyageurs aux yeux brûlants , ces fous qui toujours cherchent ce qui n’a pas de nom ; on les voyait se perdre sous les toiles des marchés multicolores de la ville basse, dans les langueurs de l’opium, dans les promesses or et safran des saris : faces blanches ou levantines , yeux de khôl, yeux de chat siamois, regards obliques, étranges, étranges regards d’étrangers sur l’entrelacs de ruelle en pente de la cité de Jaisalmer
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Tu crois qu'il faut une raison au voyage ? Le voyage porte en lui sa propre raison, mon ami ! On va à un endroit sans savoir pourquoi et ce n'est que lorsqu'on y est que l'on comprend pourquoi on est venu !
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Lorsqu’il avait découvert que son fils savait lire, bien des années auparavant, la première impulsion de Svetan avait été de la battre, mais Jag l’en avait empêché.
« Crois-tu donc savoir ce que Devel veut pour lui ? »
Dans la kumpania, on se méfiait beaucoup de ceux qui savaient lire. Les livres étaient des prisons pour les mots, des prisons pour les hommes. Les premiers comme les seconds n’étaient libres qu’à virevolter dans l’air ; ils dépérissaient sitôt qu’on les fixait sur une page blanche ou un lopin de terre.
Jag, lui, disait que si les Tziganes étaient un peuple sans écriture, c’est qu’ils avaient été maudits. Il y avait deux explications à cela, qui dépendaient un peu de l’endroit où l’on se trouvait : chez les Kalderash, on disait que les Tziganes avaient été privés d’écriture parce qu’ils avaient forgé les clous qui avaient servi à crucifier le Christ. Chez les Roms de Bulgarie, en revanche, on racontait qu’un jour Devel était venu sur terre pour donner un alphabet aux Tziganes ; malheureusement, tous étaient partis pour cueillir des prunelles. Devel ne rencontra qu’un vieillard et son âne. Bien sûr, le vieillard n’avait pas de feuille de papier : qu’aurait-il pu bien en faire puisqu’il ne savait ni lire ni écrire ? heureusement que Devel avait au moins un crayon sur lui ! Il écrivit l’alphabet sur une feuille de chou et la tendit au vieillard, mais l’âne la mangea…
« En vérité, c’est toi l’âne si tu crois que c’est un mal de savoir lire et écrire, alors laisse ton fils en paix ! »
(pp.30-31)
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Il faut profaner le malheur. Le malheur ne mérite pas qu'on le respecte.
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Tu as une dette envers les morts, Anton. Tu as survécu ; et puisque tu as survécu, tu te dois de vivre et d’être heureux. Ce n’est pas un droit, mais un devoir. Peut-on vivre et être heureux par devoir ? te demandes-tu. Oui, à condition que ce soit librement et pleinement consenti. Si tel est le cas, alors s’efface le poids du devoir et ne reste plus que la joie, l’intense jubilation de vivre.
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L’histoire des hommes était ainsi faite qu’on ne pouvait faire un pas sans s’embourber dans un charnier. Il y aurait bientôt la guerre ; Anton l’avait lu dans les journaux, mais c’était surtout inscrit dans le cheminement même de l’humanité. Il suffisait d’ouvrir un roman, à plus forte raison un livre d’Histoire, pour s’en rendre compte : ce n’étaient que récits de combats, autodafés et massacres que l’on nommait épopées ; des centaines de « héros » s’étaient approprié le monde, obligeant les chroniqueurs à narrer holocaustes et fratricides, comme s’il n’y avait rien d’autre à consigner. (…)
Pourtant le monde n’était pas fait que de conquérants sanguinaires, de princes et de rois fous, de militaires cruels ; les petits, les sans-nom, les sans-grade étaient bien plus nombreux et cependant ils courbaient la tête sous le joug. Anton ne comprenait pas pourquoi.
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