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Critiques de Alain Yvars (60)
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Que les blés sont beaux : L'ultime voyage de ..

Que les blés sont beaux - L'ultime voyage de Vincent van Gogh.

Alain Yvars - Roman - Lu en mars 2020.



Jour 12 du confinement dû au Covid-19 - Bruxelles, le 29 mars 2020.



Je reviens à la réalité que j'ai quittée quelques heures, j'étais avec Vincent van Gogh, je l'ai accompagné du 17 mai 1890 au 29 juillet 1890.



Vincent,



130 années me séparent de votre dernier jour de vie, mais votre présence est toujours vibrante aujourd'hui, vos oeuvres que vous aviez tant de mal à vendre sont exposées dans bien des endroits du monde, témoins ô combien vivants de votre personnalité tourmentée.

Vos recherches picturales, vos rencontre avec d'autres grands peintres amis, votre attirance pour les estampes japonaises, tout cela a façonné votre talent si particulier.



Votre frère Théo et son épouse Jo très proches de vous n'ont cessé de vous porter aux nues et de vous encourager. Ils ont prénommé leur petit garçon comme vous, Vincent Willem dont vous fûtes le parrain.



Après avoir passé plusieurs mois en Provence où vous êtes allé découvrir d'autres lumières, d'autres paysages, d'autres couleurs et la souffrance, c'est Théo qui vous suggéra de vous rendre à Auvers-sur-Oise en Ile de France pour y rencontrer le Dr Gachet susceptible de vous guérir de vos démons intérieurs.



Et Théo a eu bien raison, les derniers mois de votre vie furent sans doute les plus beaux. Vous avez peint avec frénésie, un peu comme si vous saviez inconsciemment que le temps vous était compté. Ce fût une explosion de nature, de couleurs, le bleu, le jaune, le violet, l'orange, le rouge... du matin au soir vous parcouriez les routes et chemins avec votre chevalet et vos peintures à la recherche du paysage et de la lumière qui vous convenaient, vous étiez alors dans votre élément, seul au monde avec vos yeux pour voir et vos mains pour peindre.



C'est ainsi que j'ai vécu avec vous jour après jour, partant de l'auberge des Ravoux chaque matin pour partager votre vie de peintre, votre passion, vos moments de doutes, vos rencontres dans ce petit village de France, vos échanges épistolaires avec Théo et Jo.



Vous étiez heureux Vincent mais vos démons vous ont rattrapés et je vous ai perdu ce 29 juillet 1890.



"Vous êtes levé.

Vous vouliez être debout.

Fier.

Votre regard levé vers le ciel discernait d'infimes nuances de ce bleu cobalt que vous aimiez tant. Vous vous êtes tourné vers le champ face à vous.

"Pardonnez-moi Théo et Moe!" (la maman de Vincent et Théo)

Le bruit sourd de la balle qui traversa vos chairs vous surprit.

Que les blés sont beaux" pages 233-234 fût votre dernière pensée.

Je ne vous ai pas dit adieu Vincent, mais au-revoir car je vous retrouverai au détour d'une allée de musée et je m'arrêterai pour vous faire un petit clin d’œil et vous saurez que c'est moi.



Alain Yvars m'a offert son livre accompagné d'un petit mot que j'ai bien plié et que j'ai utilisé comme garde-page tout au long de ma lecture, livre qui a trouvé une belle place dans ma bibliothèque.

Alain Yvars, passionné de peinture, a mis des couleurs dans chaque mot, mais pas seulement, son cœur aussi est dans ce roman, Vincent est son ami. Il en parle si bien.

Bien que ce soit un roman, Alain Yvars s'est documenté dans quelques ouvrages dont une bibliographie se trouve en fin de livre.

Il a écrit un autre livre également : Conter la peinture.



Et puis, j'ai découvert qu'il était aussi un homme au grand coeur, les bénéfices de la vente de ce roman sont destinés intégralement à l'association RÊVES qui offre aux enfants gravement malades l'occasion de réaliser leurs rêves.



Un tout grand merci Alain pour cette belle découverte, pour votre plume qui m'a permis de découvrir d'une manière si lumineuse les derniers mois de votre ami Vincent.



Un livre à lire.





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Deux petits tableaux : Si les oeuvres parla..

"Deux petits tablaux-Si les oeuvres parlaient" - Alain Yvars - Nouvelles- Lu en juillet 2021.



Merci de tout coeur Alain pour m'avoir envoyé ton recueil de nouvelles avec une dédicace tellement délicate.



Alain Yvars n'est plus à présenter sur Babelio, sous le pseudonyme de jvermeer, cet amateur d'art pictural et pastelliste nous a déjà ravis avec ses précédentes publications.



Cher Alain,



Je suis entrée dans ton livre sur la pointe des pieds comme j'entre dans un musée où le chuchotement est de rigueur pour laisser en paix les âmes de ces merveilleux artistes qui nous ont laissé la beauté en cadeau.



Le Louvre, en voilà un lieu qui mérite que l'on s'y perde car les découvertes y sont nombreuses et tu m'en as fais découvrir quelques unes. Tu t'attardes sur "La dentelière" de J. Vermeer, ton peintre préféré avec Vincent van Gogh . Sa dentelière est d'une finesse inégalée, la sérénité et la concentration de la jeune femme sur son travail est absolument divine. Et puis, ô surprise, je découvre "L'astronome", que je ne connais pas. Là aussi c'est l'éblouissement. Cette lumière qui traverse la fenêtre pour se poser sur le globe terrestre attire aussitôt l'attention de mes yeux.



Et puis, me voilà transportée à Bougival en compagnie d'Auguste Renoir et de Rose si fraîche et si vivante, petite servante qui adore les plaisirs de la danse et quoi de plus naturel pour Renoir de la peindre en plein élan.

J'ai visité cet été sa maison, son atelier extérieur, son jardin... à Cagnes-sur-Mer. Vue imprenable sur la grande bleue, c'est d'ailleurs sous un cèdre du Liban, près des pins-parasol, des lauriers roses et des oliviers centenaires que j'ai lu ton livre accompagnée par le chant des cigales pour parfaire le tout et le soleil en abondance.



Mais je continue, me voici devant un Delacroix, et pas des moindres puisqu'il s'agit de "La Liberté guidant le peuple" relatant une page de l'histoire de France. Liberté représentée par une femme aux seins dénudés avec un enfant à ses côtés. Tableau qui comme tu l'écris, "ne manquera pas d' en offusquer plus d'un". Quel élan vers l'Espoir dans cette peinture !



Tout à coup, par je ne sais quel mystère, je me trouve aux obsèques d'Edouard Manet, entouré par ses amis, Proust, Zola, Monet, Stevens, Fantin-Latour, Théodor Duret, Rudolf Leenhoff son beau-frère qui sculpta sa pierre tombale. Berthe Morisot, au bras de Renoir est en grande détresse. Elle fut la muse de Manet, j'aime particulièrement "Berthe Morisot au bouquet de violettes" peut-être parce que la violette est ma fleur préférée, humble et poussant à l'ombre des arbres comme demandant leur protection.



Ensuite ? Et bien ensuite j'ai croisé le grand Jan van Eyck à Bruges, que l'on surnomme ici en Belgique la Venise du Nord. Son tableau "Le portrait des époux Arnolfini" est d'une austérité étrange pour une scène de mariage. Mais lisez le livre, vous en apprendrez plus !



Auguste Renoir, encore lui, m'attendait cette fois-ci à Montmartre, au "Bal du Moulin de la Galette" en galante compagnie, et plus particulièrement celle d'Estelle qui fût son modèle.



Un cri me sort de ma rêverie avec Renoir, celui de Vincent van Gogh qui se trouve à Auvers-sur-Oise peignant "L'église d'Auvers" sublime peinture qui si l'on prend le temps de s'y attarder devient "vivante", tourmentée comme l'était Vincent ces derniers temps. "Elle est devenue un être vivant. Elle a une âme ! - page 76. Vincent se suicidera peu de temps après avoir peint l'église d'Auvers.



Mais je me rends au pas de course vers des horizons plus joyeux sur "La montagne Sainte Victoire" auprès de Cézanne , accompagnée par les parole de la chanson écrite par Michel Berger "Cézanne peint" qu'Alain fredonne tout au long de la balade jusqu'à Aix-en-Provence, vibrante de lumière, où Cézanne vit le jour.



Quel voyage ! nous faisons un saut à Amsterdam pour retrouver J. Vermeer, et "La laitière" un petit tableau d'un quotidien qui pourrait paraître banal, mais que les pinceaux sous l'impulsion des doigts de Vermeer prend littéralement vie. le pain sur la table me donne faim. Ceinte de son tablier d'un bleu profond, elle accomplit ces petits gestes du quotidien avec beaucoup de grâce.



Et hop, Alain, en deux temps trois mouvements, nous voilà au cirque avec Toulouse-Lautrec, étrange peintre disgracieux qui s'adonne à la boisson pour oublier sa laideur. Il a peint plusieurs tableaux sur le thème du cirque, ma préférence va "Au cirque Fernando, Écuyère". Va-t-il sortir de son addiction, reprendre ses pinceaux ?



Me voilà à la fin de mon périple avec un peintre que je découvre pour la première fois, Jean-Siméon Chardin et son "Autoportrait à l'abat-jour", un pastel, par l'intermédiaire de François, pastelliste amateur, admirateur de Chardin, qui, persuadé de ne jamais arriver à un tel résultat, se décourage et ferme son coffret de pastels.



Cher Alain, j'espère que ce n'est pas toi ce François qui renonce, il faut continuer, pour toi, pour le plaisir de poser des couleurs sur le papier, pour l'évasion que cela procure, pour le rêve. Et pourquoi pas pour l'admiration d'un public ?



Après avoir lu "Que les blés sont beaux" avec bonheur, j'ai été conquise par "Deux petits tableaux" qui sous la plume élégante, poétique et raffinée d'Alain Yvars donnerait envie de découvrir la peinture au plus obtus .



Je souligne la qualité de coeur d'Alain Yvars qui consacre ses droits d'auteur à une association pour enfants afin qu'ils puissent réaliser un rêve.



J'espère bien encore pouvoir te lire Cher Alain. Sous ta plume, tous ces tableaux reprennent vie et m'ont parlé..











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Conter la peinture : Si les oeuvres parlaient

Conter la peinture - Alain Yvars - Nouvelles - lu en juin 2020.



Je remercie Alain Yvars pour l'envoi de ce beau livre illustré par des photos de tableaux de grands peintres. Il faut dire que la passion de l'auteur est la peinture étant lui-même un peintre pastelliste.



Après avoir lu "Que les blés sont beaux", je me suis plongée à nouveau dans l'univers d'Alain Yvars qui, d'une manière fort originale, nous conte douze petites tranches de vie de peintres se rapportant chacune à un ou plusieurs tableaux de ceux-ci.



Nous avons même, ô surprise, une histoire qui se déroule à l'époque de l'Art rupestre préhistorique, illustrée par deux superbes photos, l'une du "Bison" de la grotte d' Altamira et l'autre "Main négative" de la grotte du Pont- d'Arc .

Au travers de la jolie écriture de l'auteur, j'ai voyagé chez Modigliani, Johannes Vermeer, Toulouse-Lautrec, Winslow Homer que je ne connaissais pas, Claude Monet, Georges Seurat, James Mac Neill Whistler que je ne connaissais pas non plus, Georges de la Tour, et Rembrandt van Rijn .



J'ai rendu visite au fil des siècles à ces peintres dont la vie fût souvent difficile et que nous avons la chance encore aujourd'hui de pouvoir les admirer non seulement avec les yeux, mais avec le coeur aussi



C'est ce qu'Alain Yvars a fait passer en moi par ses mots , sa poésie, son entrain et sa passion.



Cher Alain, je te remercie pour cette évasion picturale de quelques heures au milieu de ces génies.



Un petit rappel, important, les bénéfices des ventes sont reversés à l'association "Rêve d'enfants malades".









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Conter la peinture : Si les oeuvres parlaient

La lecture de ce livre délicat, qui nous montre tant à voir (les reproductions sont en couleurs et en haute définition), m'a rappelé cette citation (Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila) : « L'existence de l'oeuvre d'art prouve que le monde a un sens. Même si elle ne dit pas lequel ». Nous découvrons de multiples significations au monde qui nous entoure grâce à cette flânerie délicieuse parmi plus d'une douzaine de tableaux signés Auguste Renoir, Henri de Toulouse-Lautrec, Berthe Morisot, Georges de la Tour, Amedeo Modigliani, Johannes Vermeer, Georges Seurat, Rembrandt van Rijn, Claude Monet, J.M.N. Whistler, Winslow Homer, ainsi que « cet humble artiste de la préhistoire vient se mêler à ces grands noms ».



Plusieurs des tableaux dont il est question ici m'étaient inconnus. J'ai été éblouie par la découverte du tableau « Nuit d'été (1890) » de ce « poète des flots » qu'est Winslow Homer.



Comme le dit le narrateur de la cinquième nouvelle (« Un après-midi au théâtre »), « nous allons nous introduire par la pensée dans la toile afin de mieux la décrire… »

Suivez, sans crainte, l'auteur, il est un guide original et fort instruit !
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Que les blés sont beaux : L'ultime voyage de ..

Ce livre est pour ceux qui vont au musée pour y chercher de l'oxygène.

Vous n'allez pas le croire : on me l'a offert pour ma fête sans que je suggère quoi que ce soit ! Mais cette coïncidence se révèle moins rare quand on me connaît car j'adore lire sur les grands artistes et la peinture est pour moi une source d'émerveillement infini.

Donc je devais le lire, cela ne pouvait pas être autrement ! Je devais le lire pour son grand luxe de détails et parce que je suis très friande de belles descriptions. Et là, l'écriture d'Alain Yvars a quelque chose de magique : je ne sais pas par quelles associations d'idées les couleurs de Van Gogh défilaient constamment devant mes yeux pendant ma lecture. Le jaune, le violet, le bleu… Je me suis baignée, je me suis noyée dans cette beauté. J'ai particulièrement apprécié le réalisme du livre. La nature est là, on la respire, elle donne faim, le grand air, ça creuse ! Une grande toile, ça creuse…

C'est un Van Gogh intime avec ses hésitations, ses peurs, ses ivresses. Alain Yvars entre totalement dans le processus de création, il connaît bien plus de choses sur son héros que ce qu'il nous raconte. Il invente car il le faut pour aller toujours plus loin dans son amour pour ce génie. Humanité et divinité d'un artiste. C'est cela le thème de cette oeuvre pour moi.

C'est un livre si réussi que je me demandais qu'est-ce que ce serait s'il s'agissait non de Van Gogh mais de Vermeer, le peintre préféré d'Alain ? ! Mais Tracy Chevalier l'a devancé. Quoiqu'il n'est jamais trop tard si le romancier change le point de vue…

Pour résumer, c'est un livre où j'ai trouvé de l'oxygène et de l'inspiration. Un livre après lequel le pinceau est devenu encore plus vivant pour moi. C'est beau et triste à la fois, la fragilité de l'artiste, une sensation de perte d'un être cher qu'on éprouve à la fin. Un sentiment d'humanité qui monte en nous, une envie d'être plus attentifs à chaque instant de vie, aux êtres qui nous entourent. Ce livre, tout en étant un roman, fait étrangement vibrer l'instant comme un haïku.

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Que les blés sont beaux : L'ultime voyage de ..

Que les blés sont beaux, L’ultime voyage de Vincent Van Gogh, a été écrit par Alain Yvars, en 2018. Bien qu’étant un premier roman, il n’en est pas moins remarquable par son écriture toute en délicatesse.

La couverture reprenant un détail du « Champ de blés avec des cyprès » de 1889 est une excellente invitation à ce voyage et mon regard reviendra souvent à celle-ci lors de ma lecture, de même qu’à l’autoportrait (1889) de la page 4. La chanson de Jean Ferrat « Les tournesols » m’accompagnera aussi.

Il faut être doté d’une très grande sensibilité, d’une connaissance approfondie de l’art et d’un grand amour pour ce peintre qu’est Vincent Van Gogh, cet homme au talent fou et avant-gardiste, pour écrire un roman aussi touchant, émouvant et très enrichissant.

Il faut préciser que l’auteur pour écrire cet ouvrage s’est plongé dans de nombreux documents et dans l’abondante correspondance de l’artiste, la majorité de ses lettres a été envoyée à son frère Théo, son plus grand soutien avec qui il a entretenu une relation assidue aussi bien sur le plan personnel que professionnel.

Alain Yvars s’est également rendu dans cette petite commune d’Auvers-sur-Oise où la présence de Vincent est, dit-il, toujours perceptible.

Le résultat est effectivement probant. Vincent est là, présent, se dévoile. Il raconte à Alain cet ultime voyage, depuis son arrivée à Paris, gare de Lyon, accueilli par son frère Théo le samedi 17 mai 1890, jusqu’au dimanche 27 juillet 1890, où il se suicide, à Auvers-sur-Oise en se tirant un coup de revolver dans la poitrine, à l’âge de 37 ans.

Ce sont deux mois et demi de sa courte vie qui sont retranscrites mais une vie tellement prolifique. Il a produit pas moins de deux mille œuvres d’art et ce, sur dix ans de travail, et quelles œuvres !

Il faut être peintre comme l’est l’auteur et avoir réussi à devenir l’ami de ce génie, pour réussir un ouvrage de cette qualité.

C’est donc en toute simplicité, que nous partageons les joies de Vincent, notamment lors de son arrivée à Paris, le plaisir qu’il éprouve en faisant connaissance avec sa petite belle-sœur Jo et avec son neveu et filleul, son petit homonyme de trois mois ! Il confie aussi son angoisse et ses craintes d’avoir de nouvelles crises comme dans les derniers mois écoulés, mais n’est-il pas venu justement à Auvers, pour rencontrer le docteur Gachet, sur les conseils de son ami Pissaro et de Théo, le médecin ayant répondu de sa guérison. Nous sommes en permanence à ses côtés dans ses promenades à courir la campagne en quête de motifs et de modèles. Et là, chose sublime, il nous dévoile très humblement sa technique de peinture et nous permet d’assister à la création de plusieurs de ses toiles. Le récit dévoilant la manière dont l’artiste réalise ses peintures, que ce soit l’extraordinaire église d’Auvers, ou le portrait d’Adeline Ravoux, la fille de l’aubergiste ou de Marguerite Gachet, la fille du docteur ou d’autres encore m’a littéralement éblouie et subjuguée : je voyais l’artiste peindre et ressentais sa passion et en même temps la force incroyable de sa peinture. Quant à l’avis que porte le jeune Georges sur la toile de l’église, il est d’une pertinence absolue. Merci Monsieur Yvars pour ces émotions intenses.

Vincent évoque tout au long du roman, des bribes de sa vie, sa jeunesse en Hollande, son séjour en Provence, les grands maîtres qui l’ont inspiré et son aspiration à toujours progresser, à toujours aller plus loin, la sincérité et l’émotion face à la nature devant toujours guider son travail.

C’est une lettre de Théo qui lui confie son inquiétude pour son travail et pour le petit Vincent Willem, malade, qui va perturber Vincent lui rappelant un souvenir lointain qui le hante toujours. Une immense solitude l’étreint soudain, il se sent terriblement seul.…

Une lettre adressée à sa sœur Willemien le 5 juin 1890 apparaît comme prémonitoire : « Je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard aux gens d’alors apparussent comme des apparitions ».

Merci Vincent, merci Alain, vous m’avez, le temps d’un livre et plus encore, emmenée dans une intemporalité baignée de poésie, de couleurs, de fraîcheur et d’authenticité.

Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?

Que les blés sont beaux en a une, je peux vous l’affirmer, je l’ai rencontrée.


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Deux petits tableaux : Si les oeuvres parla..

Puisse le souvenir de vos « amis peintres qui [vous] ont conté ces récits » (et que vous remerciez page 111) être aussi vif que sera celui de votre livre, cher Alain, dans ma mémoire de lectrice !

Vous nous accompagnez avec une puissante passion et bienveillance certaine dans une découverte étonnante. On pose simplement des regards curieux sur vos reproductions en couleurs qui zooment parfois sur des détails et on se laisse porter par vos récits délicats.

Dans la série « Si les œuvres parlaient », voici, après « Conter la peinture », un nouveau recueil de 11 textes consacrés à des tableaux plus ou moins connus.

Les « deux petits tableaux » sont deux œuvres (majeures) de Johannes Vermeer, La Dentellière (De kantwerkster) tableau peint entre 1669 et 1670, exposé au musée du Louvre à Paris (huile sur toile, 24,5 × 21 cm) et L'Astronome (De astronoom), (huile sur toile, 51 × 45 cm), peint vers 1668, et actuellement conservé également au musée du Louvre, d'où le titre « Balade au Louvre ». Pour définir l'indicible émotion qui s'empare du narrateur à la vue de ces deux petits bijoux, celui-ci s'interroge tout simplement « comment deux minuscules tableaux pouvaient-ils provoquer un tel émoi ? » (p. 19)

C'est « l'esprit joyeux » que l'on aborde la suite : « Rose-Auguste Renoir ». Avec Alice et son amie Rose, le narrateur participe à une guinguette. Tous nos sens sont en éveil grâce à une description très vivante de cette fête.

Le troisième récit tourne autour du tableau d'Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple (1831), très pertinemment comparé par le personnage du baron Louis-Auguste Schwiter au Radeau de la Méduse de Géricault.

Dans « Un noir joyeux - Édouard Manet », c'est Berthe Morisot qui évoque le souvenir de cet « enfant terrible de la peinture moderne » (p. 44).

Lors de l'observation du tableau analysé dans le cinquième récit, n'oubliez pas les oranges (sur la table) !

On croise ensuite et à nouveau Auguste Renoir, ce « magicien de la lumière » (p. 69). Cet instantané d'un bal sur le butte de Montmartre est « féerique », en effet.

Moi qui aime tellement Vincent van Gogh, j'ai trouvé le texte sur L'église d'Auvers (1890) d'une grande subtilité dans l'interprétation.

Je crois que le tableaux qui m'a le plus impressionnée (sic !) est bien celui évoqué dans « Étrange mimétisme » où la montagne est comparée aux « courbes d'un corps de femme » (p. 82).

Concernant la « fabuleuse laitière » l'auteur nous démontre l'impressionnisme du peintre et nous met au passage l'eau à la bouche : « la croûte de pain paraît tendre, cuite à point. Ce pain croustille, monsieur ! » (p. 89).

Brève, mais salutaire rencontre avec Henri de Toulouse-Lautrec qui nous conduit au cirque avec l'avant dernière œuvre. Le narrateur est Thadée Natanson qui parle également de son épouse Misia Sert. Nous constatons avec lui que « de chaque dessin [effectué de mémoire], une perfection hallucinante se dégageait » (p. 97).

Le dernier récit est le plus triste à mes yeux. En marge de l'Autoportrait à l'abat-jour (1775) de Jean-Siméon Chardin, l'auteur évoque l'histoire de François et de ses pastels (des bâtons de toutes les couleurs), avec en filigrane des notions de désir de perfection, de besoin d'outils appropriés et même de sacrifices consentis par l'artiste.

C'est lumineux et subtil, c'est agréable et surprenant.

À lire et faire lire sans compter !

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Camille muse de Claude Monet

En couverture dans le tableau La promenade, elle semble avoir soudain pris conscience de notre présence et, dans un mouvement vif, se retourne pour nous fixer, comme par-delà le temps. Claude Monet l’a saisie il y a un siècle et demi en ce bref instant suspendu : va-t-elle ensuite poursuivre son chemin, sa silhouette dansante s’amenuisant peu à peu dans le lointain, ou nous attendra-t-elle pour nous donner le bras le temps d’un bout de chemin en sa compagnie ? Alain Yvars a pris les devants. C’est lui qui nous convie à une promenade auprès de l’ombre fugace de Camille, le temps de retracer son parcours d’épouse et de muse du grand peintre, comme l’on feuilletterait un album dont les photographies ne seraient autres que les tableaux qu’elle inspira.





D’emblée l’émotion est au rendez-vous, avec pour première image Camille peinte sur son lit de mort, ombre déjà floutée par les tonalités pâles et bleutées du tableau, tout enveloppée d’un flot de tulle comme une mariée. Nous voilà ramenés au cycle de toute vie humaine, qui finit là où elle a débuté, avec cette universelle question : « se pouvait-il qu’un grand bonheur puisse s’envoler, cesser d’exister ? » Dès lors, le récit s’engage dans une rétrospective intime, remontant là où tout a commencé, quand Camille n’avait que dix-huit ans et rencontrait Monet, balayant une décennie conjugale ponctuée de deux enfants et de bien davantage de chefs d’oeuvre picturaux, et revenant boucler le cycle avec les obsèques de la jeune femme, morte à trente-deux ans d’un cancer.





Hormis les tableaux où elle figure, peints par Monet mais aussi par Renoir et Manet, presque rien ne subsiste de Camille Doncieux, la jalousie d’Alice Hoschedé, la seconde épouse Monet, ayant mené à la destruction des lettres, photos et documents la concernant. Mais quels plus beaux souvenirs que cette série d’innombrables portraits, où elle paraît d’ailleurs parfois sous plusieurs personnages à la fois, et qui jalonnent l’essor artistique d’un peintre dont elle ne cessa de soutenir le génie trop novateur pour leur éviter la misère. Peintre lui-même, passionné éclairé et solidement documenté, Alain Yvars fait revivre le couple Monet aussi bien dans son intimité que face à son siècle, analysant avec sensibilité cette peinture du fugitif et de l’instantané qui fut une si grande révolution et qui nous restitue si bien la vie au travers de ses motifs.





Après Que les blés sont beaux, Conter la peinture et Deux petits tableaux, l’auteur nous régale à nouveau d’un ouvrage aussi intéressant qu’émouvant, luxueusement illustré de reproductions sur papier photo, pour une immersion si naturelle dans l’univers de Camille et Claude Monet qu’elle nous fait oublier l’immense travail de documentation qui la rend possible.





Bravo à Alain, alias Jvermeer, pour cette belle réalisation et un grand merci pour son partage.


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Camille muse de Claude Monet

J’avais beaucoup apprécié Que les blés sont beaux – L’ultime voyage de Vincent Van Gogh, roman de Alain Yvars qui retraçait les derniers mois du peintre à Auvers. Aussi, quand ce dernier m’a proposée la lecture de Camille muse de Claude Monet, naissance de l’impressionnisme, c’est avec enthousiasme que j’ai accepté sa proposition !

La couverture représentant La femme à l’ombrelle (1875) sur laquelle on découvre la gracieuse Camille qui regarde sans doute son Claude penché sur sa toile est une superbe invitation. Une invitation à découvrir ce mouvement pictural apparu en France dans les années 1860, l’impressionnisme, qui vise à représenter l’instantanéité, la fugacité des choses, le caractère éphémère de la lumière et ses effets sur les couleurs et les formes. Une invitation également à découvrir comment elle, Camille Doncieux, délicate jeune fille de dix-huit ans, récemment arrivée à Paris avec sa famille rencontre en cet été 1865, le peintre Claude Monet alors âgé de vingt-cinq ans, et comment après avoir posé pour lui, elle devient très vite son modèle préféré, sa muse et sa nouvelle compagne.

Alain Yvars, avec toujours autant de délicatesse, de poésie et surtout une grande connaissance de la peinture, nous fait revivre les difficultés et les joies qu’ont connues Claude et Camille de l’été 1865 au 5/9/1879, date du décès de Camille.

C’est grâce à Eugène Boudin que Claude avait eu une révélation : il avait compris la brièveté du temps, compris la nature et appris à l’aimer, goûté à la liberté procurée par la peinture en plein air et était devenu peintre à dix-sept ans.

Converti à la peinture en plein air tout comme ses amis Frédéric Bazille, Auguste Renoir et Alfred Sisley, que rejoint bientôt Camille Pissarro, Claude Monet, lorsqu’il rencontre Camille est emporté par sa fièvre créatrice et la peint avec fougue dans tous ses tableaux.

Lors du salon annuel parisien de 1866, il présente Camille ou La Femme à la robe verte. Un article élogieux et enthousiaste paraîtra alors dans le journal « L’Événement » signé Émile Zola !

Mais l’année suivante, ses Femmes au jardin ne sont pas acceptées par le jury du salon. Une douzaine de ses amis sont également refusés. Cette nouvelle manière de peindre est incomprise et ne plaît pas au monde poussiéreux du Salon et au public. Ils choisiront donc ensuite, d’exposer en marge du Salon officiel et c’est en avril 1877 que l’exposition prendra le titre de « Exposition des Impressionnistes ».

Des difficultés financières importantes les obligeant à des privations, des déménagements répétitifs de même que la désapprobation familiale pour leur liaison jalonneront la vie du couple. Mais la douce et bienveillante muse Camille est là, encourageant et réconfortant son compagnon dans ses moments d’abattement et ces moments de tendresse le réconfortent de tous les déboires qu’il subit dans son art, nous donnant à découvrir de belles scènes pleines de sensualité.

Si ce sont bien des années de galère qu’ils vivent, qu’ils doivent surmonter, et qui sont bien évidemment évoquées dans le livre, c’est avant tout la beauté des tableaux de Claude Monet, son avant-gardisme, son opposition à l’art académique, et l’importance qu’a eu la présence de Camille dans son œuvre que Alain Yvars relate dans ce livre.

Outre son rôle essentiel dans l'œuvre de Monet, Camille pose également pour Édouard Manet, La famille Monet au jardin, 1874, entre autres, et Auguste Renoir, Portrait de madame Claude Monet, 1872, le plus célèbre.

À chaque page, chaque ligne presque, éclatent les couleurs, jaillit la lumière, surgissent les reflets. Intimité, sensualité, vibrations, frémissements imbibent le texte. Mais que serait le texte sans les vingt-huit tableaux montrant la compagne de l’artiste qui sont insérés au fil des chapitres.

Plus qu’une autobiographie romancée, Camille Muse de Claude Monet peut être assimilé à un livre d’art, le livre étant édité sur papier photo pour une meilleure qualité des couleurs.

Découvrir la genèse, la composition et l’analyse de tableaux et ce dans un contexte romancé, et en même temps pouvoir le contempler est à mes yeux ce qu’il y a de mieux.

Je connaissais, mais bien imparfaitement, l’œuvre de Claude Monet, chef de file de l’impressionnisme. Grâce à Alain Yvars que je remercie sincèrement, j’ai beaucoup appris et passé de merveilleux et doux moments auprès de Camille et Claude savourant avec eux des moments délicieux dans cette nature que Claude a magistralement magnifiée avec la présence de Camille.

Impossible pourtant de terminer sans évoquer la mort à l’âge de trente-deux ans de Camille et cette toile ô combien belle mais douloureuse qui ouvre et clôt l’ouvrage : Camille Monet sur son lit de mort (1879).


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Que les blés sont beaux : L'ultime voyage de ..

Écrire la peinture. Retranscrire avec les mots une façon de peindre, elle-même reflet d'une âme, d'un caractère, d'une façon d'être à la vie, à une époque particulière, à un endroit bien précis.

Tel est le pari réussi d'Alain Yvars (@jvermeer), conteur de peinture, cueilleur empathique de couleurs et de lumières. Se mettant « à la place de », en l'occurrence ici à la place de Vincent van Gogh, Alain Yvars m'a projeté avec émotion à Auvers-sur-Oise en juin-juillet 1890, dernière commune du peintre dont il donne une vision romancée, mais au plus près du réel (sur la base de courriers, de documents, et de la correspondance du peintre), de ses dernières semaines de vie.



« Un sentiment d'infini…En cette fin d'après-midi, le soleil déclinant léchait de citron vert le champ bordant l'horizon, juste sous les nuages moutonneux qui avançaient lentement sur la gauche ».



Cette lecture a été une jolie et agréable parenthèse bucolique. Je fus littéralement avec Vincent van Gogh, je l'ai vu vivre dans cette petite ville au charme suranné, l'ai imaginé arpenter les bords de l'Oise avec son carnet de croquis ou son chevalet. Assise à ses côtés lorsqu'il peignait, j'ai ressenti sa singularité, sa rage créative, sa façon très visionnaire de manier le pinceau.

Certains de ses tableaux, dans ce roman, naissent, éclosent, avancent, se terminent, sèchent sous nos yeux, et je profitais du tableau d'ensemble transmis avec brio par les mots d'Alain Yvars pour aller voir ensuite le véritable tableau sur internet. Je me surprenais à grossir les images, pour voir de plus près la technique expliquée par le peintre lui-même. La superbe église d'Auvers-sur-Oise, ses pittoresques chaumières, les ciels dont il fait sa prédilection, aux différentes tonalités de bleu et parfois dentelés d'arbres dressés, les champs de blé melliflus parsemés de coquelicots en petites touches sanglantes, ses multiples portraits de femme…Je les ai tous retrouvés, les ai appréhendés selon une approche nouvelle. Ces traits de couleurs en bâtonnets épais donnent une telle énergie à la représentation, un mouvement, un tourment, une âme, ne faisant pas de ces tableaux de simples reproductions, transformant « cette végétation pacifique en un brasier agressif".



« Les teintes bleues et orangées, accolées, s'harmonisaient parfaitement. Ce n'était pas une simple copie de la nature, j'y voyais une force, un rythme, une vie…Je ressentais l'avancement des nuages, la progression en zigzag des oiseaux, le ploiement des blés sous le vent. Les chemins ondulaient vers un lointain mystérieux ».



Ces explications sensibles et vivantes m'ont émue. Je n'admirerai plus les tableaux de Vincent van Gogh de la même manière désormais. En cela je remercie chaleureusement Alain Yvars, de m'avoir éclairée et, à la différence d'un simple essai ou manuel sur la peinture, la forme romancée convoque également le coeur et pas seulement l'esprit. Il nous dit en 4ème de couverture qu'il est allé à Auvers-sur-Oise où il n'a eu qu'à écouter le peintre. Cela parait si simple et pourtant, pour arriver à une telle empathie, quel travail de recherche (la bibliographie nous le montre), quelle sensibilité, quel amour pour ce peintre et quelle plume ! Oui, il en faut du talent pour arriver ainsi à nous mettre dans la peau de Vincent van Gogh d'une façon si naturelle. L'auteur réussit vraiment à imaginer ce que voyait le peintre. Cela donne un style poétique immersif au centre duquel la nature est omniprésente, où les couleurs règnent en maitre. le bleu, le violet, le jaune, le rouge, des couleurs brutes, intenses, sans mélange, à la cohabitation surprenante. Des couleurs pour ressentir à moins que ce ne soit les sensations mises en couleur, sentiments impétueux, fougueux, explosifs, dont les couleurs seraient les messagères. Influence de l'un sur l'autre et de l'une sur l'autre, la nature guide Van Gogh et semble même être en phase à ses changements d'humeur, étranges prémonitions.



« Avec le mauve restant sur la palette, additionné de vert, je couvris de virgules le devant ombré de l'église qui parut envahi de larves rampantes, grouillantes, s'élançant à l'assaut des murs. Un court instant un nuage rosé surprit mon attention. Il s'accrocha bizarrement au clocher puis s'effilocha dans l'azur. Je changeai de brosse pour les parties claires. J'ensoleillai le pré devant l'église et alignai ensuite verticalement des bâtonnets ocres sur les deux chemins sinueux qui l'encerclaient. le contour des toits fut souligné de lignes claires irrégulières, contrastant avec le ciel sombre ».



Quelques mots sur la présence du peintre dans cette commune. Vincent van Gogh y est venu pour oublier son mal qui l'a tant fait souffrir dans le Sud, mal psychologique, et pour se soigner grâce aux bons soins d'un certain docteur Gachet. Nous voyons un Vincent van Gogh plein d'élans, d'optimisme, volontaire, souvent joyeux, doutant parfois, sensible, passionné par son art, très proche de son frère Théo qui croit en lui et subvient à ses besoins, le peintre n'arrivant pour le moment pas à percer, sa peinture étant très, trop, visionnaire. Mais Théo et sa femme Jo en sont certains : c'est le plus grand peintre du moment, la reconnaissance de son talent ne saurait tarder. Une dispute au sein du couple qui rencontre des soucis financiers va venir saper la confiance fragile retrouvée. Fragile car depuis sa naissance, le petit Vincent traine une blessure originelle : son arrivée au monde est marquée par le deuil d'un frère ainé mort une année plus tôt qu'il va venir remplacer en naissant le même jour que lui et en portant le même prénom. Héritage tragique. Se sentant être devenu un fardeau pour son frère et un peintre raté, il mettra fin à cette situation en se donnant la mort en pleine nature, en plein jour.



« Je me prenais pour un visionnaire, je n'étais qu'un halluciné. Ma peinture n'intéressait personne, à part quelques fous comme moi. Une faillite… ».



Ce livre est également l'occasion de comprendre les influences de van Gogh, ses maîtres à penser, ses affinités dans la peinture mais aussi en littérature en ce 18ème siècle culturellement très riche. Toulouse-Lautrec, Paul Signac, Pissarro, Monet, Degas, Renoir, Seurat…Impressionnistes et néo-impressionnistes, mais aussi estampes japonaises, les maîtres à penser sont là, évoqués, convoqués, Alain Yvars montrant parfois l'influence de l'un d'entre eux sur tel ou tel tableau. C'est très intéressant.





Alain Yvars réussit avec délicatesse à conter la peinture de van Gogh, peinture mystérieuse et tourmentée à l'image du peintre, à nous expliquer de façon passionnante son mouvement, son énergie, sa fougue, au travers un style pictural novateur et singulier. En plus de nous présenter un peintre à la fois passionné et fragile dans les dernières semaines de sa vie, il nous offre avec un naturel déconcertant le regard sensible et poétique du peintre d'origine hollandaise. Il le resitue dans son contexte historique mettant en valeur ses influences et mêle à la grande Histoire culturelle, l'histoire intime du peintre. En convoquant le coeur et la raison, ce livre nous permet une immersion culturelle d'une grande richesse et d'une grande poésie.



« La peinture est un combat dont le peintre ne sort pas toujours vainqueur ».



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Conter la peinture : Si les oeuvres parlaient

Lui-même peintre et passionné d'art, Alain Yvars a choisi quelques œuvres picturales célèbres pour, le temps de courtes nouvelles, redonner vie à chacun de leurs auteurs et de leurs époques : un peu comme si, en observant chaque tableau, un écho de leur contexte et des personnes qui les ont vus naître vous parvenait au travers des siècles. Soudain, l'atelier, le modèle, la société d'alors resurgissent à vos oreilles, comme un fond sonore accompagnant votre contemplation.





Je me suis plu à imaginer un musée capable de vous faire vivre les oeuvres de la même façon : devant chaque tableau, un casque sur les oreilles, j'entendais l'évocation sonore reconstituée à partir du texte d'Alain Yvars, ou bien, à l'instar de l'expérience immersive proposée sur les peintres impressionnistes au Château d'Auvers-sur-Oise, j'assistais à un bref son et lumière, au moyen de quelques images projetées sur les murs et toujours d'une bande-son restituant l'atmosphère et les voix.





Il a fallu à l'auteur toute l'imprégnation acquise au cours de décennies de passion, pour ressusciter avec autant de naturel et de crédibilité ces petits morceaux de vie, pour réussir ces brèves plongées dans l'intimité des peintres et de leur entourage. Tous ces textes accompagnés d'illustrations réussissent à faire vivre les oeuvres qu'ils évoquent : en lisant Alain Yvars, les tableaux cessent d'être de beaux objets inertes que l'on vient contempler, ils s'animent et parlent, ils vous projettent directement dans l'existence des hommes et des femmes peintres.





Chacune de ces petites nouvelles est différente, toutes sont agréables à lire et, sans aucun doute, elles ont de quoi intéresser autant les passionnés d'art que les néophytes. Coup de coeur (5/5).





Je remercie Alain Yvars pour son service presse et salue son soutien à l'association Rêves pour enfants malades, à qui il reverse les bénéfices de ses publications.


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Deux petits tableaux : Si les oeuvres parla..

Deux petits tableaux, Si les oeuvres parlaient… Plus que le titre du livre d'Alain Yvars, c'est le sous-titre qui fournit la clé du livre, c'est lui qui dévoile l'ambition, à la fois modeste et folle, qui l'anime : faire parler les oeuvres de quelques uns des plus grands peintres de l'histoire de l'art en onze récits, onze courtes nouvelles suggestives plutôt qu'explicatives, onze rêveries, onze évocations savoureuses… en se glissant dans le tableau.

Alain est tour à tour danseur, bohème, chien de compagnie, servante, muse et peintre, et nous voici transportés dans une guinguette en bord de Seine au milieu des rires des cousettes et des interpellations des canotiers, ou à Auvers-sur-Oise face au chevet d'une église « enveloppée d'un lourd manteau sombre qui la fait ployer », ou dans l'intimité d'une chambre à coucher inondée d'une lumière dorée, ou bien encore au pied de la montagne Sainte-Victoire reposant lascivement sous un soleil brûlant.

Qui n'a pas rêvé, en contemplant un paysage d'été, une partie de campagne, une scène de bal aux couleurs chatoyantes, d'entrer dans un Renoir? Qui n'a pas rêvé de se fondre dans les camaïeux de bleu d'un Van Gogh? Dans la lumière orangée et provençale d'un paysage de Cézanne? Dans les délicieuses scènes d'intérieur, paisibles et douillettes, d'un Vermeer?

Moi, j'en rêve depuis toute petite, depuis que, après être tombée par hasard chez un bouquiniste sur un lot de revues éditées dans les années soixante — Chefs-d'oeuvre de l'art - Grands peintres — ma mère m'a mis entre les mains les plus merveilleux des livres d'images. Des livres souples, peu épais mais solides, que je pouvais manipuler facilement sans les abîmer, que j'ai contemplés des dizaines, des centaines de fois sans jamais me lasser, attentive, réceptive comme seuls les enfants savent l'être. Sans préjugés, sans idées préconçues, sans volonté particulière, sans plan pré-établi, sans objectif à remplir. J'étais une page vierge, un oeil neuf, et ces peintures que des mains inconnues avaient tracées des dizaines d'années ou des siècles plus tôt, s'imprimèrent à jamais dans ma rétine. Les toits rouges de Pissarro, le mystère insondable des portraits de Manet, les aplats maritimes de Marquet, les cyprès tortueux de van Gogh, l'infinie délicatesse de la dentelière de Vermeer, les clairs-obscurs énigmatiques de Georges de la Tour, le monstrueux bestiaire de Jérôme Bosch, m'étaient aussi familiers que la vue que j'avais chaque jour sous les yeux depuis la fenêtre de ma chambre. En parcourant le livre d'Alain, j'ai renoué avec la sorte d'enchantement qui m'enveloppait, enfant, quand, me glissant dans les fabuleuses images, je découvrais des mondes si différents du mien, m'imprégnant de leur beauté, de leur poésie, de leur étrangeté sans le vouloir ni même le savoir.



« Grâce à l'art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu'il y a d'artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l'infini et, bien des siècles après qu'est éteint le foyer dont il émanait, qu'il s'appelât Rembrandt ou Vermeer, nous envoyant encore leur rayon spécial. »



Frappée par le rayon spécial qu'évoque Proust dans Le temps retrouvé, j'ignorais alors combien ces artistes, combien leur regard allaient profondément et durablement modifier le mien. Les champs de coquelicot de Monet, les cyprès de van Gogh, les noirs de Soulages, les pins parasol de Cézanne…tout se passe encore aujourd'hui comme si leur vision, en se sur-imprimant à la réalité que j'ai sous les yeux, venait l'enrichir, la poétiser, la transcender. Grâce à eux, il m'arrive parfois, souvent, de voir la vie en vers et non plus seulement en prose.

Il m'arrive parfois, souvent, de penser que sans l'art, sans ceux qui le servent avec une humilité et une obstination sans pareille, sans la beauté qu'ils apportent au monde, la vie ne vaudrait pas d'être vécue.



« Il n'y a aucune raison dans nos conditions de vie sur cette terre que nous nous croyions obligés à faire le bien (...) ni pour l'artiste athée à ce qu'il se croie obligé de recommencer vingt fois un morceau dont l'admiration qu'il excitera importera peu à son corps mangé par les vers, comme le pan de mur jaune que peignit avec tant de science et de raffinement un artiste à jamais inconnu, à peine identifié sous le nom de Vermeer. »

Marcel Proust, La prisonnière
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Deux petits tableaux : Si les oeuvres parla..

Après l'édition l'an dernier de son premier recueil de nouvelles « Conter la peinture », Alain Yvars récidive, pour notre plus grand plaisir, avec onze petits textes additionnels, chacun consacré à une oeuvre majeure qui a marqué son parcours d'amateur d'art.





Cézanne, Chardin, Delacroix, Manet, Renoir, Toulouse-Lautrec, Van Eyck et Van Gogh… Un pas devant tous ces maîtres, c'est Vermeer qui préside cet ouvrage, lui offrant son titre et sa couverture, et nous introduisant dans le musée personnel de l'auteur où il semble occuper la place d'honneur, à la faveur d'une émotion et d'une fascination inversement proportionnelles à la si petite taille de ses deux tableaux visibles au Louvre. La balade se poursuit de toile en toile avec la même force émotionnelle, et surtout en procurant la sensation magique de pénétrer à l'intérieur de chaque tableau, dans une scène rappelée à la vie le temps de quelques pages.





Invité à guincher au bord de l'eau ou au bal du Moulin de la Galette, enveloppé de l'odeur de poudre flottant sur les barricades, engourdi par les séances de pose où, pour quelques heures, se figent muses et modèles, le lecteur voit soudain les tableaux s'animer, leurs sujets reprendre vie et l'accueillir dans une tranche d'existence saisie sur le vif. Les fidèles d'Alain Yvars retrouveront un des plus beaux passages de son roman « Que les blés sont beaux », lorsque l'église d'Auvers se met à vibrer sous le pinceau de van Gogh. Je me suis personnellement attardée avec curiosité dans l'intérieur bourgeois des si désassortis époux Arnolfini, intriguée par les multiples lectures possibles de cette scène truffée de messages codés. Enfin, l'on sourit du texte de clôture, où le peintre amateur – alter ego de l'auteur ? - , se sent si petit face à ces géants de l'art.





Soulignons l'agréable toucher peau de pêche de la couverture et la qualité des reproductions en couleurs qui font de cette lecture un petit moment de bonheur, et il ne reste plus qu'à mentionner le reversement des droits de l'auteur à l'association Rêves qui soutient les enfants gravement malades, pour vous convaincre de découvrir ce petit ouvrage plein de charme.





Un grand merci à Alain Yvars pour la découverte de son dernier-né.


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Camille muse de Claude Monet

Dieu sait comme j'aime la peinture pour m'envoyer un ami aussi précieux qu'Alain Yvars qui me parlera des tableaux sans contrainte, sans le côté pédantesque des albums vendus dans les boutiques des musées. Lisant ses descriptions, on croit deviner Claude qui enseigne l'art pictural à Camille, sa muse ineffable, dans les jours bruineux !

L'art divinise. J'avoue ne m'être jamais intéressée à un modèle quelle que soit l'oeuvre où il figure, comme si l'être humain n'était qu'une ombre insignifiante, anonyme, de sa représentation artistique, sublimée, la seule digne à demeurer. Donc, doublement bravo à Alain Yvars pour son humble dévouement à la petite Camille. Il la devine, il la devine petit à petit, il la devine espièglement, non dans la nuit mais dans la Lumière. Il lui insuffle la vie. Camille devient ensuite son fil d'Ariane pour développer une réflexion généreuse sur le maître absolu de la peinture qui est Claude Monet. le peintre ne m'a jamais été aussi proche, nu dans ses hésitations, déboires, exaltations. Je ne sais plus à quand remonte ma visite à sa grandiose exposition au Grand Palais, cette visite aussi euphorique qu'héroïque, précédée d'une queue de deux heures et demie, par un soir sibérien. J'ai l'impression que la lecture d'Alain Yvars ferme dans mon esprit une jolie boucle.

Au-delà des toiles d'où elle nous sourit, on sait fatalement peu de choses sur Camille Doncieux (1847-1879). Monet consent à détruire toute la correspondance de sa première femme, ses photos, ainsi que tout élément qui aurait pu nous renseigner sur sa famille d'origine, à la cruelle demande de sa seconde épouse, Alice Hoschedé. Une unique photographie de Camille, prise en Hollande en 1871, échappe à cette rivalité destructrice, simplement parce qu'Alice Hoschedé en ignorait l'existence.

Dans ce livre, Monet est d'abord l'audacieux, l'ambitieux, pour devenir le génial que nous admirons tous. Il est celui qui épouvante les jurys ! le commencement dépouillé de l'ouvrage ressemble, à mes yeux, aux débuts précaires de l'artiste, marqués par la faim, les moqueries des critiques, le mépris des familles respectives du couple non régularisé. Puis, les descriptions des toiles, l'histoire de leur genèse, deviennent de plus en plus voluptueuses et enivrantes. Et là, que d'images dispendieuses de la Seine, des embarcations de plaisance, de bateau-atelier, de talus herbeux, de la neige, des plis de chiffons élégants, nous donne Alain Yvars !

Camille Doncieux, un modèle modèle, parfait en son genre. Elle est belle, douée pour prendre la pose, patiente, loyale. Elle lui apporte non seulement l'extase du corps, car pour elle, il lâche parfois sa palette, mais aussi le réconfort, et même le conseil. Monet la peint « dans des fatigues de bonheur », jaloux à l'idée qu'un autre peintre pourrait la déshabiller. Comment ne pas penser à Les Rougon-Macquart, tome 14 « L'Oeuvre » de Zola : « Et elle [Christine], ayant tué la peinture, heureuse d'être sans rivale, prolongeait les noces » ?… Camille est non moins rongée de jalousie s'imaginant son Claude avec d'autres modèles, des demi-mondaines… Est-ce pour cela que chacune des toiles représentant Camille semble une variation sur la volupté ?

Alain Yvars parle de l'importance du souffle de Jongkind et de Boudin dans le développement de Monet. Il consacre également les pages tendres et parfois soudainement tragiques aux amis fidèles de Monet : Bazille, Renoir, Zola. Monet connaît la solidarité des artistes exilés à Londres, Daubigny et Pissarro. Durant ses années à Argenteuil, il est soutenu par Gustave Caillebotte, peintre et mécène…

Les deux coloristes, Monet et Renoir, passent l'été à peindre ensemble le restaurant flottant de la Grenouillère, l'îlot appelé « camembert » ! À cette occasion, Alain Yvars nous offre une comparaison détaillée de leurs oeuvres, différentes et très proches en même temps, alors que les peintres sont en train de créer une nouvelle conception : la vision spontanée du plein air. Ah, ces tableaux nous donnent réellement faim et soif ! Ils portent un toast infini aux vibrations lumineuse de l'eau et du ciel !

La guerre, déclarée en 1870 entre la France et la Prusse, arrache à Claude son ami Bazille, le témoin de ses débuts parisiens, l'homme au chapeau melon du « Déjeuner sur l'herbe » et le parrain de son fils Jean. Monet entreprend un voyage pour la Hollande.

Il voyage, il déménage, les toiles naissent de son quotidien, ressuscitent le terre-à-terre éphémère. « Ce qui intéresse le peintre n'est pas le visage, ni les mains de la jeune femme, mais tous ces coloris qui éclatent sur elle, s'entrechoquent, vibrent. »

Néanmoins en 1877, Monet change son comportement envers Camille. Il éprouve de l'attirance pour Alice Hoschedé, la châtelaine, coquette menant grand train, mais aussi femme intelligente et très cultivée.

Le livre s'ouvre et se ferme par des scènes à la maison de Vétheuil, où Camille s'éteint à trente-deux ans, à la suite d'un cancer, et où Monet peint son visage glacé par la mort. Il peint puis cache le portrait.

L'immense Monet, qu'est-il sans Camille ? Camille, est-elle morte d'amour, de cette jalousie qui en est la composante intrinsèque, de chagrin ? Je n'ai qu'une envie : revoir Monet, armée de détails qu'Alain Yvars m'a soufflés !

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Que les blés sont beaux : L'ultime voyage de ..

Vincent a quitté le Midi, cette terre de lumière, d'exaltation et d'embrasement Il fait une courte halte chez son frère bien-aimé, Théo. Il y retrouve avec plaisir sa belle-soeur, Jo ainsi que son neveu,Vincent Willem. Puis il part pour Auvers-sur-Oise où le Docteur Gachet doit le soigner.

Dans ce petit village, c'est un Vincent apaisé qui peint à tue-tête pour oublier ses démons. Il ne vit pas sa peinture, il est sa peinture. le ciel est une immense palette. Les lumières douces, des champs de blés dorés, un joli petit village : tout parle de peinture. Vincent parle de son art, de sa vision, expérimente les techniques d'autres artistes qu'il admire tout en les adaptant à son style. Tout cette sérénité le mène à une introspection : il se bat pour sa peinture, il a conscience d'innover, il n'aime pas être une charge pour son frère et sa famille et il a peur d'une rechute.A la fin du mois de Juillet quand les jours diminuent, que le blé va être fauché, Vincent mettra fin à ses jours.

Alain Yvars prête sa plume à Vincent et réussi à nous faire voir le monde avec ses yeux. C'est une oeuvre intime. Un pari risqué. Un magnifique roman si beau, si prenant avec un style agréable. On y découvre un Vincent van Gogh bienveillant, attentif aux autres, qui découvre son art à travers les autres artistes et s'en inspire, un grand passionné... un génie.

L'auteur nous offre une belle page d'histoire, la vie dans les campagnes à la fin du 19ème siècle , les peintres, la fée verte (absinthe) boisson très prisée de l'époque,les guinguettes...

Un très beau premier roman, Alain Yvars donne vie aux derniers mois de Vincent, c'est palpable grâce à ses belles descriptions.

Dernier petit point qui n'est pas des moindres, les bénéfices du livre sont reversés à l'association Rêves.

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Que les blés sont beaux : L'ultime voyage de ..

Nous sommes en juin 1890. Sur les conseils de son frère Théo, Vincent van Gogh, à peine remis de ses dernières crises de violence qui l'ont amené à se faire interner lors de son séjour à Arles, décide de s'établir à Auvers-sur-Oise, où réside le docteur Gachet. Enchanté par cette campagne paisible où il est accueilli avec bienveillance, ragaillardi par la proximité de Théo et de sa femme Jo, Vincent se consacre à la peinture avec frénésie. Il est alors au sommet de son art. Pourtant, ses tableaux, avant-gardistes, ne se vendent pas. Il mène une vie indigente, aux crochets d'un frère qui connaît lui-même quelques difficultés financières. La trêve sera de courte durée, deux mois d'un été qui se terminera tragiquement, mais qui aura vu l'apothéose du talent de l'artiste.





Alain Yvars a mis à profit tout son amour de la peinture et toutes ses connaissances accumulées au cours d'un immense travail de documentation, pour se glisser dans la peau de Vincent et narrer en son nom ces deux mois passés à Auvers-sur-Oise. Il en résulte un roman parfaitement fidèle à la réalité connue, empreint de charme et de délicatesse, au ton délicieusement suranné et nostalgique, et à la lecture fluide et captivante. Alors que revivent lieux et atmosphères, évoqués si naturellement qu'ils en paraissent familiers, les derniers tableaux du peintre prennent forme sous nos yeux, capturant les vibrations de la vie par la seule force des couleurs.





Si le roman reste pudique sur les sentiments de Vincent, ne faisant qu'effleurer les tourments qui devaient ravager l'artiste, l'émotion est bel et bien présente au travers de l'évocation des toiles, qu'on a presque l'impression de voir naître sous nos propres doigts. Qui pouvait mieux décrire le combat de la création et la genèse de ces oeuvres, qu'un autre peintre, familier des gestes nécessaires à la maîtrise du mouvement et des couleurs ?





Que les blés sont beaux m'a fait redécouvrir certaines oeuvres de van Gogh, qu'il est dommage de ne pouvoir admirer dans cette édition mais qui sont visibles sur le blog de l'auteur. Il m'a aussi donné l'envie de retourner à Auvers-sur-Oise, que j'avais visité il y a quelques années, et où on se plairait à imaginer une exploitation touristique du roman.





Saluons par ailleurs le fait que les bénéfices de ce livre sont reversés à l'association Rêves, aidant les enfants gravement malades.





Coup de coeur. (5/5).





Merci à Alain Yvars pour sa confiance.





Retrouvez sur mon blog mon interview d'Alain Yvars le 11 juin 2019 :

https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/06/interview-dalain-yvars-peintre-et.html







Coïncidence : le 19 juin prochain, le revolver avec lequel Van Gogh se serait mortellement blessé sera mis aux enchères à l'Hôtel Drouot. Voir ma rubrique le coin des curieux, en bas de ma chronique sur ce livre sur mon blog :

https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/06/yvars-alain-que-les-bles-sont-beaux.html


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Deux petits tableaux : Si les oeuvres parla..

Une jolie couverture au touché peau de pèche et une émotion intense à la vue de La Dentellière ont accompagné ma découverte du dernier livre d’Alain Yvars, « Deux petits tableaux », qui fait suite à « Conter la Peinture ». Vermeer ouvre majestueusement la visite du musée intime que nous propose l’auteur. Fascinante « Dentellière » qui crée un désir de méditation devant tant de délicatesse et de sérénité et qui ouvre la porte sur onze petites chroniques en relation, chacune, avec une toile de Maître.



Il appartient à la lectrice ou au lecteur de prendre, tout simplement, le temps de s’asseoir confortablement et de s’offrir le luxe de tourner les pages doucement, d’admirer les toiles qui sont illustrées et de se laisser porter par la voix du narrateur que l’on perçoit du plus profond de soi. Chaque tableau bénéficie d’un récit en corrélation avec l’œuvre qui se trouve sous nos yeux et sous la plume d’Alain Yvars, les personnages s’animent, la magie opère, la mélodie narrative nous les rend plus consistants, plus proches de nous. Nous sautons les époques subrepticement et pénétrons auprès d’eux dans le tableau. Mais ce joli récit possède aussi une vertu pédagogique. Je ne pourrai plus admirer certaines toiles sans être accompagnée du texte d’Alain Yvars. Il sait nous enseigner à la fois l’histoire mais aussi la technique sous l’apparence d’un récit imaginaire sorti tout droit de son esprit vagabond. Il nous fait partager son regard d’initié.



Certaines toiles nous sont familières selon nos préférences comme celle de Delacroix « La Liberté guidant le peuple » ou Berthe Morisot et son extraordinaire sensibilité qui nous est devenue si proche au fil du temps ou encore « Le bal sur la butte » de Renoir. Comment ne pas se laisser bouleverser à la vue de l’Église d’Auvers-sur-Oise de Vincent Van Gogh. L’auteur qui le connait si bien, le laisse exprimer sa souffrance dans une très émouvante citation. Vincent se confie. Les mots, les pensées qui lui sont prêtés sous la plume de l’auteur, nous le rendent tellement accessible !



Mais la leçon que je reteindrai, c’est le mystérieux « Mariage italien à Bruges – Le portrait des époux Arnolfini» de Van Eyck. Au premier abord, ce n’est pas une toile qui m’attire mais à bien y regarder, avec le livre d’Alain sous le bras, moult détails et symboles apparaissent et c’est passionnant de découvrir le langage pictural de ce peintre flamand.



L’auteur nous offre une magnifique promenade au Louvre avec ce recueil. La Beauté nous a été refusée pendant tout ce temps où les musées nous étaient fermés, nous étions en manque, nous étions les orphelins de la Lumière « L’Art est la preuve que la vie ne suffit pas » - Cesare Pavese. Aussi, ouvrir ce recueil, c’est se laisser emporter là où les sentiments négatifs n’existent pas, c’est entrer en contact avec ses propres émotions, retrouver sa propre créativité, s’éveiller à son propre imaginaire.



Je remercie chaleureusement Alain Yvars de nous offrir un si beau voyage au pays de l’Art pictural sans oublier que ce dernier reverse ses droits d’auteur à l’association Rêves qui permet aux enfants gravement malades de vivre le plus beau jour de leur vie.



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Deux petits tableaux : Si les oeuvres parla..

L'auteur nous conte la peinture, les peintures qu'il prédilectionne. Mais chaque fois différemment car l'angle de vue et donc le ton changent prodigieusement. Pour ouvrir le spectacle, c'est Alain Yvars, en première personne du singulier, qui se balade au Louvre, en spectateur émerveillé, et nous fait part de ses coups de coeur insoupçonnés. Parfois c'est un artiste peintre lui-même qui nous dévoile ses peurs et nous relate la genèse d'une de ses huiles comme Auguste Renoir, invité à une guinguette pour danser, même maladroitement. Parfois c'est un modèle qui nous confie ses émotions par rapport au tableau qui l'honore. Et les modèles varient d'une jeune couturière montmartroise qui ne connaît rien à l'art pictural, jusqu'à Berthe Morisot, divine peintre elle-même. Parfois même c'est un caniche, sorti de la toile de Jan van Eyck « le portrait des époux Arnolfini », qui s'exprime avec tendresse et perspicacité !

Puis le « je » d'Alain Yvars revient, pour nous conter son hallucination inspirée par l'air parfumé et le soleil cogneur de la Provence mais aussi par la jolie chanson de Michel Berger « Cézanne peint //Silence les grillons// Sur les branches immobiles… » Ou encore pour parler de la Laitière impressionniste de Johannes Vermeer par le biais de sa rencontre anecdotique avec un visiteur terre à terre dans un musée d'Amsterdam.

Les reproductions qu'Alain Yvars soumet à nos yeux, ne sont pas des images quelconques, ramassées au hasard. Elles nous sont aussi nécessaires que les textes du livre. Ce sont des reproductions en haute définition qu'il repère dans les plus prestigieux musées du monde qui autorisent le téléchargement gratuit. Malencontreusement, en ce qui concerne les photographies des toiles conservées dans les établissements français, il est obligé à les acheter très cher, car ces deniers passent leur temps à augmenter leurs prix ! Les recherches de photos de qualité supérieure sont une partie intégrante et primordiale du travail d'Alain Yvars, parce que, sans elles, les nouvelles auraient été plus pâles malgré leur intérêt indéniable. D'après l'auteur, le droit à l'image reste encore un barrage en Europe, en dehors de certains musées comme le Rijksmuseum et le Mauritshuis en Hollande.

Que de fantaisie, d'audace, de sensualité, cher Alain ! Votre choix est individuel pour chaque oeuvre et chaque créateur mis en scène. Vous entrez dans la peau de n'importe qui et vous épousez son vocabulaire avec succès ! C'est cela que je trouve extraordinaire sans parlez de vos descriptions ravissantes, dispendieuses, qui nous jettent dans les bras de la peinture !

Ce bouquin est un pur bonheur ! Félicitations, Alain !!! Maintenant, reposez vos yeux avertis, prenez un immense bol d'air, dans la verdure naissante, pour vous récompenser de vos efforts d'humble serviteur de l'Art !
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Que les blés sont beaux : L'ultime voyage de ..

Ce livre de notre ami sur Babelio Alain Yvars ( jvermeer) est un hommage à Vincent van Gogh. Il tient la plume mais c'est Vincent qui dicte. Il se transforme, le temps d'un ouvrage, en passeur d'idées. Non, pas tout à fait un passeur d'idées, beaucoup plus fort. En diseur de passion, de désespoir, de travail et d'émotions. Nous sommes à Auvers sur Oise en 1890.



Un texte baigné de couleurs qui claquent, des tons purs "qui excitent les yeux", des verts bleutés accrochés au feuillage des arbres, des rouges vermillon "écrasés sur la toile et étalés avec délectation" "le bleu qui lacère la toile". Une explosion en somme!



Alain nous offre un texte débordant de sensibilité où la nature, plus vivante que jamais, accompagne le geste du peintre et lui impose ses changements d'humeur, ses nuances à peine perceptibles et ses exigences souvent difficiles à interpréter. Et van Gogh, sous la plume soumise fidèle et autorisée de l'auteur, adopte sous nos yeux une technique qui, loin d'être reposante, "transforme cette végétation pacifique en un brasier agressif".



Alain dans ses habiles commentaires, dans ses billets évoque souvent les ciels dans la peinture en général. Boudin, Ravier et tant d'autres. Il en parle bien. Il en parle souvent. Et ici il demande à son ami Vincent van Gogh de les évoquer: "les ciels mouvants et lourds" reflétant son émotion intérieure. Une émotion mouvante lourde, immense et sans limite........



L'auteur fait une promesse au lecteur. Promesse de vivre tout près de Vincent. Promesse de mieux cerner ce que fût, la dernière année de sa courte vie, la vie amicale, sentimentale et familiale d'un peintre de génie et surtout promesse de mieux comprendre qu'on ne peut donner à l'art une oeuvre unique, grandiose, avant-gardiste, que si le talent s'accompagne d'un don de soi entier, sans concessions, sans restrictions et avec dommages. "La spontanéité est le seul chemin que je m'autorisais" souligne Vincent. Nous le comprenons au fil des pages.



Je pense à une phrase de Christian Bobin:" Quelle que soit la personne que tu regardes sache qu'elle a déjà plusieurs fois traversé l'enfer".



Bien qu'il soit mort très jeune, Vincent van Gogh, a essayé désespérément d'être heureux. Il n'a réussi de son vivant ni a aider les autres, ni à s'aider lui-même. Est-ce le destin des artistes incompris? A la lumière de ce texte le lecteur ressent l'urgence. L'urgence de s'engager à fond avec une force venue d'on ne sait où. L'urgence de nourrir un puissant désir de progresser et d'atteindre un but indéfinissable fait de lumière et d'harmonie. L'urgence d'arrêter la progression du décalage avec les fonctions et les attitudes plus conformes? L'urgence d'en finir parce que tout devient trop compliqué?



Je viens de passer quelques heures dans l'intimité d'un très grand peintre, dôté d'un immense talent . J'ai évité de bousculer ce "vrai bazar" constitué de dizaines de toiles amassées dans sa petite chambre d'Auvers sur Oise,(classée monument historique depuis) je l'ai suivi scrupuleusement dans ce qu'il appelait "ce nid à punaises", en compagnie de son frère adoré Théo, de sa belle-soeur lucide Jo, de Madame Ravoux la serveuse un peu trop aimable, de Mr Ravoux un tantinet jaloux, de M. Martinez son compagnon de table. Je suis allée dans "le repère" des Gachet, le docteur qu'il juge aussi fou que lui et qui était aussi roux que lui, Marguerite et Paul ses enfants. J'ai senti ses émois amoureux, ses battements de coeur, ses déceptions, sa culpabilité et sa souffrance infinie. Grâce à lui J'ai approché Gauguin, Monticelli, Toulouse Lautrec. La dernière page tournée Il a bien fallu que j'atterrisse dans la réalité de ma vie quotidienne. Pas facile après un voyage pareil!



Van Gogh est autodidacte. Bien qu'ayant pris quelques cours son talent est inné avant d'être acquis. Un instinct, une sensibilité à fleur de peau, mais plus encore lorsque l'on parle de van Gogh, un don du ciel, un génie sans égal. Une peinture qui souffre, qui jaillit. Une peinture en mouvement exaltée et tellement vivante!



Van Gogh a, en son temps, réinventé la peinture, laissant aux peintres académiques le soin de reproduire fidèlement ce qu'ils voyaient. Autodidacte en grande partie tout comme d'autres artistes célèbres ( Suzanne Valadon, Utrillo, Gauguin, Frida Kahlo, et dans d'autres domaines, Beethoven, Mozart en grande partie, Richard Wagner, Louis Amstrong, David Bowie, Elton John). Alors une question me taraude. L"apprentissage académique, véritable technique avec ses lois, ses règles et ses obligations, ses limites laisse t-il suffisamment de liberté aux artistes pour exprimer, expulser (j'ose) ce qui vit déjà en eux et qui ne demande qu'à éclore spontanément? Bousculer les codes sans le savoir est une belle entrée en matière à la création je trouve! N'est-ce pas le moment propice à une âme sensible et bouillonnante d' inventer une nouvelle expression libre de toute enchaînement, un nouveau langage?



Dans le cas de van Gogh c'est une nouvelle peinture, alimentée certes par de nombreuses influences mais qui sort du cadre. Vaste sujet.....



J'ai aimé cette compagnie insolite et précieuse. Je remercie chaleureusement Alain de m'avoir adressé ce livre. Un cadeau d'une grande valeur à mes yeux. Un beau travail mais de cela je ne doutais pas un seul instant!



Au fait Alain, selon vous Van Gogh s'est-il suicidé ou bien a t-il été tué accidentellement par les deux garnements qu'étaient René et Gaston Secrétan?



Cet ouvrage de grande qualité ouvre un autre chapitre de la merveilleuse histoire de l' art qui malgré certaines tragédies n'aura jamais fini de nous surprendre et de nous faire rêver.





























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Conter la peinture : Si les oeuvres parlaient

Ouvrir tout doucement la porte, pénétrer à pas feutrés dans l’intimité d’Alain Yvars, c’est accéder au monde de la beauté, de la poésie, de l’Art ; ce monde qui nous permet de nous évader de celui, si matérialiste, si lourd, qu’est celui dans lequel nous évoluons. Ce paradis nous permet d’envisager que les muses existent quelque part tapies dans un petit coin de notre être intérieur et de temps en temps, de les laisser se manifester sous l’effet de notre sensibilité artistique.



J’avais beaucoup aimé son roman « Que les blés sont beaux : l’ultime voyage de Vincent Van Gogh ». Sa plume abolit les frontières du temps et de l’espace. Et j’ai retrouvé dans « Conter la peinture » la même sérénité, la même poésie, et cette capacité à transporter le lecteur dans l’univers qui est le sien : la peinture. Cette fille divine qui nous ouvre une des portes de la création à nous, simples mortels, bienheureux de pouvoir admirer.



C’est un livre d’artiste mêlant peinture et écriture. Tout au long de ma lecture, j’ai eu le sentiment qu’Alain Yvars nous offrait, un peu comme un cadeau, cette part intime de lui-même qu’il cultive dans un tête-à-tête avec les œuvres qu’il apprécie.



Ce sont douze nouvelles dont chaque thème nous relate le dialogue qui émerge du regard, de la sensibilité, du savoir de l’auteur avec un tableau. Chaque récit est accompagné de la reproduction en question ce qui sollicite et anime l’imaginaire du lecteur et embelli l’ouvrage.



Sous la plume de l’auteur, l’alchimie opère, fusion de la matière et de l’esprit, chacune des œuvres s’anime sous le regard du lecteur qui s’éveille à la magie de la peinture, suscité par l’intensité émotionnelle que transmet l’auteur. Chacune des œuvres évoquées s’habille alors d’une âme. Sans l’âme, la peinture ne serait qu’une image inerte. Et le lecteur entre dans cette intimité, assiste à cet échange entre l’auteur et l’œuvre voire participe à cette interaction.



J’ai vraiment ressenti, même entendu, la voix de Berthe Morisot, relisant sa lettre qu’elle adressait à sa sœur.



Quant à « La diseuse de bonne aventure » de Georges de la Tour, je ne la regarderai plus jamais comme auparavant : l’auteur ayant attiré mon attention sur le travail de perfection du peintre.



Petit supplément de plaisir quant à moi, l’association de Proust à ce petit recueil dont un passage met en évidence « La Vue de Delft » de Vermeer. J’ai écouté la voix envoutante d’André Dussollier récitant « le petit pan de mur jaune ».



« La science de la peinture est tellement divine qu’elle transforme l’esprit du peintre en une espèce d’esprit de Dieu. »



Léonardo Da Vinci

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