Ouvrir tout doucement la porte, pénétrer à pas feutrés dans l'intimité d'
Alain Yvars, c'est accéder au monde de la beauté, de la poésie, de l'Art ; ce monde qui nous permet de nous évader de celui, si matérialiste, si lourd, qu'est celui dans lequel nous évoluons. Ce paradis nous permet d'envisager que les muses existent quelque part tapies dans un petit coin de notre être intérieur et de temps en temps, de les laisser se manifester sous l'effet de notre sensibilité artistique.
J'avais beaucoup aimé son roman «
Que les blés sont beaux : l'ultime voyage de Vincent van Gogh ». Sa plume abolit les frontières du temps et de l'espace. Et j'ai retrouvé dans «
Conter la peinture » la même sérénité, la même poésie, et cette capacité à transporter le lecteur dans l'univers qui est le sien : la peinture. Cette fille divine qui nous ouvre une des portes de la création à nous, simples mortels, bienheureux de pouvoir admirer.
C'est un livre d'artiste mêlant peinture et écriture. Tout au long de ma lecture, j'ai eu le sentiment qu'
Alain Yvars nous offrait, un peu comme un cadeau, cette part intime de lui-même qu'il cultive dans un tête-à-tête avec les oeuvres qu'il apprécie.
Ce sont douze nouvelles dont chaque thème nous relate le dialogue qui émerge du regard, de la sensibilité, du savoir de l'auteur avec un tableau. Chaque récit est accompagné de la reproduction en question ce qui sollicite et anime l'imaginaire du lecteur et embelli l'ouvrage.
Sous la plume de l'auteur, l'alchimie opère, fusion de la matière et de l'esprit, chacune des oeuvres s'anime sous le regard du lecteur qui s'éveille à la magie de la peinture, suscité par l'intensité émotionnelle que transmet l'auteur. Chacune des oeuvres évoquées s'habille alors d'une âme. Sans l'âme, la peinture ne serait qu'une image inerte. Et le lecteur entre dans cette intimité, assiste à cet échange entre l'auteur et l'oeuvre voire participe à cette interaction.
J'ai vraiment ressenti, même entendu, la voix de
Berthe Morisot, relisant sa lettre qu'elle adressait à sa soeur.
Quant à « La diseuse de bonne aventure » de Georges de la Tour, je ne la regarderai plus jamais comme auparavant : l'auteur ayant attiré mon attention sur le travail de perfection du peintre.
Petit supplément de plaisir quant à moi, l'association de
Proust à ce petit recueil dont un passage met en évidence « La Vue de Delft » de Vermeer. J'ai écouté la voix envoutante d'André Dussollier récitant « le petit pan de mur jaune ».
« La science de la peinture est tellement divine qu'elle transforme l'esprit du peintre en une espèce d'esprit de Dieu. »
Léonardo Da Vinci