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Critiques de Alan Francis Chalmers (10)
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Qu'est-ce que la science?

L'exposé est d'une grande clarté et aborde avec justesse et esprit critique ce débat épistémologique tout à fait capital entre Popper, Lakatos, Kuhn et Feyerbend. Il se lit vraiment très facilement et rapidement.

Le traitement de l'objectivisme est héritant pour un lecteur de Husserl et Bachelard, mais une réflexion métaphysique sur le sens de l'objectivité (et les débats associés au réalisme qui sont ici naïvement esquissés) aurait sans doute été hors de propos. Ne pas faire de distinction entre l'objectivisme au sens réaliste et l'anti-relativisme n'est pas si grave ici.
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Qu'est-ce que la science?

Chalmers passe des pages à tirer à boulets rouges sur des strawmen, rentre peu finement dans le lard de Popper, Lakatos et Cie mais sa propre théorie du changement de paradigme, alternative à celle de Kuhn, et qu'il nous présente comme le fin du fin, est pauvre : il la nomme "objectivisme méthodologique", càd qu'une théorie remplacera une autre théorie parce qu'elle est plus féconde (sauf qu'on ne se rendra compte de cette "fécondité" de la théorie qu'a posteriori et qu'il est impossible d'évaluer l'"infécondité" de la théorie remplacée puisque précisément elle a été remplacée par une autre théorie), ce qui lui évite de se mouiller ou de se tromper. La notion de "tendance transfactuelle" qu'il introduit pour désigner des phénomènes comme la chute d'une feuille, qui sont à la fois mécaniques, aérodynamiques, chimiques etc. n'a aucun intérêt : tous les phénomènes sont "transfactuels" à ce compte-là.

Dans la conclusion, Chalmers part en live dans un délire marxiste qui n'a rien à voir avec la choucroute et me conforte dans l'idée qu'il vaut bien mieux passer du temps à lire Popper, Feyerabend et Duhem que les résumés biaisés qu'il en donne, sans soulever les points litigieux des auteurs qu'il affectionne, en reprochant à Feyerabend son individualisme, ce qui n'a aucun intérêt épistémologique, au lieu de lui demander s'il fait une différence, au sujet de la supposée "incommensurabilité des théories", entre absence de synonymie et changement de référent. Ce qui eût été autrement plus intéressant à étudier.
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Qu'est-ce que la science?

C’est un livre à la fois intéressant et décevant. Il rappelle beaucoup de bases sur comment la science fonctionne ou devrait fonctionner. Mais la seconde partie est assez confuse. J’aurai beaucoup de critiques à faire. D’une part, parce que je ne partage pas le point de vue de l’auteur. D’autre part, parce qu’il y a un tel mélange entre réflexion métaphysique de la science et réflexion sur la science en tant que discipline, notamment social, que ça en devient incompréhensible.



Mais je vais me concentrer que sur une partie (sur la base de notes que j’ai pris en cours de lecture)…



La théorie "objectiviste" de Chalmers ne me semble pas répondre à la réalité des choses.



De son point de vue on peut mesurer la pertinence d'un programme scientifique par rapport à un autre en mesurant le nombre d'opportunités qu'un programme peut offrir. Ces opportunités se basent sur les outils théoriques disponibles et sur les capacités expérimentales. En gros l'invention du calcul différentiel et du télescope offrait plus d'opportunités au programme Newtonien que le programme Aristo-Ptoléméin qui végétait depuis 1000 ans. En ce sens la théorie objectiviste s'applique bien.



Mais la situation "savante" pré-moderne était distincte. Certes le poids de l'église, et peut-être de l'aristocratie, de ses tabous pesaient sur les savants de l'époque. Mais en général ces savants faisaient preuves de suffisamment d'indépendance intellectuelle et d'indépendance financière (ou de mécènes fidèles) pour en effet mettre en concurrence et choisir "librement" le programme scientifique à investir. D'ailleurs ceux qui ont choisis le programme traditionnel sont désormais les oubliés de l'histoire.



La science moderne demande beaucoup plus d'investissement financier et intellectuel. L'aventure personnelle d'un savant devient rare. Il doit s'intégrer dans un écosystème fait d'écoles, d’universités, de laboratoires, de centre de recherche, de communautés plus ou moins grandes de scientifiques avec lesquelles il doit s'accorder et plus souvent suivre. Intégrer ces espaces se fait souvent par cooptation de paires déjà en place et souvent distingué. Obtenir les moyens de sa science dépend de la disponibilité des instruments scientifiques, de plus en plus souvent complexe (nécessitant une armée de techniciens) et coûteux. De plus, ceux qui financent ces espaces et ces instruments (États, entreprises, fondations) le fond avec des arrières-pensées ou des buts assez définis et souvent en maîtrisant le risque, en grignotant les marges plutôt qu’un grand bond dans l’inconnu. Le système dans sa globalité attend en premier lieu des découvertes (éventuellement ouvrant la voie à des applications) et non à des réfutations des théories à l'affiche.



Si Kuhn a bien mis en évidence un facteur sociologique, il y a aussi bien un facteur économique (au sens large) en jeu.



La crise principale de la science est certainement la canalisation des idées et le reniement d’idées trop risquées, trop spéculatives. Si elles peuvent bien être pensées, voire publiées, elles sont certainement trop faibles pour un travail théorique et expérimental poussé. Une idée n’est pas (encore) une théorie, et c’est plutôt le haussement d’épaule qui les accueillent. Il suffit de voir l’expectative du monde scientifique devant les promesses de la théorie des cordes (qui ne mêne finalement à rien d’un point de vue théorique – puisque tout est possible – et d’un point de vue expérimental), ou la matière noire qui ne cesse de nous échapper. Mais ces sciences « bloquées » offrent encore de nombreuses niches d’opportunité. Serait-ce de la mauvaise science ?



De plus, les effets sociologico-économiques ont même démontré que l'on pouvait avec succès promouvoir de la mauvaise « mauvaise science ». Il ne faut pas oublier que la France est aussi une des sources du climato-scepticisme. On peut se rappeler que le groupe Allègre-Courtillot a mis en doute la science climatique synthétisée par le GIEC, sur la base d'arguments subtiles et faux et de beaucoup d'argument d'autorité. Le fait que les budgets alloués aux sciences de la Terre diminuaient face aux sciences climatiques n'est probablement pas étrangère aux motivations de leur "climato-scepticisme". Je pense qu'avec le recul on verra confirmer les mêmes causes et les mêmes effets de la mauvaise science suite au événements ahurissants de la période COVID, avec en tête de gondole le professeur Raoult.



Chalmers parle d'une organisation de la science idéale, qui a peu à voir avec la réalité, ou alors il propose un outil (une grille de lecture) qui permettrait une exploration de l’histoire des sciences à certaines époques. Chalmers a, je crois, parfaitement conscience des limites de sa théorie : d’une part il le dit lui même avec le résumé des mêmes arguments que j’ai présentés, et dans son excellente critique de la théorie de Feyerabend (le punk de la philosophie des sciences). Il y a une sociologie et une économie de la science en particulier, et des savoirs en général. Mal les définir/critiquer ou s’abstenir de les définir/critiquer pour Feyerabend (« tout est bon »), c’est finalement perpétuer ce que l’on critique, le dévoiement et la domination (social et de sa pensée).
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Qu'est-ce que la science?

Qu'est-ce que la science ? La science est une notion citée tous les jours dans notre quotidien : on entend d'un produit que son effet est "scientifiquement" prouvé, etc. Mais qu'est-ce qui défini au fond ce courant de pensée ? Quels en sont ses fondements ?

L'auteur va brosser ici un portrait de différents points de vue à ce sujet, et formuler à chaque fois des critiques pour chacun d'eux, expliquant par là la création d'un nouveau courant de pensée résolvant des problèmes des antérieurs.

On va ainsi passer par l'inductivisme, le falsificationisme, le rationalisme, le relativisme, l'objectivisme et encore quelques autres approches comme celles de Kuhn ou de Feyerabend.

Le propos est clair et facilement compréhensible. L'ouvrage permet donc de jeter aisément les bases de la philosophie des sciences, dans un assez petit volume. L'approche et le propos sont de qualité, et on sort de cette lecture avec un nouveau point de vue sur la science.
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Qu'est-ce que la science?

Il est ici question de philosophie des sciences autant dire que nous ne sommes pas dans la lecture de plage. L'auteur ,universitaire, analyse les apports des années soixante dans cette matière (Popper ,Feyerabend entre autres) ,en conteste certains , défend son propre point de vue avec âpreté. Malgré un effort méritoire de clarté l'ouvrage n'est pas facile à lire mais éclairant sur des questions fondamentales.
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Qu'est-ce que la science?

Introduction vieillotte, confuse, partielle et biaisée de la formation des théories scientifiques

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J'avais acheté ce livre, sans le lire, pendant mes études, avec d'autres grandes références sur le sujet des sciences, de son histoire et de sa philosophie (Koyré, Kuhn, etc.). Plus de 15 ans plus tard, me voici à nouveau intéressé par le sujet et ma déception vis-à-vis de ce livre est IMMENSE.



En résumé, malgré quelques points positifs, je retiens surtout de gros défauts (rédhibitoires) à ce livre :



- TITRE MENSONGER : l'auteur ne répond pas réellement à cette question. Il le dit lui même dans les pages 260-268. Le vrai titre du livre aurait dû être "La construction et l'évolution d'une théorie scientifique"



- THEORIE SCIENTIFIQUE VS DEMARCHE SCIENTIFIQUE : Absolument rien sur la méthode ou la démarche scientifique (en dehors des concepts d'expérimentation, d'observation, etc.). On nous dit ce qui caractérise un programme scientifique mais rien sur un protocole de recherche scientifique. Rien sur les biais cognitifs à éviter. Le concept de vérité est évoqué sans plus de détail.



- LECTURE ARDUE, VOIRE INCOMPREHENSIBLE : comme le dit justement un autre lecteur, on a ici affaire à un mélange assez curieux de réflexion métaphysique de la science et de réflexion sur la science en tant que discipline. Les premiers rentrent trop dans le détail (tout en restant a priori superficiels selon les lecteurs philosophes ici présents) pour quelqu'un qui souhaite seulement un aperçu, avec une grande confusion dans le propos (beaucoup de propos "philosophiques" peu clairs, avec moultes mots en "isme"). Même en tant que bon lecteur, le propos un peu vague (métaphysique) de l'auteur fait que j'ai culminé à 30 p/heure.



- PROPOS CONFUS : chaque chapitre étant construit sur une forme "énonciation/réfutation" (ex : ce qu'est l'inductivisme, puis pourquoi ce dernier présente des défauts), on passe son temps à construire puis déconstruire ce qu'on vient de lire. Vous multipliez ça par 5, 6 ou peut-être 10 fois, et on arrive à la fin du livre dans un état de grande confusion. Dans l'introduction, l'auteur prévient que cela risque d'arriver (finir plus confus à la fin de lecture qu'au début), et je confirme ! Navrant... Le chapitre sur Feyerabend est particulièrement inquiétant et pourrait faire croire à certains esprits que tout se vaut, que tout est relatif, qu'il n'y a pas de vérités plus fortes que d'autres.. Idem en conclusion, où l'auteur avoue finalement que tout ce qu'il vient de dire n'est aucun rapport avec la science et n'est d'aucune aide pour faire avancer la science.



- VERBIAGE : le propos de l'auteur pourrait largement être résumé en un maximum de 20 à 30 pages bien concises. Des paragraphes entiers brassent du vide, répètent la même chose sous différentes formes



- CONFLIT D'INTERET : l'auteur, dont le but est de proposer sa propre théorie, est à la fois "juge et partie", avec une posture d'homme providentiel : sa théorie est parfaite, comblant les lacunes de tous ses camarades... Ses explications sur "pourquoi ma théorie est meilleure" sont tellement simplistes (et de bon sens) qu'on se pose des questions... Chaque théorie abordé auparavant est donc potentiellement présentée de manière biaisée.



- PEDAGOGIE ABSENTE : même en ayant, je crois, une bonne culture générale "scientifique", l'auteur manie et utilise à plusieurs reprises des exemples scientifiques assez obscurs (à moins d'avoir fait un Master en physique : mouvement brownien, etc.), sans même prendre la peine de les expliquer en quelques lignes. De même, on aurait apprécié ne serait-ce qu'un tableau récapitulatif entre les grands mouvements. Même en ayant eu une lecture attentive, je serais bien en peine de résumer et de différencier précisément les courants évoqués. L'objectif est clarté évoqué dans l'introduction est clairement raté.



- SCIENCE = PHYSIQUE : pour l'auteur, la seule science qui vaille la peine est la physique (et l'astronomie). Toutes les autres seront soigneusement écartées pendant tout le livre. Quand il parle d'autres sciences, c'est uniquement pour les écarter (à juste titre selon moi) le statut de science (science économique, sociale, marxisme, etc.). Rien sur la chimie, la biologie, etc.



- LIVRE BLOQUE EN 1976 : aucune mise à jour depuis sa sortie en 1976, tant sur les avancées scientifiques que sur les exemples pris. Par exemple, les dernières avancées de la mécanique quantique auraient été très intéressantes à prendre en exemple. Tout la bibliographie proposée date également de cette époque. Sur un tel sujet (la science et la réflexion autour d'elle), on aurait mérité d'avoir une publication à jour des dernières avancées




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Qu'est-ce que la science?

Un bon livre qui s'interroge sur le concept de science et la méthodologie scientifique, tout en utilisant des termes et un raisonnement accessible. Une bonne initiation à l'épistémologie.
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Qu'est-ce que la science?

Cet essai est instructif, mais attention, il n’est pas aussi facilement abordable qu’il le prétend. Un minimum de culture scientifique et de recul est à mon avis nécessaire pour en tirer la quintessence.

Il aborde l’histoire et la philosophie de la science pour démontrer, au fond, que la science n’est pas un cadre aussi rigide que l’on pourrait croire. Une sorte de leçon d’humilité scientifique qui invite le lecteur à avoir un autre regard sur la vérité, ou la réalité, et à se méfier de ceux qui abusent de la soi-disant vérité scientifique.

L’auteur s’appuie souvent sur les théories de Newton et d’Einstein dans ses démonstrations, pour les confronter, les comparer, montrer leur limite et expliquer les différents courants de pensée scientifique. Aucune théorie, aussi précise soit-elle, n’est jamais parfaite ni définitive.

On comprend aussi que les frontières de la science ne sont pas étanches. La science ne se limite évidemment pas à la physique, loin de là. Elle peut s’atteler à tout domaine de connaissance, avec plus ou moins de succès, certes.

Malgré son côté ardu, ce livre fait réfléchir. La science reste au final le meilleur moyen de comprendre le monde, mais la science n’est pas la vérité, seulement un outil pour s’en approcher au plus près indépendamment du contexte individuel, historique et social.
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Qu'est-ce que la science?

Ouvrage intéressant sur les courants de pensée définissant la science. l'auteur a tout de même raison en estimant qu'on part d'un imbroglio de notions sur la science pour arriver à un imbroglio différent. J'ai beaucoup aimé, c'est de la philosophie mais je comprends que ça puisse passer pour de la masturbation intellectuelle.
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Qu'est-ce que la science?

très interessant
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