Citations de Albane Mondétour (86)
La punition me semble presque juste. Légitime. Mon mensonge deviendra bientôt réalité. Cette douleur, cette souffrance que j’ai feintes pendant des jours, je vais finalement les connaître.
« Ne pleure jamais devant autrui. Reste digne quoi qu’il advienne. »
Les femmes de notre famille ont un passé misérable, entaché par la malhonnêteté et l’égoïsme. Les hommes les rendent faibles.
Peu importe que ces cauchemars soient ou non un message de Dieu, ce dernier n’en reste pas moins limpide : écoute et regarde. Je m’efforce donc de rassembler des informations précises sur mes aïeules. Je pressens que les réponses à mes questions se trouvent dans leur passé.
Pour nous, catholiques, le suicide est considéré comme un péché mortel. Un tel acte entraîne la rupture avec Dieu et les âmes des suicidés ne peuvent rejoindre le paradis. Elles sont condamnées à la damnation éternelle. Cela est tout autant valable pour les criminels, qui doivent répondre de leurs actes devant la justice des hommes. Hortense n’était pas quelqu’un de bien, elle a causé beaucoup de tort, et a jeté le discrédit sur notre famille. Ma mère était convaincue de ne jamais la revoir, et cette idée l’a toujours fait beaucoup souffrir.
J’ai volé son amant à cette femme et ensuite je l’ai humiliée publiquement. Pourquoi est-ce que j’ai fait ça ? Ça ne me ressemble pas du tout. Je me comporte bizarrement ces derniers mois, je ne me reconnais plus. Dieu sait que je ne crois absolument pas à ces conneries, mais franchement, parfois j’ai l’impression d’être possédée.
« Le passé d'une femme est la racine de la fleur ; la racine plonge dans la boue, cependant vous portez la fleur à vos lèvres. Qui s'avise de chercher ce qui se passe sous la terre ? Moi je le cherche. »
Sully Prudhomme.
À mon sens, tenter d’étouffer vos cauchemars avec des médicaments ne feraient qu’empirer, le phénomène et reculer le moment où vous pourrez enfin vous libérer de cette culpabilité qui ne vous appartient pas. Je crois sincèrement que nous approchons du dénouement. Amanda pourrait très bien être la véritable source de votre dette familiale. Il faut vous armer de patience.
C’était l’inconvénient, de connaître aussi intimement une personne. Ils avaient dépassé le stade de simple patient et thérapeute, pour devenir amis, en quelque sorte. Lucrèce l’assimilait davantage à un confident qu’à un psy. Elle avait appris à décrypter la moindre de ses attitudes et de ses mimiques au fil des années.
L’esprit humain est complexe, difficile à décrypter parfois. Quant aux rêves, ils peuvent être d’une puissance inouïe, annihilant la frontière entre réalité et fiction. Ils peuvent nous induire en erreur, y compris sur nos sensations et nos émotions. Vous pensez que cette souffrance ne vous appartient pas, que vous n’avez jamais rien connu de tel, mais ce rêve réveille peut-être un sentiment profondément enfoui.
Ma théorie n’a rien d’ésotérique, on appelle cela une dette transgénérationnelle. Lorsque certains conflits ne sont pas réglés, restent en suspens, et deviennent des non-dits, notre inconscient, lui, n’est pas dupe et nous appelle à regarder la vérité en face, à régler ces conflits internes qui nous pèsent et nous empêchent d’avancer. Anne Ancelin Schützenberger, une pionnière en matière de psychogénéalogie, disait que ce qui ne s’exprimait pas en mots s’imprime et s’exprime alors en maux. Vos cauchemars et votre culpabilité sont ces maux.
Ce qui est étrange, c’est que ce n’est jamais le même rêve. Cela ressemble davantage à une histoire, où chaque nuit une nouvelle page se tourne. Lors de mon dernier cauchemar, j’ai revu la maison en flammes et une femme m’accusait d’être à l’origine de cette boucherie innommable.
" Le passé ne meurt pas. Il fait le mort. L'oubli est transparent. Derrière lui le passé reparaît, plus mélancolique d'être insaisissable, de n'être qu'une ombre. "
Henri de Régnier.
C’était ironique tout de même. Elle n’avait jamais vraiment cru à l’hypnose. À ses yeux, c’était une pratique quasiment ésotérique, destinée au spectacle, et non à une thérapie. Georges Keller aurait fait des bonds en apprenant qu’elle s’apprêtait à tenter l’expérience.
...les rêves sont comme une soupape de sécurité, ils nous permettent d’évacuer nos angoisses et de communiquer avec notre inconscient.
Rien. Le néant. Elle ne lui avait pas accordé un regard. Pas un seul. À treize heures pile, elle avait rangé son carnet et s’était levée. Édouard avait dû résister à l’envie tenace de lui filer le train. Si elle remarquait sa présence, il passerait pour un idiot, ou pire, un pervers.
Il devait trouver un moyen de l’aborder. Un truc pas trop débile. Sauf qu’il n’était pas franchement doué pour ces trucs-là. Elle allait l’envoyer bouler. C’était évident. Cette fille ne semblait pas s’intéresser à autre chose qu’à ses croquis, dont elle noircissait scrupuleusement son carnet page après page.
« On peut tuer celui qui dit la vérité, mais on ne peut pas tuer la vérité elle-même, ni ceux qui l'ont entendue. »
Antoine Victor Gabriel Jobert, Le trésor de pensées
La beauté du paysage ne suffisait plus à camoufler la duplicité de ceux qui y résidaient, comme si par leur seule présence, ils l’avaient aspiré, réduisant à néant sa pureté sur leur passage.
A force d’être plongée dans l’obscurité, ses autres sens s’étaient décuplés.