En plus de l’ouvrage philosophique qu’il s’était proposé d’écrire, Mayrand a longtemps désiré publier un volume de souvenirs. Ayant été pendant tant d’années rédacteur en chef de « La Presse » puis de « La Patrie », il avait eu connaissance, avait été témoin de faits extrêmement intéressants qui ne sont pas connus du public, qui ont été jalousement tenus secrets. Il avait été témoin de marchandages politiques, il avait vu bien des bassesses, bien des injustices. Il connaissait les tares, le manque de conscience de personnages apparemment respectables. Mayrand aurait pu écrire un livre que le public aurait dévoré, un livre qui lui aurait valu la renommée. Il ne l’a pas écrit. C’est sa délicatesse, une délicatesse comme il ne s’en rencontre plus, qui a paralysé sa plume. Il songeait aux humiliations, aux amères railleries qu’auraient endurées les personnages dont il aurait révélé les peu odorants secrets. Et aussi, il était au courant de bien des décadences, de bien des déchéances et il prenait en pitié ces victimes du sort. Il ne voulait pas rendre leur infortune plus cruelle en la faisant connaître.
Paulima pissait au lit. Chaque nuit, il lui arrivait un accident. Au matin, sa chemise et ses draps étaient tout mouillés. Après le départ des bessonnes pour la classe, Mâço, l’été, faisait sécher la paillasse au soleil, sur le four; l’hiver, sur deux chaises auprès du poêle. À l’école, à cause de l’odeur qu’elle répandait, ses camarades avaient donné à Paulima le surnom de Scouine, mot sans signification aucune, interjection vague qui nous ramène aux origines premières du langage. Le sobriquet lui resta.
Le peintre Charles de Belle habite un monde d’idéale beauté et de poésie. Débordantes de sentiment et d’un charme incomparable, ses oeuvres nous transportent dans une région enchanteresse où l’esprit goûte une joie d’une douceur infinie, jamais éprouvée auparavant. Elles sont toute une révélation pour le public non initié qui est du coup ravi par ces images si délicates et empreintes d’une émotion qui fait vibrer l’âme. Les tableaux de de Belle peuvent se classer en cinq catégories qui toutes portent la marque du talent poétique de l’artiste. Il est le peintre de l’enfance, des figures angéliques d’une surhumaine beauté, le peintre des pures madones et des mères tenant un enfant dans leurs bras, le peintre des paysages de rêve qui nous font communier avec l’âme même de la nature, le peintre des Christ d’une infinie douceur, des Christ douloureux aux épaules courbées comme par le fardeau de toutes les misères humaines, le peintre des malheureux, sans pain et sans gîte qui traînent de par le monde leur pitoyable détresse . . .
Tout comme Charles Gill, Ferland écrivait la nuit. Comme il l’a dit, il avait horreur de « la ville inhumaine, férocement bruyante et bouillonnante avec ses autos criards et assassins et ses radios et ses tramways ». Alors, il travaillait lorsque la fourmillière humaine est plongée au sommeil, que la cité est silencieuse, et ne se levait qu’à midi pour le déjeuner-dîner.
La poésie qui enivrait l’âme de Joseph-Marie Mélançon dans sa jeunesse, qui lui a permis dans son âge mûr, alors qu’il était devenu prêtre d’exprimer ses rêves de beauté dans des poèmes qui font notre admiration, est aujourd’hui la consolation de ses vieux jours. Connu dans le monde des lettres sous le pseudonyme de Lucien Rainier (prénom et nom de famille de deux de ses condisciples du Séminaire), l’abbé Mélançon s’est fait connaître très tôt comme artiste inspiré. Il était né poète et il l’a été toute sa vie. Avec l’amour de Dieu, il avait celui de la poésie et ainsi, il a vécu de très belles heures. Aujourd’hui, il approche du terme de ses jours avec la satisfaction d’avoir été fidèle à sa double vocation : celle de prêtre et celle de poète.
Laliberté est arrivé au bon moment. Avec l'âge de la mécanique, avec le règne des machines, tous les métiers manuels d'autrefois, ces métiers si pittoresques, si intéressants, qui composaient la vie des populations rurales, sont disparus, ne sont plus qu'un souvenir qui va s'effaçant rapidement. La liberté qui a eu l'occasion de voir les derniers représentants de ces métiers et qui a lui-même manié une foule d'outils, les a fait revivre dans l'admirable série de figures qui sont exposées au Musée. Le premier sujet de la collection, le premier exécuté par l'artiste est le Semeur. Le dernier terminé le 23 juin 1931, veille de la Saint-Jean-Baptiste, est le Vaisseau Fantôme de Roc Percé.
Le peintre Charles deBelle habite un monde d’idéale beauté et de poésie. Débordantes de sentiment et d’un charme incomparable, ses oeuvres nous transportent dans une région enchanteresse où l’esprit goûte une joie d’une douceur infinie, jamais éprouvée auparavant. Elles sont toute une révélation pour le public non initié, qui est, du coup, ravi par ces images si délicates, empreintes d’une émotion qui fait vibrer l’âme.
Dans le domaine de l’art, deBelle occupe une place à part. C’est un artiste inspiré, l’un des plus originaux et des plus personnels qui soient. Il est absolument différent de tous les autres. Aucun ne lui ressemble et il ne ressemble à personne. Son talent est unique. Il n’est pas le simple interprète de la nature et de la vie. C’est surtout un créateur.
Et chacun mastiquait gravement le pain sur et amer, lourd comme du sable, que Deschamps avait marqué d’une croix.
Jamais aucun parti ne s’était présenté pour la Scouine, et elle était maintenant une vieille fille.