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Critiques de Alex Wheatle (31)
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Redemption song

Dans Redemption Song Alex WHEATLE nous emmène dans l’Angleterre des années 80. Une belle balade ? Je dirai sportive : oubliez les bus à étage, les chapeaux melons et Big Ben. C’est une plongée dans les quartiers de Brixton où s’est installée en grand nombre la communauté Jamaïcaine qui vous attend.

Redemption Song c’est l’histoire de« Biscuit » et de sa bande de potes aux surnoms tous plus étonnants les uns que les autres : Bouille de cercueil, Septique… et de petites frappes aux surnoms évocateurs tel que Nunchaks. Dans le quartier pas d’enfants de chœurs. Tout le monde trafique plus ou moins, les petits poissons engraissant les plus gros. Sur fond de misère sociale l’auteur nous raconte le quotidien de ces quartiers entre petits trafics, grosses arnaques et rêves avortés.



Les difficultés s’amoncellent : comment payer le loyer, la facture d’électricité, les chaussures du petit frère, la robe de la grande sœur, la nourriture, … sans travail ? Comment trouver un travail sans instruction ? Quand on doit choisir entre aller à l’école le ventre vide et faire rentrer un peu d’argent pour pouvoir manger et nourrir les siens le choix est en général vite fait. Évidemment on ne parle pas d’un vrai travail. De toute façon, diplômes ou pas, les vrais jobs sont réservés aux blancs. Le mieux qu’un noir instruit puisse espérer c’est un boulot qu’un blanc sans diplômes ne veut pas faire. Alors que pour vendre de la beuh pas besoin de référence ni de CV. Légal ou pas ça met du pain sur la table et ça paie les factures. Et puis de toute façon être noir ça vous place tout de suite du mauvais côté de la barrière. Honnête ou pas, c’est tout le monde dans le même panier. Pour les flics ça suffit pour avoir le droit à une raclée en règle. La prison c’est presque un passage obligé.



Pourtant le quartier de Brixton c’est aussi les « bamboches » les « copè » et les « zoquettes ». C’est aussi un vieux sage déguisé en Rasta, une leçon d’histoire sur l’Afrique et son peuple, des questionnements, des rêves, de l’amitié, la famille, et en filigrane une histoire d’amour. Mais c’est surtout la révolte qui gronde, vrombi et susurre à l’oreille des bafoués, des damnés en attendant son heure. Jusqu’à l’explosion en émeute. C’est aussi du sang, des larmes, de la colère et de l’espoir.



Pour toutes ces raisons j’aurais dû adorer ce livre. Pourtant j’avoue ne pas avoir réussi à me plonger dans cette histoire. Je suis restée spectatrice, les personnages n’ont pas pris vie, je ne me suis pas mise en colère malgré l’indignation que les propos auraient du susciter. Certains passages m’ont paru long et je me suis parfois ennuyée.



Peut être est ce dû à l’écriture avec laquelle j’ai eu du mal au début. Elle alterne entre des passages narratifs très bien écrits et des dialogues en langage parlé avec un accent qui je suppose est jamaïcain mais qui pour moi était créole.



Et puis je n’ai pas du tout aimé la fin qui ne me semble absolument pas crédible. Non mais c’est vrai quoi on ne peut pas écrire tout ça et coller une fin en mode Hélène et les garçons ???!!!!



Redemption Song est une rencontre qui n’a pas eu lieu. Malgré cela je suis persuadée que ce livre trouvera son public. Il a un petit truc en plus.

Merci à Babelio pour cette découverte et aux éditions « Au diable Vauvert-Les poches du diable » que je ne connaissais pas mais qui m’ont l’air diablement intéressantes.
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Les guerriers de la canamelle

Moa, à peine entré dans l'adolescence, est esclave dans une plantation de canne à sucre.

Conduits par Tacky, les hommes décident de se révolter. Contre l'avis de son père et malgré le chagrin de sa mère, Moa décide de se joindre à eux. Il sera protégé par son ami Keverton, de deux ans son aîné.



Alex Wheatle, bien connu pour ses romans Jeunesse (lire ici ma chronique de "Banlieue Crongton") change de registre. Il puise dans ses racines de descendant d'esclaves jamaïcains pour nous faire vivre les conditions de vie et les tentatives de révolte de ses ascendants au XVIIIème siècle.

Le bout d'histoire que raconte ce roman est dur, comme la vie de ces hommes et femmes soumis au bon vouloir des colons. Le parti-pris de l'auteur est de ne présenter que le point de vue des esclaves. On se fait pourtant très vite peu d'illusion sur l'issue de la révolte. D'ailleurs les révoltés y croyaient-ils vraiment eux-mêmes ? Mais un flux d'espoir et de joie de vivre souffle sur le récit. Le lecteur est pris en tenaille entre espérance et résignation ; les émotions rendent la lecture presque addictive.



Les personnages, qu'ils soient soumis ou révoltés, sont haut en couleur, ne manquent pas de caractère. Leur envie de vivre est portée par les souffrances qu'ils ont vécues, et ne veulent plus revivre, et une bonne dose de croyance et d'irrationnel. Ils sont pour la plupart incultes et illettrés, mais au fond d'eux, ils savent d'où ils viennent.



L'écriture, qui n'est pas celle d'un thriller, est néanmoins haletante : l'auteur s'efforce de maintenir une sorte de suspense quant à l'issue finale. Il donne envie de croire à une fin heureuse. La narration est rythmée par l'action et des chapitres courts.

Un seul point m'a un peu chagriné : dans la traduction française, le vocabulaire utilisé n'est ni totalement du français, ni vraiment du créole. On est dans un entre-deux un peu théorique, avec des mots et des expressions imagés nés de transformations marginales du français, qui entretient une forme d'exotisme sans rendre la lecture trop difficile. Je suppose que ce n'est pas une création du traducteur et que le texte original en anglais est de la même veine. Ce qui n'a pas du faciliter le travail de traduction.



Merci à Babelio et aux éditions Au diable Vauvert de m'avoir permis de découvrir ce très beau roman.
Lien : http://michelgiraud.fr/2024/..
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Banlieue Crongton

Même si Crongton est une banlieue délaissée, dominée par deux gangs, ceux du nord et ceux du sud, Mo (Maureen) pourrait y vivre une adolescence presque sereine, en compagnie ses amies, Elaine et Naomi, et auprès de Sam, ami d'enfance et de cœur. Mais sa mère s'est trouvé un nouveau petit copain, Lloyd, qui cogne d'abord et discute ensuite ; ou prend la fuite... Alors, quant on découvre que Lloyd appartient au gang du nord, alors que Mo et ses amis sont proches du sud, le drame devient inévitable. Un drame que Mo réussira traverser en restant droit dans ses baskets.



La vie des adolescents des banlieues peut être dure ; mais elle recèle de nombreux motifs de plaisir ou de bonheur. Nous avons tous en tête des images d'adolescents cyniques, arrogants, violents. Alex Wheatle nous montre toute la complexité de cette jeunesse des banlieues.

Il y a le langage cru, mais rempli de tendresse, de Mo et ses ami(e)s. Il y a le questionnement des parents, certains en déshérence, naufragés de la vie, d'autres ancrés sur des valeurs humanistes. Il y a la violence des banlieues, teintée de fraternité.

Et puis il y a les questions de Mo et ses amies : comment rester fidèle à ses proches, à ses convictions ? Que faire quand on est sorti des rails ? Alex Wheatle nous fait partager ces questions, avec une écriture de son temps, directe et sans détour, avec le langage des jeunes et la gouaille de l'auteur, sans rien cacher ou presque (pas certain qu'aujourd'hui une gamine de quinze ans puisse passer une nuit dans le repaire d'un gang et en ressortir vierge...), du quotidien des jeunes des banlieues et de la violence.

Un excellent roman noir et réaliste pour les ados ; un vrai coup de cœur !
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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P'tit bout

****



Avant de vous en dire plus sur ce chouette roman jeunesse, je tenais à remercier Babelio et les éditions Au Diable Vauvert pour l’envoi de ce livre...



Lemar est un jeune garçon de 13 ans qui vit avec sa grand-mère, sa mère et sa sœur dans un tout petit appartement dans une cité anglaise. La vie n’est pas simple tous les jours mais Lemar s’accroche à ses copains et au dessin, activité dans laquelle il est plutôt doué. Les filles, le collège, l’avenir, les parents divorcés, les sujets ne manquent pas pour ces adolescents. Mais il y a aussi la guerre des gangs et les choix que chacun doit faire pour survivre...



Alex Wheatle est apparemment un écrivain reconnu en Angleterre. C’est avec plaisir que je le découvre avec ce roman très bien écrit, rythmé et sans cliché. La cité dans laquelle il nous plonge a des côtés bien connus et tristement banals. Mais Lemar, le héros, est un petit rayon de soleil. Perdu dans ce monde violent, il doit faire des choix. Et même si ce ne sont pas toujours les bons, il a la chance d’être bien entouré. Entre amour et amitié, Lemar va grandir et ouvrir les yeux sur un monde qui n’est pas toujours tout blanc ou tout noir...
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Les guerriers de la canamelle

Un roman qui raconte la révolte, en 1760 à la Jamaïque, d’esclaves noirs contre l’oppression ignoble des colons britanniques dans les plantations de canne à sucre, moins connue que celle de Toussaint Louverture en Haïti, mais tout aussi emblématique.

Une révolte menée par Tacky, qui avait été, avant sa déportation aux Antilles, un roi noir en Afrique, un homme cultivé qui parlait anglais.

Une révolte qui, au départ, avait permis de se débarrasser des gardiens des plantations et des soldats d’un Fort voisin, mais qui fut anéantie par l’arrivée d’un contingent militaire qui tua tous les « guerriers de la canamelle », autre nom de la canne à sucre. La tête de Tacky fut tranchée et exposée en public sur une pique.



Le récit romancé de cet épisode véridique est raconté par Moa, un adolescent de 14 ans, qui participe aux combats.

C’est raconté à hauteur d’un jeune plein d’espoir et de peur. L’ auteur, Alex Wheatle, un anglais d’origine jamaïcaine, a choisi une narration qui, je le suppose, doit être en patois jamaïcain, et que rend très bien la traduction française en un patois fleuri et savoureux que je ne sais à quelle région ou époque de notre France l’attribuer, mais ce n’est pas gênant. On ne dira jamais assez l’importance de la traduction pour faire vivre un livre.



Le récit est haletant, plein de rythme et de péripéties, d'émotions et d’humanité. On se met facilement dans la peau de ces êtres un peu frustes, épris de liberté.



J’ai trouvé que l’auteur a su parfaitement rendre les conditions de vie terribles et l’oppression inique subie par les esclaves, les croyances et la solidarité de ces derniers, et la découverte émerveillée par les révoltés du monde extérieur à leur plantation.



Ce récit m’a rappelé à quel point les humains, en l’occurrence ici les colons britanniques, mais ça s’applique à tous les colonisateurs, ont détruit le monde africain, comme d’autres ont détruit le monde des indiens d’Amérique, niant l’humanité de leurs frères et sœurs humains, comme le firent plus tard tous les génocidaires, les ségrégationnistes de l’Apartheid et les autres.

Et combien ce combat pour les droits humains fondamentaux est toujours d’actualité, d’ailleurs, je signale que ce livre a pu être édité avec le concours d’Amnesty International, ce qui n’est pas rien.



Je remercie Babelio de m’avoir retenu pour la lecture de ce roman,et les éditions Au Diable Vauvert pour leur envoi.

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Les guerriers de la canamelle

Moa, c'est celui qui nous raconte la véritable révolte de ce printemps 1760 survenue dans sa plantation de Saint Mary en Jamaïque, et dans celles alentour. Il a quatorze ans, n'a pas encore sa taille d'homme mais a suivi courageusement ce mouvement de rébellion pour dire non à l'esclavage imposée par les démons blancs d'Angleterre, non à la peur et la cruauté du taille-échine des surveillants qui lacère les peaux jusqu'au sang.



Ces journées d'avril sont celles de la moisson de la canamelle, couper la canne à sucre, tant de jours, et tant d'heures tous les jours. le soleil cuit son corps. Les mouvements de la serpe endolorissent ses bras, son dos se casse sous les courbures répétées. La semoule de maïs et quelques os à ronger sont les seules nourritures pour apaiser les estomacs affamés.



Dernièrement, la mort de Missy Pam, en plein champ, a fait couler « l'eau des yeux » de tous ceux qui l'adoraient. Elle était celle qui guérissait, qui racontait les histoires de leur peuple, qui évoquait les esprits de leurs dieux et déesses. Ils n'ont pu lui chanter un air akan pour lui dire adieu, la faire reposer au pied d'un grand arbre où coulerait une rivière.

Alors, il faut profiter du dimanche de Pâques pour fuir, cesser de supporter ces conditions inhumaines. Mais pour fuir, certains d'entre eux, dont Moa, doivent « chouriner » les surveillants blancs, le Maître, sa femme, ses enfants. Les tuer tous pour qu'aucun ne donne l'alerte.

Les paroles de Moa nous montrent les marmaillons, les plus jeunes garçons, qui arrachent les feuilles sèches au pied des cannes à sucre. Les femmes et filles, dont Hamaya, tirent les charrettes jusqu'au moulin où le père de Moa broie et presse la canamelle. La crainte d'Hamaya tourne dans sa tête : bientôt, elle sera prise le soir, pour contenter les surveillants blancs.



Pourtant, cette révolte menée par Tacky, le frère de la pauvre Missy Pam, ne peut être sans danger. le père de Moa le met en garde, des sanctions mortelles attendent les fauteurs de troubles mais Moa est déterminé « Je préfère mourir en me battant que de mourir en travaillant pour les genses blancs. » Notre jeune esclave veut suivre son ami Keverton, se battre pour leur liberté à tous. C'est leur unique moyen, devenir guerriers, tuer pour faire valoir leurs droits.

Puissent les dieux et les déesses akans être favorables à leur révolte !

Nous, on se contente de trembler d'espoir pour ces combattants de la liberté.





L'auteur a choisi que les dialogues engagés entre Moa et les siens soient en patois jamaïcain, sûrement une sorte de créole de là-bas. Loin de déstabiliser, une fois cette originalité adoptée, ce langage confère un supplément de crédibilité au récit, semble même abolir les distances, nous donnant l'impression d'entendre ces voix qui retentissent dans toute leur authenticité.

Il y a, bien sûr, un peu de la Jamaïque dans ces pages avec ses fruits, son eau de coco pour se désaltérer, sa faune, un peu de sa flore. J'aurais pourtant aimé m'éblouir davantage, lire un peu plus sur cette île luxuriante des Caraïbes.

Cette lecture reste toutefois intense, tragique sur la barbarie humaine, sur la violence qui ne peut répondre qu'à la violence. L'exploitation de l'homme noir par l'homme blanc est toujours un sujet extrêmement révoltant, douloureux. En faisant parler Moa, Alex Wheatle en a fait un roman intime, qui émeut terriblement. Le garçon, malgré son estomac souvent noué, accomplit ses tâches, ne renonce pas tout en étant traumatisé par la violence de ce combat. L'amitié entre Keverton et lui viennent illuminer cette rébellion pour être libre, mener sa vie sur un petit lopin de terre et manger à sa faim.



Un cri vient scander la révolte « le sang n'oubliera pas ». Alors même si, inévitablement, certains vont rejoindre les ancêtres, le sang qui coule et coulera chez ceux qui restent et ceux à venir ne peut oublier, ne doit oublier. Et l'auteur, qui pourrait très bien être un descendant de ces guerriers, le prouve ici en donnant voix à Moa.

Soutenu par Amnesty International, tout en dénonçant l'esclavage d'hier, ce roman est là pour penser aussi aux droits humains qui sont piétinés, ignorés aujourd'hui encore dans un grand nombre de pays. L'esclavage moderne est une réalité que les pays dits « d'égalité et de liberté » cautionnent avec le commerce international.



Merci aux Éditions Au Diable Vauvert et à Masse Critique.

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Les guerriers de la canamelle

Alex Wheatle est un auteur jamaïcain qui est très connu dans la littérature jeunesse grâce notamment à sa série « P’tit bout ». Personnellement, je ne le connaissais pas. Lorsque j’ai reçu cette masse critique privilégiée je n’ai pas hésité à m’y inscrire aimant découvrir de nouveaux auteurs ou nouvelles autrices.



1760. L’île de la Jamaïque. Depuis son enfance, Moa, quatorze ans, est esclave dans une plantation de canne à sucre de Frontier Estate. Il est employé comme son ami Keverton à la coupe des cannes à sucre. Sa mère est cuisinière pour les propriétaires et son père alimente le moulin qui broie les cannes. Comme tous les esclaves, ils vivent dans la crainte du coup de fouet des maitres. Certains en meurent, d’autres restent mutilés à vie.



La peur quotidienne règne également chez les toutes jeunes filles qui sont régulièrement choisies par les maitres afin de passer la nuit avec eux.



C’est dans ce contexte inhumain que Moa apprend qu’une révolte se prépare, conduite par le charismatique Tacky. Malgré son jeune âge et l’avis contraire de son père, Moa veut en être au côté de son ami Keverton. Le jour J approche. La révolte sera menée par « Les guerriers de la canamelle ».



Avec courage et abnégation, Moa et ses compagnons (Midgewood, Louis, Barbe-de –Mais, Cudgemon….) vont se battre pour leur liberté et celle de leur famille, mais défier l’ordre établi par les maitres blancs ne sera pas sans conséquence.



« Les guerriers de la Canamelle » est un roman captivant sur le thème de l’esclavage et tout particulièrement sur l’histoire véridique de la révolte de Tacky contre les esclavagistes britanniques de Jamaïque. Moins célèbre que celle d’Haïti menée par Toussaint Louverture, elle n’en est pas moins sanglante et tragique.



A travers ce roman, Alex Wheatle rend un vibrant hommage à ses ancêtres qui ont vécu dans ces plantations. Il utilise même un dialecte jamaïcain pour les dialogues entre les différents protagonistes.

Malgré les descriptions des souffrances endurées par les esclaves, ce roman parfaitement écrit se lit facilement.



Voici donc un livre à mettre entre toutes les mains pour dire et crier « plus jamais ça ». Comme le fut la Shoa et autres évènements tragiques de l’histoire, l’esclavagisme est la honte de l’humanité et montre à quel point l’humain est capable du pire et de l’innommable.



Contrairement à ces différents mouvements « woke », je pense qu’il faut raconter, montrer… et ne pas détruire ni déconstruire ce que l’homme a été capable de faire de plus immonde avec l’espoir qu’un jour cela serve de leçon. Mais cela, ce n’est pas gagné !



Je remercie Babelio et les éditions « Au diable vauvert » pour cette masse critique privilégiée.

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Les guerriers de la canamelle

La Liberté ou la Mort !



Je remercie vivement le site de Babelio et l'éditeur Au Diable Vauvert pour cette découverte dans le cadre de la masse critique privilégiée d'avril 2024.



Cette lecture m'a permis de connaître cette révolte d'esclaves en Jamaïque au XVIIIe siècle.



Un livre rédigé dans un patois jamaïquain (comme l'a précisé fort justement un autre chroniqueur) abordable et qui permet de s'immerger complètement dans cette révolte et dans la personnalité des personnages ; d'autant plus que le récit est rédigé à la première personne du singulier.



Je me suis attachée au petit Moa, un adolescent de 14 ans, qui s'insurge et à son ami Keverton, de deux ans son aîné. Moa est très courageux, même si des doutes germent dans son esprit et que son estomac se noue souvent…

J'ai également bien aimé les personnages féminins tellement courageux, comme la mère de Moa qui approuve son choix et la petite Amaya qui à l'âge de 11 ans tire la charrette remplie de cannes à sucre coupées à longueur de journée…



Un livre vraiment très émouvant !



J'ai beaucoup pensé à la révolte des esclaves en Saint-Domingue et au conventionnel Sontonax, qui le premier qui a aboli l'esclavage le 29 août 1793, avant que la Convention ne décide, à Paris, l'abolition de l'esclavage dans toutes les colonies, le 4 février 1794 !



Alex Wheatle précise dans une postface que sa mère était originaire des villages décrits en Jamaïque. Un bel hommage pour elle et ces guerriers qui luttaient pour leur liberté et n'hésitèrent pas à préférer la mort que l'enchaînement, un bel hommage aux révolutionnaires de 1792, dont c'était leur devise.



Cet ouvrage est soutenu par Amnesty International : cet organisme précise qu'il existe encore 45 millions de personnes qui subissent l'esclavage moderne de nos jours…



Comment peut-on faire cela à d'autres humains ?
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Les guerriers de la canamelle

Lorsqu'une Masse critique privilégiée m'a proposé la lecture du roman d'Alex Wheatle, "Les guerriers de la Canamelle", j'ignorais que cet auteur écrivait pour les adolescents et que j'aurais à commenter un roman historique pour jeunes lecteurs.



1760. Jamaïque. Plantation de canne à sucre. Moa a quatorze ans et il est esclave. Depuis l'enfance, il travaille dur dans les champs pendant des journées chaudes et interminables de quatorze heures , et reçoit des coups de fouet à la moindre pause non autorisée. Il vit dans une cabane minuscule avec une dizaine d'hommes et ne voit ses parents que très rarement. Sa mère travaille aux cuisines dans la maison du maître et son père au moulin. Une nuit, il apprend l'existence d'un soulèvement, mené par le charismatique Tacky. Moa veut être un guerrier de la canne et se battre pour sa liberté, et celle de tous les esclaves des plantations voisines. Mais avant de pouvoir s'échapper, Moa et son ami Keverton doivent affronter leur première mission : tuer l'un des surveillants , Misser Donaldson.



La mère d'Alex Wheatle vivait dans un village proche de la plantation où s'est produit le soulèvement, et l'auteur a passé son enfance à rêver d'être le descendant d'un des esclaves qui a participé à la révolte.

Bien évidemment, cette rébellion fut violente et sanglante et il ne dissimule pas la cruauté des rebelles qui vont jusqu'à tuer les marmaillons ( les enfants). Il justifie toutefois ces crimes en invoquant la nécessité de ne pas être dénoncé et minore la violence en montrant les rebelles affligés par cette nécessité.



La description des souffrances endurées par les esclaves et la mention des viols subis par les très jeunes filles sont sans doute nécessaires pour informer les jeunes lecteurs de cette réalité historique. Si les mots sont saisissants, il n'y aucune complaisance, ni volonté de choquer dans le déroulement des différentes scènes. Le ton reste essentiellement didactique.



La narration est chronologique et ne présente aucune difficulté de compréhension.

Cependant pour les dialogues, l'auteur a fait le choix d'un patois jamaïcain très imagé et poétique, savoureux pour les adultes, mais qui peut perturber un jeune lecteur peu habitué à ce type d'expression. Le décryptage peut alors s'avérer trop difficile.

Quelques jolis exemples : s'escamper, s'embéguiner, jaspinante, gambilles, défunter, quiétance, icitte...



La postface de l'auteur apporte quelques précisions sur le contexte historique, et on apprend que le livre est soutenu par Amnesty International qui évoque l'esclavage moderne et incite les jeunes lecteurs à se mobiliser pour la défense des droits humains.
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Les guerriers de la canamelle

En premier lieu je remercie les éditions Au diable Vauvert et Babelio pour cette sélection qui m'a été offerte.

Le livre est soutenu par Amnesty International pour dénoncer l'esclavage et ses tragédies, la démarche est louable.

Toutefois je n'imaginais pas qu'il s'agissait d'un roman "jeune adulte".

Je ne suis pas fan de ce style de littérature, je ne participe d'ailleurs jamais aux MC de mai et novembre. Et je me désole d'avance des reproches que j'exprime ici....



J'ai éprouvé de la gêne avec ce style plutôt simplet, qui s'adresse à un public de collégiens selon moi... Et non pas "jeune adulte".

Je trouve que l'écriture manque de profondeur et beaucoup trop de dialogues freinent le déroulement du récit, au détriment de I'histoire de la révolte de Tacky contre les esclavagistes britanniques de Jamaïque en 1760.



Enfin quelle idée de travestir le langage, je ne connais pas le créole jamaïcain mais très bien celui des Antilles françaises qui me paraît bien éloigné de ce charabia qui jalonne le récit.

La plupart des mots sont empruntés au vieil argot français (chouriner, gambilles...) ou inventés.



D'accord il s'agit d'une traduction.. mais je serais curieuse de voir le roman en version originale pour saisir le parti pris de Papillon, traducteur, (choix d'un vocabulaire imagé pour s'approcher du créole), car le créole est une langue avec une grammaire et une syntaxe. Ici je lis "plusse" "gences" "quocé" etc...



Je suis une habituée des auteurs Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau, Maryse Condé, Simone Schwartz Bart... qui emploient le créole et de nombreux créolismes dans leurs récits et romans ; cette traduction m'a laissée perplexe, elle a perturbé ma lecture et freiné mon immersion dans le roman.

Je suis déçue même si le sujet est intéressant

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Les guerriers de la canamelle

Les Guerriers de la Canamelle d'Alex Wheatle ( Au Diable Vauvert - 221 Pages )

Roman poignant sur le thème de l'esclavage.



L'auteur est d'origine jamaïcaine il vit dans la banlieue de Brixton et il écrit des romans pour la jeunesse.



Un livre à mettre entre toutes les mains car il ne faut pas oublier que l'esclavage à ce jour existe encore sous différentes formes : travaux , mariages forcés, prostitution etc... On en recense encore 45 Millions sur notre planète, Terre.



Moa, un jeune esclave jamaïcain de 14 ans raconte en 1760 à la Jamaïque.



Une nuit, Louis le réveille pour lui annoncer qu'une révolte se prépare.



La vie sur une plantation est très dure. Les esclaves sont mal traités, fouet, viol pour les femmes, travaille intense, enfants séparés de leur mère, torture, et mort.



Ce roman est tiré de faits réels.



Alors mieux vaut mourir comme un guerrier que mourir sous le joug des fouets.



Moa veut participer malgré son âge à la révolte, il sera protégé par son ami, Kerveton de deux ans plus âgé.



Tacky a organisé le soulèvement. Son charisme mènera à la bataille les guerriers de Canamelle.



Ils ont leur serpe comme arme et leur courage.



Partez avec eux contre leurs tortionnaires, écoutez Moa vous narrer ce drame.



Lu en deux jours - A lire.



Mireine



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Les guerriers de la canamelle

Je remercie Babelio et Au Diable Vauvert pour l'envoi de ce roman reçu avec l'opération Masse Critique.

Il avait beaucoup pour me plaire : le cadre historique - la Jamaïque au XVIII ème siècle, un roman politique évoquant une révolte d'esclaves, salué d'ailleurs pour son engagement par Amnesty International... Oui, tout ceci promettait un roman intéressant. Je peux apprécier de lire des romans pour enfants - et non du young adult comme indiqué.

Néanmoins, je n'ai pas été vraiment conquise. Cela tient d'abord au registre de langue, même si je ne sais pas quel est la part de l'auteur ou du traducteur. Je partage l'avis de Toscane57 : j'ai eu l'impression que la langue voulait retranscrire du créole, sans être du créole, et qu'elle sonne totalement artificielle. Cela m'a empêché de faire attention à ce que disaient les personnages. Justement, les personnages, eux aussi sont, selon moi, trop simples. Ils sont très monolithiques, sans aspérité mais sans traits de caractère propre. A part le Narrateur, j'ai confondu tous les autres révoltés, qui ne prononcent que quelques phrases. Ce Narrateur, lui, semble ne songer qu'à manger du poulet et boire de la noix de coco... Ce n'est pas parce que la 4ème de couverture évoque un chef charismatique que celui-ci l'est réellement dans le livre, il ne suffit pas de fixer l'horizon d'un air mystérieux. Je n'ai donc jamais ressentie d'empathie pour les personnages, qui semblent agir face aux événements sans réfléchir.

Je suis bien sûre convaincue qu'il faut écrire des romans historiques pour les jeunes sur des sujets importants, pour informer, sensibiliser. Mais ce n'est pas parce que la cible est un public jeune qu'il faut écrire avec un style très simple, et avec des personnages monolithiques.
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Les guerriers de la canamelle

Je ne suis pas parvenu à lire avec attention ce récit monolithique. Les phrases sont courtes, descriptives, et se rapportent chacune à un geste, un mouvement. Le personnage disparaît, les situations minimalistes apparaissent à la place. Les autres personnages parlent comme des enfants.
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Les guerriers de la canamelle

1760, île de la Jamaïque.

Moa est un esclave de quatorze ans qui n'a d'autre horizon que de voir succéder les saisons de coupe aux saisons de plantation, sous les coups du "taille-échine" du maître et des surveillants. Pourtant, il aimerait savoir ce qu'il y a de l'autre côté des hautes collines vertes, et surtout, connaître la liberté, même si c'est au prix du sang et de la perte des siens.

Alors qu'il n'a pas encore atteint sa taille d'homme, il est recruté par Tacky pour l'aider dans la révolte contre les Blancs lors de leur fête de Pâques. Moa devient ainsi le plus jeune de cette équipée pleine de rêves et d'espoirs. Pour s'enfuir et se protéger, ils ont besoin de tuer tous ceux qui pourraient les découvrir et donner l'alarme. En chemin pour libérer d'autres plantations, Moa et ses compagnons font l'apprentissage d'une vie nouvelle, différente, où chacun peut être son maître et vivre avec les siens. Ils savent pourtant que ce répit sera de courte durée et que leur malheur reviendra depuis les bords de l' "eau bleue gigante".

Le contexte historique est campé et respecté. Moa, par son jeune âge, subit moins de contraintes que les adultes et peut jouer le rôle du narrateur de ce récit. La traduction offre des inventions remarquables pour rendre une langue originale propre aux esclaves, à la fois brute et poétique, qui peut cependant peut-être dérouter les moins aguerris parmi les lecteurs auxquels s'adresse ce texte. Moa n'utilise pourtant cette langue que dans les dialogues, et pas dans ses pensées ou dans le reste de son récit, ce qui est un peu surprenant, mais plus simple aussi.

Le roman nous mène au cœur d'un moment historique, parmi les lointains ancêtres de son auteur, à qui il rend ainsi hommage et offre une nouvelle postérité littéraire.

Merci à Babelio et aux éditions Au diable Vauvert pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération masse critique.
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Cane Warriors

1760, Jamaïque. Moa est un jeune esclave de quatorze ans qui vit et travaille sur une plantation de sucre de canne gérée par des Blancs. Peu de temps avant Pâques, il apprend qu'une rébellion est en préparation, menée par un certain Tacky qui ambitionne de libérer les esclaves de plusieurs domaines. Moa est notamment chargé d'assassiner l'un des maîtres du lieu...



Roman historique à destination des adolescents qui est quand même assez violent (Ron DeSantis et ses amis psychorigides avides de la censure pour "protéger" les jeunes auraient sûrement des choses à dire sur ce titre) ! La forme est plus simple que dans d'autres romans jamaïcains développant le même fond (je pense surtout au Book of Night Women de Marlon James), mais même si la prose est beaucoup plus abordable, la brutalité reste de mise. Cet ouvrage a pourtant bien le mérite d'éduquer les gosses et de leur expliquer un fait historique.

Le lecteur se voit embarqué dans une quête de liberté et d'affranchissement qui ne peut que passer par un bain de sang. On sent la véracité du moment, mais on se retrouve malgré tout confronté à un dilemme moral terrible face à l'histoire racontée : quand on se fait traiter comme de la merde, battre, martyriser et esclavager, il paraît humain que la seule réponse possible face à tant de cruauté soit la pure violence sans pitié dont on a soi-même été l'objet. Toutefois, on sait aujourd'hui que résoudre le meurtre par le meurtre n'est pas une solution, et que celle-ci engendre elle-même un cercle vicieux qui ne peut à terme qu'emporter avec lui des innocents. Oui mais ça, c'est la vision contemporaine, éthique et théorique de la chose. Allez dire ça à des gens toute leur vie asservis et torturés. Que faire alors pour se libérer ? A-t-on vraiment tout le temps le choix d efaire autrement ?

Je trouve que ce roman, grâce à ce moment de l'histoire jamaïcaine, permet non seulement aux jeunes lecteurs de comprendre la réalité de l'esclavage à l'époque, mais aussi de se questionner sur la violence, sa spirale parfois infinie et le concept d'œil pour œil dent pour dent ; voire même de réfléchir aux graves conflits sur la planète qui perdurent et passent par la guerre physique, ainsi qu'au racisme. Je vais peut-être un peu loin avec mon cerveau de prof presque quarantenaire, ce n'était probablement pas le but de l'auteur d'aller jusque-là, mais ce sont les pensées qui m'ont traversée lors de la lecture.
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Island song

Bien que très différentes, Hortense et Jenny sont deux sœurs inséparables d'une famille jamaïcaine qui descend d'anciens esclaves. C'est l'histoire de leur vie, avec d'abord leur famille, puis avec leurs maris ; d'abord en Jamaïque, puis en Angleterre où chacun y a des rêves de prospérité...



Ce roman hyper porté sur les relations familiales et sentimentales dans une même fratrie est à mille lieues de se concentrer sur l'aspect intéressant de l'immigration de Jamaïcains au Royaume-Uni. Le livre porte plus sur les amours et les déboires des filles que sur le dépaysement, le racisme ou je ne sais quoi d'autre auquel on pourrait s'attendre en lisant le synopsis qui nous développe leur installation sur place (qui n'occupe d'ailleurs qu'à peine un tiers du livre en entier).

Franchement, à part quelques phrases qui parlent du choc culturel, on peut se brosser pour y trouver ce qu'on nous avait pourtant promis.

Alors non seulement ce livre est blindé de dialogues qui font traîner les choses, concentrés sur les rancœurs et fiertés personnelles, mais en plus ces dialogues sont en patois jamaïcain archi fatigant à lire à la longue, surtout quand le dialogue constitue plus de 70% de l'histoire. A part des soucis de compréhension, le patois jamaïcain ne m'avait jamais saoulée dans mes précédentes lectures. Là, on le retrouve à presque chaque ligne et c'est juste trop, surtout pour entendre les jérémiades de chacun.

Le début était pourtant prometteur, quand les sœurs étaient petites. L'auteur décrit avec passion la Jamaïque des années 40-50 et situe ses personnages dans un petit village éloigné des grands centres et qui fait sa vie sans être dérangé. Mais l'un des problèmes majeurs, en plus de transformer l'histoire pour se concentrer sur celles de mecs et de rivalités entre sœurs, c'est que l'auteur nous titille sur un secret sur le passé de Joseph, le père des filles, dont on entend parler plusieurs fois en fin de chapitres genre "ce fameux secret qu'il ne pouvait révéler". Sauf que le suspense créé est un échec puisqu'on n'apprend pas du tout le secret !! Quand à un moment on nous fait cadeau d'une "révélation" sur sa famille, celle-ci ne répond presque pas aux questions pourtant soulevées auparavant. Moi, j'appelle ça un bide.

Aïe aïe aïe, que c'était dur de le finir... Si vous aimez les histoires de crêpage de chignon en patois sur un mince fond de culture et questions de société, alors, peut-être, ce livre sera pour vous. Pas pour moi en tout cas !
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Les guerriers de la canamelle

Un livre reçu dans le cadre d'une masse critique privilégiée que je n'aurais peut être pas lu car il est passé assez inaperçu lors de sa sortie début février.

En tout cas en ce qui me concerne.

Il s'agit d'un récit tiré d'une histoire vraie : la révolte de Tacky (du nom de son meneur) contre les escalvagistes britanniques de Jamaïque en 1760.



Tacky va entrainer ses compagnons de souffrance dans une révolte sanglante. Ces hommes vont se rebeller et décider de tuer les maîtres et les surveillants qui les exploitent. C'est cette rebellion que nous allons vivre en compagnie de Moa, le personnage principal.



Moa et son fidèle ami Keverton vont prendre part à la révolte au péril de leur vie.

Un récit prenant et très visuel !



L'auteur nous propose avant tout un roman d'aventure sans pour autant négliger la psychologie des personnages et leurs sentiments.

J'aurais peut être aimé quelquechose d'un peu plus dense, à savoir m'attarder un peu plus sur la vie à la plantation, le quotidien de ces hommes et femmes afin de mieux les connaitre mais je dois dire que malgré cette brieveté, on s'attache facilement à la mama, au père, à la petite Hamaya.

Bien que la plupart des chapitres ne les met pas en scène, ils sont omniprésents et importants.



L'écriture peut surprendre puisque l'auteur décide d'utiliser un langage issu d'un patoi jamaïcain mais celui ci est aisément compréhensif sans avoir besoin d'un quelconque lexique et les expressions sont savoureuses.

Exemple : "Quocé qu'on fait ?"ou encore "on va chouriner tous les genses dedans pendant qu'ils dorment. Y compris les marmaillons".



En résumé, un récit court mais intense en émotion sur un sujet dur. Le genre de livre qui, à l'instar des romans historiques sur les horreur des guerres, nous rappelle qu'il ne faut jamais oublier ce dont l'Homme est capable.
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Les guerriers de la canamelle

Merci à Masse Critique et aux Editions « Au Diable Vauvert » de m'avoir permis de découvrir cet auteur.

Né de parents Jamaïcains, élevé dans ce qui était alors un ghetto à Brixton, sud de Londres, il connaîtra le foyer pour enfants et 4 mois de prison pour avoir participé au soulèvement de Brixton en 1981. Margaret Thatcher a toujours nié que les discriminations raciales et le taux de chômage à 55% pour les noirs, étaient à l'origine de cette révolte.

Une jeunesse rebelle qui prépare et mature l'écrit.

Bien que cet ouvrage soit destiné à un public « jeunes adultes », j'ai été emportée par le tourbillon du récit et j'étais aux côtés des guerriers de la canamelle, partageant leur rébellion, respirant les effluves de la flore luxuriante de l'île, priant et pleurant leurs morts suppliciés, subissant avec rage et injustice le fouet taille-échine sous la déchirure des chairs, et m'éveillait à la soif d'obtenir réparation et justice pour la reconnaissance d'être humain. J'ai souri en chantant l'argot des marmaillons dont l'eau coule des yeux, avant qu'avec leurs gambilles, ils ne s'escampent et s'embéguinent.

Le roman rend vie à Tacky, ancien roi de son village au Ghana, issu de la communauté Akan, réduit en esclavage, vendu et déporté en Jamaïque. Il saura fédérer et conduire au combat un groupe de vaillants insurgés contre la domination esclavagiste des colons anglais de l'île en 1760, où il perdra la vie avec de nombreux camarades.

Moa, le jeune héros du récit a 14 ans. Malgré le refus qu'il reçoit de son père pour s'engager dans la bataille, il obtiendra l'assentiment de sa mère, alors, la peur au ventre mais le coeur vaillant, il défendra la cause et deviendra un guerrier parmi ses frères. L'amitié, la solidarité, l'exemple, le respect, sont les valeurs maîtresses qui les unissent dans leur quotidien et dans leur combat. Malgré le déracinement de la mère patrie, les Dieux tutélaires de leur culture sont référencés et sollicités pour la protection et le courage. L'arrachement des racines ne détruit pas l'empreinte des origines.

Alex Wheatle décrit les conditions de travail et de vie des esclaves dans les plantations sucrières où la soumission et l'humiliation règlent l'ordinaire. Quelle que soit la couleur de sa peau, un humain est intrinsèquement épris de liberté, elle est une valeur inaliénable. La reconquérir est légitime, fut-ce par la violence. A l'aide de cette fresque historique (une parmi tant d'autres en plusieurs siècles d'esclavage), les ados qui liront ce livre, comprendront, je l'espère, le message de l'auteur, celui de la justice, de l'amour et de la liberté.

Une belle réussite, soutenue par Amnesty International UK.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Banlieue Crongton

Avant tout je tenais à remercier Babelio et les éditions Au Diable Vauvert de m'avoir envoyé ce livre, et m'avoir ainsi permis de m'ouvrir à un genre auquel j'étais initialement réfractaire, à savoir la littérature jeunesse.

Visiblement, ce livre est le second volet d'une saga en cours d'adaptation télévisuelle, mais peut se lire de manière totalement indépendante.

On y suit Mo, une adolescente vivant à Crongton, qui, en plus de faire face aux problèmes d'une ado classique, doit également affronter une situation familiale difficile, le tout, sur fond de pauvreté et de misère.

Le ton du livre n'est pas sombre pour autant, et on passe un très agréable moment, sur ton d'humour et de positivité.

C'est typiquement le livre que j'aurais aimé lire dans ma jeunesse, je me serais intéressé à la littérature beaucoup plus tôt.

De plus, même si ce livre est catégorisé "jeunesse", le discours n'est pas infantilisé pour autant, et est adéquate pour un adulte.
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Redemption song

"Redemption song" est un roman qui a piqué ma curiosité de par son thème qui résonne avec l'actualité. Pourtant l'histoire date de 1981 et le livre de 2001. Le livre de poche est sorti récemment, en 2021, dans une belle édition du diable Vauvert.

Ce sont les émeutes de Brixton qui servent de toile de fond à l'intrigue, elles n'interviennent qu'à la fin, en climax du roman. Néanmoins, l'histoire est largement transposable à notre époque. Les discriminations vécues par les jeunes Jamaïcains de ce quartier anglais décrit par l'auteur comme un "ghetto noir", le chômage endémique, les violences policières... Autant d'éléments qui peuvent entrer en résonance avec des injustices actuelles, faire écho au meurtre de George Floyd ou encore de ce jeune joggeur noir, qui ont alimenté les manifestations antiracistes du mouvement Black Lives Matter.

Dans "Redemption song", Lincoln ou plutôt Biscuit est le protagoniste principal (largement autobiographique), un jeune homme de 18 ans d'origine jamaïcaine qui vit dans une famille monoparentale avec son frère et sa sœur. Personnage attachant, il a à cœur d'aider sa mère qui peine à faire vivre sa famille et en perd le contrôle. Il se laisse rattraper par le contexte de Brixton (c'est aussi le cas de sa sœur Denise). Biscuit trempe (petite blague :) dans des petits larcins, cambriolages et trafics de cannabis comme d'ailleurs la plupart de ses amis. Fatalistes, ils semblent enfermés dans ce schéma et n'imaginent pas la possibilité d'un autre avenir. L'Angleterre de Thatcher (son nom n'est jamais cité sauf dans la retranscription de paroles d'une chanson) connaît un chômage de masse, 5 millions de chômeurs et un programme d'insertion des jeunes travailleurs décrié comme inefficace.

L'auteur fait vivre Brixton à travers les pages, un quartier délabré dont il décrit les "blocs" mais un quartier vivant où les jeunes utilisent leur argot ("zigue", "mamzelle", "guincher", "bamboche"...), où les habitants se préparent des plats traditionnels jamaïcains et qui vibre au son d'un reggae omniprésent dans le roman (nombreux titres de chansons, parfois comme titres de chapitres, disquaires, sound-system urbains...).

Le récit s'ouvre sur un incendie criminel perpétré par des skinheads du National Front qui fait 10 morts dans la communauté noire. On sent la colère des jeunes de Brixton monter tout au long du livre, contrôles policiers abusifs, tabassage de plusieurs des amis de Biscuit... Avant que cette colère n'explose à son paroxysme.

Pour se rendre acteur de sa vie lors de cette brève parenthèse temporelle (quelques mois de 1981), Biscuit est aidé par sa copine Carol, d'une famille d'origine jamaïcaine mais plus aisée que la sienne. Carol souhaite qu'il devienne un honnête homme, qu'il reprenne des études. De même, Jah Nelson, un rasta du quartier auquel Biscuit deale de l'herbe entreprend de le prendre sous son aile, de le convaincre que "la clé c'est l'éducation" et veut le rendre fier de ses racines, lui faire acquérir une "fierté noire".

Le roman est plaisant à lire, la fin sous tension, est très touchante. On est dans l'attente du déclenchement des émeutes mais c'est surtout le destin de Biscuit et de sa soeur Denise qui crée l'impatience du dénouement pour savoir s'ils réussiront à s'en extraire ou si le fatalisme l'emportera.
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