Merci à Masse Critique et aux Editions « Au Diable Vauvert » de m'avoir permis de découvrir cet auteur.
Né de parents Jamaïcains, élevé dans ce qui était alors un ghetto à Brixton, sud de Londres, il connaîtra le foyer pour enfants et 4 mois de prison pour avoir participé au soulèvement de Brixton en 1981. Margaret Thatcher a toujours nié que les discriminations raciales et le taux de chômage à 55% pour les noirs, étaient à l'origine de cette révolte.
Une jeunesse rebelle qui prépare et mature l'écrit.
Bien que cet ouvrage soit destiné à un public « jeunes adultes », j'ai été emportée par le tourbillon du récit et j'étais aux côtés des guerriers de la canamelle, partageant leur rébellion, respirant les effluves de la flore luxuriante de l'île, priant et pleurant leurs morts suppliciés, subissant avec rage et injustice le fouet taille-échine sous la déchirure des chairs, et m'éveillait à la soif d'obtenir réparation et justice pour la reconnaissance d'être humain. J'ai souri en chantant l'argot des marmaillons dont l'eau coule des yeux, avant qu'avec leurs gambilles, ils ne s'escampent et s'embéguinent.
Le roman rend vie à Tacky, ancien roi de son village au Ghana, issu de la communauté Akan, réduit en esclavage, vendu et déporté en Jamaïque. Il saura fédérer et conduire au combat un groupe de vaillants insurgés contre la domination esclavagiste des colons anglais de l'île en 1760, où il perdra la vie avec de nombreux camarades.
Moa, le jeune héros du récit a 14 ans. Malgré le refus qu'il reçoit de son père pour s'engager dans la bataille, il obtiendra l'assentiment de sa mère, alors, la peur au ventre mais le coeur vaillant, il défendra la cause et deviendra un guerrier parmi ses frères. L'amitié, la solidarité, l'exemple, le respect, sont les valeurs maîtresses qui les unissent dans leur quotidien et dans leur combat. Malgré le déracinement de la mère patrie, les Dieux tutélaires de leur culture sont référencés et sollicités pour la protection et le courage. L'arrachement des racines ne détruit pas l'empreinte des origines.
Alex Wheatle décrit les conditions de travail et de vie des esclaves dans les plantations sucrières où la soumission et l'humiliation règlent l'ordinaire. Quelle que soit la couleur de sa peau, un humain est intrinsèquement épris de liberté, elle est une valeur inaliénable. La reconquérir est légitime, fut-ce par la violence. A l'aide de cette fresque historique (une parmi tant d'autres en plusieurs siècles d'esclavage), les ados qui liront ce livre, comprendront, je l'espère, le message de l'auteur, celui de la justice, de l'amour et de la liberté.
Une belle réussite, soutenue par Amnesty International UK.
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